dimanche 28 août 2016


Le Brexit

 

Un point de vue d’Outremer

 

Daniel Paquet

 

« L

e vote-surprise des électeurs britanniques pour le retrait de l’Union européenne (UE) a causé une onde de choc sur les marchés boursiers mondiaux.  Et l’instabilité ne fait que commencer [alors que] la plupart des prévisionnistes tableaient sur un maintien du Royaume-Uni au sein de l’UE. (…)

 

L’Indice mondial MSCI a perdu plus de 4 % .  L’agence Reuters a calculé que pas moins de 2 000 milliards US de valeur boursière s’étaient volatisés sur la planète. »  (Larocque, Sylvain, Chute brutale des marchés, La Presse Affaires, Montréal, samedi 25 juin 2016, page 2).

 

Peu importe les aléas du marché, les communistes russes disaient déjà en 1917, [qu’] « il faut absolument exiger et autant que possible, réaliser par la voie révolutionnaire, des mesures  comme la nationalisation du sol, de toutes les banques et de tous les syndicats capitalistes (ex. cartels, monopoles, marchés boursiers, etc., -ndlr) ou, à tout le moins,  un contrôle immédiat des Soviets des  députés ouvriers et autres sur ces établissements, mesures qui  n’ont  rien à voir avec l’ ‘introduction’ du socialisme […].  Ces mesures, qui ne constituent que les premiers pas vers le socialisme […] sont parfaitement réalisables du point de vue économique… » (Lénine, V.I., Œuvres choisies,  tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 59).

 

« Les banques, on le sait, constituent les foyers de la vie économique moderne, les principaux centres nerveux de tout le système capitaliste  d’économie. (…)

 

Seul le contrôle exercé sur les banques –ce centre, ce principal pivot et ce mécanisme essentiel du trafic capitaliste  - permettrait d’organiser , en fait et non en paroles, le contrôle de toute la vie économique, de la production et de la répartition des principaux produits. (…)

 

La nationalisation  des banques rendrait infiniment plus facile la nationalisation simultanée des assurances, c’est-à-dire la fusion de toutes les compagnies d’assurances en une seule, la centralisation de leur activité et le contrôle de celle-ci par l’État. »  (Ibidem, pages 246, 248 et 251).

 

Revenons à la Grande-Bretagne où la classe ouvrière a voté majoritairement pour se séparer des impérialistes du continent, alors que la bourgeoisie  britannique s’est opposée « à la rupture et que les banquiers étaient contre. »  (Boisvert, Yves, La Presse, samedi 25 juin 2016, Montréal, page A9).

 

D’ailleurs, la bourgeoisie est hargneuse et revancharde.  La presse ‘cosmopolite’ bondit de ses gonds, même au Canada, où elle qualifie le vote pour le ‘oui’ de séparation du Royaume-Uni de l’Union européenne, et ce, en termes peu flatteurs pour les ouvriers anglais :  « En attendant, c’est  tout de même une sacrée victoire pour les forces du repli, de la méfiance et, bien entendu, de la xénophobie.  C’est tout de même la victoire des forces les plus réactionnaires.  Des vieux nostalgiques. »  (Ibidem, page A9).

 

La classe ouvrière  britannique a pourtant bien compris l’enjeu :  le poids, leur poids politique, social et idéologique dans les décisions stratégiques du pays, était ‘at stake’.  Par exemple, « le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a soutenu mardi que l’Accord économique et commercial global (AECG)  n’est pas un ‘accord mixte’. (…)

 

Dans le jargon européen, quand un accord est ‘mixte’, cela signifie qu’il est à la fois conclu par la Commission européenne–qui négocie et finalise l’accord international – et par les États membres.  Par conséquent, les parlements nationaux doivent donner leur aval en plus du Parlement européen. (…)

 

[Ainsi]  le 13 mai dernier, les 28 États membres de l’UE avaient insisté pour que ce traité conclu entre l’Union et le Canada entre en vigueur seulement après un feu vert des parlements nationaux. » (Avec l’Agence France-Presse, Associated Press, Jean-Claude  Juncker étonne les capitales, Le Devoir, Montréal, le jeudi 30 juin 2016, page B3).

 

Et  vos ouvriers, tout de même, railleront les idéologues de la droite,….  qu’est-ce qu’ils attendent pour se faire élire et promulguer les lois qui ‘leur’plaisent?

 

« …la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’État et de la  faire fonctionner  pour son propre compte.

 

Le pouvoir centralisé de l’État, avec ses  organes, partout présents :  armée permanente, police, bureaucratie, clergé et magistrature, organes façonnés selon un plan de  division systématique et hiérarchique du travail, date de l’époque de la monarchie absolue, où il servait à la société bourgeoise naissante  d’arme puissante dans ses luttes contre le féodalisme. (…)

 

Au fur et à mesure que le progrès de l’industrie moderne développait, élargissait , intensifiait l’antagonisme de classe entre le Capital et le Travail, le pouvoir d’État prenait de plus en plus le caractère d’un pouvoir national du Capital sur le Travail, d’une force sociale organisée aux fins d’asservissement social, d’un appareil de domination de classe. «  (Marx, Karl;  Engels, Frédérick, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1978, pages 230-231).

 

En ce moment, la bourgeoisie est déstabilisée.   Elle protège néanmoins ses arrières (i.e. ‘assets’) :   « le dollar canadien a connu une journée difficile, perdant 1,37 cent US face au billet vert, une valeur refuge qui s’est appréciée hier par rapport à la plupart des devises. (…)

 

Les experts s’entendent pour dire que le vote britannique pèsera pendant un certain temps sur l’économie mondiale et les marchés financiers. »  (Larocque, page 2).

 

À moyen terme, le Canada sera épargné.  L’économie canadienne n’a pas beaucoup d’échanges économiques avec le Royaume-Uni (2,5% de ses exportations).  Il ne devrait donc pas trop souffrir des conséquences directes du référendum, outre ses impacts sur le prix des matières premières et sur les fluctuations des marchés financiers. (…)

 

À moins que ce mouvement de ‘repli identitaire’ [sic!] ne porte au pouvoir l’anti-libre-échangiste Donald Trump, ce qui menacerait nos relations avec les États-Unis, de qui nous sommes autrement plus dépendants.   (Vailles, Francis, Quand le peuple déjoue les experts, La Presse Affaires Montréal, samedi 25 juin 2016, page 3).

 

Mais la bourgeoisie ne décolère pas.  Elle fustige les milieux populaires et modestes en les accusant d’appuyer en leur for intérieur Donald Trump et Marine LePen, en martelant ‘leur’ mantra favori :  ‘on est dépossédé nationalement, dénationalisé, noyé dans le cosmopolitisme.’  

