samedi 27 octobre 2018


LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ALLEMANDE CONTRE LE NAZISME


Adolf  Hitler n’était pas fou; Adolf Hitler était fasciste

Daniel Paquet                                            dpaquet1871@gmail.com


MONTRÉAL – Délégué par la Ligue de la jeunesse communiste du Canada (LJCC), à l’été 1981 au Parlement de la Jeunesse Libre Allemande (FDJ), me voilà à Berlin (capitale de la RDA) au sein d’un immense rassemblement de jeunes et d’étudiants allemands; et de représentants d’organisations de jeunesse de part en part du globe.  Un survol planétaire de jeunes révolutionnaires.

Tout le monde est là, y compris en premier lieu le chef d’État de la République démocratique, E. Honecker.  L’objectif de la FDJ et du gouvernement aura toujours été l’éradication du national-socialisme légué par Adolf Hitler et consorts, regroupés dans le parti nazi.  Il y a eu des nazis par conviction irréversible; il y a eu les nazis pas complaisance (par exemple en République fédérale d’Allemagne (Ouest) où ils s’étaient refaits une vie. 

De façon prémonitoire, le Baron D’Holbach, qu’on peut compter parmi les Lumières, disait déjà à son époque qu’ « un bon courtisan ne doit jamais avoir d’avis, il ne doit avoir que celui de son maître ou du ministre (i.e. ad hoc, celui du Ministre de la Propagande, le Dr. Joseph Goebbels, sous le régime hitlérien), et sa sagacité doit toujours le lui faire pressentir; ce qui suppose une expérience consommée et une connaissance profonde du cœur  humain.  Un bon courtisan ne doit jamais avoir raison, il ne lui est point permis d’avoir plus d’esprit que son maître ou que le distributeur de ses grâces, il doit bien savoir que le Souverain (i.e. Führer) et l’homme en place ne peuvent jamais se tromper. » (Baron D’Holbach, Essai sur l’art de ramper à l’usage des courtisans, Éditions J’ai lu, Paris, 2013, page 9). 

D’autres ont continué à narguer la population, tel cet ancien SS rencontré dans un train pour Munich; ce qui avait fait dire à un officier de l’Armée U.S. regagnant sa base, qu’il y avait encore 75 000 SS en liberté en RFA, amnistiés en raison de leur âge avancé.  Ce « compagnon de route », tel un grand-papa-gâteau allait rejoindre sa famille.  Belles retrouvailles!

À l’Ouest, c’est-à-dire chez la droite et l’extrême-droite revancharde, par le truchement des mass-médias: Deutsche Welle, Voice of America, etc., on appelait à la destruction de la frontière d’État qu’était le fameux et ‘inexplicable’ mur de Berlin qui séparait la capitale de la Trizone occidentale (U.S.A., Grande-Bretagne et France), malgré un ersatz d’autonomie.  À vrai dire, l’Ouest désirait ce mur pour bloquer la culture progressiste et démocratique de l’Est, le passé glorieux de l’Allemagne : Clara Zetkin, Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Karl Marx, Friedrich Engels, etc.  En somme, tous ces héros qui avaient fait de l’Allemagne l’espoir pour la révolution communiste … dirigée contre le mode d’activité antérieur, elle supprime le travail et abolit la domination de toutes les classes en abolissant les classes elles-mêmes, parce qu’elle est effectuée par la classe qui n’est plus considérée comme  une classe dans la société, qui n’est plus reconnue comme telle et qui est déjà l’expression de la dissolution de toutes les classes, de toutes les nationalités, etc.; dans le cadre de la société actuelle. (…) Cette révolution n’est donc pas seulement rendue nécessaire parce qu’elle est le seul moyen de renverser la classe dominante (i.e. la bourgeoisie), elle l’est également parce que seule une révolution permettra à la classe qui renverse l’autre de balayer toute la pourriture du vieux système qui lui colle après et de devenir apte à fonder la société sur des bases nouvelles. » (Marx-Engels, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, page 120-121).

