mardi 30 mai 2017


LE DROIT DE GRÈVE AU QUÉBEC

Tous ces mensonges contre la classe ouvrière en Occident

Daniel Paquet                                                                   dpaquet1871@gmail.com

L’écrivain français Gustave Flaubert, dans son roman L’Éducation sentimentale paru dans les années 1860, peignait un tableau saisissant du joug exercé par la bourgeoisie et de ses plaisirs en société :

« Tout le mal gisait dans cette envie moderne de s’élever au-dessus de sa classe, d’avoir du luxe. (Le Livre de Poche, Paris, 2002, page 259). (…) La plupart des hommes qui étaient là avaient servi, au moins, quatre gouvernements; et ils auraient vendu la France ou le genre humain pour garantir leur fortune, s’épargner un malaise, un embarras, ou même par simple bassesse, adoration instinctive de la force.   Tous déclarèrent les crimes politiques inexcusables.  Il fallait plutôt pardonner à ceux qui provenaient du besoin! (page 363). (…) Tant d’honorabilité fascinait M. Roque, fils d’un ancien domestique.  Si la couronne comtale ne venait pas, il s’en consolerait sur autre chose; car Frédéric pouvait parvenir à la députation quand M. Dambreuse serait élevé à la pairie, et alors l’aider dans ses affaires, lui obtenir des fournitures, des concessions. (Page 368). »

On parlait peu comme maintenant de l’orgie monstrueuse des galas organisés par la bourgeoisie, tout comme on aimait le dissimuler pour  « blanchir » leur immense fortune, par exemple la célébration de l’anniversaire de naissance de l’épouse du milliardaire Desmarais dans son île située au sein du comté de Charlevoix, près de Québec, et ce, il y a quelques années.

« La société bourgeoise moderne, issue de la ruine de la société féodale, n’a pas aboli les oppositions de classes.  Elle n’a fait que substituer aux anciennes des classes nouvelles, des conditions d’oppressions nouvelles, de nouvelles formes de lutte.   Notre époque, l’époque de la bourgeoisie, a cependant pour signe distinctif qu’elle a simplifié les oppositions de classes.  La société entière se scinde de plus en plus en deux grands camps hostiles, en  deux grandes classes qui se font directement face : la bourgeoisie et le prolétariat. » (Marx-Engels, Manifeste du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 228)

Si,  à sa naissance, le capitalisme a amélioré les conditions de vie des travailleurs, l’histoire récente démontre que son État n’a pas tardé à renverser la tendance.  Par exemple, la toute dernière grève des ouvriers de la construction au Québec a révélé que ce ne pourrait être le cas.

« Actuellement, pas moins de 175 000 travailleurs de la construction sont en grève illimitée.  La grève a été déclenchée le (24 mai 2017) matin et déjà, le gouvernement du Québec laisse planer l’adoption d’une loi spéciale, possiblement lundi, pour dénouer l’impasse (sic!) et forcer le retour au travail des employés »,  comme le rapportait le journaliste Maxime Deland du 24 H pour l’agence QMI, lors du week-end 26-28 mai 2017 (page 14).  D’ailleurs, « cette négociation a pour thème central la conciliation travail-famille.  Il est aussi question de salaires bien sûr, mais les questions de la flexibilité de la main-d’œuvre, des heures supplémentaires et les horaires sont centrales. » (La Presse canadienne, Québec prêt à se diriger vers une loi spéciale dès lundi, Métro, Montréal, week-end 26-28 mai 2017, page 3).

Quant au Parti communiste du Canada, il réclame une semaine de travail de 32 heures par semaine.  Pour sa part le gouvernement du Parti libéral de Philippe Couillard a fait voter la loi spéciale le lundi 29 mai 2017 forçant le retour au travail.

« Dans la plupart des pays industrialisés, l’emploi à temps partiel est en pleine croissance.  Même si les employeurs trouvent parfois dur de jongler avec les horaires d’employés à temps partiel, ils devront s’y habituer pour la majorité des salariés, passer moins de temps au travail est un choix. (…) Selon Statistique Canada,  près de 75% des salariés de cette catégorie (temps partiel) travaillent moins et par choix : 9% disent pouvoir ainsi prendre soin des enfants. (…)  On peut supposer qu’une réflexion sur les priorités fait pencher la balance pour le temps plutôt que pour l’argent. » (Travailler moins : un choix, 24H, Montréal, mercredi 10 mai 2017, page 30).

« La semaine de quatre jours est certainement la mesure la plus souhaitable pour accéder à une meilleure conciliation travail-famille. » (Mathieu, Sandra, La flexibilité… dans le monde!, 24H, Montréal, mercredi 10 mai  2017, page 26).

De toute façon, il aura fallu se battre, que ce soit en Amérique ou en Europe, pour faire avancer la cause ouvrière.  Gustave Flaubert, quant à lui, ne mesurait vraiment pas à son époque que les ouvriers, classe en soi, allaient devenir classe pour soi.  En France, c’est la révolte des Canuts qui a mis le mouvement en branle. 

« (En novembre-décembre 1831), il y eut insurrection des tisseurs de soie de Lyon (canuts) afin de faire respecter le tarif minimal qu’ils venaient d’obtenir.  Une armée conduite par le maréchal Soult écrasa ce mouvement. » (Le Petit Larousse illustré, Paris, 2015, page 1370).

Que ce soit d’abord en Angleterre (en France, en Allemagne, etc.), « la grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l’Amérique.  Le marché mondial a donné un immense développement au commerce, à la navigation, aux communications terrestres. (Marx-Engels, Manifeste du Parti communiste, page 229). (…) Pressée par le besoin de débouchés toujours plus étendus pour ses produits, la bourgeoisie se répand sur la terre entière.  Il faut qu’elle s’implante partout, s’installe partout, établisse partout des relations. » (Marx-Engels, page 232)

C’est tout à fait vrai pour le Canada, le deuxième pays du monde de par sa superficie.

« Les chemins de fer jouent un rôle économique considérable.  Ils nécessitent des investissements énormes, absorbant non seulement l’épargne des colonies mais aussi les capitaux importés massivement de Grande-Bretagne en Amérique du Nord britannique.  Il s’agit d’actions dans les chemins de fer, qui sont des titres de propriété, ou encore d’obligations, qui constituent une forme d’endettement des compagnies de chemin de fer.  Les gouvernements coloniaux eux-mêmes cèdent aux pressions et aident la construction ferroviaire.  Souvent, ils consentent des garanties sur les obligations, à certaines conditions comme le fait par exemple le Railway Guarantee Act de la province de Canada en 1849. » (Sous la direction de Craig Brown, Histoire générale du Canada, Éditions du Boréal, Montréal, 1990, page 340).

