vendredi 27 juillet 2018


En lisant Le Nouvel Obs'

À  propos du « printemps arabe »

Daniel Paquet                          dpaquet1871@gmail.com

Intéressée, Claire proposa à l’auteur de ces lignes de préparer le prochain cours de journalisme en s’appuyant sur des articles récents de la revue française Le Nouvel Obs’ pour parler du « printemps arabe ».   Un mot sur cette publication : parisienne, de belle facture; elle est social-démocrate et épouse les contours idéologiques –à sa façon- du Nouveau parti démocratique au Canada. 
Avant de parler du Moyen-Orient, jetons un œil sur la vision politique du Nouvel Obs’, à propos de la « gauche » française qui devrait « … incarner une alternative non seulement à Nicolas Sarkozy mais aussi à la politique injuste qui domine les grandes démocraties depuis trente ans, tout en proposant des remèdes réalistes à la crise, souvent peu populaires. » (du 29 septembre au 5 octobre 2011).  Oh, attention! Au Canada, ça veut dire plus souvent qu’autrement, des politiques conservatrices servies à la sauce populiste; on dore la pilule, quoi!
On commence à mieux cerner les prétentions idéologiques de la revue, eu égard à la gauche.  « Il y a par exemple, en ce moment, un débat sur le capitalisme que je ne trouve ni anachronique ni régressif, sauf quand les réformes proposées consistent à ressusciter des appellations –le terme ‘communiste’ par exemple- ou des solutions encore trop associées à la barbarie qu’elles ont enfantée »; (du 6 au 12 octobre 2011).  Nous y voilà : le communisme abhorré…
La Nouvelle Vie Réelle idem n’a pas ménagé ses critiques contre le Parti communiste français (PCF), mais c’était contre sa direction actuelle.  Jamais, nous n’avons remis en doute l’impérieuse nécessité d’un parti communiste français – fort -, pour la classe ouvrière française et l’intelligentsia progressiste.  Nous croyons même que le temps est venu pour les différentes fractions se réclamant du communisme en France, de se réunir et de réorienter le parti dans le sillon du marxisme-léninisme :  l’unité des communistes, ça inclut nos amis du PCF, dont ceux du courant que représente le coordonnateur Hervé Fuyet (i.e. bulletin en ligne Cocowikipédia), près d’une tendance bien ancrée au sein du Comité national du PCF, et aussi ceux du Pôle de Renaissance du Communisme en France représenté par le philosophe Georges Gastaud (revue théorique Étincelles); et le Parti communiste des ouvriers de France (mensuel La Forge)   Pour nous, « le tout est supérieur à la somme des parties ».
Ce n’est pas de l’angélisme que de croire que les communistes français peuvent affronter courageusement leurs différences et se rallier autour de politiques se fondant sur leur héritage commun.  Nous soutenons la gauche française; et nous croyons, par ailleurs, que le Parti socialiste français est un parti concurrent du PCF et que ses militants ne sont pas des ennemis jurés des communistes.  
Le « printemps arabe »  dites-vous?  Nous y venons!
En passant, nos lecteurs seront sans doute heureux d’apprendre qu’existent maintenant en Amérique du Nord un nouveau bulletin en ligne Ideological Fightback et un journal Labor Today publiés en anglais à New York (avec un supplément en espagnol pour LT): c’est le fruit des efforts conjugués de communistes des USA et du Canada (ralliés autour du Party of Communists USA).  C’est l’efficacité de New York et le charme de Montréal.  Ses rédacteurs partagent le point de vue de La Nouvelle Vie Réelle.   En fait, il y a un peu la fusion des deux media; nous croyons ensemble que le prolétariat français a besoin d’un journal comme l’Humanité pour faire revivre l’internationalisme ouvrier en France.  Et elle est à la page avec son prolongement en ligne, l’Humanité in English (www.humaniteinenglish.com).
Pour Ideological Fightback, l’affirmation du Nouvel Obs’ sur le « socialisme » : « On ne sait pas assez que Pierre Mendès France, qui n’était pas précisément un révolutionnaire, était tout de même pour la nationalisation des banques ». (N.O., Ibidem), est vraiment, mais vraiment, très loin du compte.  L’électricité est nationalisée au Québec, mais le Québec n’est pas un État socialiste.  Nous ne doutons pas un instant que le socialisme a commencé en Europe, au XXème siècle par la prise du pouvoir par les Soviets en Russie, sous la direction de Lénine et du parti communiste bolchévik, incarné par la révolution d’octobre 1917 en Russie.
À cela, la revue, sous examen, oppose son « réformisme radical » (N.O., Ibidem), et la pensée de Stéphane Hessel et Edgar Morin.  Ce dernier est connu par un cercle restreint au Québec dans des directions syndicales et aussi dans certains milieux universitaires.  Hélas, messieurs et mesdames du Nouvel Obs’, leurs conclusions sur le présent de nos sociétés modernes - oui, l’Amérique du Nord est assez moderne-, leurs conclusions sont donc –il faut le dire- notoirement périmées…
Nous connaissons le refrain : nous sommes contre la « rigidité de la droite » et nous nous portons en faux contre les « excès de la gauche ».  C’est du verbiage.  Nous vous proposons un défi  concret : lutter pour le droit à une éducation démocratique;  tout en tenant compte que le temps est une conquête démocratique.  Que répondre à cette étudiante parisienne qui nous a écrit : « À vrai dire, je n’ai plus le temps pour grand-chose à cause de mes 13 cours à la fac.  C’est trop!  On dirait qu’on veut nous empêcher de penser.  J’ai beaucoup de profs anti-coco et c’est spécial ce que je peux entendre sur l’URSS et la RPC (République populaire de Chine, - ndlr) cette année.  C’est vraiment une nouvelle guerre froide.  C’est incroyable!  (Signée : Peggy C.) »
Ne vous trompez ça, c’est une « vraie » lettre.  On peut douter du sérieux du Nouvel Obs’, par contre, qui cite un « intervenant » disant : « Il n’y a pas d’ouvriers séduits par Jean-Luc Mélenchon » (N.O., du 13 au 19 octobre 2011).  Voilà un exemple de ce que nous critiquions de la direction du PCF : l’absence d’un candidat communiste à la présidentielle française pour 2012 … et la suite; et de plus, tentent-ils de noyer le poisson en confondant les genres dans le Front de gauche?   Cherche-t-on à démanteler le PCF, son organisation, et son programme? 
Est-ce que « nos » camarades dirigeants courbent l’échine en raison des critiques injustifiées de la presse capitaliste française?  Par exemple, le Nouvel Obs’ écrit : « Le Parti communiste, naguère, tout comme le PS, élaborait des textes abrupts que les militants et les responsables devaient reprendre dans leurs discours » (N.O., du 20 au 26 octobre 2011).  Les éditorialistes ont raison sur un point et c’est une « autocritique » : « La plupart du temps, les éléments de langage sont si élémentaires qu’ils finissent par tuer le langage ». (N.O., Ibidem). 
Bon, et qu’en est-il du « printemps arabe », finalement?
Eh bien, Le Nouvel Obs’, même si c’est une revue « prestigieuse » ne sort pas des sentiers battus par la droite; son point de vue est un point de vue bourgeois.  Les communistes nord-américains sont convaincus que le socialisme est la voie possible en Tunisie et en Égypte; qu’en ce qui concerne la Libye, après l’agression de l’OTAN, ce n’est que partie remise, d’autant plus que la résistance s’organise et les peuples des pays occidentaux comprendront, n’en déplaisent aux mass média commerciaux, les vrais enjeux (notamment énergétiques, -le pétrole-), le peuple libyen dépassera les atrocités commises par l’impérialisme US et surmontera les limites du régime de Mouammar Kadhafi qui ne gomment pas ses avancés démocratiques et modernes.
Alors, il reste la Syrie : danger de guerre!
Ce n’est pas dans Le Nouvel Obs’ que nous avons pu trouver cette conclusion, mais elle s’impose d’elle-même pour quiconque connaît un tant soit peu la nature de l’impérialisme nord-américain.  Voici ce que disait l’éminent professeur italien Domenico Losurdo : « … la Syrie est contrainte à lutter dans des conditions assez difficiles pour garder son indépendance, elle doit d’ores et déjà affronter une formidable puissance économique, politique et militaire.  De plus, l’OTAN menace, directement ou indirectement, les dirigeants de Damas de leur infliger le lynchage et l’assassinat qui ont scellé la mort de Kadhafi.  L’infamie de l’agression devrait être claire pour tous ceux qui sont disposés à accomplir un ne serait-ce que modeste effort intellectuel.  [...]  Il ne fait aucun doute que Goebbels, le maléfique et brillant ministre du Troisième Reich, a fait école; il convient même de reconnaître que ses disciples à Washington et Bruxelles ont même à présent dépassé leur maître jamais oublié.  (http://domenicolosurdo.blogspot.com/, 21 novembre 2011). Voilà pour ce cours de journalisme, Claire.  Qu’en pensez-vous messieurs du Nouvel Obs’ ?


