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Michel David21 avril 2020CHRONIQUE
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Les renforts tardent à arriver dans les CHSLD et les résidences pour personnes âgées (RPA). Lundi, le premier ministre Legault était manifestement déçu et inquiet de voir qu’à peine une centaine de médecins spécialistes avaient répondu à son appel. La ministre de la Santé, Danielle McCann, espérait 1000 volontaires en provenance du secteur de l’économie sociale, mais à peine une vingtaine se seraient présentés. On constate enfin que les 50 000 bénévoles inscrits sur le site jecontribue.ca étaient en réalité 19 000, compte tenu des dédoublements.

Alors que les hôpitaux ont accueilli beaucoup moins de malades que prévu depuis le début de la pandémie, ce qui libérait en principe des ressources, M. Legault a refusé de voir dans la difficulté de les redéployer une conséquence de la « lourdeur de la machine ». Le directeur de la santé publique, Horacio Arruda, en a même rajouté en vantant « l’agilité du réseau ». Gaétan Barrette, dont la réforme est perçue comme la cause de tous les maux, a dû être content d’entendre ça !

Si ce n’est pas une question de lourdeur bureaucratique, c’est peut-être un problème de conception. Certes, il y a actuellement dans les CHSLD et les RPA un problème d’absentéisme dû à la pandémie, qui vient s’ajouter à une pénurie de main-d’œuvre, qui était connue depuis longtemps.


À LIRE AUSSI:CHSLD, le champ de bataille

M. Legault peut toujours se reprocher de ne pas avoir décrété plus tôt, avec ou sans l’accord des syndicats, une hausse de la rémunération des préposés aux bénéficiaires qui rendrait leur métier plus attrayant, il demeure que le modèle de soins aux personnes âgées qui s’est développé au Québec depuis une quarantaine d’années souffre d’un sérieux déséquilibre.


En octobre 2017, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) avait publié une note intitulée « L’armée manquante au Québec : les services à domicile ». Il y aura toujours des gens dont les problèmes de santé sont trop lourds pour qu’ils puissent demeurer chez eux, mais une plus grande disponibilité des soins à domicile permettrait à un grand nombre d’éviter, ou à tout le moins de retarder, le placement en établissement.

Le soutien à domicile financé par l’État s’est beaucoup développé depuis 1979, quand le gouvernement Lévesque en avait confié la mission aux CLSC en leur accordant une enveloppe de 14 millions de dollars. Le virage ambulatoire des années 1990 et la multiplication des chirurgies d’un jour ont entraîné une augmentation considérable des budgets, de même qu’un important développement des entreprises d’économie sociale.

Plusieurs espéraient que le rapport Clair, présenté en 2000, donnerait un nouvel élan aux services à domicile, mais ses recommandations sont restées lettre morte. Dans son rapport de 2012, la protectrice du citoyen sonnait l’alarme. Alors que la population vieillissait de plus en plus, l’inadéquation entre les besoins et les ressources allait en s’aggravant. Le régime d’assurance autonomie proposée l’année suivante par le ministre de la Santé dans le gouvernement Marois, Réjean Hébert, prévoyait une allocation modulée en fonction des revenus des bénéficiaires et de leurs conjoints. La défaite du PQ a laissé le projet en plan et personne ne l’a réactivé depuis.


Comme dans l’ensemble du réseau de la santé, les années Couillard ont fait mal. Encore une fois, la protectrice du citoyen se désolait, dans son rapport de 2017. « L’offre de services tend à un nivellement par le bas. Des personnes ont vu leurs heures de service coupées, alors que les besoins n’avaient pas diminué. Cela n’est pas acceptable », écrivait-elle.

Dans son dernier budget, le ministre des Finances, Eric Girard, a annoncé une hausse de 100 millions de l’enveloppe consacrée au soutien à domicile. Pour l’année 2020-2021, les dépenses prévues s’élèvent à 1,6 milliard, alors que l’IRIS évalue les besoins à 4 milliards. Si les renforts espérés du secteur de l’économie sociale ne sont pas à la hauteur des espoirs du gouvernement Legault, c’est sans doute que ceux qui y travaillent en ont déjà plein les bras.