 

Ces deux derniers (et partant la presse bourgeoise) sont peu loquaces sur l’exemple récent de la Syrie où les pays de l’OTAN agressent les populations locales sans vergogne et les obligent à fuir en masse vers l’Europe et l’Amérique pour gagner ou regagner un havre de paix qu’elles ont perdu aux mains de l’Occident.  La Presse a préféré plutôt sonner le glas et condamner en s’appuyant sur le résultat du vote pour le Brexit:  ‘les pires forces de l‘Europe triomphent aujourd’hui – et pas juste celles de l’Europe.’  C’est honteux, une telle  déclaration!  C’est ignoble!

 

« Comme l’explique Engels, notamment dans son ouvrage L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État:  ‘L’État est  né du besoin de refreiner des oppositions de classes, mais comme il né, en même temps, au milieu du conflit de ces classes, il est, dasn la règle, l’État de la classe la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi  de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée.’

 

Aujourd’hui, les deux classes antagoniques de  notre société sont (dans notre cas précis et plus généralement, -ndlr) la bourgeoisie (Remain) et le prolétariat (Brexit).  L’État est aux mains de la bourgeoisie et lui sert à assurer sa domination.  L’armée, la police, la justice ((comme nous l’avons vu ci-haut)… ne sont donc pas des institutions ‘neutres’, au service de l’ensemble de la société.  Comme la réalité de la lutte de classe le démontre chaque jour et comme le mouvement social lui-même l’exprime quand il  dénonce la violence de classe et la justice  de classe, ces organes sont au service exclusif de la classe dominante. »  (La Forge,  L’État au service d’une classe, Organe central du Parti Communiste des ouvriers de France, Paris, mensuel no 574, juin 2016, page 4).

 

« Il faut noter encore qu’Engels est tout à fait catégorique lorsqu’il qualifie le suffrage universel d’instrument de domination de la bourgeoisie.  Le suffrage universel, dit-il, tenant manifestement compte de la longue expérience de la social-démocratie allemande, est :  ‘l’indice qui permet de mesurer la maturité de la classe ouvrière.  Il ne peut être rien de plus, il ne sera  jamais rien de plus dans l’État actuel.’ (…)

 

La société, qui réorganisera la production sur la base  d’une association libre et égalitaire des producteurs, reléguera toute la machine de l’État là où  sera dorénavant sa place :  au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze. »  (Lénine, pages 298-299).

 

Eu égard au Brexit, et particulièrement de façon perspicace, « le  ministre  allemand Sigmar Gabriel a répondu [à Jean-Claude Juncker]  que si on outrepassait ainsi les parlements nationaux des États membres de l’Union européenne, on alimenterait l’opposition à d’autres traités de libre-échange, comme celui que l’Europe tente de conclure avec les États-Unis (le ‘Tafta’).  En entrevue au quotidien berlinois Der Tagerspiegel, M. Gabriel a soutenu qu’ ’il serait incroyablement insensé de décider, à ce moment-ci, que les parlements nationaux n’ont pas voix au chapitre sur cete accord commercial. »  (Le Devoir, page B3).

 

Concrètement, « le premier ministre conservateur britannique David Cameron a laissé à son successeur, qui doit être choisi le 9 septembre, la responsabilité d’engager la procédure formelle de sortie du Royaume-Uni de l’UE. (…)

 

Confronté à la menace indépendantiste de la Catalogne, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a exclu que l’Écosse puisse être associée à la moindre négociation post-Brexit avec l’UE.

 

Les traités [européens] sont contre.  Si le Royaume-Uni part, l’Écosse partira des institutions de l’UE, a-t-il argumenté.  La négociation se fera avec le Royaume-Uni, pas avec une partie du Royaume-Uni’ a abondé François Hollande.  Les dirigeants des 27 ont aussi fort à faire pour ‘éviter la dislocation’, a constaté le président français, (Rijckaert, Alix; Pinon, Bertrand; Agence France-Presse, L’UE pose ses conditions, Le Devoir, le jeudi 30 juin 2016, Montréal, page B5).

 

Pour la classe ouvrière, «  la révolution c’est l’acte suprême de la politique; qui la veut, doit vouloir le moyen, l’action politique, qui la prépare, qui donne aux ouvriers l’éducation pour la révolution. (…)

 

Mais la politique qu’il faut faire c’est la politique ouvrière; il faut que le parti ouvrier soit constitué non comme la queue de quelque parti bourgeois, mais bien en parti indépendant qui a son but, sa politique à lui. (…)

 

Les libertés politiques, le droit de réunion et d’association et de la liberté de presse, voilà nos armes, et nous devrions croiser les  bras et nous abstenir si l’on veut nous les ôter? »  (Marx-Engels, page 261).

 

Enfin, « plus optimiste (ou réaliste, dans le camp des capitalistes, -ndlr) l’économiste Francis Généreux, du Mouvement Desjardins, croit que les leaders politiques voudront calmer  le jeu.  ‘Si  l’UE et le Royaume-Uni réussissent à négocier de manière raisonnée, ce sera probablement la meilleure chose pour rassurer les marchés (i.e. maintenir au moins  le statu quo capitaliste, -ndlr), a-t-il estimé. »  (Larocque, page 2).

 

 

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Le Brexit

 

Un point de vue d’Outremer

 

Daniel Paquet

 

« L

e vote-surprise des électeurs britanniques pour le retrait de l’Union européenne (UE) a causé une onde de choc sur les marchés boursiers mondiaux.  Et l’instabilité ne fait que commencer [alors que] la plupart des prévisionnistes tableaient sur un maintien du Royaume-Uni au sein de l’UE. (…)

 

L’Indice mondial MSCI a perdu plus de 4 % .  L’agence Reuters a calculé que pas moins de 2 000 milliards US de valeur boursière s’étaient volatisés sur la planète. »  (Larocque, Sylvain, Chute brutale des marchés, La Presse Affaires, Montréal, samedi 25 juin 2016, page 2).

 

Peu importe les aléas du marché, les communistes russes disaient déjà en 1917, [qu’] « il faut absolument exiger et autant que possible, réaliser par la voie révolutionnaire, des mesures  comme la nationalisation du sol, de toutes les banques et de tous les syndicats capitalistes (ex. cartels, monopoles, marchés boursiers, etc., -ndlr) ou, à tout le moins,  un contrôle immédiat des Soviets des  députés ouvriers et autres sur ces établissements, mesures qui  n’ont  rien à voir avec l’ ‘introduction’ du socialisme […].  Ces mesures, qui ne constituent que les premiers pas vers le socialisme […] sont parfaitement réalisables du point de vue économique… » (Lénine, V.I., Œuvres choisies,  tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 59).

 

« Les banques, on le sait, constituent les foyers de la vie économique moderne, les principaux centres nerveux de tout le système capitaliste  d’économie. (…)

 

Seul le contrôle exercé sur les banques –ce centre, ce principal pivot et ce mécanisme essentiel du trafic capitaliste  - permettrait d’organiser , en fait et non en paroles, le contrôle de toute la vie économique, de la production et de la répartition des principaux produits. (…)

 

La nationalisation  des banques rendrait infiniment plus facile la nationalisation simultanée des assurances, c’est-à-dire la fusion de toutes les compagnies d’assurances en une seule, la centralisation de leur activité et le contrôle de celle-ci par l’État. »  (Ibidem, pages 246, 248 et 251).