Arrogants et vindicatifs, les tenants du Troisième Reich, écrasés, hurlaient littéralement contre l’URSS, contre une soi-disant dictature sanglante exercée par les communistes dans ce pays.  Alors que pour ces derniers, « l’utilisation du pouvoir du prolétariat pour écraser les exploiteurs, pour défendre le pays, pour consolider les liens avec les prolétaires des autres pays, pour développer la révolution et la faire triompher dans tous les pays », n’était qu’un des traits caractéristiques de la dictature du prolétariat. (Staline, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions en Langues étrangères, Pékin, 1977, page 179).

Les anciens propriétaires russes, les fils de banquiers, les enfants de la bourgeoisie, le crime organisé criaient bien fort contre les mesures du pouvoir soviétique.  Pour Lénine, « toute l’économie nationale organisée comme la poste, de façon que les techniciens, les surveillants, les comptables reçoivent, comme tous les fonctionnaires, un traitement n’excédant pas des ‘salaires d’ouvriers’, sous le contrôle et la direction du prolétariat armée : tel est notre but immédiat.  Voilà l’État dont nous avons besoin, et sa base économique.  Voilà ce que donneront la suppression du parlementarisme et le maintien des organismes représentatifs, - voilà ce qui débarrassera les classes laborieuses de la corruption de ces organismes par la bourgeoisie. » (Lénine, V.I., L’État et la révolution, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 326).
Le Parti national-socialiste des ouvriers d’Allemagne n’a pas anéanti le génie et la culture allemande.  Ils vivent toujours et ont conservé leur beauté, leur tendresse –par exemple - dans van Beethoven, dont l’Union européenne a usurpé (violé le legs créateur) son œuvre magistrale : l’Hymne à la joie, de la 9ème Symphonie. Ils résonnent chez notre contemporain Bertolt Brecht (Mère Courage, etc.); s’interrogent près de Sigmund Freud, et al.

Tous ces artistes et intellectuels nous ont fait pénétrer dans le monde de la création et de la psyché.  Le philosophe britannique David Hume a écrit sous ce rapport que « dans la poésie épique, la connexion entre les événements est plus étroite et plus sensible; le récit ne se poursuit pas aussi longuement dans le temps; les acteurs se hâtent vers un moment remarquable qui satisfait la curiosité du lecteur.   (réf. la catharsis dans les tragédies grecques).  Cette conduite du poète épique dépend de la situation particulière de l’imagination et des passions, que suppose cette production.  L’imagination, à la fois celle de l’auteur et celle du lecteur, est plus avivée et les passions plus enflammées qu’en histoire, dans une biographie ou dans toute espèce de récit qui se borne à la stricte vérité et réalité.  Considérons l’effet de ces deux circonstances qui appartiennent à la poésie, surtout au genre épique plus qu’à toute autre espèce de composition, et examinons la raison pour laquelle elles réclament dans la fable une unité plus stricte et plus étroite. » (Hume, David, Enquête sur l’entendement humain, GF Flammarion, Paris, 2006, page 75).

Adolf Hitler, dans les brasseries de Munich se mettait en scène et donnait un ‘show’ bien rodé sur les thèmes qui plaisaient aux spectateurs avinés : l’exploitation par l’Europe, dont la France, laquelle taxait lourdement le peuple allemand pour s’indemniser des destructions de la première guerre mondiale; le chômage endémique, etc.  Les groupuscules politisés (ex. le Parti des travailleurs allemands) se l’arrachaient; les propriétaires faisaient des affaires d’or en laissant cet orateur aboyer des slogans où tout y passait : la gauche, la droite, etc. En un mot, Adolf Hitler et ses discours politiques, attiraient la clientèle; qui s’en serait plaint?  Les communistes et les socialistes y trinquaient ‘dur’.  Il participa ensuite à un coup d’État raté et fut incarcéré (pas trop longtemps).  C’est à ce moment-là qu’il rédigea son ‘œuvre’ : Mein Kampf (mon combat).  Il fut réellement rédigé par un acolyte et corrigé par au moins cinq de ses supporters. Ce n’est pas une grande œuvre dans le genre de Goethe.  Mais, c’était ‘Allemand’.  C’était d’autant plus prisé que les hommes, après le travail (s’ils travaillaient) étaient plutôt oisifs le soir (pas de télé à l’époque!).   Alors, on allait écouter Hitler et ça meublait la soirée pour pas cher.  Et tous les tabous, les préjugés et les clichés y passaient, notamment sur la ‘juiverie internationale’, au centre de son architecture discursive.  On connaît l’issue : la déroute totale dans la forteresse de Berlin.  À ce titre, le film ‘La chute’ mérite d’être visionné.
Mai 1945, ne fut pas la défaite du peuple allemand, ce fut la capitulation sans conditions du nazisme allemand devant l’Armée rouge. 