Après Marx, Lénine démontrera qu’il ne s’agit pas d’une révolution de palais et que le prolétariat doit agir fermement et directement pour s’emparer, que ce soit à l’époque, ou encore maintenant, du pouvoir économique et politique au sein de la société capitaliste.

« … Une des idées les plus remarquables et les plus importantes du marxisme au sujet de l’État, c’est celle de la ‘dictature du prolétariat’ (comme devaient s’exprimer Marx et Engels après la Commune de Paris); nous y trouvons ensuite une définition de l’État, intéressante au  plus haut point, et qui est également au nombre des ‘paroles oubliées’ du marxisme : ‘L’État, c’est-à-dire le prolétariat organisé en classe dominante.’  Cette définition de l’État n’a jamais été commentée dans la littérature de propagande et d’agitation qui prédomine dans les partis social-démocrates officiels.  Bien plus : elle a été très précisément oubliée parce qu’elle est absolument inconciliable avec le réformisme; elle heurte de front les préjugés opportunistes habituels et les illusions petites-bourgeoises quant à l’évolution pacifique de la démocratie’. » (L’État et la révolution, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 305).

Ce combat, fort probablement très violent, entre la bourgeoisie et le prolétariat commence souvent par une guerre entre les peuples menée justement par une bourgeoisie de conquistadores qui résulte dans un enchevêtrement de chair à canons.  Voici ce qu’écrivait le poète français Arthur Rimbaud, à la veille de la Commune de Paris (en octobre 1870) :


 Le Dormeur du Val


"C’est un trou de verdure où chante une rivière

Accrochant follement aux herbes des haillons

D’argent; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais  cresson bleu,

Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,

Pâle dan son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine

Tranquille.  Il a deux trous rouges au côté droit.

(Œuvres complètes, GF Flammarion, Paris, 2016, pages 57-58)."

Rimbaud n’est pas le seul homme de lettres à avoir couché sa plume sur la Commune de Paris  en 1871.  Jules Vallès en a fait tout autant en écrivant : Aux morts de 1871, à tous ceux  qui, victimes de l’injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait et formèrent, sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs, je dédie ce livre. (L’Insurgé, Le Livre de Poche, Paris, 1986, page verso du livre).

Souvent, les grandes batailles armées sont précédées par des luttes réformistes, comme celle des ouvriers de la construction du Québec (qui veulent poursuivre la bataille sur le plan politique, lors des prochaines élections législatives).  Par contre ces luttes fortifient la classe ouvrière, la disciplinent et l’encouragent à mieux s’organiser et à étendre leur solidarité.  Mais pour leur pouvoir d’achat de tous les jours :

« Dans tous les cas que j’ai envisagés, c’est-à-dire 99 fois sur 100, vous avez vu qu’une lutte pour une augmentation des salaires ne fait que suivre des modifications antérieures, qu’elle est le résultat nécessaire de fluctuations préalables dans la quantité de production, dans les forces productives du travail, dans la valeur du travail, dans la valeur de l’argent, dans l’étendue ou l’intensité du travail soutiré, dans les oscillations des prix du marché qui dépendent de celles de l’offre et de la demande et qui se produisent conformément aux diverses phases du cycle industriel;  bref que ce sont autant de réactions des ouvriers contres des actions antérieures du capital.  Si vous envisagez la lutte pour des augmentations de salaires indépendamment de toutes ces circonstances et en ne considérant que les variations dont elle découle, vous partez d’une prémisse fausse pour aboutir à de fausses conclusions. ». (Marx-Engels, Œuvres choisies, tome II, Éditions du Progrès, Moscou, 1978, page70-71).

Enfin, pour ce qui est du travail, « la journée de travail n’est donc pas une grandeur constante, mais une grandeur variable.  Une de ses parties est bien déterminée par le temps de travail qu’exige la reproduction continue de l’ouvrier lui-même; mais sa grandeur totale varie suivant la longueur ou la durée du surtravail.  La journée de travail est donc déterminable; mais, par elle-même, elle est indéterminée. » (Karl Marx, Le Capital, Gallimard, Paris, 1968, page 335).

 

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dimanche 28 mai 2017

«Le Monde» lâché par la BBC : Stephen Sackur démasque la droite Vénézuélienne et ses rêves de coup d’état

Dès les premiers jours de l’insurrection de la droite vénézuélienne, Paulo Paranagua (du journal français « Le Monde ») avait tenté de donner un visage humain aux « enfants de Pinochet ». Le 14 avril 2017, une interview complaisante nous campe Julio Borges, un des leaders de l’extrême droite, en sympathique combattant pour la démocratie qui ne rêve que d’« élections libres » et, la main sur le cœur, jure ne pas vouloir de coup d’état.
Un double mensonge pourtant facile à démonter. En ce qui concerne les élections, le Venezuela va vivre d’ici mars 2018 pas moins de trois scrutins majeurs : celui de l’Assemblée Constituante en juillet, celui des gouverneurs et parlements régionaux en décembre et last but not least, la présidentielle de mars 2018, sans assurance de victoire pour les chavistes. (1)
Quant au serment de Julio Borges de ne pas vouloir de putsch, rappelons qu’il fut un des acteurs publics du coup d’État sanglant mené en avril 2002 contre le président Chavez, avec la complicité du MEDEF local et de militaires formés à la School of Americas. Un coup d’État déjoué en 48 heures par un soulèvement conjoint de la population et de militaires loyalistes. Dans les années qui ont suivi, Wikileaks a révélé les liens de Borges avec le Département d’Etat et le versement de millions de dollars à son parti à travers des ONG financées par les États-Unis au Venezuela. (2)

 
Mais la honte pour le « journaliste » du « Monde » est que ce mensonge a été démonté par… Julio Borges lui-même, désarçonné le 19 mai par le célèbre journaliste et présentateur britannique Stephen Sackur, lors du programme non complaisant HardTalk de BBC World. (3)

