jeudi 31 août 2017

Conclusion du livre : 1917-2017, Staline tyran sanguinaire ou héros national ?
, par  Danielle Bleitrach      

                             

La conclusion ne tire pas de conclusion mais appelle à une véritable réflexion collective, politique... sur une stratégie révolutionnaire.
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Première constatation : ce dialogue entre un jeune journaliste et une sociologue moins jeune, entre deux personnes qui n’ont pas la même histoire, qui ne parlent pas la même langue, qui a priori n’adhèrent pas aux mêmes convictions, qu’est-ce qui l’a rendu possible, mis à part le talent de Marianne qui est une virtuose de l’interprétation ? Sans doute une certaine bienveillance et une vive curiosité l’un à l’égard de l’autre.
Le fait que nous ayons pu, lui et moi avoir un dialogue, que ce dialogue ait pu être retranscrit sans contresens est un encouragement à poursuivre la réflexion. Nous posons plus de questions, le lecteur l’aura compris, que nous n’apportons de réponses. Nous avons tenté tout au long de ce texte de dégager des pistes de recherche à approfondir pour mesurer cent ans après la véritable postérité de l’Union soviétique. Y compris en l’abordant à partir de ce qui est utilisé pour la déconsidérer et pour nier son apport réel au plan international comme à celui du pays où cette expérience extraordinaire est apparue.
Après des années, voir des décennies durant lesquelles l’Histoire de l’époque dite stalinienne, celle de l’URSS, a été recouverte par un véritable négationnisme historique, j’ai tenté de retrouver l’atmosphère qui était celle de mon adhésion au parti communiste français. La « déstalinisation », la publication du rapport Khrouchtchev avait eu lieu, mais si on noircissait déjà le personnage de Staline, selon cette logique, c’était pour mieux sauver le communisme. Il suffit de relire ce qu’écrivait en 1960, Emmanuel d’Astier dans un livre intitulé Sur Staline ou l’on voit se mettre en place une noire légende : « Staline, personnage shakespearien est à la fois Bolingbroke, Richard II et Macbeth. Mais l’atrocité des rois, -du Roi Jean au Roi Richard III- ne débouche sur rien et n’a d’objet que l’exercice et la satisfaction du pouvoir. L’atrocité stalinienne garde pour objet le communisme. Elle laisse en place un système qui, débarrassé de sa cruauté et de son schématisme, de l’idolâtrie et des dogmes, de leur contrainte, pourrait élever la condition humaine plus certainement que ne l’a fait un siècle de capitalisme, marqué par les grandes guerres, le désordre économique, un accroissement de la multitude sous développée sur une terre enrichie par les progrès de la science et de la technique » [1].
Peut-être ce texte explique-t-il les raisons pour lesquelles comme la plupart des communistes de ma génération, je n’avais pas à être stalinienne, au contraire, le rapport Khrouchtchev nous avait fabriqué un héros shakespearien qui représentait tout ce dont nous devions nous débarrasser pour aller vers l’idéal communiste. C’était moins évident pour la génération issue de la résistance, mon mari en représentait bien les ambiguïtés. Il me racontait comment à Dachau, où il avait été déporté après avoir été torturé par la Gestapo, après avoir organisé la révolte de la centrale d’Eysses, la manière dont les soldats soviétiques pendus par les nazis du camp se jetaient eux-mêmes dans le licol en criant « Vive Staline », alors que dans le même temps, toujours discipliné et sincèrement démocrate, il s’indignait devant la moindre répression dans le camp socialiste.
La question du stalinisme n’a commencé à me préoccuper qu’à la chute de l’Union soviétique et j’ai entamé mes pérégrinations autour du monde. Cuba fut le lieu où je retrouvais les raisons de mon adhésion. Là, l’attitude de Khrouchtchev, son fameux rapport, donnait lieu à d’autres débats et ce dès le début de la Révolution. Fidel et le Che quand ils se rencontrèrent dans l’exil mexicain ne cessaient d’en parler et de s’interroger sur le bien fondé des critiques. Je sortais de la mythologie du héros shakespearien pour aborder la complexité de l’instauration du socialisme dans un monde dominé par l’impérialisme des États-Unis et de ses alliés. Ici pas de plan Marshall mais la torture du blocus. Je découvrais En Amérique latine, des dictatures sanglantes imposées sous couvert de défendre la démocratie, celles qui m’avaient fait pleurer à la mort d’Allende. Mais demeurait en moi l’idée d’un système soviétique qui n’avait pas trouvé un seul défenseur lors de son effondrement. Quand mes amis cubains disaient de Gorbatchev : « hijo de puta », je leur rétorquais : « il est bien faible le communisme qu’un hijo de puta peut détruire ! ». Ce fut tardivement, en 2008, avec la crise en Géorgie et en Ossétie que je découvris que loin d’avoir accepté l’instauration du capitalisme, les soviétiques s’étaient révoltés, avaient beaucoup souffert, en particulier dans mon cher Tadjikistan. Ce fut à ce moment-là que je rencontrais Marianne et que celle-ci m’aida à connaître une autre réalité. Celle qui aujourd’hui me permet de dialoguer avec le jeune rédacteur en chef de cette revue, tout en n’étant pas en capacité d’aller plus loin dans mon analyse.
Pourtant certains lecteurs, toujours les mêmes seront convaincus que j’ai apporté pour ne pas dire imposé mes "réponses", mes convictions. Sans doute les questions les dérangent-ils. Alors, quoi de plus simple pour ne pas lire que de caricaturer : « Danielle Bleitrach est une incorrigible stalinienne ». Soit à conclure : « Vous savez donc d’avance ce qu’elle dit, inutile d’aller plus loin et de vous creuser la tête ». Ainsi aujourd’hui encore, prétendre seulement parler du stalinisme en s’interrogeant sur la nature de ce moment de l’URSS, c’est s’exposer à toutes les accusations, à toutes les stigmatisations.
Pourtant le stalinisme n’est pas perçu de la même manière à Kazan qu’à Paris. Que dire alors des zones du pays où les communistes demeurent fortement implantés ?
Les réponses que nous avons eues à nos questions le prouvent : les Russes, les peuples soviétiques et ceux des pays dits de l’Est n’ont pas la même opinion que nous.
Ce qui fait la différence entre eux et nous c’est que cette Révolution est leur œuvre, elle participe de leur histoire, de leur identité d’aujourd’hui. Et il est clair que la contre révolution, le retour à l’ordre capitaliste ou plutôt les désordres de l’oligarchie ont créé les conditions d’une nouvelle popularité de Lénine et surtout de Staline perçus l’un et l’autre comme des hommes capables de renverser les possédants et de mettre un terme à leurs injustices. Mais la référence à l’Union soviétique et singulièrement à Staline est aussi référence à une continuité d’une nation multiethnique, d’hommes et de femmes qui ont combattu, ensemble pour leur survie face à l’envahisseur, gage paradoxal de stabilité. Et c’est peut-être cette aspiration à la stabilité après les désordres et les profondes déstabilisations de la fin de l’Union soviétique qui explique la popularité de Staline, qui, essentiellement à travers la grande guerre patriotique, est le fondateur de la nation. A ce titre le contexte actuel, l’affaire de la Crimée qui a eu un grand écho parce que les Russes ont découvert l’OTAN à leur porte et la menace à nouveau de guerre mondiale, explique le fait que Staline est pour une grande partie d’entre eux le plus grand homme de tous les temps, et que sa répression soit minorée. Enfin c’est une hypothèse à approfondir.
Cette unité profonde entre les peuples soviétiques, alors unis, et Staline a été décrite par De Gaulle dans ses Mémoires :
« Sa chance fut qu’il ait trouvé un peuple à ce point vivant et patient que la pire des servitudes ne le paralysait pas, une terre pleine de ressources que les plus affreux gaspillages ne pouvait pas les tarir, des alliés sans lesquels il n’eut pas vaincu l’adversaire mais qui, sans lui, ne l’eussent point abattu.
Pendant les quinze heures que durèrent au total mes entretiens avec Staline, j’aperçus sa politique, grandiose et dissimulée. Communiste habillé en maréchal, dictateur tapi dans sa ruse, conquérant à l’air bonhomme, il s’appliquait à donner le change. Mais, si âpre était sa passion qu’elle transparaissait souvent, non sans une sorte de charme ténébreux
 ».