 

Revenons à la Grande-Bretagne où la classe ouvrière a voté majoritairement pour se séparer des impérialistes du continent, alors que la bourgeoisie  britannique s’est opposée « à la rupture et que les banquiers étaient contre. »  (Boisvert, Yves, La Presse, samedi 25 juin 2016, Montréal, page A9).

 

D’ailleurs, la bourgeoisie est hargneuse et revancharde.  La presse ‘cosmopolite’ bondit de ses gonds, même au Canada, où elle qualifie le vote pour le ‘oui’ de séparation du Royaume-Uni de l’Union européenne, et ce, en termes peu flatteurs pour les ouvriers anglais :  « En attendant, c’est  tout de même une sacrée victoire pour les forces du repli, de la méfiance et, bien entendu, de la xénophobie.  C’est tout de même la victoire des forces les plus réactionnaires.  Des vieux nostalgiques. »  (Ibidem, page A9).

 

La classe ouvrière  britannique a pourtant bien compris l’enjeu :  le poids, leur poids politique, social et idéologique dans les décisions stratégiques du pays, était ‘at stake’.  Par exemple, « le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a soutenu mardi que l’Accord économique et commercial global (AECG)  n’est pas un ‘accord mixte’. (…)

 

Dans le jargon européen, quand un accord est ‘mixte’, cela signifie qu’il est à la fois conclu par la Commission européenne–qui négocie et finalise l’accord international – et par les États membres.  Par conséquent, les parlements nationaux doivent donner leur aval en plus du Parlement européen. (…)

 

[Ainsi]  le 13 mai dernier, les 28 États membres de l’UE avaient insisté pour que ce traité conclu entre l’Union et le Canada entre en vigueur seulement après un feu vert des parlements nationaux. » (Avec l’Agence France-Presse, Associated Press, Jean-Claude  Juncker étonne les capitales, Le Devoir, Montréal, le jeudi 30 juin 2016, page B3).

 

Et  vos ouvriers, tout de même, railleront les idéologues de la droite,….  qu’est-ce qu’ils attendent pour se faire élire et promulguer les lois qui ‘leur’plaisent?

 

« …la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’État et de la  faire fonctionner  pour son propre compte.

 

Le pouvoir centralisé de l’État, avec ses  organes, partout présents :  armée permanente, police, bureaucratie, clergé et magistrature, organes façonnés selon un plan de  division systématique et hiérarchique du travail, date de l’époque de la monarchie absolue, où il servait à la société bourgeoise naissante  d’arme puissante dans ses luttes contre le féodalisme. (…)

 

Au fur et à mesure que le progrès de l’industrie moderne développait, élargissait , intensifiait l’antagonisme de classe entre le Capital et le Travail, le pouvoir d’État prenait de plus en plus le caractère d’un pouvoir national du Capital sur le Travail, d’une force sociale organisée aux fins d’asservissement social, d’un appareil de domination de classe. «  (Marx, Karl;  Engels, Frédérick, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1978, pages 230-231).

 

En ce moment, la bourgeoisie est déstabilisée.   Elle protège néanmoins ses arrières (i.e. ‘assets’) :   « le dollar canadien a connu une journée difficile, perdant 1,37 cent US face au billet vert, une valeur refuge qui s’est appréciée hier par rapport à la plupart des devises. (…)

 

Les experts s’entendent pour dire que le vote britannique pèsera pendant un certain temps sur l’économie mondiale et les marchés financiers. »  (Larocque, page 2).

 

À moyen terme, le Canada sera épargné.  L’économie canadienne n’a pas beaucoup d’échanges économiques avec le Royaume-Uni (2,5% de ses exportations).  Il ne devrait donc pas trop souffrir des conséquences directes du référendum, outre ses impacts sur le prix des matières premières et sur les fluctuations des marchés financiers. (…)

 

À moins que ce mouvement de ‘repli identitaire’ [sic!] ne porte au pouvoir l’anti-libre-échangiste Donald Trump, ce qui menacerait nos relations avec les États-Unis, de qui nous sommes autrement plus dépendants.   (Vailles, Francis, Quand le peuple déjoue les experts, La Presse Affaires Montréal, samedi 25 juin 2016, page 3).

 

Mais la bourgeoisie ne décolère pas.  Elle fustige les milieux populaires et modestes en les accusant d’appuyer en leur for intérieur Donald Trump et Marine LePen, en martelant ‘leur’ mantra favori :  ‘on est dépossédé nationalement, dénationalisé, noyé dans le cosmopolitisme.’  

 

Ces deux derniers (et partant la presse bourgeoise) sont peu loquaces sur l’exemple récent de la Syrie où les pays de l’OTAN agressent les populations locales sans vergogne et les obligent à fuir en masse vers l’Europe et l’Amérique pour gagner ou regagner un havre de paix qu’elles ont perdu aux mains de l’Occident.  La Presse a préféré plutôt sonner le glas et condamner en s’appuyant sur le résultat du vote pour le Brexit:  ‘les pires forces de l‘Europe triomphent aujourd’hui – et pas juste celles de l’Europe.’  C’est honteux, une telle  déclaration!  C’est ignoble!

 

« Comme l’explique Engels, notamment dans son ouvrage L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État:  ‘L’État est  né du besoin de refreiner des oppositions de classes, mais comme il né, en même temps, au milieu du conflit de ces classes, il est, dasn la règle, l’État de la classe la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi  de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée.’

 

Aujourd’hui, les deux classes antagoniques de  notre société sont (dans notre cas précis et plus généralement, -ndlr) la bourgeoisie (Remain) et le prolétariat (Brexit).  L’État est aux mains de la bourgeoisie et lui sert à assurer sa domination.  L’armée, la police, la justice ((comme nous l’avons vu ci-haut)… ne sont donc pas des institutions ‘neutres’, au service de l’ensemble de la société.  Comme la réalité de la lutte de classe le démontre chaque jour et comme le mouvement social lui-même l’exprime quand il  dénonce la violence de classe et la justice  de classe, ces organes sont au service exclusif de la classe dominante. »  (La Forge,  L’État au service d’une classe, Organe central du Parti Communiste des ouvriers de France, Paris, mensuel no 574, juin 2016, page 4).

 

« Il faut noter encore qu’Engels est tout à fait catégorique lorsqu’il qualifie le suffrage universel d’instrument de domination de la bourgeoisie.  Le suffrage universel, dit-il, tenant manifestement compte de la longue expérience de la social-démocratie allemande, est :  ‘l’indice qui permet de mesurer la maturité de la classe ouvrière.  Il ne peut être rien de plus, il ne sera  jamais rien de plus dans l’État actuel.’ (…)

 

La société, qui réorganisera la production sur la base  d’une association libre et égalitaire des producteurs, reléguera toute la machine de l’État là où  sera dorénavant sa place :  au musée des antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze. »  (Lénine, pages 298-299).