Publier de larges extraits de cette interview nous semble important dans la mesure où il est très rare que des questions gênantes soient posées en France à l’opposition vénézuélienne.
Dans cette interview, Borges nie toute responsabilité dans la mort des plus de 60 personnes provoquée par les violentes manifestations que lui et son parti ont dirigées au Venezuela. Il admet ouvertement qu’il appelle les Forces Armées à refuser d’obéir aux ordres de leur Commandant en chef, et qualifie de « propagande » les accusations de soutien à la tentative de coup d’état contre Hugo Chavez en 2002, les liens de son parti avec les États-Unis et les millions de dollars qui lui sont parvenus par la voie d’ONG financées par ce pays. Il affirme que lors de la réunion avec le Vice président des États-Unis, Mike Pence et avec le conseiller à la Sécurité Nationale de ce pays, H.R. McMaster il n’a fait que « demander leur soutien ».
Extrait de l’interview.
Stephen Sackur : (…) En tant que leader politique responsable (vous êtes le Président de l’Assemblée Nationale et un des dirigeants du parti Primera Justicia) , n’avez-vous pas une certaine responsabilité? Quand on voit l’effusion de sang, et – comme vous le faites remarquer vous même- le fait que de nombreuses victimes son des étudiants et des gens très jeunes, n’avez-vous pas la responsabilité de dire aux manifestants de votre Parti et des autres formations que cela suffit, que l’effusion de sang et le prix à payer sont trop élevés ?
Julio Borges : Oui, mais notre responsabilité, Stephen, c’est d’apporter la démocratie, la paix et la liberté au pays. Nous vivons dans un Venezuela qui n’est qu’une mauvaise copie de Cuba ; il n’y a pas de droits au Venezuela, il n’y a pas de nourriture, il n’y a pas de médicaments, il n’y a pas d’opportunités. Des milliers de jeunes quittent le Venezuela pour chercher un avenir dans d’autres pays. Il ne s’agit pas seulement d’un conflit politique au Venezuela mais un affrontement vital, existentiel et de valeurs. Parmi les gens qui participent aux marches dans la rue, on y retrouve des personnes de tous horizons : des jeunes, des vieux, des politiques, des activistes, des chômeurs, absolument de tous horizons. C’est donc tout le peuple qui est contre Maduro ; ce n’est pas un simple affrontement politique.
SS. Oui, mais pensez vous réellement que ces protestations vont faire partir Maduro du pouvoir? C’est ce que demandent les manifestants –« Maduro doit partir » – clament-ils – mais il n’y a aucun signe du départ de Maduro.
JB. Nous luttons pour une série de valeurs, nous n’avons pas le temps et nous n’avons pas d’autre façon de lutter pour la liberté, la justice, la démocratie. Vous devez vous rappeler, Stephen, que c’est le coup d’état réalisé par Maduro contre le Parlement qui est à l’origine de tout cela. Il est presque parvenu à annuler le Parlement, mais tout le monde est descendu dans la rue pour défendre la démocratie, défendre la séparation des pouvoirs, le système de contrôles et d’équilibres, défendre le droit de vote, le droit à une économie libre ; c’est pour cela que nous sommes dans une lutte très profonde au Venezuela, avec un gouvernement qui n’a pas la moindre intention de proposer un calendrier démocratique; pour le peuple vénézuélien il n’existe pas d’autre voie que la lutte dans les rues, et le peuple est prêt à lutter pour son pays.
SS. Mais les vénézuéliens ont aussi le sens de l’histoire, et ils se rappellent qu’en 2014, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour essayer de lui faire quitter le pouvoir, en disant que ces élections avaient été truquées. Mais Maduro a fait face aux manifestants et est sorti vainqueur. On peut aussi rappeler les événements de l’année dernière, quand vous et beaucoup de vos camarades avez réclamé un référendum révocatoire ; vous croyiez que vous pourriez faire tomber Maduro, mais une fois de plus il s’est maintenu, et moi je vous dis une fois de plus que selon toute probabilité cette fois encore Maduro se maintiendra.
JB. Oui, mais nous avons un atout. La communauté internationale sait parfaitement que le gouvernement de Maduro est une dictature, et que le peuple vénézuélien est en position de force, ce n’est pas une minorité, mais une majorité énorme. Presque 80 ou 85% du peuple est convaincu que Maduro doit quitter le pouvoir, car il a perpétré un coup d’état au Venezuela.
SS. Mais Julio Borges, vous savez qu’en démocratie on ne gère pas le gouvernement par des enquêtes mais par des élections. Il ne faut pas oublier, que cela vous plaise ou non, que Nicolas Maduro a un mandat électoral, il a gagné les élections présidentielles après le décès de Chavez en 2013, et son mandat est prévu jusqu’en 2018 : c’est ce qui est prévu.
JB. Oui mais regardez, on doit gouverner en respectant la Constitution, et la Constitution stipule que l’an dernier nous aurions dû organiser des élections pour les gouverneurs, et Maduro a refusé. Nous aurions dû avoir un référendum révocatoire et Maduro l’a empêché ; nous aurions dû avoir des élections régionales et Maduro les a empêchées. Alors il ne peut pas y avoir une Constitution pour Nicolas Maduro et aucune Constitution pour le peuple vénézuélien. C’est là que se trouve le nœud du problème.
Au Venezuela nous n’avons aucune constitution, il n’y a que la volonté de Maduro, et c’est lui qui décide si nous avons ou non des élections. Ce n’est pas juste, ce n’est pas cela la démocratie. Et nous luttons précisément pour une voie démocratique au Venezuela.Nous luttons pour apporter la constitution dans la vie politique, alors que Maduro lutte en dehors du cadre de la constitution,. Nous nous luttons à l’intérieur de la constitution. C’est une différence énorme, nous luttons pour la démocratie, Maduro lutte pour la violence.
SS. Bien, mais Maduro dit que vous (et il vous a nommé, vous, Julio Borges en personne) êtes l’auteur intellectuel des coups d’état ; que ce que vous voulez en fait c’est un coup d’état, et je dois dire qu’un de vos commentaires récents stipule : « il est temps que les hommes en vert, c’est-à-dire les Forces Armées, sortent de leur silence ». Est-ce que cela signifie que vous voulez dire, implicitement, que vous souhaitez une situation où les forces de sécurité vénézuéliennes, et les Forces Armées en particulier refusent d’obéir aux ordres ?
JB. Ce que nous demandons aux Forces Armées du Venezuela c’est justement qu’elles aident le peuple vénézuélien, pas l’opposition, mais le peuple, pour garantir l’ordre constitutionnel et démocratique au Venezuela.
SS. Excusez-moi mais les Forces Armées au Venezuela doivent obéir aux ordres du Commandant en Chef, le Président du pays. Je ne comprends pas en quoi suggérer que vous souhaitez une mutinerie de toutes les Forces Armées du Venezuela puisse être constitutionnel.
JB. Non, parce qu’il existe une différence énorme entre un Commandant en Chef qui agit en tant que chef du gouvernement vénézuélien et Maduro, qui agit et donne des ordres aux Forces Armées en tant que chef d’un parti politique. Ce que nous ne voulons pas c’est une Force Armée avec une couleur politique, qui soit à l’intérieur d’un parti politique, c’est là que se trouve le vrai problème. Nous voulons une Force Armée constitutionnelle et indépendante. C’est là que se trouve le fond du problème. Nous n’appelons pas les Forces Armées à entrer dans l’opposition, mais nous voulons qu’elles répondent aux institutions démocratiques au Venezuela et non aux partis politiques ; c’est Maduro qui a montré sa couleur politique au Venezuela.