Alors qu’on ne mesure pas encore toute l’étendue de la catastrophe dans les CHSLD, ce n’est sans doute pas le moment des « on aurait donc dû », mais il n’est pas trop tôt pour penser à l’avenir. Il va de soi que les personnes âgées seront toujours plus vulnérables et la promiscuité qui règne dans les établissements où se retrouveront inévitablement les plus mal en point favorisera toujours la contagion. Il faut donc faire en sorte qu’elles s’y retrouvent le moins possible. Comme dans toutes les batailles, disposer son armée au bon endroit est la clé du succès et permet d’éviter les redéploiements hasardeux.
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Yves Mercure - Abonné 21 avril 2020 01 h 30

On peut rèver

Comme se dire "Ça va bien aller", mais la réalité de l'économisme reprendra vite le devant. Les financiers internationaux se sont pétés les bretelles devant les journalistes lorsqu'ils ont suspendu les intérêts et remboursement de dette des pays pauvres... À peine sympathique, plutôt pathétique: le système ne joue que dans le sens d'un esclavage à l'économie pour la majorité de cette planète. La mesure vraiment empathique aurait annulé toutes les dettes internationales, vidé tout paradis fiscal pour contribuer au redressement des pays du demi monde, etc... pour une véritable restructuration économique. Croire que les orientations gouvernementales seront autoriser par les banquiers si les besoins de la population sont véritablement au rendez-vous, c'est comme croire que la terre est plate ou dans le même livre, croire que Trump va maturer et aller faire du bénévolat chez les démocrates!

sylvie lalonde - Abonnée 21 avril 2020 08 h 09


Le soutien à domicile, parlons-en, les CLSC parlons-en, il est tellement difficile de recevoir les soins de santé à domicile, comme exemple l'entretien ménager, laver le bain, laver les murs, laver les vitres, bref tout ce qu'a besoin une maison bien propre comme les aime nos aînés, qu'il devient très ardu de recevoir quelques services du CLSC. Ma mère avait besoin d'aide, elle fait appel au CLSC, elle a droit à deux heures par deux semaines, on l'a évalué comme cela, pourtant elle a été hospitalisé aux soins intensifs, faillit y mourir, rien n'y fit. On lui a conseillé de faire au OBNL, j'étais moi-même administratrice de l'une d'elle, résultat vol de 112,000 $. On a les coordonnées de tout le personnel en besoin. Non mais c'est ridicule à la fin, qu'on paye directement les proches pour offrir ses services, les enfants, mais non les enfants on ne peut pas les payer ils sont dans la famille. On devrait accorder une allocation à ces gens directement versés dans leur compte, comme on le fait pour les mesures d'urgence, mais on aime mieux enrichir des mégastructures qui finissent par coûter cher à l'État, sans compter que les fraudeurs eux se promènent toujours au large. C'est cela les ppp l'État n'a plus le nez dans les affaires qui le concerne.

Brigitte Garneau - Abonnée 21 avril 2020 09 h 09


Bien d'accord avec vous M. Mercure. Trump faire du bénévolat chez les démocrates?! Vaut mieux croire que la terre est plate...

Richard Maltais Desjardins - Abonné 21 avril 2020 09 h 10


La mesure vraiment empathique aurait pour effet de crever les fonds de retraite privés. Ce avec quoi seront d'accord ceux qui n'y ont pas placé leurs épargnes souvent plutôt modestes pour leurs vieux jours. L'esclavage à l'économie, c'est aussi malheureusement le poids de la simple nécessité. Il ne s'agit pas du tout de tout excuser, mais le discours manichéen ne sert souvent à rien d'autre qu'à exciter les passions.

Yves Mercure - Abonné 21 avril 2020 09 h 42


À RMD : l'ironie, vous connaissez il me semble?

Jean-Charles Morin - Abonné 21 avril 2020 09 h 57


"La mesure vraiment empathique aurait pour effet de crever les fonds de retraite privés. Ce avec quoi seront d'accord ceux qui n'y ont pas placé leurs épargnes souvent plutôt modestes pour leurs vieux jours. L'esclavage à l'économie, c'est aussi malheureusement le poids de la simple nécessité. Il ne s'agit pas du tout de tout excuser, mais le discours manichéen ne sert souvent à rien d'autre qu'à exciter les passions." - RMD

Monsieur Desjardins, pour une fois je suis complètement d'accord avec vous et je tenais à vous le faire savoir.

Je ne sais pas ce qui m'arrive. Serait-ce un effet du confinement?

Toutefois sur le long terme les fonds de retraite auraient sans doute intérêt à diversifier leurs placements et à lorgner autre chose que les paradis fiscaux.

Serge Pelletier - Abonné 21 avril 2020 05 h 25

Pas de sanction... Sévères les sanctions... Très très sévères les sanctions...