De Gaulle est un homme de droite et son combat contre Hitler ne doit pas nous faire oublier son anticommunisme foncier, fait prisonnier lors de la première guerre mondiale, puis porte plume de Pétain, son premier poste de combat fut celui d’un organisateur de soutien aux blancs dans la guerre civile. Il sait apprécier les hommes mais tout l’oppose à Staline, pourtant cet homme épris de grandeur nationale ressent la force de ce lien d’un dirigeant avec son peuple, une histoire.
Tous ceux qui à cette époque jugent Staline, certes notent à quel point il n’a pas le brillant et l’art de convaincre les masses de Trotski, mais on est loin du portrait d’un individu brutal et stupide, il a une pensée qui se traduit en actes. Chaque action renforce son influence sur tous et il sait constituer des équipes soudées, comme il parait savoir à chaque moment où en est son pays. A la fin de la guerre dont il ressort auréolé et malheureusement idolâtré, alors qu’il y a eu 26 millions de morts qui s’ajoutent aux 11 millions de la guerre civile, que le pays est aux deux tiers dévasté, la menace d’une nouvelle croisade des pays impérialistes ne peut pas être évacuée, est ce que l’Union soviétique, son peuple a la force d’accélérer encore pour reconstruire, se développer et le faire en éliminant « la contamination idéologique » ? Il faut encore écrire une page d’histoire terrible, celle de ce glacis de peuples à qui le socialisme a été imposé comme un châtiment, tandis que les États-Unis et leurs alliés soutiennent les trônes branlants quand ce ne sont pas les anciens alliés des nazis qui sont reconvertis en porte-voix de la liberté. Toutes cette histoire reste à réécrire et l’on ne saurait pour conforter les manœuvres actuelles de l’OTAN se contenter de celle qui nous est contée par nos médias, jour après jour.
Les travaux des chercheurs, en particulier ceux des Anglo-saxons remettent également en cause la caricature du stalinisme qui est l’aliment ordinaire de nos médias et de notre monde politique. C’est en fait toute une conception de la Révolution qui nous a été imposée pour des raisons exclusivement politiciennes. Nous avons montré combien un ouvrage qui instruit à charge comme La cour du tsar rouge de Simon Sebag Montefiore ne dit pas toujours la doxa et par exemple met à mal l’idée que le stalinisme serait le triomphe d’une nouvelle bourgeoisie, d’une « bureaucratie » contrerévolutionnaire qui aurait freiné l’élan de 1917. La Révolution peut toujours être décrite comme une lutte de factions, transformées en une nouvelle "cour". Il n’en demeure pas moins que sous le stalinisme, une nouvelle classe de possédants n’est pas apparue et que celle-ci pour commencer son accumulation a eu besoin de la destruction de l’appareil d’Etat soviétique entamée par Gorbatchev et surtout Eltsine son successeur et que ce gangstérisme local a pris toute son ampleur d’accumulation capitaliste par l’intervention directe des monopoles financiarisés et de leurs gouvernements occidentaux, à commencer par leurs bras armés, l’OTAN, la CIA et les États-Unis. Les conditions de cette décomposition du socialisme doivent être étudiées et on sait que la Chine y consacre beaucoup de moyens.
Ces luttes de factions peuvent être un temps dominé par un homme fort qui est aussi un incorruptible représentant la forme la plus poussée de refus de compromission avec l’ancien régime. C’est ce qui s’est produit avec la Révolution française où Robespierre, qui a su créer autour de lui un pouvoir collectif refusant tout accommodement avec la féodalité, l’incorruptible en est présenté comme l’expression tyrannique.
Mais l’important est aussi que dans la Révolution française, Robespierre marque le point de non retour. Il pourra être décapité. Les rois pourront revenir, la contre-révolution paraîtra triompher, mais dans les faits à travers lui la féodalité est morte. Metternich ne s’y trompera pas qui verra en Napoléon comme il le dit : « Robespierre plus la grande armée ». Robespierre est celui qui maîtrise le mieux les luttes de faction jusqu’à ce qu’il succombe et qu’il ait gagné parce qu’il est celui qui s’est montré le plus résolu dans son refus de l’ancien régime et dans sa manière de défendre dans l’ordre bourgeois qui s’instaure la revendication égalitaire qui en est le dépassement. Il est non seulement le symbole d’un franchissement, d’un dépassement de l’ordre ancien, mais bien du fait que celui-ci est collectif et que c’est tout un peuple, des générations qui accèdent à une dynamique sociale qui leur donne des opportunités, des droite dans un cadre national créé de toute pièce et dont nous sommes toujours les héritiers. Si l’on reprend la thèse quasi messianique de Walter Benjamin sur l’ange de l’histoire qui avance à reculons poussé par le vent qui enfle ses ailes et tentant de ramasser les vaincus, il y a là un sens de l’histoire inconnu au moins partiellement de ceux qui prétendent la faire. Alors même que l’inspiration marxiste se veut analyse scientifique. Mais il n’y a pas là y compris chez Marx une véritable opposition dont les deux références sont Spartacus, la révolte des esclaves et Kepler, l’astronome qui découvrit le mouvement des étoiles. L’allégorie de Benjamin revient à affirmer que la révolution à venir est grosse des aspirations qui n’ont pu être réalisées. Cette remarque nous confronte avec la dernière caractéristique de ce type de pouvoir. Cet héritage des aspirations non assouvies accompagne le refus de tout accommodement avec l’ordre ancien, la fondation d’une nation, une dynamique sociale irrésistible dont la société est toujours l’héritière même en cas de contre-révolution, ce qui est stabilité alors même que le principe espérance est là, une dialectique toujours en devenir.
Staline demeure-t-il, en particulier pour les Russes, une des figures qui manifestent la fin de l’ordre tsariste et le passage nécessaire donc possible à une autre société ? L’histoire de ces personnages paraît se dérouler dans un temps très court et dans le même temps celui de toute une génération, celui d’un paroxysme, une terreur des petits sur les possédants, et on peut à ce propos reprendre la démonstration que le Professeur Luciano Canfora de l’Université de Bari a fait dans une conférence à propos de Spartacus tel que l’analysent Mommsen et Marx, ce dernier le comparant à Garibaldi pour lequel il a du mépris.
« Marx suit Mommsen avec beaucoup de curiosité, bien plus que ce qu’il voudrait montrer ; je crois que, malgré les critiques qu’il lui destine dans le Ier livre du Capital, il l’estimait beaucoup. Il y a une autre lettre à Engels, où il écrivait : « as-tu entendu parler de la nouvelle Histoire romaine de Mommsen ? Il paraît que c’est un excellent livre ; apporte-le moi ». Engels le lui procura, et cette lecture a évidemment influencé Marx. « Spartacus – écrit-il donc – a été vraiment un grand général (pas comme Garibaldi) ». Je crois que ce jugement est dû à l’antipathie envers Garibaldi que Marx nourrissait. Lorsque Garibaldi alla à Londres, il se passa des choses extravagantes, la reine Victoria dit que le peuple anglais était devenu fou, Marx dit qu’il y avait eu une scène de folie collective. Il n’avait aucune sympathie pour lui, cela est sûr ; mais il y a peut-être un élément en plus, à savoir la manière de conduire la campagne des Mille, qui sont eux aussi des irréguliers, qui ensuite se constituent en armée, mais à la fin ils s’offrent au pouvoir de l’Etat. C’est exactement le contraire de ce que fait Spartacus. Par conséquent pour Marx, Garibaldi est un chef de guérilla raté, tandis que Spartacus est un grand chef de guérilla. »
Les pseudos anti-staliniens et vrais censeurs de toutes obédiences tentent d’empêcher que soit menée la réflexion collective, ils l’ont appauvrie jusqu’à la sclérose dans le conformisme. Dans le fond, ils ont agi envers ceux qui posaient la question du pouvoir révolutionnaire, avec toute la bigoterie du monde, exactement selon le programme que Mussolini définissait par rapport à Gramsci : « l’empêcher de penser ». Parce ce qui était en cause était une autre idée de la révolution, celle des formidables opportunités qu’elle offre non seulement aux classes dominées mais à des talents individuels qui ne demandent qu’à s’épanouir. C’est toujours vrai… Mais faute d’avoir défendu cette vision, ils ont produit une jeunesse sans espérance ou avec des illusions mortifère sur la nature de l’adversaire.
En outre, ils ont interdit de comprendre ce qu’avait été l’histoire de l’URSS, la manière dont le stalinisme n’en constitue qu’un moment limité dans le temps, même s’il est celui de ce dépassement, de ce non retour en arrière à marche forcée. La totalité de ceux dont nous avons recueilli les avis n’ont jamais vécu cette période révolutionnaire exceptionnelle, elle est pour eux de l’ordre de l’Histoire. Leur mémoire est marquée par les épisodes qu’ils ont connus de la vie en Union soviétique, peut-être y aurait-il dans la considération de cette périodisation l’intérêt d’une meilleure compréhension de ceux qui ont cru voir dans la chute de l’Union soviétique, en général une jeunesse aisée, l’occasion d’une révolution qui serait la leur, une sorte de vision soixante-huitarde qui a aussi pesé sur ceux de ma génération et consacré pour un temps le triomphe de la social démocratie libérale libertaire.
Ce temps est révolu.
(2) Organisé par l’Istituto italiano di cultura en collaboration avec l’Université de Luxembourg et le CCR en juin 2017.