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samedi 21 juillet 2018


Bertolt Brecht, un grand humain

Sur les chemins du promeneur solitaire



Daniel Paquet                                                                                dpaquet1871@gmail.com

À l’été de 1976 (j’avais alors 19 ans), et pendant les vacances des ouvriers de la construction, dont j’étais, je pris le bâton du pèlerin pour l’Europe.  Je venais de joindre les rangs du Parti communiste du Québec; et j’avais rencontré tout à fait par hasard deux journalistes de la chaîne de télévision est-allemande à Montréal.  Ils faisaient du repérage en prévision des Jeux Olympiques de Montréal et du congrès du Parti communiste du Canada, à Toronto.
Alors j’arrive en pleine nuit au poste de passage entre Berlin-Ouest et Berlin (Haupstadt*).  Mon nouvel ami Hans (l’un des deux journalistes rencontrés à Montréal) vient me chercher à la frontière d’État et nous voilà dans la patrie de Karl Marx. 
Je tenais à visiter ce pays, la République démocratique allemande (RDA);  était-ce aussi désolant et affreux qu’on nous la peignait à l’Ouest?  J’ai découvert que ce n’était pas « si pire ».   Je fus bien accueilli par l’organisation de jeunesse, la Jeunesse Libre allemande (FDJ). 
J’y suis retourné en 1981 (cinq ans plus tard) pour le Parlement de la FDJ (et sur les instances du secrétaire général du Parti communiste du Canada, William Kashtan), inquiet avec tout ce que l’on pouvait entendre sur la Pologne voisine.  Tout semblait pourtant normal et serein en RDA.  J’ai eu plaisir à revisiter le pays, d’autant plus que je parlais assez bien l’allemand pour pouvoir engager la conversation avec les jeunes Allemands.  Plusieurs années plus tard, j’ai approfondi mes connaissances sur l’Allemagne : politique, histoire, langue, etc.  C’est pourquoi j’ai étudié à l’université McGill et l’Université du Québec à Montréal pour y suivre des cours de langue allemande.  Je me souviens d’ailleurs avoir vu une pièce de théâtre en allemand montée au Centaur à Montréal, Mère Courage, de l’auteur Bertolt Brecht, un véritable plaidoyer contre la guerre  et les misères  qu’elle engendre.
J’ai eu l’occasion par la suite de lire régulièrement Kontakt, une revue de jeunes publiée à Berlin (Haupstadt).  Aussi ce n’est pas sans un grand désarroi que j’appris l’absorption de la RDA par la l’Allemagne occidentale (RFA); eh oui, la puissante Allemagne de l’Ouest a englouti – non sans cynisme et revanchisme) sa petite voisine à l’Est, avec l’aval de Gorbatchev (qui s’était donné comme mission d’anéantir le communisme), et consorts.  Ça, c’était une véritable traîtrise (et de l’opportunisme!) des dirigeants de l’URSS qui lâchaient leur partenaire socialiste pour plaire aux USA et à l’OTAN.
Tout ce que la classe ouvrière de la RDA avait gagné s’en fut aux oubliettes de l’histoire : un toit pour tous, un emploi pour chacun, de quoi manger décemment tous les jours; une scolarisation poussée; bref un filet de sécurité inégalé même en RFA, malgré sa puissance économique.  D’ailleurs, la RFA est redevenue le pouvoir avec qui il faut compter en Europe, notamment au sein de l’Union européenne (UE).  Elle a réalisé le rêve caressé par les banques, les industries, etc., en somme les grands capitalistes allemands de contrôler les marchés européens.  Et… le fascisme n’a pas été éradiqué dans cette partie de l’Europe qui fut le foyer de la deuxième guerre mondiale; c’est toujours la menace que brandit la bourgeoisie allemande.  La droite est dure et âpre pour ses voisins, on l’a vu lors des négociations pour rescaper l’économie de la Grèce dans sa tourmente financière. 
Le plus désolant, c’est que l’Allemagne fut un grand pays de culture, de progrès et d’une civilisation inédite; on connaît Ludwig Von Beethoven et tutti quanti  Les nazis l’ont ramené au stade des peuples barbares.  Dans les années 1930, - avant la prise du pouvoir par le parti national-socialiste -, un électeur allemand sur trois votait pour le Parti communiste.  Les grands groupes industriels et financiers ont devant le danger intérieur qu’ils redoutaient plus que tout : la venue des communistes au pouvoir; et extérieur : le développement constant de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), dirigée par Joseph Staline jusqu’en 1953; alors donc, ces capitalistes géants ont soutenu le parti national –socialiste des ouvriers d’Allemagne, le parti fasciste, d’Adolf Hitler. 
Pour mieux illustrer le propos, La Nouvelle Vie Réelle présente à ses lecteurs un discours d’Adolf Hitler, c’est en allemand mais avec sous-titres en français.  Il martèle ses thèses récurrentes issues de son « ouvrage », Mein Kampf.[1]
On peut lire aussi un livre de son émule Himmler.[2]
Comme on pourra le voir dans le document, Hitler aboie; cela n’a, d’un point de vue esthétique et linguistique, rien à voir avec la très belle et douce langue allemande.  Évidemment, il fallait démontrer le paradoxe en donnant le micro à un acteur de premier plan, soit au véritable et dernier dirigeant de la République démocratique allemande, Erich Honecker. (nota bene : Egon Krenz, ancien leader  de la FDJ a occupé très brièvement ce poste à la toute fin de la RDA).  Pour ce qui est de la langue du Troisième Reich (LTI) et la langue de la République allemande, le contraste saute aux yeux.  Une « image » vaut mille mots.  Conséquemment, au niveau du contenu des discours, lisons donc le legs de Marx.[3]