SS. Une question très simple, à laquelle il faut répondre par oui ou non. Vous appelez bien les Forces Armées dans la rue, celles là même qui ont contrôlé les manifestations en ouvrant le feu parfois contre les manifestants, à refuser d’obéir aux ordres ?
JB. Oui, tout à fait. Je pense que chaque agent qui viole les Droits de l’Homme au Venezuela doit réfléchir avec sa conscience, il n’est pas supportable qu’un gouvernement non démocratique puisse donner des ordres contre les gens, surtout quand les protestations ont lieu de façon aussi pacifique, simplement pour demander des élections. C’est complètement disproportionné que les jeunes qui manifestent pour une solution pacifique, à savoir un vote, doivent faire face à la répression du gouvernement qui nie les Droits de l’Homme, allant même jusqu’à les faire comparaître devant la juridiction des Forces Armées, ce qui est contraire à la Constitution et contraire aux Droits de l’Homme. Nous devons donc faire appel à la conscience et lutter pour une solution qui respecte des Droits de l’Homme au Venezuela et non pour la répression
SS. D’accord, mais le problème c’est que vous avez des antécédents. – comme Maduro et ceux du gouvernement le rappellent souvent- à savoir que vous avez soutenu la tentative de coup d’état militaire contre Hugo Chavez en 2002. Et grâce aux informations publiées par Wikileaks dans les années qui ont suivi, nous savons que votre parti a des liens avec les États-Unis et que des milliers, voire même des millions de dollars ont été versés à votre parti à travers des ONG financées par les États-Unis. Et par conséquent, beaucoup à l’intérieur du régime disent que vous n’êtes qu’un agent des États-Unis, c’est-à-dire de la puissance impériale.
JB. Tout ceci n’est que de la propagande, et il existe une façon très facile de le vérifier : entrons dans un processus électoral pour que le peuple décide si je suis ou non un agent de la puissance impérialiste, ou si je suis à même de diriger le Venezuela. Nous devons laisser le peuple décider, par la voie des élections, quel futur il veut pour le Venezuela. Et je suis convaincu que le mouvement politique que nous avons créé avec tant de jeunes dirigeants, est aujourd’hui même le choix et l’avenir que le Venezuela veut pour que le pays soit un pays moderne. C’est très facile : permettez au peuple de voter, et laissez- le décider quel type de Venezuela il veut. C’est Maduro qui refuse cette solution.
SS. Le 5 mai, me semble-t-il, vous avez rencontré le Vice-président (des États Unis) Mike Pence et le conseiller de la Sécurité Nationale, H.R. McMaster. Vous avez bien demandé à ces deux messieurs une aide nord-américaine, et vous leur avez demandé d’aller au-delà de sanctions individuelles, et vous leur avez bien demandé des sanctions économiques contre le pays en tant qu’entité n’est-ce pas?
JB. Bien sûr que non. Impossible. Nous sommes en train de mettre au point dans toute l’Amérique, et surtout en Amérique Latine, un groupe ou une équipe de pays qui pourraient aider le Venezuela. Nous avons parlé avec les présidents du Panama, du Pérou, de l’Argentine, du Brésil, du Chili, du Mexique et ils sont tous très inquiets pour le Venezuela car ce pays ne représente pas seulement un problème local, mais un problème régional. Nous demandons l’appui de la communauté internationale et de la communauté latino-américaine pour proposer un programme démocratique ici au Venezuela, et l’objectif de ce programme c’est de permettre au peuple de voter. C’est très clair, seul le vote peut apporter une solution.
SS. Mais le problème c’est que, tout au long de cet entretien, vous avez parlé comme si l’opposition était unie, alors que l’opposition est très loin d’être unie. Il existe 21 partis politiques. Par exemple, vous, en tant qu’individu, vous avez un passé de divisions et de disputes avec des dirigeants de l’opposition, et franchement, la plupart du temps, les membres de l’opposition vénézuélienne se sont battus dans leur propre camp, comme des rats dans un sac. Pour quelles raisons les gens à l’extérieur, sans parler des vénézuéliens, croiraient, que s’il y avait des élections, et si vous parveniez à les gagner, vous pourriez gouverner de façon cohérente, dans la mesure où vous êtes divisés ?
JB Excuse moi, Stephen, mais ce n’est pas vrai. Je suis le Président du Parlement, et Président d’un Parlement qui compte 14 partis politiques dans sa coalition, et nous sommes très fiers de ce que nous avons construit ensemble. Il n’y a pas eu une seule élection où nous ayons présenté plus d’un candidat présidentiel. Il n’y a eu que deux candidats aux élections : un candidat de l’opposition et un candidat du Gouvernement. Nous avons une plate-forme unique, avec un seul message pour la campagne. Nous avons un système de règles pour les élections au travers du référendum et des élections primaires, et une seule position.
(…)
SS. Si vous le permettez, j’ai été au Venezuela, comme vous devez le savoir, j’ai parlé avec toute sorte de gens dans différentes parties du pays, des gens de conditions économiques différentes, depuis les quartiers aisés où vous vivez, jusqu’aux quartiers les plus pauvres, où vivent les chavistes les plus loyaux et les plus radicaux. L’impression que j’ai eue c’est que beaucoup de gens en veulent à Maduro, mais qu’il existe encore un noyau central qui appuie le socialisme et la Révolution Bolivarienne, et il me semble que si vous parvenez à faire partir Maduro, vous courez le risque de déclencher un conflit, et même une guerre civile au Venezuela. Êtes vous prêt à courir ce risque ?
JB. Je ne suis pas d’accord avec cette vision. D’abord parce que les chavistes habitent dans certaines des parties les plus riches de la ville.
SS. Je ne parle pas des membres du Gouvernement, mais des gens du peuple, et certains pensent que c’est grâce à Hugo Chavez qu’ils peuvent avoir une maison, un emploi et une situation économique meilleure que celle qu’ils avaient avant, quand votre classe, M. Borges, était au pouvoir au Venezuela dans les années 80 et au début des années 90.
JB. A cette époque, excusez–moi je n’avais que 20 ans. Mais ce que je peux dire, c’est que maintenant, ces gens savent que Maduro a détruit ce que Chavez avait construit, et à l’heure actuelle, les bases chavistes et pro-Maduro ne représentent que 10 ou 12% de la population, et nous savons que nous pouvons avoir un futur gouvernement qui intègre ces personnes dans un nouveau Venezuela ; un Venezuela uni. Donc je ne vois pas où est le problème ni les raisons pour un affrontement, puisque qu’il n’existe pas de position symétrique entre les deux parties, mais une situation très claire : l’opposition contre Maduro. Nous parlons de 90% de la population qui est contre Maduro, pas de la moitié de la population, c’est pourquoi je ne vois aucun risque à poursuivre la voie de la démocratie et du rassemblement (en cela vous avez raison), un discours politique très rassembleur pour unifier tout le pays.
 