 

Eu égard au Brexit, et particulièrement de façon perspicace, « le  ministre  allemand Sigmar Gabriel a répondu [à Jean-Claude Juncker]  que si on outrepassait ainsi les parlements nationaux des États membres de l’Union européenne, on alimenterait l’opposition à d’autres traités de libre-échange, comme celui que l’Europe tente de conclure avec les États-Unis (le ‘Tafta’).  En entrevue au quotidien berlinois Der Tagerspiegel, M. Gabriel a soutenu qu’ ’il serait incroyablement insensé de décider, à ce moment-ci, que les parlements nationaux n’ont pas voix au chapitre sur cete accord commercial. »  (Le Devoir, page B3).

 

Concrètement, « le premier ministre conservateur britannique David Cameron a laissé à son successeur, qui doit être choisi le 9 septembre, la responsabilité d’engager la procédure formelle de sortie du Royaume-Uni de l’UE. (…)

 

Confronté à la menace indépendantiste de la Catalogne, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a exclu que l’Écosse puisse être associée à la moindre négociation post-Brexit avec l’UE.

 

Les traités [européens] sont contre.  Si le Royaume-Uni part, l’Écosse partira des institutions de l’UE, a-t-il argumenté.  La négociation se fera avec le Royaume-Uni, pas avec une partie du Royaume-Uni’ a abondé François Hollande.  Les dirigeants des 27 ont aussi fort à faire pour ‘éviter la dislocation’, a constaté le président français, (Rijckaert, Alix; Pinon, Bertrand; Agence France-Presse, L’UE pose ses conditions, Le Devoir, le jeudi 30 juin 2016, Montréal, page B5).

 

Pour la classe ouvrière, «  la révolution c’est l’acte suprême de la politique; qui la veut, doit vouloir le moyen, l’action politique, qui la prépare, qui donne aux ouvriers l’éducation pour la révolution. (…)

 

Mais la politique qu’il faut faire c’est la politique ouvrière; il faut que le parti ouvrier soit constitué non comme la queue de quelque parti bourgeois, mais bien en parti indépendant qui a son but, sa politique à lui. (…)

 

Les libertés politiques, le droit de réunion et d’association et de la liberté de presse, voilà nos armes, et nous devrions croiser les  bras et nous abstenir si l’on veut nous les ôter? »  (Marx-Engels, page 261).

 

Enfin, « plus optimiste (ou réaliste, dans le camp des capitalistes, -ndlr) l’économiste Francis Généreux, du Mouvement Desjardins, croit que les leaders politiques voudront calmer  le jeu.  ‘Si  l’UE et le Royaume-Uni réussissent à négocier de manière raisonnée, ce sera probablement la meilleure chose pour rassurer les marchés (i.e. maintenir au moins  le statu quo capitaliste, -ndlr), a-t-il estimé. »  (Larocque, page 2).

 

 

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Contact à New York (USA) :  Ideological Fightback Daniel Paquet

 

CAPITALEXIT : YES, WE LEAVE!

 

La Nouvelle Vie Réelle

 

Daniel Paquet – Montréal                                                                email :  dpaquet1871@gmail.com

 

« The result of the UK referendum triggered a sharp but orderly repricing of a number of asset classes in global financial markets. (…)

 

The prolonged uncertainty – compounded by the complexity of the negotiations and various political challenges – is already weighing on confidence and will likely lead to a postponement of major economic decisions, especially on business investment.  These confidence effects, while concentrated in the UK and the EU, may extend to other parts of the world, including the United States and Canada. (…)

 

While uncertainty asssociated with Brexit may weigh on confidence and cloud the outlook for business prospects, investment is expected to pick up in the second half of 2016 as the drag from energy investment and the strong US dollar diminishes, domestic demand remains solid and global growth improves.”  (Bank of Canada, Global Economy, Monetary Policy Report, Ottawa, July 2016, pages 1, 2, and 3).

 

The French President, François Hollande, “… urged Theresa May, the new British prime minister, to notify the EU of the UK’s exit as soon as possible, so as to provide greater certainty. (…)

 

[Also he] has attacked  José Manuel Barroso’s decision to join Goldman Sachs, claiming, that the former EU commission president’s ‘morally unacceptable’ move, demonstrated the need to rein in finance. (…)

 

But in some of his most striking comments, Mr. Hollande highlighted Goldman’s role in arranging contentious derivatives’ trades for Greece, which helped Athens massage its public finances at a time when Mr. Barroso led the commission.”  (Chassany, Anne-Sylvaine, Hollande blasts Barroso for Goldman move, Financial Times, New York, Friday 15 July 2016, page 3).

 

There was no really much room for certainty in the UE these days.  One thing is of course obvious:  Trump is now the Republican Party crowned candidate for U.S. Presidency.  Presently, the task is:  to cool down the most outrageous and irritating sections of his programme; while at the same time avoiding Hillary Clinton going overboard to accommodate her supporters attracted by governmental measures more to the left on the political spectrum.  The choice would be more ‘common sense (!)’  for US voters.  “In un’epoca sempre più votata all chiusura dei confini (vedi i ‘sudditi’ di Sua Maesta con la Brexit) ed alla ‘folia’ del diverso/immigrato (vedi Trump con il suo ‘muro’ al confine col Messico).

 

Nel vecchio continente, il trend è sotto gli occhi di tutti:  le forze anti-sistema intercettano una fetta sempre più ampia di popolazione indignata con i partiti  tradizionali, scettica sulle politiche di recoglienza dei refugiati, preocccupata per l’aumento della criminalità ed il peso crescento dell’ Islam [sic].”  (Giordano, Vittorio, Il mondo alza le barricate, Trudeau apre le porte, Il Cittadino Canadese, Montréal, 6 Lugio 2016, page 3).

 

As we can see, UE is rather lukewarm with peoples’ expectations to break away from larger ensembles, such as the European Union from, or NAFTA for instance; but it does not mean that it will hold referendum in just any cases, unless populations strongly fight for it.

 

“Criticised by his own Socialist camp for granting 40bn in tax breaks to companies and seeking to reform labour rules to make them less rigid, Mr Hollande said his pro-business policies were finally starting to pay-off.” (Chassany, page 3).

 

The former EU President, Mr. Barroso, “who led the commission for a decade, told the FT (Financial Times) he would try to ‘mitigate the negative effects’ of the UK’s decision to leave the EU. (…)

 

If the UK loses access to the single market, overseas banks may need to move parts of their large European businesses out of London.  In plain English, it means:  blackmail!