Que peut-on conclure aujourd’hui, sinon qu’un million de migrants d’Afrique et du Moyen-Orient ont trouvé refuge en Allemagne, malgré les protestations racistes et xénophobes?   À ce sujet, Friedrich Engels disait : « Il est donc prouvé que, dans l’histoire moderne tout au moins, toutes les luttes politiques sont des luttes de classes et que toutes les luttes émancipatrices de classes, malgré leur forme nécessairement politique – car toute lutte de classes est une lutte politique – tournent, en dernière analyse, autour de l’émancipation économique. » (Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Éditions sociales, Paris, 1966, page 73).

Et pourquoi tout cela finalement?
« … Toutes les circonstances où nous éprouvons le sentiment de notre existence et où nous voulons les partager avec nos amis en vivant avec eux.  Aussi les uns se réunissent-ils pour boire, les autres pour jouer aux dés, d’autres pour s’exercer à la gymnastique, d’autres enfin pour chasser ou pour philosopher de compagnie. Tous les hommes passent leur temps à leur occupation préférée. Comme ils veulent vivre en intimité avec leurs amis, ils se livrent et participent à ce qu’ils estiment être l’agrément de la vie en commun. » (Aristote, Éthique de Nicomaque, Éditions Garnier Frères, Paris, 1961, page 453).

Retournons au domaine de l’économie.  Le communisme n’a pas engendré la dette dans les pays dits civilisés.  Le capitalisme, oui.  Ainsi, les ménages (ex. au Canada) fortement endettés disposent d’une moins grande marge de manœuvre pour faire face à des variations soudaines de leurs revenus.  Plus leur nombre augmente, plus il est probable que des chocs économiques négatifs dans le secteur des ménages entraînent des conséquences importantes pour l’économie et le système financier.  Or, la vulnérabilité associée à l’endettement des ménages s’est accentuée.  Le niveau global de la dette hypothécaire par rapport au revenu continue de s’accroître.  Les mesures relatives au financement du logement adoptées par le gouvernement fédéral l’automne dernier visaient surtout à améliorer la qualité des nouvelles créances hypothécaires, et cet objectif a bien été atteint dans le segment des créances assurées.  Parallèlement, la part des prêts non assurés augmente, en particulier sur les marchés où les prix des logements sont élevés (i.e. Vancouver, Toronto et vraisemblablement Montréal, à venir), et certaines indications donnent à penser que le risque lié à ces prêts se serait amplifié.  Le recours plus fréquent aux lignes de crédit garanties par l‘avoir propre foncier pourrait aussi concourir à cette vulnérabilité. » (Banque du Canada, Évaluation des vulnérabilités et des risques, Revue du système financier, Ottawa, juin 2017, page 5).

Et pour une dernière fois (enfin pour cette fois-ci!), nous redonnons la parole à notre bon vieux Karl et bien sûr à Friedrich qui affirment derechef qu’ « une fois que les différences de classes auront disparu au cours du développement et que toute la production sera concentrée entre les mains des individus associés, les pouvoirs publics perdront leur caractère politique.  Le pouvoir politique au sens propre est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre.  Lorsque dans la lutte contre la bourgeoisie le prolétariat s’unit nécessairement en une classe, qu’il s’érige en classe dirigeante par une révolution et que, classe dirigeante, il abolit par la violence les anciens rapports de production, il abolit du même coup les conditions d’existence de l’opposition de classes, des classes en général et par suite sa propre domination de classe.  À la vieille société bourgeoise avec ses classes et ses oppositions de classes se substitue une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. » (Marx, Karl; Engels, Friedrich, Manifeste du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 257).