Mieux connu, le Manifeste du Parti communiste est évidemment accessible partout ou peu s’en faut.[4]
Il va de soi qu’il n’y a pas de documents sonores par Marx et Engels sur leurs travaux.  Après tout le Manifeste date de 1848.  Mais, les communistes ont beaucoup écrit; car ils ont beaucoup lutté, y compris sur les barricades, y compris à l’époque des révolutions bourgeoises du demi-siècle dans les années 1850.
Comme l’a dit Marx, notre façon d’appréhender le monde et la réalité était aussi impérieuse.[5]
« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières; mais ce qui importe, c’est de le transformer. »
*Haupstadt : capitale; Berlin a été libérée par l’Armée rouge en 1945.

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[1] Hitler, Adolf, Mein Kampf, First Mariner Books Edition, New York, 1999, translated by Ralph Manheim, 694 pages
[2]Présenté par Bernard Michal, Himmler et les SS, Éditions de Crémille, Genève, 1972, avec la collaboration de Francis Mercury et Pierre Nouaille, 243 pages
[3] Marx, Karl, Le Capital, Livre I, Gallimard, Paris, Édition établie et annotée par Maximilien Rubel, 1053 pages
[4] Marx, Karl; Engels, Friedrich, Manifeste du Parti communiste, Flammarion, Paris, Présentation par Roger-Pol Droit, 2008, 572 pages
[5] Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Éditions sociales, Paris, traduction revue par Gilbert Badia, Thèses sur Feuerbach, composées à Bruxelles au printemps de 1845, 91 pages







jeudi 19 juillet 2018

Le MAC
MAC Musée d'art contemporain de Montréal·Vendredi 16 mars 2018


Situé au cœur du Quartier des spectacles, le Musée d’art contemporain de Montréal fait vibrer l’art actuel au centre de la vie montréalaise et québécoise. Lieu vivant, le MAC assure depuis plus de cinquante ans la rencontre entre les artistes locaux et internationaux, leurs œuvres et un public toujours plus vaste ; lieu de découvertes, le Musée propose aux visiteurs des expériences sans cesse renouvelées, souvent inattendues et saisissantes. Le MAC présente des expositions temporaires consacrées à des artistes actuels – pertinents et marquants – qui sont des témoins privilégiés de notre société, de même que des expositions d’œuvres puisées dans la riche collection qu’abrite l’institution. Ici, toutes les formes d’expression sont possibles : œuvres numériques et sonores, installations, peintures, sculptures, œuvres immatérielles, et autres. Offrant un éventail d’activités éducatives qui familiarisent le grand public avec l’art contemporain, le MAC est aussi l’instigateur de performances artistiques uniques et d’événements festifs. Voilà une fenêtre ouverte sur mille expressions d’avant-garde qui font rayonner l’art dans la ville et dans le monde.
Mission
Première institution au Canada vouée exclusivement à l’art contemporain, le MAC s’engage à témoigner du rôle fondamental de l’art contemporain dans notre société. Pour ce faire, il propose aux visiteurs un éventail d’activités artistiques et éducatives qui familiarisent le grand public à l’art contemporain. Fort de son demi siècle d’existence, le Musée défend avec toujours plus de conviction sa mission : faire connaître, promouvoir, conserver l’art québécois contemporain et assurer une présence de l’art contemporain international par des acquisitions, des expositions et d’autres activités.
Vision
En qualité d’institution du XXIe siècle, le MAC se veut accessible, précurseur et visionnaire; un lieu vivant d’échanges et de découvertes qui permettent la rencontre de l’art contemporain, des œuvres et des artistes locaux et internationaux auprès de tous les publics. Polyvalent, le Musée est ouvert sur toutes les formes d’expressions : œuvres numériques et sonores, installations, peintures, sculptures, œuvres immatérielles, performances et autres. Le MAC souhaite aujourd’hui plus que jamais réaffirmer son rôle de leader et convaincre un public toujours plus vaste de l’apport indispensable de l’art contemporain dans l’affirmation et le développement de notre culture et de sa valeur manifeste au sein de notre société.
Historique
Le Musée d’art contemporain de Montréal a été fondé par le gouvernement du Québec en 1964, à la demande d’artistes et de collectionneurs qui souhaitaient qu’une institution soit chargée de constituer une collection d’œuvres récentes d’artistes de Montréal, du Québec, du Canada et de l’étranger.
Le Musée s’ouvre au public en mars 1965 dans des locaux temporaires à la Place Ville-Marie, puis, de 1965 à 1968, au Château Dufresne. En 1968, le Musée emménage dans la Galerie d’art international d’Expo 67, à la Cité du Havre. En 1983, le Musée est constitué en société d’État et le mandat institutionnel est énoncé comme suit : « Le Musée a pour fonctions de faire connaître, de promouvoir, de conserver l’art québécois contemporain et d’assurer une présence de l’art contemporain international par des acquisitions, des expositions et d’autres activités ».
En 1992, le MAC déménage de la Cité du Havre à ses locaux actuels de la rue Sainte-Catherine, dans la Place des Arts.