mercredi 23 août 2017

Derrière les portes closes des restaurateurs d’œuvres d’art


La photo montre une jeune femme dans un atelier, prenant la pose devant une table sur laquelle sont posés des oeuvres encadrées.
Marie-Catherine Cyr, restauratrice adjointe en peinture et arts contemporains au Musée des beaux-arts du Canada. Photo : Radio-Canada/Christelle D'Amours

mardi 22 août 2017

Isabelle Aubret - Ma France



L’INFOGRAPHIE D’UN GÉANT

Comment on a terrassé le Parti communiste du Canada

Daniel Paquet                                                        dpaquet1871@gmail.com

MONTRÉAL – Le redoutable batailleur qu’était le Parti communiste du Canada en est à ses derniers soubresauts; c’est la gangue gauchisante et anarchiste qui aspire à le remplacer.  Encore récemment, un groupuscule d’extrême-gauche a gâché la sauce en s’invitant sur le plateau d’une manifestation de mouvements sociaux et d’associations manifestant dans notre belle capitale, Québec; contre la frange active de l’extrême-droite raciste et fasciste venue d’un peu partout au Québec pour s’opposer à l’immigration récente à la frontière du Canada et des USA .  Ces fauteurs de troubles, La Meute, se sont revêtus des oripeaux respectables de la démocratie bourgeoise pour dénoncer, non plus leur supposée raison d’être, mais bien la « gauche » anarcho-communiste.  Avouons-le, ils avaient beau jeu.

Ainsi donc, nos valeureux et preux chevaliers, au nom de la classe ouvrière peut-être (!?), ont revêtu les costumes du dimanche des travailleurs et leurs cuirasses du parfait « agent provocateur ».  Il y a  un bémol : les communistes où qu’ils soient ne cachent pas leur visage et ne portent résolument aucun masque ou foulard pour cacher celui-ci.  Contrairement aux casseurs, ils ne jettent pas des bombes incendiaires et ne s’en prennent pas au corps policier.  Ça, le service de renseignement des instances policières le savent très bien.  C’est peut-être  pour cela  que le maire Labeaume et la direction du service de police de Québec n’ont pas allégué qu’il s’agissait d’un coup d’éclat  du Parti communiste.

Parlant du Parti communiste, il faut aussi savoir qu’il n’a plus de membres à Québec.  Même à Montréal… il vivote avec une poignée de membres  seulement.  Incidemment, il y a deux autres partis communistes… du Québec : tous deux sont affiliés à Québec solidaire et ne présentent pas de candidats de façon autonome lors des élections provinciales.  Ils sont tous deux comme Québec solidaire farouchement indépendantistes.  La différence?  L’un d’entre eux est membre organique du Parti communiste du Canada.

On entend peu parler de ce parti.  En fait, il n’y a plus de presse communiste comme à l’époque du Premier ministre Maurice Duplessis.  À l’époque, les communistes publiaient un journal : Clarté.  Au Canada anglais, les communistes soutenaient Canadian Tribune et Pacific Tribune; aujourd’hui, ils font connaître leurs politiques dans le bi-mensuel  People’s Voice, publié à Vancouver. 

Pour ce qui est de la jeunesse, elle se retrouve, désemparée et désespérée dans les petits groupes anarchistes qui voudraient bien avoir la possibilité de se déclarer en tant que Parti communiste du Canada.  Ils sont très souvent émules de Mao Zédong ou de Léon Trotski.   Tous répudient Joseph Staline qui a eu le « malheur » d’avoir construit le socialisme dans un seul  État, l’Union soviétique.  L’Armée Rouge qu’il a dirigé a défait le Reich hitlérien et ce n’était pas rien.   Alors « penseront » les bien-pensants qu’est-ce que la gauche a à apporter à l’Occident?  La paix, la sainte paix.  Qu’est que l’impérialisme a à apporter à l’Occident?  La guerre, les guerres.

 

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« Pourquoi le PC a perdu les pauvres ? » Par Franck Marsal
, par  auteurs à lire , popularité : 100%