Maintenant, le lecteur comprendra que le « donneur d’emploi » (le grand patronat) n’est pas intéressé à ce que la classe ouvrière fasse siennes ces idées, même si ça fait partie du patrimoine ouvrier allemand.  Aussi, il imite le ‘big business’ états-unien en gardant sa ‘main-d’œuvre’ dans une cage dorée, même s’il ne peut éviter les crises cycliques (ex. la crise financière de 2008).  Malgré tout les communistes allemands, eux, relèvent la tête.  N’ont-ils pas l’expérience d’une République ouvrière, même si elle a été trahie par Gorbatchev  et les dirigeants soviétiques.  Les nazis –veston-cravate – qui constitue le gratin du patronat germanique vieillit, les nazillons essaient bien de suivre les traces d’Adolf Hitler, de Himmler, etc., mais l’engouement n’y est plus.  À vrai dire, ceux-ci deviennent des groupes davantage criminalisés que politisés, cependant férus de violence gratuite.  En fait, ils se manifestent dans les quartiers défavorisés; là, d’où s’échappe la prospérité allemande.  Toutefois, que ce soit en Allemagne ou ailleurs dans le monde, il faut toujours se rappeler que le fascisme n’est pas un problème :   c’est d’abord et avant tout un danger mortel pour la classe ouvrière…


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mercredi 17 octobre 2018


LYON EN AUTOMNE
Le congrès sur les effets psychiques et la mondialisation

Daniel Paquet     dpaquet1871@gmail.com

Le psychiatre français Bernard Doray cherchait à savoir si des psychiatres ou autres spécialistes de la santé mentale au Québec seraient intéressés à participer au Congrès internationale des cinq continents.  Celui-ci a eu lieu en octobre 2011 à Lyon, en France.  Il portait sur les troubles psycho-sociaux, la santé mentale et les effets psychiques de la mondialisation.
Comme le désiraient les organisateurs, l’ouverture d’esprit, c’est-à-dire un esprit progressiste, était évidemment attendu des participants.
Jugez par vous-mêmes :  «dans un monde globalisé où le modèle occidental, même contesté, diffuse dans le monde entier (société des individus, modèle économique du capitalisme financier), le constat est celui de l’apparition de troubles psycho-sociaux, non réductibles aux pathologies mentales marquées par les troubles du vivre ensemble et du vivre avec soi-même, quels que soient ces troubles et quels que soient les contextes locaux d’apparition. »  C’était l’introduction de la Note d’invitation au Congrès.
Le document souligne que le nombre d’indices annonce la limite de pertinence du concept de santé mentale centré sur la seule psychiatrie.  «Le modèle de santé mentale élaboré par l’OMS (Organisation mondiale de la santé, ndlr) depuis 1946, débordant sciemment la dimension biomédicale, a intégré les dimensions contextuelles et socio-économiques, incluant les inégalités de développement pays par pays et à l’intérieur d’un même   pays. »
Ce qui fait dire aux auteurs que «les termes de santé mentale et de soutien social deviennent dès lors étroitement liés. »
C’est pourquoi on cherche à réunir les représentants des cinq continents.  Sont convoqués les professionnels de la relation d’aide, et bien d’autres, y compris les responsables économiques et politiques.  On veut aller au-delà des choix actuels que sont l’hédonisme   désenchanté, l’isolement ou la guerre.  D’où la nécessité de promouvoir les travaux de ce congrès sur le plan politique ».
Au Québec, des spécialistes de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, entre autres, ont été invités à participer à ce congrès.  Il est ouvert à tous ceux, en particulier les psychiatres, qui se sentent interpellés.