 
Article en espagnol : Julio Borges admitió sus intenciones insurreccionales en incómoda entrevista para la BBC, Alba Ciudad, 19 mai 2017
Traduction : Pascale Mantel
Source de la version française : Venezuela Infos
Notes
(1) https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/05/24/venezuela-en-route-vers-lelection-de-lassemblee-constituante-les-regionales-et-les-presidentielles/
(2) https://venezuelainfos.wordpress.com/2015/08/04/venezuela-la-presse-francaise-lachee-par-sa-source/
(3) http://bbc.co.uk/programmes/p052nsxd
 

samedi 27 mai 2017

Europe, France, Italie : l’analyse des communistes italiens avec le Fronte Popolare [Interview]


parti communiste, europe


La direction du , mouvement communiste italien a accordé un entretien à la rédaction d’Initiative Communiste, le journal du PRCF


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Dans la presse italienne, la victoire de Macron – dans un pays comme la France qui est en train de vivre de fortes contradictions et de nombreuses luttes sociales – a été exaltée presque unanimement et accueillie avec soulagement, ce que l’on peut aussi interpréter comme un soutien (même virtuel) aux actuelles classes dominantes européennes.
A l’exception de la Ligue de Salvini pro-lepéniste, les principales forces politiques ont sauté sur le char du vainqueur, y compris le Mouvement 5 étoiles de Grillo qui, tout en attaquant Macron en tant que “banquier”, évalue positivement le supposé éloignement des partis traditionnels et s’est dit “prêt à collaborer” avec Macron “pour une Europe à la hauteur des peuples”.
La tentative – même en – de faire passer l’extrême droite comme l’unique alternative aux élites ultra-libérales a été en partie ruinée par le fort résultat de la France Insoumise, ce qui a démontré qu’il existe un espace politique progressiste et de rupture.
 Quel rapport entretenez-vous aujourd’hui avec l’Union Européenne ?
Nous considérons que la question de la nature de l’UE et la façon dont il faut la traiter, représentent pour la gauche de classe européenne une ligne objective de division pour le mouvement communiste.
Les faits les plus récents sont en train de faire tomber les uns après les autres masques et illusions avec lesquels avait été vendu le “projet européen”.
Ce dernier naît en réalité, depuis les origines, comme un projet anticommuniste – dans le contexte de la Guerre Froide – mené par les classes dominantes européennes, subordonnées aux classes états-uniennes, en tant que puissant instrument de destruction des droits sociaux et d’inversion des rapports de forces en faveur du capital.
En même temps, les traités et l’union monétaire ont déterminé un déplacement énorme du pouvoir économique et politique aux pays limitrophes de l’Union, en particulier en faveur du Grand Capital allemand et – en position subalterne – français.
De ce point de vue, la perte de 25 % de la production industrielle italienne depuis le début de la crise à aujourd’hui, atteste le caractère anti-national et parasitaire de nos classes dominantes qui, pour satisfaire leurs intérêts, ont accepté et soutenu ce scénario.
Les politiques suivies par l’UE assument de façon toujours plus claire les caractéristiques néocoloniales, comme le met en évidence le cas Grec. Un pays touché par la crise à qui l’UE a imposé -contre l’avis contraire exprimé par le peuple Grec- privatisations massives, destruction des droits sociaux, coupes aux retraites, etc…. pour recevoir des “aides” qui à 95 % sont allées directement payer les intérêts de la dette en faveur particulièrement des banques françaises et allemandes, et même en partie italiennes.
Face à la perte de consensus subie ces dernières années et à l’aggravation des contradictions internes, les classes dominantes européennes semblent avoir l’intention de répondre avec une triple fuite en avant : plus de néolibéralisme, plus de fédéralisme et plus de militarisme.
Celui qui à gauche continue de proposer une possible réforme et à taire le nationalisme comme solution de rupture, se trompe d’analyse puisque l’UE ne s’est pas perdue en route, mais est née depuis le début avec ces objectifs politiques et que ses traités ne sont modifiables qu’avec l’accord unanime de tous ses Etats membres.
Celui qui théorise la possible réforme de l’UE soutient en substance que – dans des pays extrêmement variés par leur propre histoire, culture et surtout rapports de force internes entre classes – il est possible d’arriver simultanément à un échange radical dans le sens progressiste de la société.
Une position qui s’est déjà avérée irréalisable et qui mène celui qui la suit, comme l’a montrée la capitulation de Tsipras, à trahir son propre peuple et à revêtir les habits de l’opposition à Sa Majesté.
La campagne électorale de Mélenchon et de la “France Insoumise” – même sans ignorer ses évidentes contradictions et les différences nationales – comme cela a été évoqué précédemment, a été importante même pour nous parce qu’elle a montré qu’il existe bel et bien un espace politique pour affirmer un projet politique de masse, de rupture progressiste et révolutionnaire face aux institutions européennes. Nous partageons pleinement à ce propos la position soutenue par le PRCF.
De ce point de vue, le mot d’ordre ItalExit créé par Eurostop, une plateforme sociale – dont nous sommes parmi les fondateurs – qui rassemble différentes organisations politiques et syndicales, nous semble être un facteur positif et inédit pour le valoriser et le faire vivre dans les luttes.
De manière certaine, il faut aussi repousser la thèse soutenue par certains qui – dans une période de confusion risque de se répandre même à gauche – selon lesquels le retour à la monnaie nationale représenterait en soi la fin de la crise et d’une grande partie des problèmes ; outre le fait que la crise est propre au système capitaliste dans son complexe, il faut par ailleurs être conscients qu’une sortie – surtout par la gauche – des institutions européennes déterminerait une forte réaction de la part de l’impérialisme et poserait immédiatement les questions centrales du commandement dans la société et de la lutte pour le pouvoir.
Comment êtes-vous en train de préparer le centenaire de la Révolution d’octobre ?
En novembre nous participerons à une initiative importante à Rome avec d’autres organisations proches de nous ; dans le même temps des initiatives sur le même thème sont programmées pour l’automne à Milan et à Turin. Parallèlement nous avons constitué un “Comité pour le Centenaire de la Révolution d’Octobre. (https://www.facebook.com/OttobreRosso17) avec l’objectif de rassembler d’autres camarades pour une commémoration qui ne soit pas seulement historique et “nostalgique” (même s’il est nécessaire de lutter contre le révisionnisme anticommuniste), mais qui fasse vivre la mémoire de la Révolution Russe tout en revendiquant la nécessité d’une transformation sociale radicale en l’Italie et dans le monde d’aujourd’hui.
© Chine Nouvelle (Xinhua) - Xu Yongchun,
le 24/05/2017 16:53