J’aime bien les questions simples et directes. Celle-ci m’a été posée hier soir sur facebook par un ami Facebook (Ch. Valas) et, il m’a semblé qu’elle méritait une réponse. Voici donc la question (en version complète) :
« On peut se demander pourquoi les pauvres votent et donnent le pouvoir aux riches. Alors qu’ils sont les plus nombreux et qu’ils peuvent aisément remporter toutes les élections et étant au pouvoir organiser la répartition des richesses. Pourquoi le PC a perdu les pauvres ? »
Et ma réponse :
Pauvres ? Ou « prolétaires » ?
Définir les gens comme « pauvres », c’est les définir par ce à quoi ils ont accès, non par ce qu’ils font ni ce qu’ils sont. Dans notre société, les « pauvres » ne sont pas une minorité de marginaux. C’est de plus en plus la masse de ceux qui, comme disait Marx, n’ont pour vivre que la force de leur travail, les prolétaires. Ce sont plusieurs milliards de personnes à l’échelle mondiale de notre système de production. Ils sont les producteurs essentiels de toutes les richesses qui permettent aux « riches » d’être riches et à la société dans son ensemble de vivre et de se perpétuer.
Donc, ceux qui subissent la pauvreté ne sont pas réellement des « pauvres ». Ils sont au contraire très riches, riches de ce qu’ils savent faire, de ce qu’il produisent chaque jour, de ce qu’ils donnent à la société, qui sans eux, ne tient pas. Simplement, ils n’ont pas accès aux richesses qu’ils produisent. Non seulement ils n’y ont pas accès, mais, le plus souvent, ils n’ont pas conscience de la valeur indispensable de ce qu’ils produisent, entre autres parce qu’ils n’ont pas de vision d’ensemble du système de production, ni d’accès aux comptes de leur propre entreprise.
Qu’est-ce que la conscience politique « communiste » ?
Les travailleurs ne sont donc effectivement pas « spontanément » communistes. En fait, personne n’est « spontanément » communiste, et la classe ouvrière, même celle qui correspond à l’image d’Epinal, n’a jamais été communiste par « réflexe spontané ».
Car, pour être communistes, il ne suffit pas d’être « pauvre » ou plutôt prolétaire. Il faut aussi être conscient de sa place dans la société, et du fait que cette pauvreté est le résultat d’une exploitation, d’une spoliation. Et même si on a confusément cette conscience, il faut en acquérir une conscience politique, c’est-à-dire comprendre d’où cela vient et comment cela peut être changé. Qui plus est, il faut acquérir la conviction que le renversement complet de l’ordre existant est préférable, ou est la seule voie réaliste pour améliorer son sort de travailleur.
Or, ceci n’a aucun sens sur un plan individuel. Si vous êtes seul à être communiste, à faire grève ou à tenter de renverser le capitalisme, cela n’a aucune chance de marcher. Au contraire, vous avez toutes les chances d’avoir les pires ennuis. C’est pourquoi la conscience politique résulte (bien sûr) d’une analyse politique, économique et historique du capitalisme (dont Marx et Engels ont posé les bases claires, mais qui doit être reformulée à chaque nouvelle étape historique) et néanmoins ne peut être qu’un phénomène social, collectif, organisé, se développant essentiellement sur un temps historique et à travers des expériences collectives.
C’est pourquoi le développement d’une conscience politique communiste, y compris chez les ouvriers, n’a rien d’automatique ni de spontané.
L’expérience historique montre qu’il existe toujours spontanément une fraction des travailleurs qui adhèrent à l’idéologie dominante, aujourd’hui le libéralisme, et une autre qui cherche à négocier, souvent par l’entremise de l’état réputé démocratique, une simple amélioration de ses conditions de vie. Lorsque le capitalisme semble stable et prospère, ces deux tendances sont politiquement dominantes.
L’exemple historique du Parti Communiste Français :
Considérons rapidement l’histoire du PCF : Celui-ci est créé en 1920, lors du congrès de la SFIO, sous l’impulsion politique d’une part de la 1ère guerre mondiale, une expérience politique terrible vécue par les masses et d’autre part de la révolution russe, qui remet au devant de la scène les idées communistes, reformulées par Lénine (et d’autres) pour la période en cours.
Ce congrès est en réalité celui du Parti Socialiste, qui s’est divisé suite à ces deux événements. C’est parce que les délégués acquis aux idées communistes y sont majoritaires, que ce congrès décide de changer le nom et l’idéologie du parti, de créer le Parti Communiste. C’est ainsi que « L’Humanité », journal fondé par Jean Jaurès est devenu l’organe central du PCF (c’est un peu plus compliqué aujourd’hui).
Pourtant, même si la tendance communiste est majoritaire au congrès de Tours en 1920, face à la tendance social-démocrate, pendant environ 15 ans, le PC va rester très minoritaire, non seulement sur un plan électoral, mais également dans le mouvement syndical. Ce n’est qu’au plus fort de la crise mondiale, lors des grèves de 36 puis dans la résistance, que le PCF devient progressivement la force prédominante à gauche, sans pour autant être hégémonique d’ailleurs.
On peut constater la traduction de cet historique dans les scores électoraux du PCF lors des différentes élections législatives par exemple. En 1932, le PCF recueille moins de 800.000 voix, 8,3 % et seulement 10 sièges de députés. On pourrait alors conclure que l’expérience du PCF va rapidement s’achever sur un échec et que les « communistes » ont perdu les ouvriers, qui restent très largement acquis aux idées social-démocrates.
Il n’en sera rien. Au contraire. 13 années plus tard, le PCF recueille plus de 5 millions de voix, jusqu’à 28 % et obtiendra en novembre 1946, 182 sièges de députés.
Résultats du PCF aux élections législatives (référence Wikipédia)
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Le reflux et ses racines économiques et sociales
Après la seconde guerre mondiale, sur la base de la reconstruction, de la fin des empires coloniaux et d’une relative unification économique et technique du monde capitaliste sous la direction américaine, celui-ci connait une longue période d’expansion, de développement et de modernisation.
Lorsque celle-ci commence à porter ses fruits, logiquement, les idées communistes régressent, les idées conservatrices et social-démocrates reprennent le dessus, soutenues puissamment par les institutions capitalistes, les états, les médias et une parties des « intellectuels »… Cela n’est pas une spécificité française, mais une tendance mondiale.