mercredi 18 juillet 2018


Devenir de l’Homme-prolétaire

Quand la classe ouvrière se met à l’avant-garde du mouvement politique


Daniel Paquet                                            dpaquet1871@gmail.com

Les mass-médias s’emparent allègrement des gesticulations, surtout gauchistes, qui troublent l’univers quotidien.  Il en était déjà ainsi à l’époque révolutionnaire du début du XXème siècle.
« La phrase révolutionnaire, c’est la répétition de mots d’ordre révolutionnaires sans égard aux circonstances objectives, au changement marqué par les derniers événements en date, à la situation du moment.  Des mots d’ordre excellents, qui entraînent et enivrent, mais sont dépourvus de base solide, telle est l’essence de la phrase révolutionnaire. »[1]
Est-ce que les mass-médias sont neutres et objectifs?  Pas du tout.  À titre d’exemple, citons cet article paru dans le quotidien Métro qui « couvrait » le 5ème anniversaire de l’irruption sur la scène politique du mouvement étudiant (depuis le printemps érable en 2012).  En réalité, c’est un appel du pied à la jeunesse pour qu’elle se mobilise de nouveau contre le gouvernement du Parti libéral du Québec et prépare l’arrière-scène de la prochaine course électorale; le mouvement étudiant serait le fer de lance (la chair à canon?) contre le pouvoir en place.  Bien sûr le journal n’est pas aussi direct, mais le fond est là.  Allez le lire plutôt![2]
Les communistes s’opposent à ce type de journalisme manipulateur.  Que disent-ils? « Nous devons transformer – et nous transformerons – la presse qui cultive l’information sensationnelle, de simple appareil d’information politique en une arme de lutte contre le mensonge bourgeois, en un moyen de rééducation économique de la masse, en un moyen d’apprendre aux masses comment il faut organiser le travail d’une façon nouvelle. »[3]
Tous savent que la presse sous le communisme sera d’inspiration marxiste-léniniste.  Il en était ainsi sous Joseph Staline; elle faisait état de la place occupée par le parti communiste dans l’arène politique.
« Il faut que le Parti soit, avant tout, le détachement d’avant-garde de la classe ouvrière.  Il faut que le parti absorbe tous les meilleurs éléments de la classe ouvrière, leur expérience, leur esprit révolutionnaire, leur dévouement infini à la cause du prolétariat.  (…)  Cela ne veut point dire, assurément, que les organisations sans-parti, les syndicats, les coopératives, etc. doivent être formellement subordonnées à la direction du Parti.  Il faut simplement que les membres du Parti, adhérant à ces organisations où ils jouissent d’une influence incontestable, emploient tous les moyens de persuasion pour que les organisations sans-parti se rapprochent, dans leur travail, du Parti du prolétariat et en acceptent de plein gré la direction politique. »[4]
Aux États-Unis, le courant impérialiste que représente le nouveau président Donald Trump porte à sa façon une critique acerbe – mais contrastée - contre les mass-médias bourgeois états-uniens : c’est une guerre de tendances.  Voici comment sont émaillées ses critiques : « Le niveau de malhonnêteté (des médias) est hors de contrôle », « La presse est devenue si malhonnête que si nous n’en parlons pas, cela dessert énormément le peuple américain », « Il y a tellement de colère et de haine (sur CNN), (que) je ne la regarde plus. »[5]
Les mass-médias n’œuvrent pas dans un vase clos; ils sont aussi sous l’autorité de l’État, même s’ils affirment en être indépendants.  « L’État s’offre à nous comme la première puissance idéologique s’exerçant sur l’homme.  La société se crée un organisme en vue de la défense de ses intérêts communs contre les attaques intérieures et extérieures.  Cet organisme est le pouvoir d’État. À peine né, il se rend indépendant de la société, et cela d’autant plus qu’il devient davantage l’organisme d’une certaine classe, qu’il fait prévaloir directement la domination de cette classe. »[6]
Nous sommes en plein dans le domaine de la lutte des classes sociales.  Toutefois, on peut aborder l’Homme d’un point de vue philosophique.  « …l’homme n’est pas seulement un être naturel, il est aussi un être naturel humain, c’est-à-dire un être existant pour soi, donc un être générique, qui doit s’affirmer et se manifester en tant que tel dans son existence et dans son savoir.  Il s’ensuit que les objets naturels tels qu’ils se donnent immédiatement ne sont pas des objets humains.  De même les sens humains tels qui sont immédiatement, objectivement, ne constituent pas un monde sensible humain, une objectivité humaine. Ni la nature au sens objectif ni la nature au sens subjectif n’existent immédiatement d’une manière adéquate à l’être humain. Et de même que tout ce qui est naturel doit naître, de même l’homme est le produit d’un processus d’enfantement qui est l’histoire.  Mais étant donné que l’histoire est consciente, étant donné que ce processus naturel d’enfantement est effectué consciemment, il se supprime lui-même en tant que processus naturel.  La véritable histoire naturelle de l’homme est l’histoire. »[7]
Ce n’était pas une digression; après tout les fondateurs du communisme  moderne étaient  philosophes de formation : Karl Marx et Friedrich Engels.  Vladimir Lénine l’était tout autant, même s’il est né un peu plus tard; il fut d’abord avocat. 
« …On ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu’ils sont dans les paroles, la pensée, l’imagination et la représentation d’autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os; non, on part des hommes dans leur activité réelle, c’est à partir de leur processus de vie réel que l’on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital.  Et même les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement du processus de leur vie matérielle que l’on peut constater empiriquement et qui repose sur des bases matérielles.  De ce fait, la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l’idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d‘autonomie.  Elles n’ont pas d’histoire, elles n’ont pas de développement; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production naturelle et leurs rapports naturels transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée.  Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience.  Dans la première façon de considérer les choses, on part de la conscience comme considérer les choses, on part de la conscience comme étant l’individu vivant, dans la seconde façon, qui correspond à la vie réelle, on part des individus réels et vivants eux-mêmes et l’on considère la conscience uniquement comme leur conscience. »[8]
