mercredi 9 janvier 2019


Mais que se passe-t-il en Hongrie ?

Daniel Paquet                               dpaquet1871@gmail.com

Le Parti ouvrier communiste hongrois estime que le véritable tournant historique s'y est produit non pas en 2010 (lors des élections), mais en 1989-1990 lorsque le socialisme a été démantelé. 
Le pouvoir de la classe ouvrière a été remplacé par le pouvoir des forces capitalistes. L’État perdait la propriété des usines et des banques ; les fermes collectives ont été privatisées. La Hongrie a rejoint l'OTAN en 1999 et est entrée dans l'UE en 2004. Le système capitaliste, basé sur l'économie privée et la démocratie bourgeoise, s'est installé.

La Hongrie compte 10 millions d'habitants : 1,5 millions vivent sous le seuil de pauvreté, ils vivent avec moins de 200 euros par mois. Près de 4 millions vivent avec un revenu de 250 euros par mois. Officiellement, il y a 500 000 chômeurs ; en réalité un million de personnes n'ont  aucune chance d'obtenir un emploi.

Les dirigeants  respectent leurs engagements vis-à-vis de l'OTAN et de l'UE et il n'y aura aucun débat sur les questions de politique étrangère.

L'économie Hongroise dépend entièrement du capital étranger.  Les Hongrois sont pauvres et ils n'ont plus d'argent.  La corruption est devenue un problème grave, paralysant le fonctionnement régulier de l’État.

La principale tâche du FIDESZ (conservateur)  et de son gouvernement, dirigé par Viktor Orban, était de prévenir toute évolution « à la grecque ». Le FIDESZ a remporté les élections avec des slogans populistes (le plein emploi, la sécurité sociale, etc.).  Le nouveau gouvernement a aussi lancé une grande campagne anti-communiste. En 2010, le Code pénal a été modifié. Il y est inscrit que communisme et fascisme sont une seule et même chose, et que ceux qui nient les « crimes du communisme et du fascisme » peuvent être condamnés à 3 ans d'emprisonnement. Jusqu'à présent, il n'y a pas encore eu de poursuite sur cette base légale.

Les États-Unis se sont clairement ingérés dans les affaires internes de la Hongrie. L'ambassadeur américain à Budapest critique ouvertement le gouvernement officiel.  Le capitalisme hongrois est en crise. Il sait que les travailleurs sont en colère et que nombre d'entre eux estiment désormais que le socialisme est un meilleur système que le capitalisme actuel.

Ce qui se passe actuellement en Hongrie, c'est d'une part une lutte commune de la classe capitaliste contre les travailleurs ; d'autre part, une lutte entre deux fractions de la classe capitaliste ; entre deux puissances capitalistes dominantes, les États-Unis et l'Allemagne … pour l'hégémonie européenne.

Le Parti communiste ouvrier hongrois ne soutient pas les manifestations de masse des forces socialistes et libérales. Celles-ci n’aspirent pas à renverser le capitalisme. Le Parti communiste ouvrier hongrois ne soutient pas non plus le FIDESZ.

Mais nous voulons être présents partout où se trouvent les travailleurs. Nous voulons les aider dans leur quotidien afin qu'ils aient confiance pour accomplir de grandes choses.