Le PCF s’affaiblit alors ET en même temps subissant la pression idéologique ambiante évolue vers la droite de manière plus ou moins consciente, avec une apogée avec l’arrivée de Robert Hue comme secrétaire national. Cela se traduit sur les plans idéologiques (abandon de la « dictature de prolétariat », du « centralisme démocratique ») [1], organisationnels (rupture du lien « organique » entre le journal L’Humanité et le PCF, abandon des « écoles de formation »), syndicaux (rupture du lien entre PCF et CGT) et programmatiques (notamment l’abandon de la notion générale de « nationalisation » au profit de « pôles publics »)…
La gauche « radicale »
La dynamique change à partir de 2008, première crise générale mondiale du capitalisme comparable à celle de 1929. Il est important de comprendre que, même si la France entre dans un ralentissement économique à partir de 1973, l’économie mondiale continue de progresser à un rythme soutenu jusqu’en 2008, s’appuyant notamment sur les pays émergents.
Et c’est tout aussi logiquement – à mon avis – que lorsque la crise mondiale frappe à nouveau le capitalisme (en 2008 au niveau mondial, pas avant), les premières réactions politiques soient d’abord l’émergence de forces social-démocrates « radicales », comme Syriza en Grèce, la FI en France, Corbyn en Angleterre ou Sanders aux USA.
En dépit de leur discours « radical », ces forces au-delà de leur diversité idéologique, appellent à un capitalisme « amélioré », plus démocratique, plus redistributif, plus écologique et plus keynésien.
En effet, le développement d’une conscience communiste nécessite à la fois une reformulation des idées dans le cadre de la période actuelle, et une série d’expériences politiques qui permettent de clarifier les enjeux des différentes options.
Une phase de dissonance cognitive
Il faudra tout un cycle d’expérience politique avant que les idées communistes, correctement reformulées, ne reprennent le dessus. On mesure, avec l’exemple de la Grèce, à quel point, même avec des politiques de régression sociales très violentes, même avec l’échec avéré de l’expérience de la gauche radicale Syriza, ces évolutions dans les mentalités sont longues et difficiles.
Nous sortons d’une période où l’anti-communisme dans toutes ses formes a été inculqué très en profondeur. Je pourrais en citer des dizaines d’exemples, depuis le travail théorique de Marx et Engels sur le capitalisme, très occulté ou déformé, notamment dans les parcours scolaires et universitaires jusque, bien sûr les expériences socialistes du 20 ème siècle.
Il est frappant de constater que, malgré l’échec patent du « nouvel ordre mondial » impulsé par les USA après l’effondrement de l’Union Soviétique, il reste difficile de parler sereinement et objectivement de ce que fut l’expérience soviétique. Pourtant, quel est le bilan de ces 25 ans sans URSS ?
Nous devions avoir la paix universelle. Tous les problèmes géopolitique de la guerre froide allaient être résolus. Non seulement, l’OTAN n’a pas été dissous, mais, depuis la chute de l’URSS, les USA et leur alliance militaire principale n’ont cessé d’augmenter leur budgets militaires et de semer la guerre et le chaos. Il y eu la 1ère guerre d’Irak, l’éclatement forcé de la Yougoslavie et trois guerres (Croatie, Bosnie, Kosovo) s’en suivirent. Puis l’invasion de l’Afghanistan et la seconde guerre d’Irak. Aujourd’hui, la guerre fait rage de Tombouctou a Kaboul (voire au-delà) et de Bangui à l’Ukraine.
Nous devions avoir la prospérité générale. Il faut se souvenir qu’un des principaux arguments utilisé pour discréditer les pays socialistes était la vétusté de leurs automobiles. Si vous choisissiez le socialisme, on vous promettait des « Trabants », vieilles voitures est-allemandes peu confortables, si vous choisissiez le capitalisme, vous pouviez avoir des Mercedes, des BMW ou des Audi. Pourtant, le monde capitaliste a connu, environ quinze ans après la chute de l’URSS sa pire crise économique depuis celle de 1929. Presque partout sauf en Chine, pauvreté et misère sont en progression constante. Quant à la Chine, rappelons qu’à l’époque, il était dit qu’avec Deng Xiaoping, elle avait déjà fait le choix du capitalisme et que l’effondrement du Parti Communiste n’était qu’une question de temps – on voit là aussi que cette prédiction était fausse.
Les marchés libérés et les privatisations allaient nous libérer des Etats. Nous n’aurions quasiment plus d’impôts à payer puisque l’ensemble des services publics privatisés seraient devenus prospères et tellement plus efficaces.
Enfin, on nous promettait une démocratie universelle. En guise de quoi, l’ensemble des systèmes politiques sont revenus au stade des années 30, gangréné par les « affaires », la corruption, la montée des nationalismes, le contrôle de plus en plus visible des grands intérêts financiers sur les médias et la diffusion des idées.
En filigrane de tout cela, on dressait le portrait du communisme. L’Union Soviétique menaçait la paix et voulait « nous envahir » pour imposer son modèle. Les services publics nationalisés étaient inefficaces. Les fonds de pension seraient le système de retraite moderne qui allait remplacer notre vieille sécurité sociale. Les partis communistes, qui comptaient pourtant des millions de militants, entraînant autour d’eux un vaste mouvement social n’étaient que des simulacres…
Ce discours est en train de craquer. Nous sommes sur le point de réviser tout ce qui nous a été dit depuis 50 ans sur le communisme et le capitalisme. C’est ce pourquoi précisément cette question m’a été posée. Si la restauration globale du capitalisme depuis la fin de l’URSS avait été le succès annoncé, personne ne prendrait même la peine de poser la question, de discuter du communisme… On ne se poserait d’ailleurs pas la question de savoir si les « pauvres votent PC », puisqu’il n’y aurait plus de pauvreté.
Il faut avoir milité dans ces années-là pour mesurer combien inconsciemment le rapport que nous avons collectivement avec le communisme a changé. Chaque jour ou presque apporte une nouvelle de l’échec du capitalisme. L’espoir dans un monde de paix et de prospérité s’est transformé en une sourde inquiétude.
Nous sommes dans la phase de la dissonance cognitive. Les informations que nous recevons ne sont plus compatibles avec les croyances que nous avons. Cela suscite une grande perplexité, des interrogations, mais à l’échelle historique, les grands événements n’ont pas encore eu lieu. Nous n’avons pas encore assez d’éléments pour, à une large échelle, reconsidérer ces croyances. Pas encore. Simplement pas encore.
Franck Marsal
Lu sur le blog de Danielle Bleitrach