 

Nevertheless, Goldman said its decision to hire Mr Barroso as chairman of Goldman Sachs International  ‘has nothing to do with the Brexit vote ‘and that discussions had begun when campaign for Britain to remain in the EU was thought likely to succeed. He added that the former commission chief would ‘help advice our clients in Europe and around the world on a range of issues’.

 

France’s harsh criticism of Mr Barroso comes as Mr Hollande’s socialist government seeks to woo London bankers to Paris will generous tax breaks.”  (Chassany, page 3).

 

“Una cosa è certa:  piaccia o non piaccia, dall’ 11 settembre, la ‘strategia della tensione’ adottata dall’ Occidente  non ha pagato.  Può apparire scomoda, rischiosa, ma se fosse proprio la ‘distensione inclusiva’, sulla quale Trudeau sta costruendo le sue fortune, la chiave di volta per un nuovo ordine mondiale? » (Giordano, page 3).

 

 

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dimanche 14 août 2016


Nos cousins à peine éloignés

 

Daniel Paquet

 

M

algré ce qu’on dira la civilisation arabo-musulmane est proche de la civilisation occidentale, dont le Canada fait partie, ne serait-ce que du fait que nous avons comme fondement culturel, notre héritage judéo-chrétien qui est né en terre d’Israël… à deux pas du monde arabe en général, et palestinien en particulier.

 

« L’arabe est la langue officielle de plus de vingt pays et la langue maternelle de plus de 300 millions de personnes.  On le parle dans tout le Proche-Orient, du Maroc à l’Irak.  Par ailleurs, l’arabe , langue du Coran et de l’Islam, est compris par plus de 1,2 milliard de personnes sur la planète.

 

Des événements récents ont fait de l’arabe une des langues les plus importantes du monde.    (Bouchentouf, Amine; Chraïbi, Sylvie; et Chraïbi, Aboukar [INALCO], L’arabe pour les Nuls, Wiley Publishing Inc.  Hoboken, U.S.A., 2007, page 1).

 

« Parmi les événements… on note  douloureusement la guerre en Syrie, ‘alors que la plus grande ville de la Syrie s’est transformée , une fois de plus, en un champ de bataille. (…)

 

La nouvelle flambée de violence, de loin la plus intense depuis le début de la trêve  partielle, le 27 février 2016, survient alors  que des renseignement font état d’une présence militaire accrue près d’Alep, ce qui fait craindre  à plusieurs que le gouvernement du président Bachar al-Assad impose un siège complet à la ville et à ses banlieues, [i.e. contre les zones d’Alep contrôlées par les insurgés]. »  (Associated Press,  Alep s’enfonce dans la crise humanitaire, Métro, Montréal, Weekend 29 avril-1er mai 2016, page 10).

 

Revenons à la culture arabe.  « Pour un Occidental, l’arabe semble difficile au premier abord : certes, ce n’est pas une langue latine, et même l’alphabet est différent. »  (L’Arabe pour les Nuls, page 1).

 

« L’écriture arabe, avec ses courbes élégantes, se serait  inspirée du tracé sur le sable des crottes de chameaux.  Il n’y a là rien de péjoratif, le chameau étant à l’époque  anté-islamique l’élément essentiel  de la vie du bédouin. (…)

 

Cette écriture, empruntée au nabatéen (ancien peuple de l’Arabie du N.O.) au IIIe siècle, a atteint sa forme définitive au VIIIe siècle. »  (Halbout, Dominique; Schmidt, Jean-Jacques; L’Arabe, Assimil, Paris, 2006, page 6).

 

« En raison de son incomparable qualité esthétique, l’écriture arabe a toujours fait l’admiration des hommes, arabophones ou non.  Langue du Coran, l’arabe prend un caractère sacré et orne les  monuments religieux dès l’époque omeyyade (fin du VIIe siècle). » (L’Arabe..., page 11).

 

« L’arabe, comme l’hébreu ou l’amharique (langue parlée en Éthiopie, est une langue sémitique.  Et elle est relativement jeune.  C’est dans le Sinaï, en Égypte, que l’on a trouvé  une des plus anciennes traces de l’arabe :  des graffitis qui remontent à l’an 300 après J.-C.

Quant à l’alphabet arabe, il s’est formé progressivement à partir des écritures araméennes et syriaques; langues qui étaient en usage en Syrie et en Irak.  à partir  du VIe siècle, on peut dire que l’écriture arabe est née. »  (L’Arabe pour les Nuls, page 2).

 

Mais l’arabe comme beaucoup d’autres langues a  subi à travers ses échanges internationaux un mouvement de va-et-vient linguistique.

 

« Le mot qalam (calame en français) vient du latin calamus, qui a le même sens qu’en arabe.  La présence  romaine, dès les premiers siècles  de notre ère, dans l’Arabie  occidentale ou Arabie Pétrée, a favorisé l’introduction de certains mots latins dans la langue arabe. »  (L’Arabe, Assimil, page 54).

 

« La plupart des textes les plus anciens, même si leur authenticité est parfois discutable, sont des poèmes.  Des milliers de vers, sur l’amour, la description du désert, du campement abandonné, de la faune et de la flore, ou simplement du temps qui passe et de l’oubli, ont été composés par des bédouins aux VIe et VIIe siècles, juifs,  musulmans, chrétiens et païens, qui possédaient un sens aigu du rythme poétique, et jouissaient d’un rang spécial au sein de leur tribu.  Ces poèmes utilisent une langue difficile, mais grâce aux nombreuses traductions, notamment françaises, nous pouvons encore les lire avec plaisir.  (cf. Histoire de la littérature arabe moderne, tome II, 1800-1945, Anthologie bilingue, Sindbad, Actes Sud, 2013, 789  pages). (…)

 

Aujourd’hui, il existe  en effet plusieurs langues  arabes : l’arabe classique, l’arabe moyen, l’arabe dialectal et l’arabe moderne strandard.  Ici, par souci de pratique et de pertinence, on se réfère à l’arabe moderne standard (AMS), c’est-à-dire à la forme la plus largement utilisée dans le monde actuel.  (…)

 

L’arabe moderne standard est la langue dans laquelle les journalistes présentent l’actualité, dans laquelle la plupart des écrivains, s’expriment, ou encore dans laquelle  les hommes d’affaires  négocient et discutent des détails techniques.

 

C’est aujourd’hui l’arabe de référence, celui qui est enseigné dans toutes les écoles de tous les pays, celui que l’on lit, écrit, et parle dans de nombreuses cisconstances : discours officiels, conférences, renncontres, travail. »  (L’Arabe pour les Nuls, pages 2, 4).

 

Il existe un vaste monde qui aujourd’hui navigue vers la mondialisation; un de ses plus beaux fleurons, c’est la civilisation et la langue arabes.

 

Malgré tout ce  qui peut paraître,  ses populations sont ouvertes sur les grands espaces, les ‘vastes déserts’ et  finalement les autres peuples.

 

Comment réagit-on en Occident, engagé dans des guerres sanglantes et indiciblement emplies de souffrances, au Moyen-Orient?  Est-ce que l’Amérique au premier chef parle de paix? ou agit en faveur de la paix?