Lénine a repris le thème dans son Matérialisme et empiriocriticisme au début du XXème siècle où il a pourfendu les tenants de l’idéalisme philosophique, qui n’a d’ailleurs rien à voir avec un élan d’espoir pour une société meilleure, mais plutôt se fonde sur une explication étriquée et sans assise, mais sur une approche non-scientifique de l’origine du monde ainsi que de sa finalité.   Karl Marx a eu le mérite de bien documenter les bases de la société capitaliste.  Voici ce qu’il a écrit notamment :
« La circulation des marchandises est le point de  départ du capital.  Il n’apparaît que là où la production marchande et le commerce ont déjà atteint un certain degré de développement.  L’histoire moderne du capital date de la création du commerce et du marché des deux mondes au XVIe siècle.  Si nous faisons abstraction de l’échange des valeurs d’usage, c’est-à-dire du côté matériel de la circulation des marchandises, pour ne considérer que les formes économiques qu’elle engendre, nous trouvons pour dernier résultat l’argent.  Ce produit final de la circulation est la première forme d’apparition du capital.  Lorsqu’on étudie le capital historiquement, dans ses origines, on le voit partout se poser en face de la propriété foncière sous forme d’argent, soit comme fortune monétaire, soit comme capital commercial et comme capital usuraire. »[9]
À l’époque où Marx écrivit Le Capital, l’Angleterre était le principal pays capitaliste européen.  L’économie bouillonnait et les formes traditionnelles de la manufacture cédaient la place à l’industrie moderne, dont celle de la fabrication des machines-outils.
« La grande industrie fut donc obligée de saisir son moyen caractéristique de production, la machine elle-même, pour produire d’autres machines.  Elle se créa ainsi une base technique adéquate et put alors marcher sans lisières. À mesure que, dans le premier tiers du XIXe siècle, elle s’accrut, le machinisme s’empara peu à peu de la fabrication des machines-outils, et dans le second tiers seulement l’immense construction  des voies ferrées et la navigation à vapeur océanique firent naître les machines cyclopéennes consacrées à la construction des premiers moteurs. »[10]
Le progrès économique est source de contentement pour le travailleur; mais quelle est la place exacte de celui-ci dans le processus de la création de la richesse?
« La force de travail se réalise par sa manifestation extérieure.  Elle s’affirme et se constate par le travail, lequel de son côté nécessite une certaine dépense des muscles, de nerfs, du cerveau de l’homme, dépense qui doit être compensée.  Plus l’usure est grande, plus grands sont les frais de   réparation.  Si le propriétaire de la force de travail a travaillé aujourd’hui, il doit pouvoir recommencer demain dans les mêmes conditions de vigueur et  de santé.  Il faut donc que la somme des moyens de subsistance suffise pour l’entretenir dans son état de vie normal.  Les besoins naturels, tels que nourriture, vêtements, chauffage, habitation, etc., diffèrent suivant le climat et le nombre même des besoins dits naturels, aussi bien que le mode de les satisfaire, est un produit historique, et dépend ainsi, en grande partie, du degré de civilisation atteint. »[11]
En passant, on ne peut avoir un grand mérite à lire Le Capital puisque c’est un ouvrage de référence – surtout économique - rédigé dans un style clair et simple qui embrasse la palette des découvertes jusqu’au XIXe siècle.  Marx voulait être lu et il a pris les moyens.  Pendant la crise financière de 2008, même les économistes bourgeois en France, à titre d’exemple, se sont mis à l’étude de cet ouvrage toujours d’une très grande actualité.  On peut dire que Le développement du capitalisme en Russie de Vladimir Lénine est une continuation, fort à propos, du Capital, pour ce qui touche la Russie des tsars.  À ce titre, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme vient continuer les deux ouvrages précités.
Que voilà beaucoup de « théories ».  Et si on redescendait sur le plancher des vaches?  « … tout mouvement qui oppose la classe ouvrière en tant que classe à la classe au pouvoir et cherche à la vaincre par une pressure from out (pression de l’extérieur) est un political movement (mouvement politique).  (…) C’est ainsi que partout un mouvement politique naît de tous ces mouvements économiques isolés des ouvriers, c’est-à-dire un mouvement de la classe pour faire triompher ses intérêts sous une forme générale, sous une forme qui a une force générale socialement efficace.  Si ces mouvements supposent une certaine organisation préalable, ils sont, pour leur part et dans la même mesure, des moyens de développer cette organisation.  Là où la classe ouvrière n’est pas suffisamment organisée pour mener une campagne décisive contre le pouvoir collectif, c’est-à-dire contre le pouvoir politique des classes dominantes, il faut, en tout cas, l’y entraîner par l’agitation continuelle contre l’attitude adoptée en politique par les classes dominantes, attitude adoptée en politique par les classes dominantes, attitude qui nous est hostile.  Dans le cas contraire, elle reste un jouet entre leurs mains… »[12]
La lutte contre l’impérialisme, eh bien, ce n’est pas l’affaire de quelques hurluberlus; ce qui pourrait expliquer que le mouvement communiste est si peu « implanté » en Amérique du Nord.  Les enjeux sont colossaux pour les richissimes familles que comptent New York, Toronto ou Montréal; on parle de capital ici.  C’est de France que nous vient le portrait le plus incisif de notre époque, de nos luttes.
« Il faut, pour recommencer à penser, dépasser le faux choix entre « conservatisme » et « novation » et prendre position en fonction, non pas du « look » de tel ou tel parti, mais des conséquences réelles de telle ou telle position politique, de telle ou telle décision, sur les travailleurs et la société.  Nous inviterons donc à imiter Victor Hugo en remettant le « bonnet rouge au vieux dictionnaire », bien décidés à nommer un chat un chat, à ne pas prendre la contre-révolution pour la révolution, et à confondre en revanche vrais conservateurs et faux rénovateurs.  À ce stade nous restons dans la seule compagnie des lecteurs qui, ne craignant pas de parler et de penser à contre-courant des modes réactionnaires, acceptent de faire leur la devise de Georges Politzer, le philosophe-résistant qui descendit bien avant nous dans « la cave de l’aveugle » pour combattre l’obscurantisme et les mythes du XXe siècle : car ‘ le courage intellectuel, l’esprit critique ne consistent pas à céder à la réaction, mais à ne pas lui céder’. »[13]