dimanche 20 août 2017

Boisvenu défend son adhésion à des groupes Facebook hostiles à l'immigration

Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu se plaint d'être... (Photo tirée d'Internet)
Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu se plaint d'être victime d'une «chasse aux sorciers par La Presse», exprimant sa crainte «que médias et gouvernement s'allient pour [le] faire taire».
Photo tirée d'Internet
                               
La Presse Canadienne

Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu compte rester membre du groupe Facebook fréquenté par des sympathisants de La Meute et d'un autre des «amis patriotes» de Marine Le Pen, car il ne les considère pas anti-immigration et juge important d'y lire ce qui s'y écrit.
En début de semaine, il s'est désabonné du groupe de PEGIDA Québec sur le réseau social en affirmant qu'il avait rejoint le groupe «peut-être par accident» lorsque le quotidien La Presse l'a interrogé sur cette situation, disant n'adhérer «à aucun groupe qui s'oppose à l'immigration».
Le sénateur estime que l'étiquette anti-immigration ne peut «absolument pas» être accolée aux groupes «NON aux accommodements religieux», qui se décrit comme «la résistace (sic) face a l'islamiste (sic)», et «Amis patriotes de Marine Le Pen», consacré à la dirigeante du Front National.
En entrevue avec La Presse canadienne, vendredi, il a affirmé qu'il suivait le premier - qui regorge de publications émanant de sympathisants du groupe La Meute, proche de l'extrême droite et hostile à l'immigration - essentiellement «par curiosité», et «pour suivre ce qui se dit».