 

« Le favori de la course à l’investiture républicaine, Donald Trump  a promis… qu’advenant son élection à la présidence, il ferait passer la sécurité des Américains ‘avant tout le reste’. (…)

 

Il a toutefois omis de répondre à plusieurs questions… incluant son plan pour vaincre le groupe État islamique. (…)

 

M. Trump a également critiqué la politique étrangère du président Obama au Moyen-Orient, et a accusé l’ancienne secrétaire d’État (i.e. ministre des Affaires étrangères), Hillary Clinton, d’être en partie responsable de ce qu’il a décrit comme l’incapacité des États-Unis à faire preuve d’autorité sur la scène internationale. » (Associated Press, L’Amérique d’abord, le reste du monde ensuite,  Métro, Montréal, jeudi 28 avril 2016, page 12).

 

Paradoxalement, le monde arabo-musulman répond :  « MarHabâm (… bienvenue) dans l’univers merveilleux de l’arabe, du Maroc à l’Indonésie. (…)

 

Alors que l’Europe était plongée dans le Moyen-Âge, des savants de la civilisation arabo-musulmane, parfois juifs ou chrétiens, persans, turcs ou africains, participant à l’essor de cette civilisation, ont traduit et développé en arabe la plus grande partie des œuvres de la Grèce antique : ils ont ainsi préservé certaines des plus grandes réussites intellectuelles sur lesquelles repose la civilisation occidentale.

 

Un exemple :  Avicenne (980-1037), médecin et philosophe, grand connaisseur de Galien, compose au début du XIe siècle le Canon du la médecine, qui, traduit en latin au XIIe siècle, réédité plusieurs fois, servira ensuite à l’enseignement médical en Europe jusqu’au XVIIe siècle.  (L’Arabe pour les Nuls, pages 13, 15).

 

« La langue arabe possède un vocabulaire extrêment riche.  Il n’existe pas moins d’une cinquante de mots pour désigner le chameau aux différentes étapes de sa vie et selon ses caractéristiques. L’arabe présente tout un choix de termes qui, d’ailleurs, seront empruntés dans une large mesure par d’autres langues, surtout par le persan et le turc ottoman… Pour l’oreille, un arabe moderne bien prononcé a aussi peu à voir avec un arabe dialectal que le français d’un orateur avec le parler de la rue.. »  (L’Arabe, page 15).

 

« Damas (Dimasthiq), capitale de la Syrie, fut le siège du puissant et brillant califat ommeyyade jusqu’en 750. La Grande Mosquée des Ommeyyades, par sa magnificence et son décor somptueux de mosaïques est l’un des reflets de la civilisation de cette dynastie dans l’art, juxtapose ou mêle des éléments byzantines, sassandines (iraniens) et antiques, pour bientôt aboutir à un art proprement islamique.

 

La ville d’Alep (Halab de halib, lait et halaba, traire; Abraham aurait trait des chèvres sur cette colline) était autrefois entourée d’une muraille, interrompue par une impressionnante citadelle, toujours existante.  Celle-ci, fut édifiée sur un tell conique à l’époque ayyubide; puis mamelouke, et entourée d’un profond fossé.  Au pied du tell, s’étend la vieille ville avec sa grande mosquée et son lacis de rues-bazars, où il fait bon flâner.

 

C’est là qu’est né le savon (as-saboun  il y aurait 4000 ans,  et le royal (al-matahiyyoun continue à y être fabriqué suivant une tradition millénaire, à base d’huile d’olive, d’huile de laurier, d’eau et de soude (et aussi d’extrait de salicorne et cinan).  Il fut rapporté en Occident par les Croisés.  On peut visiter le Khan ar-saboun, dans le souk. » (L’Arabe, page 486).

 

« Avec la chute des Abbassides en 1258, l’éclat de la culture arabe s’est terni pour de longs siècles, surtout dans le domaine de la littérature.  Celle-ci a connu une renaissance seulement à partir de la fin du XIXe siècle et uniquement au Moyen-Orient.  Les grands auteurs sont Gibran Khalil Giban (1883-1931) au Liban, et;  en Égypte, Taha  Hussein (1889-1973), Taoufig al-Hakim (1898-1967) et Naguib Mahforaz,  prix Nobel de littérature en 1988. » (L’Arabe, page 486).

 

 « Pour suivre l’écoulement du temps, les Arabes utilisent trois calendriers différents :

 

a)      le calendrier grégorien qui est à peu près le même  que celui que l’on utilise en Occident.

b)      le calendrier syriaque qui est un calendrier solaire dont les noms des mois sont en araméen.  Il est utilisé au Moyen-Orient,  où l’araméen subsiste encore, mais est inusité dans les pays du Maghreb, que n’ont pas de lien historique ou culturel direct avec l’araméen.

c)       le calendrier musulman, dont l’année 0 correspond à l’année 622 de l’ère chrétienne, date qui marque l’Hégire, c’est-à-dire l’exil de Mohammed,  de la Mecque à Médine.   (L’Arabe pour les Nuls, page 85).

 

Dans les pays arabes, les horaires des administrations ou des bureaux dépendent du climat.  Dans la péninsule arabique, où il fait particulièrement chaud, le travail commence à six heures.  Ce qui permet à certains d’avoir une double activité, une le matin et une autre l’après-midi.  Dans les autres  pays, c’est en général l’horaire des pays occidentaux qui est appliqué.

 

Mais partout il y a dans chaque bureau une officine où l’on prépare thé et café et les employés peuvent s’en faire monter dans leur bureau à tout moment.  D’autre part, il est coutume d’offrir à tout visiteur, client ou autre, quelque chose à boire.  Ceci fait partie des règles d’hospitalité en vigueur dans tout le monde arabe, comme en Orient.

 

Il faut retenir que le vendredi est jour férié et que la fin de semaine peut commencer le jeudi à midi.  Mais quand on récite les jours de la semaine, le premier jour est dimanche.

 

Le mot souq désigne en arabe tout type de marché, mais en particulier  le marché couvert de type oriental, avec ses rues bordées d’échoppes, ses cafés, ses mosquées, entrepôts (khan) et hammams (bains publics). (L’Arabe, page 67).

 

Suivant les régions ou les pays, il peut prendre des aspects quelque peu différents, mais c’est toujours là que bat le cœur de la ville populaire, d’autant plus qu’il se situe généralement dans les plus anciens quartiers.

 

[Par ailleurs], la médecine occupait une grande place dans la civilisation islamique – on y trouve même une femme médecin au XII siècle au Yémen – et il existait de nombreux traités (i.e. documents de référence).  Ceux-ci ont été pour la plupart illustrés, et on trouve dans ces manuscrits des peintures représentant diverses opérations telles que césarienne, trépanation, cautérisation, réduction de fracture ou opération de la cataracte. (L’Arabe, page 500).