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[1] Lénine, V., Œuvres, tome 27, février-juillet 1918, Éditions sociales-Paris, Éditions du Progrès-Moscou, 1980, page 11
[2] Nouveaux combats étudiants, Métro, Montréal, week-end 17-19 février 2017, page 4
[3] Ibidem, Lénine, tome 27, page 212

[4] Staline, J., Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 101-109
[5] Agence QMI avec l’Agence France-Presse, Trump s’attaque aux médias et défend son bilan, 24H, Montréal, week-end 17-19 février 2017, page 16
[6] Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Éditions sociales, Paris, 1966, page76
[7] Marx, Karl, Manuscrits de 1844, Flammarion, Paris, 2008, page 147
[8] Marx-Engels, L’Idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, pages 36-37
[9] Marx, Karl, Le Capital, Livre 1, Deuxième section, La transformation de l’argent en capital, Chapitre IV, La formule générale du Capital, Gallimard, Paris, 1968, page 239
[10] Ibidem, Chapitre V, Machinisme et grande industrie, page 477
[11] Ibidem, Chapitre VI, Achat et vente de la force de travail, pages 267-268
[12] Marx-Engels, Critique des programmes de Gotha et d’Erfurt, Éditions sociales, Paris, 1966, pages 118-119
[13] Gastaud, Georges, Mondialisation capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997,         page 31

mardi 17 juillet 2018

La Révolution française, tome 3 - L'Histoire nous le dira #40

Source : Le bulletin communiste, numéro spécial, 14 février 1922. Le congrès dont il est question est le congrès de Marseille du Parti Communiste français, qui eut lieu du 25 au 30 décembre 1921. Le texte de cette lettre a été publié dans le numéro 43 (première année) d'Inprekorr, 31 décembre 1921, le texte étant daté du 5 décembre 1921 (Jane Degras, The Communist International 1919-1943 – Documents – Volume I, p. 303).
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Comité Exécutif de l'Internationale Communiste

Lettre au Parti Communiste Français
5 décembre 1921

    Chers camarades,
    L'Internationale Communiste adresse à sa section française réunie en Congrès un salut fraternel.
    Il y a un an qu'à Tours vous avez fait un grand effort pour liquider le « socialisme » de guerre, pour vous dégager de l'équivoque du réformisme, en adhérant a l'Internationale Communiste.
    Les camarades qui vont ont quittés, et que beaucoup d'entre vous peut-être ont tout d'abord regrettés, sont eux aussi sortis de l'équivoque. Ils avaient affirmé que, malgré leur sortie du Parti, ils resteraient des révolutionnaires, des amis et des défenseurs de la Révolution russe. Mais leur opposition aux principes communistes qui les entraînait hors du Parti purifié ne tarda pas à faire d'eux des contre-révolutionnaires avérés, répétant les calomnies de la presse capitaliste contre la Révolution russe et devenant les défenseurs des social-démocrates contre-révolutionnaires qui sont parmi les ennemis les plus acharnés de la Révolution ouvrière et paysanne.
    Le parti dissident subit de plus en plus l'influence et la direction politique de Renaudel, de Grumbach et de Blum, c'est-à-dire de ceux qui pendant la guerre ont trahi la classe ouvrière française et le socialisme international, de ceux qui n'ont rien abandonné de leur politique de collaboration avec la bourgeoisie et qui font servir le parti français de trait d'union entre l'Internationale de Vienne et la IIe, l'internationale des ministres et des rois.
    Tours et son œuvre de scission, d'épuration énergique, étaient le résultat nécessaire et fatal de la réaction et de la colère de la classe ouvrière contre le socialisme de guerre et le réformisme qui avaient trahi ses intérêts.
    Mais Tours était aussi le point de départ d'une époque nouvelle dans l'histoire du mouvement révolutionnaire français : c'était la naissance du Parti communiste. Une année nous sépare du Congrès de Tours. Il n'est personne aujourd'hui, parmi les révolutionnaires, qui regrette l'œuvre de scission et d'épuration qui y fut accomplie. Mais il est non seulement nécessaire de jeter un regard sur le chemin parcouru par les ennemis du Communisme, il faut examiner aussi l'œuvre accomplie par le Parti Communiste dans cette première année d'activité.