Le sénateur y est aussi actif, ayant répondu mardi dernier à un internaute qui écrivait avoir été contacté par des médias pour préciser la position du groupe face au suprémacisme blanc, dans la foulée du rassemblement de Charlottesville, en Virginie.

Dans les deux messages qu'il a publiés, il relate d'abord avoir été lui aussi approché par des journalistes, se plaignant d'être victime d'une «chasse aux sorciers par La Presse», puis il exprime sa crainte «que médias et gouvernement s'allient pour nous faire taire».
Le message auquel a répondu Pierre-Hugues Boisvenu est signé «Maikan» - le nom de famille fictif qu'utilise celui qui a agi comme porte-parole de La Meute dans plusieurs entrevues accordées à divers médias au cours des derniers mois.
Il jure n'avoir «aucun lien» avec le groupe et soutient être en désaccord total avec son discours. Mais le sénateur affirme toutefois qu'il éprouve lui aussi des inquiétudes par rapport à la politique migratoire actuelle du gouvernement libéral de Justin Trudeau.
«On ouvre tout grand les portes du Canada sans préoccupation pour la sécurité de la population. Je suis opposé à cette forme d'immigration où on dit que le Canada peut accueillir tout le monde, de n'importe quelle façon que ce soit, a-t-il lancé. Et ça, ça inquiète les gens.»
Le sénateur compte demeurer membre du groupe qui comptait 137 adhérents, vendredi, pour lire les messages de ceux qui ont «décidé de prendre la parole parce qu'on ne les écoute pas». Il a aussi signalé son intention de continuer à adhérer au groupe «Amis patriotes de Marine Le Pen».
Il ne considère aucunement que ce groupe Facebook est anti-immigration et s'inscrit en faux contre l'idée que la dirigeante du Front National et candidate malheureuse à la présidentielle en 2017 puisse être hostile à l'immigration.
«Elle ne s'est jamais opposée à l'immigration. Ça, ce sont les médias qui véhiculent ces idées-là», a lancé Pierre-Hugues Boisvenu à l'autre bout du fil.
«Ce qu'elle dit, c'est qu'elle est contre l'immigration débridée, elle est contre l'entrée massive (d'immigrants) en France - en France, j'y vais régulièrement, et le portrait de la France a changé au cours des 15 dernières années de façon assez grave dans certains secteurs», a-t-il soutenu.
«Allez faire un tour à Marseille! Allez à Marseille; Marseille est rendue une ville où on ne retrouve plus le profil de la France telle qu'elle l'était il y a 20 ans», a enchaîné énergiquement le sénateur conservateur.
Au bureau du chef de l'opposition officielle, on n'a pas voulu dire si l'on était à l'aise avec l'adhésion du sénateur Boisvenu aux deux groupes Facebook, vendredi. Les questions de La Presse canadienne ont été référées au bureau du leader de l'opposition au Sénat, le sénateur Larry Smith.
Aucune réaction n'avait été offerte au moment de publier ces lignes, en fin d'après-midi.

HIDA - Scène du discours (Le dictateur, CHAPLIN)


samedi 19 août 2017

AMAURY VASSILI – J’ai encore rêvé d’elle (en duo avec Barbara Opsomer)


"Les suprémacistes ont étendu leur sphère d’influence aux Etats-Unis"

"Les suprémacistes ont étendu leur sphère d’influence aux Etats-Unis"
Un membre du Ku Klux Klan, avec le drapeau confédéré, lors d'une manifestation le 18 juillet en Caroline du Sud. (JOHN MOORE/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP)

Quel est le poids de cette idéologie aux Etats-Unis ? Entretien avec Farid Ameur, spécialiste du Ku Klux Klan.