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-30-

dimanche 14 octobre 2018



Le devenir de la culture québécoise

La télévision publique : un relais formidable

Daniel Paquet                               dpaquet1871@gmail.com

Disons que c’est une interrogation posée sur la « culture » nord-américaine, plus précisément à partir de l’émission « The Price is Right » qui a suscité ce propos.
Il y a le vrai et il y a le faux.  Par exemple, les intellectuels montréalais ont une conception naturelle assez romantique du Quartier latin à Paris (où se trouve l’université de la Sorbonne), toujours grouillante de créateurs et d’artistes, dans un décor hors du temps – et cela va de soi; ce, par rapport au Quartier latin de Montréal, qui, s’il est lové dans un cachet hors du temps, n’a guère que son cadre hors du temps, et des cafés sans « âme » (du toc, quoi!)
Un autre exemple : la différence entre la pornographie et l’érotisme.  Sur ce sujet, il me fait plaisir de laisser la tribune au poète cubain, Antonio Guerrero, un des membres du groupe d’agents spéciaux opérant jadis aux USA et connu sous le nom des Cinq de Cuba.  Antonio écrit pour la jeunesse cubaine notamment, sur des thèmes comme l’amour, la sensualité, l’érotisme et sur le sens général de la vie.
Voici de plus quelques pistes de réflexion ultérieure :
1. Le marxisme :   un des courants forts de la culture mondiale contemporaine.  Mal connue au Québec, la pensée de Karl Marx et de Frédéric Engels (ainsi que de Vladimir Lénine) se limite trop souvent à la lecture d’un ou de deux ouvrages… de quelques pagesZone de Texte: Les Demoiselles d'Avignon, Pablo Picasso dans sa période cubiste.  Picasso fut membre du Parti communiste français.demoiselles_avignon.gif hors-contexte, ou encore de textes d’interprétation.  De façon anecdotique, on peut se rappeler de la tournée au Québec d’un des dirigeants de l’époque du Parti communiste français (PCF), le philosophe Lucien Sève[1]; il avait participé un soir de mars 1992 à un débat public à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), où un professeur de Sciences politiques le « talonnait » systématiquement en citant avec un plaisir déconcertant Les manuscrits de 1844 (Marx).  Certes, c’était intéressant, mais Sève a dû lui expliquer que Marx avait une pensée dialectique, profonde et étonnamment vivante et s’étendant surtout sur un très vaste registre et qui allait bien au-delà d’un  seul livre écrit ou lu par lui.

D’ailleurs, l’édition complète des Œuvres de Marx et d’Engels comprend 50 volumes, organisée en trois volets principaux : (1) les travaux philosophiques, historiques, politiques, économiques et autres; (2) Le Capital de Marx, les manuscrits économiques de 1857-1858 mieux connus sous le nom de Grundrisse der Kritik der Politischen Ökonomie; (3) les lettres de Marx et d’Engels échangées depuis le début de leur travail commun (août 1844).[2]
       
2.   La culture : La culture se traduit notamment par la littérature, le théâtre, le cinéma, la chanson.  On pourrait aussi parler des sciences et de l’architecture.  « Les accusations portées contre le mode communiste de production et d’appropriation des produits matériels l’ont été également contre la production et l’appropriation des œuvres de l’esprit.  De même que, pour le bourgeois, la disparition de la propriété de classe équivaut à la disparition de toute production, de même la disparition de la culture de classe signifie, pour lui, la disparition de toute culture.  La culture dont il déplore la perte n’est pour l‘immense majorité qu’un dressage qui en fait des machines. »[3]