    L'œuvre accomplie

    L'Internationale Communiste salue avec joie les résultats de votre effort pour regrouper et réorganiser vos fédérations, pour constituer un grand parti de 130 000 membres, et pour développer largement et faire prospérer votre presse.
    En face de l'impérialisme et de la réaction dont la bourgeoisie française forme la plus solide citadelle dans le monde, le Parti Communiste et sa presse sont seuls à organiser la résistance. Au cours de cette année, le Parti a réussi à prendre une influence réelle et grandissante sur les masses ouvrières et sur les petits paysans de France.
    Ces résultats, qui nous réjouissent, ne sauraient cependant nous voiler les faiblesses et les lacunes de cette première année. L'Internationale Communiste ne se contente pas comme autrefois d'adresser saluts et félicitations à ses sections. Son devoir est de signaler fraternellement leurs faiblesses pour chercher, en collaboration étroite et d'entente avec elle, à les faire disparaître.
    Guidée uniquement par le souci de travailler à la Révolution mondiale, l'Internationale Communiste a toujours traité le Parti français en tenant compte largement des conditions spéciales de son évolution et du milieu dans lequel il bataille.
    En jugeant le travail de cette première année, nous tenons compte aussi de l'état dans lequel la scission de Tours a laissé le Parti. Nous savons qu'un parti qui a subi une telle déviation pendant la guerre ne devient pas subitement communiste par le vote d'une motion de Congrès. Le vote de Tours marquait la volonté du Parti de devenir un Parti Communiste. Cette première année devait donc marquer un effort constant, un labeur de tous les instants, pour donner au Parti son caractère communiste.
    L'effort du Parti a été grand : il n'a pas été suffisant. Avec vous, nous désirons rechercher quelques-unes des causes de cette faiblesse, persuadés que le Congrès de Marseille est désireux de poursuivre énergiquement l'œuvre commencée à Tours, et de tenir compte dans une large mesure des suggestions de l'Internationale pour renforcer le caractère et la politique communiste du Parti.

    La direction du Parti

    Le Parti a souffert de la faiblesse de sa direction. Le Comité directeur a été absorbé par une quantité de besognes administratives courantes, mais il n'a pas doté le Parti d'une direction politique ferme. Il n'a pas, jour après jour, guidé la pensée, l'activité multiple du Parti. Il ne lui a pas créé une conscience collective.
    Le Parti a souffert de l'absence d'une politique agraire, d'une politique syndicale, d'une politique électorale. Le Comité directeur a renvoyé l'examen et la solution de toutes ces questions au Congrès de Marseille, craignant que les Fédérations ne l'accusent de dictature s'il le solutionnait lui-même.
    Tout révolutionnaire comprendra cependant que, dans un Parti Communiste, la direction, dès qu'elle a été nommée par un Congrès et qu'elle a ainsi la confiance du Parti, doit avoir les plus larges compétences pour diriger la politique du Parti dans le sens des thèses et des résolutions votées par les Congrès nationaux et internationaux.
    Il est nécessaire qu'à partir de Marseille, la direction du Parti soit beaucoup plus ferme et devienne une réelle direction politique, contrôlant la pensée et l'inspirant, dirigeant le travail parlementaire, prenant position jour après jour dans toutes les questions de politique nationale et internationale.
    Il nous paraît utile de remettre les petites besognes administratives à un secrétariat administratif et de nommer, au sein du Comité Directeur, une direction de cinq membres au moins dont la tâche essentielle sera cette direction quotidienne de l'activité et de la pensée du Parti.
    Comme corollaire à ce travail de direction plus ferme, il est nécessaire de développer dans le Parti un esprit de discipline plus grand. Les communistes doivent se sentir avant tout membres du Parti et agir comme tels dans toute leur vie publique et privée.

    La politique syndicale

    La question de la politique syndicale du Parti est certainement la plus importante et la plus délicate qui soit posée au Congrès de Marseille et dont la solution ait manqué au Parti durant cette première année d'existence.
    Le Parti Communiste, s'il veut être l'avant-garde et l'artisan de la Révolution Sociale ne peut se désintéresser des questions syndicales. Il n'y a pas de questions ouvrières qui ne soient questions syndicales ; il n'y a pas de questions ouvrières qui ne soient siennes. Il faut donc qu'il adopte une ligne de conduite dans les questions d'ordre syndical. Il doit revendiquer hautement devant la classe ouvrière le droit et le devoir de s'occuper activement de ces questions. Il doit réclamer de ses membres qu'ils soient des communistes au syndicat comme au Parti.
    Un parti communiste ne doit pas tolérer que ses membres puissent soutenir encore la politique de Jouhaux et de l'Internationale d'Amsterdam. Il doit dire clairement à ceux qui sont d'accord avec Jouhaux que leur place est dans le parti de Renaudel, d'Albert Thomas et de Longuet.
    Le Parti doit également combattre énergiquement les idées anarchistes ou syndicalistes pures qui nient le rôle du Parti dans l'œuvre révolutionnaire. Clairement, il doit affirmer aussi que sa volonté et celle de l'Internationale communiste n'est pas la subordination des syndicats au Parti, mais le travail de tous les membres du Parti dans l'œuvre et dans la lutte de la minorité syndicaliste en France.
    Le Parti doit rechercher la collaboration la plus étroite avec ceux des syndicalistes qui ont profondément révisé leur pensée révolutionnaire au contact de l'histoire de ces dernières années, en discutant fraternellement avec eux sur tous les problèmes révolutionnaires.
    Le Parti doit chercher à les obliger de préciser leur pensée actuelle, et à combattre toutes les vieilles survivances de la pensée anarcho-syndicaliste. Nous ne doutons pas que si le Parti s'affirme comme un véritable parti révolutionnaire et communiste, il attirera non seulement la sympathie et la confiance des grandes masses prolétariennes de France, mais aussi l'adhésion des camarades syndicalistes-communistes qui sont encore méfiants à son égard. C'est par sa politique sans défaillance et sans opportunisme qu'il les gagnera.
    Le projet de thèse concernant la question des syndicats élaboré par votre Comité directeur n'est que le premier plan dans l'œuvre de clarification de cette question fondamentale.
    Ceux qui disent que la lutte économique ne touche pas le Parti sont, ou bien de complets ignorants, ou bien des gens qui veulent se moquer du communisme. Le Parti doit absorber en soi tous les meilleurs éléments de la classe ouvrière et, au point de vue des idées, il doit inspirer toutes les formes de la lutte prolétarienne, y compris évidemment sa lutte économique.
    Le syndicat, en tant que syndicat, ne se soumet pas au Parti en tant que parti. Dans ce sens, le syndicat est autonome. Mais les communistes agissant au sein des syndicats doivent agir toujours en communistes disciplinés.
    En raison d'une série de circonstances, il y a encore actuellement en dehors des rangs du Parti Communiste français beaucoup d'éléments révolutionnaires précieux qui se considèrent comme syndicalistes. Nous devons nous entendre avec eux et tôt ou tard nous unir dans les rangs du Parti Communiste unique, mais nous ne pouvons pas et ne devons pas encourager les préjugés du syndicalisme à l'égard du Parti et de l'action politique.