 

Dans un autre ordre d’idées, « en 2001, selon Statistique Canada, les Canadiens et immigrants d’origine arabe représentaient 1,2 % de la population totale.  Les Algériens seraient les plus nombreux au Québec, notamment depuis les années 1990-2000,  comme étant la ‘décennie noire’ durant lesquelles le terrorisme sévissait en Algérie, peu après la guerre civile. »  Telle est l’introduction de la journaliste Alexandra Guellil à un article récent.  (S’exiler et se retrouver, L’Itinéraire, Montréal, 1er mai  2016. page 16).  L’article ajoute que,  ‘malgré les amalgames possibles, tous les Arabes ne sont pas musulmans et inversement.   ‘Olivier Jesperu, dans le même numéro note que ‘L’immigration libanaise au Canada et au  Québec est relativement récente, mais l’on dénombre déjà quatre vagues d’arrivants.  La première débute à la fin du 19ème siècle, plus de  2000 Libanais et Arabes de la Grande Syrie ont quitté leurs foyers à la suite de l’effondrement de l’économie arabe et des massacres interconfessionnels.  La seconde vague se déroule entre 1945 et 1975, après l’indépendance des États du Maghreb et après la Seconde Guerre mondiale.  Enfin la dernière et troisième se déroule dans les années 1990 avec l’arrivée de plus de 50 000 immigrants,  essentiellement Maghrébins, notamment à cause des violences politiques.

 

On estime actuellement à environ  650 000 le nombre de Canadiens originaires du Moyen-Orient et du Maghreb.  Quant aux Libanais, ils sont plus de 350 000.   Au recensement de 2006, plus de 32 000 personnes nées au Liban étaient recensées dans le grand Montréal. »  (L’Itinéraire page 15).

 

L’humoriste Mehdi Bousaïdan (toujours dans une entrevue à L’Itinéraire (En route vers un bel avenir), confie que « Suite à la guerre civile en Algérie, « je suis arrivé au Québec en  1996 avec mes parents, mon frère et ma sœur, lorsque j’avais environ  5 ans.  Vu que mon père avait des amis  à Montréal, on a choisi de s’établir au Québec plutôt qu’ailleurs.  Je crois que le fait de connaître a priori des personnes installées à Montréal pouvait faciliter notre intégration et ça été une des  principales raisons de venir ici. » (L’Itinéraire, 1er mai, page 17).

 

Par extension, on peut dire que : « les crises économiques ont infailliblement engendré des crises sociales  qui à leur tour ont mené à une montée de la droite (et du fascisme, - ndlr).  Les Mussolini et Hitler d’hier font place avec Le Pen et Trump d’aujourd’hui. »  Et « l’immigration est, et ce, plus que jamais, au centre de tous les enjeux  ministériels.  Pourtant, le vieillissement de la population, le faible taux de natalité ainsi que les départs massifs à la retraite représentent des freins pour le Québec qui peine à rester productif au niveau international.  (…)

 

Et quoi de mieux que le travail pour intégrer quelqu’un?   En 2011, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) mentionnait la non-reconnaissance des diplômes étrangers, le manque d’expérience de travail en terre d’accueil ainsi que la discrimination directe à caractère raciste comme des obstacles importants au levier du développement économique qu’ils pourraient apporter. »  (Richard, Christine, Les immigrants ont le dos large,  L’Itinéraire, Éditorial de la directrice générale, Montréal, 1er mai 2016, page 7).

 

« L’essayiste [Georges Leroux] soutient que « nous sortons au Québec, d’une très longue phase d’uniformité et que l’enjeu actuel est de former les jeunes à ce monde divers avec des réflexes démocratiques, des connaissances de la diversité et tout un ensemble d’autres choses qui sont cruciales ».  (Guellil, Alexandra, Conjuguer l’identité au pluriel, L’Itinéraire, Montréal, 1er  mai 2016, page 13).

 

Aussi victimes et presqu’à tout jamais oubliés, il y a ceux pour qui les préjugés sont les plus douloureux, les plus tenaces et les plus mordants :  les Premières Nations, mieux connues sous le vocable d’Indiens.

 

Le journaliste et écrivain Deni Ellis Béchard, martèle :  « Quand je parle des Blancs dans le livre (Kuei,  je te salue,  Conversation  sur le racisme, - ndlr), je veux qu’on arrive à voir à quel point on est   fermés.  À quel point on n’arrive même pas à élargir notre conscience pour concevoir que cette autre personne est un être  humain avec les mêmes désirs, volontés et besoins que nous.  (…)

 

Ce qui fait mal, c’est le racisme, la discrimination, cette relation avec l’autre qui n’existe pas.  « Toute ma vie, je l’ai vécu, je l’ai senti.   (…)

 

Il faut éduquer les gens, tout simplement.  Si les gens sont éduqués, ils vont refuser les commentaires [racistes], ils vont y être révoltés. »  (Entrevue accordée à Andréanne Chevalier, Prouver que le dialogue existe, Métro, Montréal, lundi 9 mai 2016, page 4).

 

« Kahtenrénini Iris Stacey développe des programmes d’enseignement pour le Centre d’éducation de Kahnawake tout en poursuivant sa maîtrise sur la revitalisation des langues autochtones.  ‘ Il y a beaucoup d’efforts faits depuis les années 1970 pour redonner vie  à notre langue.  Il y a maintenant des écoles d’immersion pour les enfants, des cours pour les adultes et mêmes des ateliers destinés aux parents qui viennent avec leurs enfants.’ »   [On] collabore incidemment à une nouvelle version d’un dictionnaire sur un dialecte inuit.  Patrimoine Canada consacre 5 M$ par année, jusqu’en 2017, à des projets de promotion des langues autochtones.   (…)

 

Malgré tout, seule une minorité de Mohawks parlent leur langue.   Selon le recensement de 2011,  545 personnes au Canada ont déclaré avoir le mohawk pour langue maternelle. » (Léouzon,   Roxane, Des dictionnaires pour les langues autochtones, Métro, Montréal, lundi 4 avril 2016, page 8).

 

La discrimination entre Canadiens d’origine européenne et les peuples autochtones, existe aussi entre hommes et femmes de même origine, quant à la société d’accueil; par exemple chez les arabo-musulmans du Canada :  « Muslim women are less optimistic about relations with non-Muslims that men are, the survey found (Environnics Institute survey of Muslims in Canada, -Ed.), a greater number worry about the reaction of Canadians toward Muslims, believing that the next generation of Muslims will face more discrimination.  They are also more concerned about media portrayal of Muslims, and stereotyping by colleagues and neighbours… The unemployment rate of Muslims was (in 2011) 14 per cent,  compared with the nation average of 7.8 per cent, despite Muslims having high levels of education.  The unemployment rate was highest in Quebec (17 per cent), which was double the provincial average.