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La Chine a redoublé d'efforts dans la réduction de la pauvreté depuis le 18e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) organisé en 2012, jetant les bases permettant au gouvernement de réaliser son objectif d'éradiquer la pauvreté d'ici 2020.
Voici certains faits et quelques chiffres de la campagne chinoise de lutte contre la pauvreté, un élément clé de la mission du pays visant à construire une société modérément prospère à tous les niveaux d'ici 2020.
-- De 2013 à 2016, 55,64 millions de résidents ruraux, ou plus de 10 millions de personnes par an, sont sortis de la pauvreté en Chine.
-- De 2013 à 2016, les revenus des résidents ruraux vivant dans des régions pauvres ont augmenté plus rapidement que les revenus moyens à l'échelle nationale.
-- Pour la seule année de 2016, la Chine a aidé 12,4 millions de résidents ruraux à sortir de la pauvreté, atteignant son objectif de sortir de la pauvreté plus de 10 millions de personnes par an dès 2016.
-- Fin 2016, la Chine comptait toujours 43,35 millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté du pays, soit 2.300 yuans (environ 334 dollars) de revenus annuels à prix constants de 2010.
-- Le gouvernement central a alloué 196,1 milliards de yuans de fonds spéciaux destinés exclusivement à la réduction de la pauvreté ces quatre dernières années, chiffre en croissance annuelle de 19,22%, a déclaré en mars Mo Jiancheng, un inspecteur de la Commission centrale de contrôle de la discipline du PCC.
-- En 2016, les fonds destinés à la réduction de la pauvreté et débloqués par les budgets central et provinciaux ont totalisé pour la première fois plus de 100 milliards de yuans. Le gouvernement central a affecté 66,7 milliards de yuans, en croissance annuelle de 43,4%, alors que les gouvernements provinciaux ont alloué 40 milliards de yuans, en hausse de 50%.
-- A la fin de l'année 2016, les prêts en cours accordés par les institutions financières pour la réduction de la pauvreté ont totalisé 2.500 milliards de yuans, dont 818,1 milliards de yuans de prêts nouvellement accordés en 2016.
-- Les autorités chinoises ont souligné l'adoption de mesures ciblées et précises de lutte contre la pauvreté, la création de politiques différentes selon les diverses situations des régions et adaptées à leur demande. Les politiques portent sur le développement du commerce, le relogement des résidents pauvres, les subventions pour les paysans habitant dans des régions écologiquement fragiles, et la promotion de l'enseignement et l'amélioration de la sécurité sociale.
La Chine a aussi encouragé les régions développées dans l'est à aider des régions moins développées dans l'ouest à mieux lutter contre la pauvreté, avec des centaines de districts pauvres dans l'ouest et l'est ayant établi des partenariats.
-- Environ 775.000 responsables ont été envoyés dans des villages fin 2016 dans le cadre d'un programme du PCC visant à envoyer des responsables dans les régions rurales pour lutter contre la pauvreté.
-- Des dizaines de milliers de bureaux du Parti et du gouvernement, d'entreprises et d'institutions publiques ont pris part à cette campagne pour aider des villages dans le pays à sortir de la pauvreté. Fin
Tag(s) : #Chine

vendredi 26 mai 2017

À présent que le président Trump cogne sur la Russie plutôt que de rétablir les relations, les médias américains grand public sont passés du conspirationnisme “Russie-gate” à un bruyant scepticisme quant à la sincérité des déclarations antirusses du gouvernement, remarque Nat Parry.