a)   Sur le plan de la littérature, on retrouve les grands auteurs que sont Émile Zola, Tchinguiz Aïtmatov, Louis Aragon, Paul Éluard, Alexandre Pouchkine, Nazim Hikmet, Pablo Neruda, Gabriel Garcia Marquez.  Que connaissons-nous de la prose sensible de l’auteure martiniquaise, Suzanne Dracius?[4]; mais que deviennent-ils après la réception du Diplôme d’études collégiales (DEC) par nos étudiants?
b)   Au théâtre, les compagnies montréalaises ont heureusement l’audace de monter Molière, Brecht, souvent inspirées par Constantin Stanislavski; le Théâtre du Nouveau Monde (de Lorraine Pintal) s’en veut l’exemple.  Sont accessibles en librairies les pièces toujours frondeuses et pétillantes d’amour que sont Antigone (Sophocle), La Mouette (Tchékhov), ainsi que Roméo et Juliette (Shakespeare).  Malheureusement, si les productions sont dans l’ensemble très bonnes, leur accès est parfois prohibitif en raison du prix d’entrée.  Voilà matière à réflexion pour le Ministère de la culture.
c)   Au cinéma, il y a encore trop peu de critiques et historiens de la trempe de Mario Patry (de la revue Séquences) qui tout en soutenant le cinéma québécois de qualité, dont son grand classique Mon oncle Antoine, défendent aussi le cinéma international, telle l’œuvre de Sergio Leone.  D’ailleurs, Rossellini a rédigé un livre très inspirant où il écrit : « Or, soyons-en convaincus, nous ne parviendrons jamais à la sagesse si nous ne sommes pas capables de modifier, du tout au tout, nos méthodes d’instruction, de telle manière que nous arrivions à préciser la conception que nous nous faisons de nous-mêmes en tant qu’hommes.  Alors, mais alors seulement, nous serons à même de modifier réellement la société.  Avec  la connaissance, nous pourrons acquérir la rigueur nécessaire pour faire de nous des êtres capables de penser et non pas des créatures qui se laissent aller à la fatalité. »[5]
d)   Parler du Québec, c’est lever le voile sur l’amour quasi inconditionnel des Canadiens-français pour la musique populaire et surtout la chanson.  Si on connaît généralement bien, également, l’héritage anglo-saxon, notre savoir se bute à l’ignorance opaque en dehors de  l’Amérique du Nord, hormis un goût assez naturel pour la chanson de France.  Mais ailleurs également la chanson joue un rôle social.  Ainsi après de longues années de dépression, de grande lassitude morale (les  deux référendums sur la question nationale au Québec?), accablés par un sentiment sans fond d’un échec retentissant, c’est vers la chanteuse populaire, Éléna Vaenga, que les peuples de l’ancienne Union soviétique retrouvent leur élan, leur optimisme et leur joie de vivre, surtout qu’ils ont déjà l’expérience historique d’avoir surmonté les terribles années de guerre, en résistance à l’agression nazie :  http://www.youtube.com/watch?v=f1TP8MvFaDs .

Pour ceux qui croient qu’à Cuba, on ne jure que par la salsa, l’écoute de la trame sonore du film Kangamba sur la guerre d’indépendance du peuple angolais – appuyée militairement par Cuba- contre le Portugal colonialiste et l’Afrique du Sud (de l’Apartheid à l’époque), nous démontre que le rock cubain, c’est beaucoup mieux que Genesis ou Pink Floyd :  http://www.youtube.com/watch?v=Nh6Gk4BgY4U .

Et que dire des envoûtantes chanteuses sémites (Arabe et Juive) du Liban et du Yémen; il faut écouter ou découvrir Fairouz du Liban, Siti Ya Siti :  http://youtu.be/cyCiB0L5Enc .
Beaucoup se rappelleront l’opéra-rock, Notre-Dame de Paris, voici celle qui a tenu le premier rôle féminin, Achinoam Nini, dans une superbe interprétation, Keren Or (Ray of Light) : http://www.youtube.com/watch?v=mE0Qwxjn-w8 .