Pas de sanction... Sévères les sanctions... Très très sévères les sanctions...
C'est cela que ça domnne. Ce n'est pas une question de structure comme telle, c'est une question de sanction réelle et qui fait "mal".
Mais qu'estce qu'une sanction qui fait "mal"... Certainement pas ce qui se fait actuellement.
Une sanction qui fait "mal", et qui réveille les bureaucrates... c'est le congédiement pur et simple.
Mais pas un congédiement ou le fautif reçoit une retraite/pension anticipée de l'État (ou des créatures de l'État), avec plus souvent qu'autrement un montant forfétaire pour combler le différentiel. L'exemple de l'ex-recteur de l'UQÀM en est l'exemple flagrant. Ou une vérification judiciaire des dossiers du controversé programme fédéral de commandites révèle que sept fonctionnaires auraient commis des accrocs aux règles gouvernementales, y compris de la double facturation et l'approbation d'honoraires non conformes. Le plus médialisé = 6 mois de prison, mais avec pleine pension... Les exemples sont multiples. L'an dernier un directeur du GV-Q fut congédié pour vols, fraudes, etc. Ordonnance des tribunaux... Retour en poste avec une pénalité de 6 mois de paies... Mais temps pour retraite, temps de congés maladies n'entrant pas dans la punition... Mieux, il pouvait prendre, le pauvre petit "voleur et fraudeur" des heures qu'il avait cuimmulé dans sa banque pour compenser le temps de suspension...
Non M. David. Pour que le système fonctionne "comme du monde", il faut des sanctions réelles et qui font "mal". Congédiement, pas de retraite/pension = le GV te remet l'argent que tu as contribué - mais pas la part du GV, le bureau du BS t'attend avec impatience.
Et comme en société de droit, nous savons que l'autorité se délègue, mais pas la responsabilité... Une petite question à ton boss: tu ne savais pas? Mais qu'avez-vous fait pour savoir? Rien = allez rejoindre votre copain au bureau du BS
Lisez le texte de Mme Gervais... Personne n'est coupable dans la hiérach

Jacques Lessard - Abonné 21 avril 2020 06 h 28

Il n’est pas trop tôt pour penser à l’avenir

Au lieu d'entasser la majorité des personnes âgées,physiquement et/ou mentalement diminuées, dans un même lieu, pourquoi ne pas créer dans chacun des établissements (RPA inclus) un espace ou 10% de ces malades seulement ferait partie de la clientèle? Ne serait-ce pas plus facile à gérer? Les cas difficiles également répartis dans chacun des établissements rendraient certainement la tâche du personnel moins lourde.

Brigitte Garneau - Abonnée 21 avril 2020 09 h 10


Bonne idée.

Richard Maltais Desjardins - Abonné 21 avril 2020 10 h 26


Attention, monsieur. Les personnes âgées ne sont pas des choses dont on devrait prendre soin comme si nous étions seuls responsables de leur bien-être. Sauf les cas de troubles cognitifs, le premier pas serait déjà de leur reconnaître l'agentivité plutôt que de se les brandir de temps à autres (je ne dis pas que vous le faites vous-même) pour se draper dans sa vertu ou en tirer prétexte pour tirer sur ses adversaires politiques. Autrement, votre suggestion pourrait trouver un écho favorable chez eux.

Pierre Raymond - Abonné 21 avril 2020 06 h 54



Pour bien comprendre la situation dans laquelle on se trouve, il faut se SOUVENIR du travail des champions de la RÉINGÉNIERIE de l'état avec leur ineffable chef qui nous rassurait en nous disant qu'il avait les deux mains sur le volant. Ajoutons à ça le champion de la centralisation avec ses pyramides décisionnelles qui s'empilent jusqu'au ciel. Et si nous avons déjà oublié L'HORREUR que fut le cas du centre d'hébergement Saint-Charles-Borromée... alors ne feignons pas la surprise devant la CATASTROPHE que nous vivons. Le devoir de se souvenir...

Yves Corbeil - Inscrit 21 avril 2020 07 h 43

Planter la CAQ c'est devenu votre dada pendant cette crise humanitaire

1979 Parti Québécois de Lévesque, 2000 le rapport clair de l'imposteur Landry, 15 ans de libéral ensuite, 14 mois avec Hebert/Marois un gun sur la tempe et Legault depuis Octobre 2018. à quoi devions-nous nous attendre du système tout croche en place.

Le plu étonnant de tous sur ce dossier vient de lui, https://www.journaldequebec.com/2020/04/20/lelu-enrico-ciccone-constate-lampleur-de-la-crise-en-chsld

Je crois que Enrico vient de revenir totalement de sa dernière commotion après sa retraite du hockey. Non mais où vivait-il depuis les dernières 20 années, le pire c'est qu'il a surement pensé à rien d'autre qu'un chèque quand il a signé avec ce parti comme candidat. Welcome back chico, on est content de te revoir comme québécois.

Richard Maltais Desjardins - Abonné 21 avril 2020 10 h 29


Émouvant de vous voir défendre la CAQ comme si c'était le dernier rempart contre tous les maux, surtout passés. D'autant que vos propos sont dépourvus de toute partisanerie.

Marc Therrien - Abonné 21 avril 2020 12 h 43


«le rapport clair de l'imposteur Landry». L'imposture que je connais pour l'avoir fréquenté à une deux reprises s'établit plutôt grâce à de l'habile imprécision permettant d’éviter la compromission. Fallait que Landry soit tout un joueur pour installer une imposture claire.

Marc Therrien

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