Par Nat Parry


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Après plusieurs mois à répandre la théorie conspirationniste du « Russia-gate » – un récit à la fois délirant, amalgamant tout dans un récit quelque peu nébuleux, impliquant le président américain Donald Trump, le président russe Vladimir Poutine, WikiLeaks, la mafia russe, des assassinats et des frasques avec des prostituées dans un hôtel de Moscou – les médias grand public américains reviennent maintenant à leur rôle traditionnel de minimisation des théories du complot, en particulier celles qui suscitent des questions sur les informations fournies par les services de renseignement entourant la présumée attaque à l’arme chimique en Syrie la semaine dernière.
Le siège du New York Times à New York. (Photo de Wikipedia)
Lundi, le New York Times publiait un article intitulé « Les théories du complot syrien prospèrent, aux deux extrémités du spectre, » qui déplorait le fait que les sites web de gauche et de droite aient soulevé des doutes sur le casus belli justifiant l’action militaire américaine contre la Syrie.
Notant que certains sites d’information alternatifs ont qualifié l’attaque chimique d’opération sous “fausse bannière” et que d’autres ont soulevé la question de savoir si l’action militaire de Trump était une tactique de diversion du type “Wag the Dog” [film Des hommes d’influence, NdT], le Times tente de « démonter » les mèmes d’Internet qui ont instillé des doutes au sujet de l’attaque chimique ou ont remis en question la justification de l’action militaire américaine.
Faisant preuve d’une agressivité inobservée lorsqu’il s’était agi des allégations infondées de « piratages électoraux russes », le Times riposte avec fureur sur des sujets comme les raisons qui auraient bien pu pousser Assad à utiliser des armes chimiques à un moment pareil, ou encore l’éventualité que les forces anti-Assad aient pu avoir connaissance à l’avance de l’attaque au gaz sarin. L’article du Times utilise des réponses cassantes, en majuscules pour réfuter ces allégations, comme ces déclarations catégoriques : « FAUX », « SANS PREUVE » ou « TROMPEUR ».
Le Times, par exemple, remarque qu’Information Clearing House a soutenu qu’Assad n’avait aucune raison tactique ou stratégique évidente d’utiliser des armes chimiques et, par conséquent, il est possible que l’attaque ait été menée par l’un des groupes terroristes opérant en Syrie comme le front al-Nosra. À quoi le Times répond, cependant, “CECI EST TROMPEUR.”
Arguant de quelques raisons floues pour lesquelles les forces d’Assad auraient pu être motivées pour mener une attaque chimique, le Times soutient que l’attaque était “conforme à la stratégie calculée d’Assad de tenter de chasser la population civile dans les bastions rebelles en bombardant des quartiers et des cibles civiles.” Le dirigeant syrien s’est peut-être aussi “senti enhardi” par des changements perçus dans les politiques et les priorités étrangères américaines sous Trump, spécule le Times.
Bien sûr, ceci est simplement une hypothèse de la part du Times, qui ne présente pas de faits pour contrer les doutes à propos de l’histoire officielle, mais répond juste aux doutes par plus de conjectures. Le Times semble également être en train de choisir quelques-unes des histoires les plus facilement “discréditables” entourant le cas de la Syrie, ne répondant pas aux inquiétudes légitimes quant à l’absence de preuve de la culpabilité d’Assad. Il s’agit notamment des doutes soulevés par l’ancien ambassadeur britannique en Syrie, Peter Ford, qui a déclaré à la BBC la semaine dernière qu’il n’y avait “aucune preuve que la cause de l’explosion soit celle qu’ils ont avancée.”
Il ne serait pas logique pour Assad de lancer une telle attaque, a déclaré Ford, affirmant que ce serait “totalement auto-destructeur”. Il a également mis en doute la véracité des déclarations faites par des témoins oculaires qui ont affirmé avoir vu des bombes chimiques tombant du ciel. “Eh bien, personne ne peut reconnaître des armes chimiques tombant du ciel,” a-t-il dit. “Ces témoignages sont sans valeur.”
La question de la propriété
Il existe également de sérieux doutes quant à savoir si la Syrie est même en possession des armes chimiques en question, et l’Organisation des Nations Unies en faveur de l’interdiction des armes chimiques a souligné que, depuis 2013, “toutes les armes chimiques déclarées par la Syrie ont été retirées et détruites hors du territoire de la Syrie.”
Une bouleversante image de propagande conçue pour justifier une importante opération militaire américaine en Syrie contre l’armée syrienne.
Bien que certains gouvernements aient affirmé que la déclaration de la Syrie concernant son programme d’armes chimiques aurait peut-être été incomplète, l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) ajoute qu’elle s’est investie “plus que jamais” dans les efforts visant à “retirer, transporter et détruire le stock d’armes chimiques déclaré par la Syrie au milieu d’une zone active de conflit.”
Dans cet esprit, Sacha Llorenti, l’ambassadeur bolivien aux Nations Unies, a vilipendé les États-Unis vendredi dernier pour avoir attaqué unilatéralement la Syrie, disant y voir un rappel de la décision il y a 14 ans d’attaquer l’Irak sur la base d’informations tout aussi douteuses.
Il est “vital de se souvenir de ce que l’histoire nous apprend,” a dit Llorenti, invoquant l’invasion de l’Irak en 2003 et tenant une photo du Secrétaire d’État d’alors, Colin Powell, qui se livrait à un faux témoignage devant le Conseil de Sécurité de l’ONU sur l’allégation d’armes de destruction massives en Irak.
“Alors qu’une enquête nous aurait permis d’établir de façon objective qui est responsable de l’attaque (chimique) (en Syrie), nous assistons ici à une violation des lois internationales d’une gravité extrême, extrême.”
En plus des doutes qui se sont élevés à l’ONU, un certain nombre des plus proches alliés des USA du G7 ont refusé de déclencher des sanctions supplémentaires contre la Syrie sans preuve de la culpabilité d’Assad.
Comme le rapportait la BBC mardi, “Aucune sanction contre la Russie ni la Syrie ne sera mise en place sans une investigation sur l’apparente attaque chimique de la semaine dernière, selon des sources du gouvernement anglais. Les membres du G7, groupe des principales nations industrialisées, sont d’accord pour repousser la mise en place de sanctions jusqu’à ce qu’il y ait “une preuve solide et irréfutable” de l’attaque chimique présumée.”
Et pourtant le New York Times et autres médias dominants américains continuent de rapporter comme non contesté le fait qu’Assad a intentionnellement mené cette attaque et qu’en plus Moscou l’avait su avant que cela ne se produise.
Ces formulations catégoriques que le Times utilise contre les journalistes et les blogueurs soulevant des doutes sur les récits officiels pourraient, bien sûr, être aussi bien appliquées aux narrations officielles elles-mêmes. Quand par exemple l’Associated Press rapporte mardi que “l’ONU a conclu en premier lieu que la Russie savait à l’avance que la Syrie allait mener l’attaque chimique de la semaine dernière,” le Times aurait pu répondre en lettres capitales “PAS DE PREUVES”.
Ces réponses pourraient aussi être rétorquées à ceux qui accusent le gouvernement russe d’avoir ourdi un complot alambiqué, afin de miner les chances de la candidate démocrate Hillary Clinton, en piratant les courriels de Podesta et du Comité National Démocrate, révélant ainsi comment l’establishment démocrate a sapé la candidature du séditieux Bernie Sanders, pendant que, simultanément, il poussait la candidature de Trump dans les médias grâce à la soi-disant stratégie du “joueur de flute”, car, pour une raison inconnue, les mauvais génies du Kremlin avaient deviné que cette information ferait pencher les électeurs en faveur du candidat le plus impopulaire qu’un parti majeur ait présenté depuis une génération.
Tout comme le New York Times a dénoncé les théories entourant l’attaque chimique de la Syrie comme étant dépourvues de preuves, on pourrait également considérer tout le récit de Russia-gate comme dépourvu de fondement. Il suffit de lire l’évaluation du renseignement des États-Unis qui conclut douteusement que la Russie a « interféré » dans les élections sans offrir quoi que ce soit pour étayer cette affirmation – en préférant consacrer sept pages entières à dénigrer le réseau russe RT pour ses préjugés affichés.
En parcourant le rapport du Directeur du renseignement national de janvier dernier, le lecteur n’obtiendra que peu de détails sur la façon dont a éclos la conclusion extraordinaire que la Russie a “piraté” l’élection, ce que le sénateur John McCain, Républicain-Arizona, et d’autres ont appelé un “acte de guerre”.