1.   Liberté: De plus, la grande question philosophique demeure : qu’est-ce que la liberté ?  Quelle place occupe-t-elle dans la culture nord-américaine ?  Comment les poncifs de la culture « main stream » s’expriment-ils dans les mass média et la vie de tous les jours ?
a)   Dès les années 1960, on nous promettait une civilisation des loisirs.  « Mais la civilisation du  loisir ce n’est pas seulement un accroissement du temps disponible après le travail et les autres obligations sociales, c’est aussi une promotion de valeurs nouvelles.  Dans les sociétés les plus évoluées, cette promotion se poursuivra, obligeant nos sociétés à réviser de plus en plus l’équilibre entre les valeurs du travail et les valeurs du loisir, entre les valeurs de la vie sociale et celles de la vie privée, entre celles de la société et celles de l’individu.   Là sera le problème crucial de la culture, aussi bien à New York qu’à Bruxelles aussi bien à Paris qu’à Prague. »[6] 
Puis, il y a eu la terrorisante lutte contre le terrorisme et «l’imprévisible » crise financière (2008).  Aux États-Unis, la grogne s’est installée mais la gauche n’est pas encore assez forte pour contrer les excès de toutes sortes de la droite, du grand capital (n’ayons pas peur des mots, de la bourgeoisie). 
Il existe un très bon ouvrage sur les lois de la nécessité et de la liberté ; la liberté n’est pas une donnée universelle, car elle se conquiert historiquement dans le conflit des classes sociales.[7]
Cette lutte atteint son sommet lors de révolutions.  Au Québec, nous avons vécu la Révolution tranquille ; elle s’est développée à partir des années 1960 s’est achevée vers les années 2010.
Sur le plan industriel, commercial et technologique, elle s’avère réalisée.  Et  les protagonistes ?   Certes, il s’est créé une nouvelle bourgeoisie d’affaires et industrielle québécoise ;  tout de même que sont-ils devenus ces centaines de milliers de jeunes qui ont d’abord vécu l’éveil national et social ?  Ont-ils tous renié le peu de ce qu’ils ont appris de Marx, parce que des maîtres à penser – au destin limité tout de même – lui ont donné une posture biscornue, stéréotypée et figée, dans un carcan emprunté à la fabrication des « dogmes » de l’Église catholique romaine, elle-même régente idéologique, il y avait peu encore ?  Ces jeunes intellectuels n’ont pas tous été happés au passage et assujettis aux normes du nationalisme et de l’individualisme.  Écoutons de nouveau Jacques Michel : http://youtu.be/sGBM5yc1xz0 .
b)   Ces mois-ci pourraient consacrer la faillite de la petite-bourgeoisie québécoise comme moteur idéologique et politique du mouvement social au Québec.  « S’il continue de s’enliser et si l’hémorragie n’est pas stoppée, ‘le PQ (Parti québécois, - ndlr) pourrait disparaître’.  C’est l’avertissement qu’a lancé avec émotion … le député de Marie-Victorin, Bernard Drainville, lors d’une rencontre éditoriale au Devoir.  Selon lui, il y a péril en la demeure.  Le parti fondé par René Lévesque aura besoin d’un ‘méchant coup de barre’, et vite s’il ne veut pas être rayé de la carte, a-t-il plaidé. »[8]
La petite-bourgeoisie a peu à offrir maintenant.  D’un point de vue social, elle ne conçoit le travail que sous la forme d’une activité alimentaire afin qu’un peu plus tard nous n’ayons que peu à faire (comprenez, à la retraite !).  Philosophiquement parlant, elle s’embrouille dans le confusionnisme, est fascinée par l’objet et servilement par le clinquant des choses; elle est fétichiste.  Il n’y pas plus d’activité créatrice réaliste pour elle.  Nous parlons français, c’est déjà bien, alors pourquoi l’ouverture aux peuples étrangers, aux immigrants.  Elle fait la moue devant l’apprentissage des langues étrangères qui  pourraient lui ouvrir le passage vers le patrimoine universel.  Donc honni soit le chinois mandarin !  Elle ne voit aucun utilité dans l’étude du yiddish et ne saisira jamais la belle histoire de Neal Karlen, The Story of Yiddish [9] ou encore dans l’achat et l’usage d’un bon dictionnaire bilingue[10].  Passer du temps avec la langue de Théodorakis et de Farantouri, le grec moderne sera fastidieux[11].  La redécouverte historique et sociologique de la Bible est hors de question. Les yeux fixés sur le voile que portent les femmes musulmanes, il ragera sans fin contre « l’envahisseur arabe »  sans songer à apprendre la koinè.  Pourtant, il existe des organismes à  Montréal où on peut apprendre l’arabe tel le Centre culturel algérien ou l’UQAM; et puis il existe des méthodes autonomes[12]. 
Si notre petit-bourgeois s’entête à river son regard vers l’horizon borné de ses « rites » quotidiens, il faudra l’inviter à une sérieuse remise en question, une psychanalyse peut-être[13].

Quant à la Coalition Avenir Québec, nouveau parti ménageant la chèvre et le chou, singulièrement un « ballon d’essai » pour le grand capital financier afin de dévoyer le vote des travailleurs québécois mécontents ; non… plutôt « profondément irrités » par l’administration gouvernementale courante du Parti libéral du Québec et l’opposition du PQ, eh bien, il a tout de même été porté aux rênes de l’État par défaut.