    Le contrôle de la presse

    Lorsque la délégation du Parti Communiste était à Moscou pour le 3e Congrès, le Comité Exécutif a attiré son attention sur la nécessité d'un contrôle de la presse non officielle du Parti par le Comité Directeur.
    Le Comité Exécutif avait surtout en vue le cas de la Vague, de Brizon, et du Journal du Peuple, de Fabre, qui, tous deux menaient une politique en désaccord avec celle du Parti et de l'Internationale communiste.
    Les principes clairs du 3e Congrès international prévoyaient qu'aucun membre du Parti ne pouvait se réclamer d'une soi-disant liberté de la presse pour publier des organes dont le Parti n'aurait pas le contrôle politique absolu.
    C'est en accord avec l'unanimité de la délégation française, alors à Moscou, que l'Exécutif a voté une résolution sur cette question et informé la Direction du Parti, mais il n'a reçu aucune réponse officielle.1
    Il demande au Congrès de Marseille de lui donner la réponse du Parti à cette question qu'il considère comme une des plus élémentaires qui se posent à la discipline communiste, et que la Direction du Parti aurait pu et dû trancher.
    Le retard apporté à la solution de ce problème est d'autant plus regrettable que, depuis l'envoi de cette résolution, il s'est cristallisé autour du Journal du Peuple toute une tendance opportuniste qui regrette l'œuvre de Tours, pleure encore le départ des dissidents et de Serrati et prêche même la collaboration ouverte avec les partis de la bourgeoisie, sous la forme du bloc des gauches. Il n'est pas étonnant que les camarades qui mènent cette politique hostile aux principes mêmes du communisme se sentent visés par notre résolution, et cherchent à en faire tomber la responsabilité sur le représentant français à l'Exécutif.
    Nous espérons que le Parti réuni à Marseille exprimera clairement son opposition à une telle politique, et rappellera ce groupe de camarades à la discipline communiste.

    Le Parti et les travailleurs

    Il nous paraît nécessaire que le Parti français cherche à être en rapports beaucoup plus étroits et plus constants avec la classe ouvrière des usines. Trop souvent la presse du Parti est empreinte d'un caractère plus frondeur que véritablement révolutionnaire et prolétarien. Le Comité Directeur compte aussi une trop minime proportion de travailleurs des usines. Il nous paraît nécessaire dans l'élection du nouveau Comité Directeur de faire une place beaucoup plus grande à l'élément ouvrier.

    Le Parti et les sections étrangères

    Le Parti français a aussi toujours été trop à l'écart de la vie de l'Internationale. Nous espérons qu'à l'avenir des liens plus étroits et des relations plus fréquentes permettront au Parti français de prendre une part active et féconde à toute la vie de l'Internationale Communiste
    Comme nous considérons que les questions françaises sont les questions de toute l'Internationale, nous espérons que les prolétaires de France considéreront toutes les questions qui se posent au prolétariat allemand, russe, américain, etc., comme ses questions propres et qu'il prendra en les discutant une part active au travail et à la lutte de toutes les sections de l'Internationale.

    La tâche nouvelle

    Toutes ces questions importantes, dont le Comité Directeur aurait dû, à notre avis, trancher une grande partie dans le courant de l'année, sont soumises aujourd'hui aux délibérations du Congrès de Marseille.
    Nous espérons que les travaux du Congrès, uniquement inspirés du grand désir et de l'ardente espérance de faire triompher la Révolution sociale, donneront à votre Parti un nouveau grand élan, une base doctrinale solide, une tactique claire.
    Après cette première année de stabilisation et d'organisation, le Congrès de Marseille doit marquer une nouvelle grande étape et être le début d'une année de travail intense et fécond, travail extérieur de conquête des grandes masses à notre idéal ; année de lutte aussi, de lutte de plus en plus acharnée contre le réformisme d'Amsterdam, de Londres, de Vienne et de Genève, contre les blocs bourgeois, national, ou des gauches ; lutte pour affaiblir et battre l'impérialisme le plus insolent et le plus criminel qui soit.
    C'est dans votre Congrès que vous allez forger les armes et les outils pour ces batailles et ces labeurs qui vous attendent.
    L'Internationale Communiste espère que Marseille sera une date plus importante encore que celle de Tours dans l'histoire de votre Parti. Elle suit vos travaux avec un vif intérêt, sûre que le Parti français fera tout son devoir dans l'œuvre commune de libération totale des travailleurs.
    Vive le Parti communiste français ! Vive l'Internationale communiste ! Vive la Révolution mondiale !
    Le Comité Executif de l'Internationale Communiste.
    Pour copie conforme :
    Note
    1 Cette phrase est corrigée par la MIA d'après le texte anglais figurant dans Jane Degras, The Communist International 1919-1943 – Documents – Volume I, p. 306. Dans le Bulletin Communiste figurait la phrase incohérente suivante : « C'est en accord avec l'unanimité de la délégation française, alors à Moscou, que l'Exécutif n'a reçu aucune réponse officielle de la Direction du Parti à ce sujet. »

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