Ce qui se rapproche le plus d’une preuve dans le rapport du DNI porte sur les prétendues empreintes digitales russes laissées par les actes de piratage des courriels de Podesta et du DNC, y compris les logiciels malveillants associés aux pirates russes, ainsi que des lettres cyrilliques et la mention “Felix Edmundovich”, une référence au fondateur de la police secrète de l’Union soviétique.
Toutefois, comme l’ont révélé les divulgations ultérieures de WikiLeaks sur les documents du dénommé Vault 7, la CIA a développé de nombreux outils, y compris une bibliothèque de logiciels malveillants étrangers, qui peuvent être utilisés pour impliquer faussement un service de renseignement étranger dans une cyberattaque.
Ces révélations ont remis en question toute la base de l’affaire de Washington contre Moscou et sa prétendue ingérence dans les élections américaines, mais à part quelques articles dans la presse alternative, y compris dans Consortiumnews, les révélations n’ont reçu que très peu d’attention.
Apparemment, les divulgations des activités de piratage de la CIA – y compris de nouvelles révélations de la CIA piratant et transformant les téléviseurs Samsung en dispositifs d’écoute pour espionner les Américains à leur insu – n’étaient pas la sorte de théorie du complot considérée comme digne d’une couverture médiatique soutenue aux États-Unis. En total contraste avec les mois de matraquage sur le Russia-gate, les fuites de Vault 7 ont été en général traitées comme une affaire d’un jour par la presse traditionnelle.
Cette disparité de couverture témoigne de la vieille aversion des médias traditionnels envers ce qu’ils considèrent comme d’illégitimes « nouveaux médias » qui empiètent sur leur territoire en propageant des théories conspirationnistes et ce qu’on appelle aujourd’hui les « fausses nouvelles ». Cette hostilité remonte aux premiers jours de l’Internet.
“Les malades de la conspiration”
Il y a 20 ans, face à la prolifération des sites d’information alternatifs sur le World Wide Web – “les autoroutes de l’information” comme on disait à l’époque – le magazine Newsweek fit paraitre un article de 1800 mots intitulé “La fièvre de la conspiration alimente une paranoïa nationale en pleine croissance.” Dans ce papier, Newsweek dénonçait ce qu’il appelait “les malades de la conspiration”.
Le journaliste Gary Webb montrant une copie de son article Contra-cocaïne dans le San Jose Mercury-News.
En expliquant une acceptation croissante des théories de la conspiration comme preuve de « psychose de masse », l’article prévoyait que les « rangs des obscurément trompés pourraient croître » car « le conspirationnisme est devenu une sorte de para-religion. »
Cela a pris un essor particulier dans la communauté afro-américaine, qu’il qualifiait de « foyer de ce genre de suspicion et de méfiance », pour croire que « la CIA avait répandu l’épidémie de crack en soutenant les trafiquants de drogue nicaraguayens dont les bénéfices allaient aux contras. »
Newsweek critiquait également Oliver Stone, réalisateur de Platoon et de JFK, et Chris Carter, le créateur de la série X-Files, coupables de promouvoir des idées dangereuses qui sapaient la confiance du peuple envers le gouvernement. “Dans les X-Files, tout, depuis le meurtre de JFK jusqu’aux défaites à répétitions des Buffalo Bills au Super Bowl, est le résultat d’un unique plan machiavélique,” raillait l’article.
Bien sûr, Newsweek n’était pas seul à tourner en dérision les théories du complot populaire dans les années 1990. En fait, il relevait du bon sens parmi les média “respectables” de l’époque qu’il y avait des limites que les hommes d’État ne franchissaient tout simplement jamais, et certaines affaires, par exemple concernant l’implication de la CIA dans le trafic de cocaïne – qu’importe le niveau de preuves qui les corroboraient – sortaient de ces limites. Ceux qui n’épousaient pas cette façon de penser, Gary Webb, par exemple, auteur d’une série d’articles à succès pour le San Jose Mercury News sur la connexion CIA-crack, virent  leur carrière brisée.
Ce phénomène continua dans les années 2000, lorsqu’on fit comprendre aux millions d’américains furieux de s’être fait voler l’élection de 2000 qu’il fallait “s’en remettre”, puis qu’on traita de fous ceux qui mettaient en doute les justifications de George W. Bush pour envahir l’Irak en 2003.
Deux ans plus tard, ceux qui soulevèrent des questions à propos de la gestion publique bâclée de l’ouragan Katrina furent accusés par le Washington Post de “paranoïa raciale” et de colporter des “théories du complot” telles que l’idée très répandue qu’on avait fait sauter intentionnellement les digues de la Nouvelle Orléans pour protéger les quartiers riches au détriment des plus pauvres, ou pour inciter les afro-américains à petits revenus à quitter la ville.
Mais voilà que, dix ans plus tard, étrangement, ces mêmes média historiquement hostiles aux théories conspirationnistes se sont empressés d’en propager concernant la défaite de Clinton face à Trump. Des gros titres à base de “Hacking Russe des élections” ont été employés par le Washington Post, CNN et le New York Times, en dépit du fait qu’il n’y a aucune preuve que la Russie ait manipulé quelque machine à voter dans quelque état que ce soit afin d’altérer le résultat des élections, ni même aucune preuve concrète derrière les allégations que le Kremlin aurait tenté d’influencer le vote en dévoilant les emails privés des représentants du DNC.
Russie, Russie, Russie !
Malgré tout, Démocrates et médias se sont rangés à l’opinion commune selon laquelle l’élection a été perdue par suite d’une machination russe, ce qui absout confortablement le Parti démocrate de toute responsabilité dans la défaite – comme celle d’avoir fait l’impasse sur le vote des classes laborieuses blanches ou celle d’avoir nommé une candidate de l’establishment profondément médiocre à une époque décidément anti-establishment – tout en lui permettant de contester la légitimité de la présidence de Trump.
Un paysage hivernal à Moscou, près de la Place Rouge. (Photo prise par Robert Parry
Ceci s’exprime également dans le cri de ralliement que les Démocrates ont adopté depuis la perte de l’élection, qui a évolué sous les variantes du thème “Ce n’est pas normal”, exprimé par le hashtag #NotNormal sur les réseaux sociaux. Ce thème déplore la perte d’un temps plus “normal”, sans doute incarné par le prédécesseur de Trump en la personne de Barack Obama.
Généralement, le slogan fait référence aux rapports controversés de Trump avec la Russie, son style de communication non conventionnel et ses nombreux conflits d’intérêts répertoriés, ainsi que sa misogynie, son népotisme, son racisme et l’incompétence de son administration, aussi bien réels qu’imaginaires.
De toute évidence, il y a très peu de choses qui peuvent être considérées comme « normales » dans cette administration, y compris le rôle étrange de la fille de Trump, Ivanka, qui a déménagé à la Maison-Blanche alors que la Première dame, Melania Trump, vit à New York. La Première fille aurait contribué à convaincre le président de mener l’attaque unilatérale contre la Syrie.
“Ivanka est mère de trois enfants et elle a de l’influence. Je suis certain qu’elle a dit : “Écoute, ce sont des choses horribles,” a déclaré Eric Trump, le frère d’Ivanka, au Telegraph.
Pour anormal que soit tout ceci, ce que les Démocrates et les médias révèlent à travers leur campagne #NotNormal et les théories officielles conspirationnistes qu’ils promeuvent – tout en minimisant d’autres théories et les doutes émis à propos des affirmations du gouvernement – c’est en fait leur propre vision de ce qui est “normal”.
Dans l’Amérique d’aujourd’hui, ce qui est normal, d’après le consensus bipartisan, ce sont les frappes unilatérales contre d’autres États sans justification avérée et en violation des lois internationales. Apparemment, il est aussi normal que des écrans de télévision espionnent les citoyens respectueux des lois, et puisque les frappes de drones sont en hausse de 432% depuis que Trump est président, il semble qu’il est tout à fait normal d’utiliser des robots volants pour tuer de présumés terroristes (et leurs filles de huit ans) à l’autre bout du monde. Et la détention illimitée dans un trou noir juridique à Guantanamo, ça aussi, c’est plutôt normal.
Après tout, toutes ces politiques ont été instaurées il y a quinze ans, elles se sont poursuivies aussi bien sous l’administration des Démocrates que celle des Républicains, et l’espoir semble de plus en plus ténu de voir revenir une période de véritable normalité.
Nat Parry est co-auteur de “Jusque au cou: la présidence désastreuse de George W. Bush“.
Source : Consortium News, le 12/04/2017
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.