Conclusion
L’acquisition de nouvelles valeurs, passe par un changement au niveau de la direction et de l’orientation au pays, par le remplacement de celles-ci ou plutôt par l’abolition de leur pouvoir.  La mutation ne signifie pas qu’il y aura un règlement de comptes dans un bain de sang.  De plus, la révolution communiste ne réinventera pas la roue.  Ainsi en sera-t-il dans la réalisation des émissions à la télévision qui demeure, selon nous, un formidable outil de culture pour rejoindre les masses et leur offrir les trésors de l’humanité dans son ensemble, et du Québec en particulier.
On n’a qu’à penser à des émissions comme La semaine verte ; saviez-vous qu’on peut traire les vaches avec un machin québécois robotisé et donner ainsi beaucoup plus de temps libre aux agriculteurs ?  Vous rappelez-vous Les Beaux Dimanches, animés par Henri Bergeron, une enceinte privilégiée pour mettre à la portée du peuple les arts et les spectacles de haute qualité ?   Regardez-vous, et c’est dans l’actualité, l’émission RDI matin… week-end,  ?  C’est une émission riche de contenu : entrevues variées avec des Edgar Fruitier, André Gagnon, Dany Dubé et Benoît Brière, pour nommer que quelques participants.  On parle de musique, de hockey, de culture ; il y a de tout et c’est de bon goût, passionnant et … comique par moments. 
Voilà le genre qui devrait attirer les producteurs de télévision publique ; de toute façon, ce sera l’objectif du pouvoir socialiste au Canada.  Oui, les programmes seront de grande qualité.  Ça coûte des sous ?  « Au diable la dépense ! »  tonitruait mon père, ouvrier de la construction, retraité.  « Il n’y a rien de trop beau pour la classe ouvrière ! » 
Nos intellectuels, créateurs et artistes seront sûrement heureux de travailleur dans de telles conditions.
À notre façon nous vivrons la grandiose épopée qui a marqué l’ascension de l’URSS où « des centaines de milliers de jeunes gens, sortis des rangs de la classe ouvrière, de la paysannerie et des intellectuels travailleurs, allèrent aux écoles supérieures et aux écoles techniques, puis vinrent compléter les rangs éclaircis des intellectuels.  Ils infusèrent à l’intelligentsia un sang nouveau, la régénérèrent à la manière nouvelle, à la manière soviétique.  Ils ont radicalement changé à leur image et à leur ressemblance la physionomie de l’intelligentsia. […] Nous voulons faire de tous les ouvriers et de tous les paysans des hommes cultivés et instruits ; et nous le ferons avec le temps. »[14]
Parler, somme toute, de culture démocratique, c’est aussi s’appuyer sur la créativité populaire et l’immense joie de vivre ; la chanteuse française, née au Canada, Mylène Farmer, l’a bien compris et c’est elle qui aura le dernier mot : http://youtu.be/h_PxTtOqnFM .







[1] SÉVE, Lucien, Communisme, Quel second souffle?, Éditions sociales, Paris, 1990, 284 pages
[2] MARX, Karl et ENGELS, Frédérick, Collected Works, International Publishers, New York, 1978
[3] MARX et ENGELS, Manifeste du Parti communiste, Londres, 1848, p. 8, www.marxisme.fr.
[4] DRACIUS, Suzanne,  L’autre qui danse, Motifs, 2007, 392 pages
[5] ROSSELLINI, Roberto, Un esprit libre ne doit rien apprendre en esclave, Fayard, Paris, 1977, p. 174
[6] LA CIVILISATION DES LOISIRS, Marabout Université, Verviers (Belgique), 1967, 288 pages
[7] SHEPTULIN, A. P., Marxist-Leninist Philosophy, Progress Publishers, Moscow, 1978, 519 pages
[8] CORRIVEAU, Jeanne, « Le PQ pourrait disparaître », Le Devoir, 15 janvier 2012, première page
[9] KARLEN, Neal, The Story of Yiddish, William Morrow, New York, 2005, 324 pages
[10] ENGLISH-YIDDISH, YIDDISH-ENGLISH DICTIONARY, D. M. Harduf, Willowdale (Ontario), 1985
[11] TOLLA, Ippolyta Della, Grec moderne, Guide pratique de conversation, Librairie générale française, 1989, 352 pages
[12] BOUCHENTOUF, Amine et al.  L’arabe pour les nuls, Wiley Publishing Inc. 2006, 339 pages
[13] DACO, Pierre, Che cos’è la psicanalisi, Biblioteca Universale Rizzoli, 1997, 395 pages
[14] STALINE, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pp. 955-956


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