"La haine raciale a toujours existé en Amérique. Nous le savons, mais Donald Trump vient de la remettre à la mode !" En quelques mots, le roi du basket américain, LeBron James, a résumé mardi sur Twitter l’impact des propos du président Donald Trump après l’attaque suprémaciste de Charlottesville contre un mouvement anti-raciste.
En déclarant qu’"il y avait des gens bien des deux côtés", et donc en refusant de condamner le racisme, Donald Trump a révélé son rôle dans le retour en force des groupes d’ultra-droite américains. Et soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Jamais au cours de ces dernières années l’idéologie raciste et réactionnaire de la supériorité de la "race blanche" n’avait eu autant le vent en poupe. Entretien avec Farid Ameur, historien spécialiste des Etats-Unis à l’université Paris I et auteur d’un ouvrage intitulé "Le Ku Klux Klan".
Quelle a été la genèse du phénomène suprémaciste blanc aux Etats-Unis?
Il s’inscrit dans la longue histoire du racisme aux Etats-Unis. L’événement fondateur est la guerre de Sécession, l’American Civil War. Au printemps 1861, elle oppose une dizaine d’états du sud, dits "Confédérés", qui refusent l’abolition de l’esclavage, à l’"Union" abolitionniste des Etats du Nord. Après quatre ans de combats et 630.000 morts, la guerre reste une cicatrice profonde dans la mémoire des Américains. Nombre de Sudistes n’acceptent pas la défaite. L’occupation de certains Etats du Sud par l’armée nordiste pendant près de 10 ans et la proclamation de la loi martiale renforcent encore l’humiliation.
Dans ce contexte, les "ligues blanches", ces sociétés secrètes suprémacistes, s’organisent dans les Etats du Sud et rassemblent rapidement plusieurs dizaines de milliers de personnes. Elles lynchent Noirs, Juifs, et parfois même catholiques, attaquent des commerces considérés comme impurs, et vont jusqu’à s’en prendre aux femmes en jupes. Ce sont les partisans d’un ordre moral rigoriste, motivés par la peur du déclassement et la nostalgie d’un âge d’or fictif de l’esclavage. Aujourd’hui comme alors, la "romance du Sud", les corsages en crinoline, l’esprit d’"autant en emporte le vent" et de "Birth of a Nation" permettent aux "petits blancs" d’oublier qu’ils sont eux-mêmes en bas de l’échelle sociale. Ils pensent souvent que leur paupérisation est arrivée avec l’abolition de l’esclavage, mais la plupart des blancs du Sud étaient déjà très pauvres avant la guerre de Sécession.
Courant traditionnaliste et réactionnaire, l’idéologie suprémaciste a relativement peu évolué dans son histoire. Mais sa prégnance dans la société a fonctionné par éclipses, en réaction aux évolutions socio-politiques du pays : le Ku Klux Klan atteint par exemple son apogée dans les années 1920, avec près de quatre millions d’adhérents. Au lendemain de la Grande Guerre, après que le Nouveau Monde se soit "sacrifié" pour l’Ancien, ce retour en force des suprémacistes est indissociable des volontés isolationnistes et du retour aux  valeurs ultra-nationalistes. Le mouvement suprémaciste s’essouffle ensuite, pour réapparaître brièvement au moment du mouvement des droits civiques, lorsque la garantie de la supériorité blanche paraît une fois de plus menacée. C’est alors la première fois qu’on s’en prend officiellement à des militants des droits civiques non-noirs, comme ça a été le cas à Charlottesville ce weekend.
Quel est l’état des lieux du suprémacisme aujourd’hui ?
Les années 1970 marquent le début d’une nouvelle phase d’expansion du suprémacisme, marquée par plusieurs spécificités. Le chef du Ku Klux Klan d’alors, David Duke, œuvre à rassembler la nébuleuse de groupuscules suprémacistes blancs derrière l’objectif majeur qu’ils ont en commun : la défense de "la race blanche". Néo-nazis, gangs de skin-heads, survivalistes, congrégations de chrétiens intégristes, se joignent alors à une même croisade raciste, xénophobe et antisémite, menée au nom de "l’Amérique blanche". La nébuleuse suprémaciste est donc à la fois caractérisée par un extrême éclatement (il y a par exemple une quarantaine de courants différents parmi le Klu Klux Klan, le groupe le plus influent) et par des tentatives de mouvements centripètes. C’est le sens de la manifestation de ce weekend, intitulée "Unite the Right". En réalité, les tentatives d’unification ne réussissent jamais que temporairement, tant les variétés idéologiques de ces groupuscules sont nombreuses et la décentralisation de leurs institutions est forte. En exploitant des faits divers, en s’impliquant dans des débats de société comme l’immigration, la délinquance, le mariage homosexuel et l’avortement, les suprémacistes ont étendu leur sphère d’influence aux Etats-Unis.
Sont-ils nombreux ?
On entend de plus en plus parler des suprémacistes mais il ne faut pas surévaluer l’importance de ces mouvements. L’élection de Donald Trump, l’absence de législation prohibant l’expression du racisme aux Etats-Unis, de même que l’usage massif des réseaux sociaux, leur a permis d’être surreprésentés dans le champs politique américain. Leur éclatement rend très difficile toute tentative d’évaluer leur nombre, mais un rapport de l’ONG Anti-Defamation League, daté de 2007, dénombre –en donnant la fourchette haute - à 5.000 les membres du Ku Klux Klan et des groupes suprémacistes qui leur sont affiliés.
Sur une population de 320 millions, ce n’est finalement pas tant que ça. Ils font certes des actions coup de poing, sur le terrain - lorsqu’ils défilent en tenues de combat, fusils d’assaut en bandoulière - ou sur le plan symbolique - quand ils organisent des cotisations pour les frais de justice des policiers qui tuent des Noirs - mais c’est une minuscule minorité, plus bruyante et provocatrice que dangereuse. La violence de rue fait partie de leur ADN politique, mais ils ont rompu depuis longtemps avec la politique menée par les suprémacistes des années 1960 qui organisaient des attentats à la bombe ou à l’arme lourde contre des cibles civiles. Aujourd’hui, il faut moins craindre les démonstrations de force collectives que les attaques individuelles des loups solitaires : en juin 2015, un jeune suprémaciste blanc a par exemple tué neuf personnes dans un temple méthodiste noir à Charleston. Il y a une résurgence à craindre, mais elle n’est pas aussi apocalyptique que pourraient le laisser penser l’apparence des défilés.
Quel est le rôle de Donald Trump dans ce phénomène ?
Donald Trump porte les espoirs des suprémacistes. Il les galvanise. Il y a un an déjà, avant même qu’il soit élu, je disais que le phénomène Donald Trump était une aubaine pour le Ku Klux Klan et les groupes suprémacistes en général. Dans les meetings, on entendait des slogans comme "l’Amérique aux Américains" ou "Make America White Again". Les déçus de l’administration Obama, qui voyaient dans le président noir l’exemple de la victoire des autres "races" sur la "race" blanche, ont senti l’occasion venue de se faire entendre. L’ambiance semblait un écho des années 1920 et de l’apogée du Ku Klux Klan, période à laquelle les mêmes slogans (comme "America First") étaient déjà utilisés. Je ne suis donc pas du tout surpris par ces violences.
Trump mène un double-jeu. Il sait que beaucoup de suprémacistes ou de gens proches d’eux ont voté pour lui. Il ne veut pas les désavouer. Déjà, durant la campagne, Hillary Clinton avait reproché à Donald Trump d’avoir reçu le soutien de David Duke. En faisant mine de ne pas connaître l’homme, il avait refusé de le mettre à distance, et donc de condamner les courants suprémacistes. Ces derniers y ont vu une porte ouverte. Il ne faut cependant pas exagérer la capacité de l’Etat fédéral à influer sur des prises de décision locales relevant de chaque Etat. Le déboulonnage des statues, par exemple, relève des municipalités. La violence des néo-nazis naît aussi de cette confrontation entre les espoirs suscités par l’élection de Trump et l’indignation qu’ils ressentent face au développement, malgré lui, des idées progressistes.
Propos recueillis par Emile Boutelier
Emile Boutelier

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