 

Even Canadian-born Muslims, who graduated from a Canadian institution, fared worse than the national average, with an unemployment rate of 9.5 per cent.  One can only imagine the difficulties in  finding employment for the 60 000 Muslim women who head a single-parent household.”  (Khan, Sheema –consultant-, For Muslim women in Canada, a sense of  vulnerability, The Globe and Mail, Saturday, May 14, 2016, Toronto, page  F7).

 

 

 

Les damnés de la terre

 

Publié en 1961, à une époque où la violence coloniale (enracinée aussi en  France ) se déchaîne avec la guerre d’Algérie, saisi  à de nombreuses reprises lors de sa parution aux Éditions François Maspero, le livre Les Damnés de la terre, préfacé par Jean-Paul Sartre, a connu un destin exceptionnel.  Il a servi – et sert encore aujourd’hui – d’inspiration et de référence à des générations de militants anticolonialistes.  Son analyse du traumatisme du colonisé dans le cadre du système colonial et son projet utopique d’un tiers monde révolutionnaire porteur d’un ‘homme neuf’ restent un grand classique du  tiers-mondisme, l’œuvre capitale et le testament politique de Frantz Fanon.

 

Le livre a connu une dernière édition chez La Découverte et Syros, à Paris en 2002.  La préface cette fois est d’Alice Cherki, psychiatre et psychanalyste, auteur du Portrait de Frantz Fanon (Seuil, 2000), et la postface de Mohammed Harbi, combattant de la première heure pour la libération de son pays et historien de l’Algérie contemporaine, auteur de Une vie debout, Mémoires politiques 1945-1962 (La  Découverte, 2001), restituent l’importance contemporaine de la pensée de Frantz Fanon.

 

« Faire sauter le monde colonial est désormais une image d’action très claire, très compréhensible et pouvant être reprise  par chacun des individus constituent le peuple colonisé. » –Frantz Fanon.

 

« À l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban, où il restera quinze mois, Fanon fait une rencontre essentielle, celle de François Tosquelles, psychiatre d’origine espagnole et militant antifranquiste.  Ce fut pour lui une formation déterminante, et sur le plan de la psychiatre et sur celui de ses futurs engagements.  Il y trouve le point de rencontre où l’aliénation est interrogée dans tous ses registres, au lieu de jonction du somatique et du psychique, de la structure et de l’histoire.  En 1953, il passe le médicat des hôpitaux psychiatriques et est alors hommé à l’hôpital psychiatrique de Blida, en Algérie, [où] il se trouve confronté non seulement à la psychiatrie classique des asiles, mais également à la théorie des psychiatres de l’école d’Alger sur le primitivisme des indigènes. (…)

 

Il mettra dans un premier temps toute son énergie à transformer les services dont il a la responsabilité en y introduisant la ‘social-thérapie’ pratiquée avec Tosquelles. Il n’aura de cesse de transformer  ainsi le rapport des soignants aux aliénés, avec les Européens mais également avec les ‘indigènes’ musulmans, cherchant à restaurer leurs référents culturels, leur langue, l’organisation de leur vie sociale, tout ce qui pouvait faire sens. (…)

 

La réputation de Fanon s’étend.  Nous sommes déjà en 1955 et la guerre d’Algérie a commencé.

Il sera contacté par le mouvement ‘Amitiés algériennes’,  association humanitaire destinée à apporter un soutien matériel aux familles des détenus politiques, dirigé en fait par des  militants nationalistes en liaison avec les combattants ayant pris le maquis près de Blida.  La première demande qui lui est faite est celle de prendre en charge des maquisards souffrant de troubles psychiques.

 

C’est ainsi, par capillarité entre psychiatrie et engagement politique, que Fanon s’engage dans la lutte des Algériens pour leur indépendance.  Fin 1956, il démissionne de son poste de médecin psychiatre.  (…)

 

Les damnés de la terre  auxquels Fanon s’adresse sont les déshérités des pays pauvres qui veulent réellement la terre et le pain, alors qu’à l’époque la classe ouvrière du monde occidental (l’aristocratie ouvrière, - ndlr), souvent raciste et manifestement ignorante des populations d’outre-mer, témoigne d’une relative indifférence au sort des colonies dont elle tire indirectement bénéfice.  (En 2016, c’est l’impérialisme, surtout  U.S., qui va tambour battant, -ndlr)  (…)

 

Comme dans toute son oeuvre, Fanon, y met en tension politique, culture et individu, prenant en compte les effets de la domination économique, politique et culturelle sur le dominé.  Son analyse insiste sur les conséquences de l’asservissement non seulement des peuples mais des sujets, et sur les conditions de leur libération, qui est avant tout une libération de l’individu, une ‘décolonisation de l’être’.  Fanon… parle effectivement d’un avenir où serait dépassée la ‘peur de l’  ‘autre’. (…)

 

Quarante ans après la décolonisation et la guerre d’Algérie, dans un monde que l’on a vu   s’avancer vers le diktat de la mondialisation économique, cette réalité (accroissement des  inégalités, d’écart grandissant entre le Nord et le Sud, d’exclusion, de réduction des sujets à des objets, -ndlr) s’écrit et se profile quotidiennement dans le rapport Sud/Nord : avec une mise en place de la corruption organisée , institutionnalisée par les gouvernements des pays d’Afrique (ref.  La Forge, P.C.O.F., Paris) et instaurée par les grandes sociétés pétrolières, pharmaceutiques et autres du monde développpé. (…)

 

Fanon désirait que tout homme soit sujet de son histoire et acteur du politique…, l’actualité de   Fanon réside aussi en ceci :  de façon anticipatrice, à une époque où se renvoyaient dos à dos, d’un côté, l’analyse matérialiste de l’aliénation et des rapports de force et, de l’autre, une vision existentialiste, une vision d’une aventure subjective coupée du monde environnant), il a tenté de mettre en place une nouvelle  construction du savoir introduisant le corps, la langue et l’altérité comme expérience subjective nécessaire dans la construction même de l’avenir du politique. (…)

 

[Fanon]  est actuel aussi par sa vie et le mouvement de sa pensée; au-delà de ce que l’on nomme la faillite des idéologies, en cette époque de globalisation économique et d’exclusion du sujet, la phrase, écrite par Fanon jeune, et qui guide toute sa pensée en acte – ‘Oh mon corps, fais toujours de moi un homme qui interroge!’ -, fait résonnance chez beaucoup de jeunes de notre temps,  quels que soient leur langue et leur lieu de naissance. » (Fanon, Frantz, Présentation de Alice Cherki, Les damnés de la terre, La Découverte/Poche, Paris, 2002, pages 5-15).

 

 

Daniel Paquet

Institut Philippe-Pinel de Montréal

Unité D-1

 10 905, Henri-Bourassa est

Montréal, Qc

H1C 1H1

 

tél. (514) 648-8461, poste 450

 

courriel :  dpaquet1871@gmail.com

 

Peut être rejoint à New York  (U.S.A.) :  Ideological Fightback Daniel Paquet