Il n'y a pas de situation révolutionnaire en Hongrie en ce moment. Mais les choses peuvent tourner mal en Europe et en Hongrie. Voilà pourquoi nous préparons le parti, nos adhérents et nos sections à une lutte de classe encore plus aiguë qui pourrait se déclencher à tout moment.[1]
Ce retour vers le passé capitaliste, cette déchéance historique, elle a aussi ses racines dans la contre-révolution hongroise de 1956 ; à l’époque, d’après la droite :
« Le président du Conseil (Imre Nagy) doit se rendre à l’évidence : le régime du parti unique et le communisme n’ont pas de base populaire dans le pays. Ils n’étaient que l’émanation de la puissance soviétique. Les porte-parole de l’insurrection poussent plus loin, ils réclament la dénonciation du pacte de Varsovie, l’indépendance totale, la neutralité. L’espoir, qui animait une partie de la population, d’une aide occidentale, s’est vite effondré.[2] »
Suite aux évènements de la Hongrie, Jean-Paul Sartre écrivait :
« Dans les pays bourgeois, on sait ce qu’il a fallu payer pour réaliser ‘l’accumulation primitive’, on n’a pas oublié l’immense gaspillage de vies humaines, le travail forcé, la misère, les révoltes, la répression.  Il semble que l’industrialisation de l’URSS ait coûté moins cher ; quel terrible effort elle a demandé, pourtant ;… ce qui est sûr, c’est que les dirigeants communistes ont assumé l’entière responsabilité du régime dans sa grandeur et dans ses tares. [Ils] ont fini par comprendre que le socialisme n’était pas séparable de la planification. »[3]
« There was a counter-revolution regardless of intentions of those who took part in it, and complexity of events. (http:///.digitarchiv.hu   http://sala.uw.hu . The HWCP (Parti communiste ouvrier de Hongrie, - ndlr) revised the role of the Soviet Union and the CPSU.  It underlined that the soviet leadership bore direct responsibility for Imre Nagy’s accession to power. It was the result of Khrushchevite revisionism, which later led to serious problems in the Soviet Union and in the international communist movement.  In the history of Hungarian communist movement , HCWP was first to say that the leadership of the Hungarian Socialist Workers’ Party and personally Janos Kadar war responsible for neglecting class struggle, for compromises with international bourgeoisie and internal opposition, which later led to collapse of socialist system.”[4]
Ce fut la réédition politique et économique de l’insurrection de Budapest de 1956, mais elle eut un résultat favorable à  la bourgeoisie… temporairement.
Si le peuple hongrois vivote dans une société stagnante, pour la très grande majorité populaire, il peut tout de même méditer sur cette réflexion de Marx : 
« Une transformation massive des hommes s’avère nécessaire pour la création en masse de cette conscience communiste, comme aussi pour mener la chose elle-même à bien ; or, une telle transformation ne peut s’opérer que par un mouvement pratique, par une révolution ; nécessaire parce qu’elle est le seul moyen de renverser la classe dominante, elle l’est également parce que seule une révolution permettra à la classe qui renverse l’autre de balayer toute la pourriture du vieux système qui lui colle après et de devenir apte à fonder la société sur des bases nouvelles. »[5] 
« Chez les prolétaires, au contraire, leurs conditions de vie propre, le travail  et, de ce fait, toutes les conditions d’existence de la société actuelle, sont devenues pour eux quelque chose de contingent, sur quoi les prolétaires isolés ne possèdent aucun contrôle et sur quoi aucune organisation sociale ne peut leur donner.  La contradiction entre la personnalité du prolétaire en particulier et les conditions de vie qui lui imposées, c’est-à-dire le travail, lui apparaît à lui-même, d’autant plus qu’il a déjà été sacrifié dès sa prime jeunesse et qu’il n’aura jamais la chance d’arriver dans le cadre de sa classe aux conditions qui le feraient passer dans une autre classe. … Les prolétaires, eux, doivent, s’ils veulent affirmer en valeur en tant que personne, abolir leur propre condition d’existence antérieure, laquelle est, en même temps, celle de toute la société jusqu’à nos jours, je veux dire, abolir le travail (plus tard Marx, précisant cette notion de travail préconisera l’abolition du seul travail salarié).
Ils se trouvent, de ce fait, en opposition directe avec la forme que les individus de la société ont jusqu’à présent choisie pour expression d’ensemble, c’est-à-dire en opposition avec l’État et il leur faut renverser cet État pour réaliser leur personnalité. »[6]

FÉDÉRATION SYNDICALE MONDIALE

La classe ouvrière hongroise n’est pas seule tout de même, elle peut compter sur la FSM à l’échelle internationale. Les travailleurs de Hongrie ou de Grèce auront toujours l’appui d’ouvriers et d’intellectuels communistes pour qui l’avenir des peuples d’Europe, et de partout ailleurs dans le monde, commande une solidarité la plus forte possible pour faire échec aux potentats modernes, au capital financier donc.
Aussi, La Nouvelle Vie Réelle se fait le relais de la FSM qui informe que : 
“The World Federation of Trade Unions (WFTU) appeals on all the trade union organizations in the world to express their solidarity to the militant, firm and hard struggle of the 400 workers in the Greek Steel-Industry “Helleniki Halivourgia” who are on strike for 70 continuous days now, despite the blackmails and the lay-offs of the owner capitalist.
The struggle of those Greek steelworkers is not only a struggle for their own labor rights and for the sake of their own family; their struggle is not only for the benefit of the 750 workers who work under the same company in other industries; it is a struggle in the name of all the Greek working class against the new barbaric anti-labor attack which started by this company in the name of all the bourgeois class and wants the workers to work a 5-hour job for 500 Euros per month, a salary of starvation for a Greek worker.”[7]
Alors qu’on étouffe la classe ouvrière, d’après des méthodes nationales, ne voilà-t-il pas qu’on apprend qu’Haïti, pays martyre, 500 000 personnes sont toujours sans-abri et que le choléra qui s’est déclaré en octobre 2010 a fait des milliers de morts.[8]
De plus, 70% des Haïtiens sont sans emploi. « Autre source de mécontentement, 47% des fonds internationaux promis par les gouvernements étrangers n’ont jamais été déboursés. »[9]
Mais, l’ineffable président des États-Unis d’Amérique, dont les discours sont teintés d’euphémismes et de tautologies, a promis (avions-nous besoin d’une si grande marque d’affection !, -ndlr) « que les États-Unis resteraient la plus grande puissance militaire du monde… afin de donner priorité à l’Asie »[10].  Le Pentagone veut aussi renforcer ses capacités en matière de cyberguerre…  Il semblerait ( !) qu’on puisse accélérer la recherche et le développement, dans la panoplie existante, des médicaments psychiatriques pour les autorités états-uniennes.  Un peu de prozac leur conviendrait bien, n’est-il pas ?
Quel sera le résultat de cette gesticulation ?  Eh bien, « les États-Unis vont maintenir leur supériorité militaire avec des forces armées qui seront agiles, flexibles et prêtes à réagir… »[11]
En clair : vous, de la République populaire de Chine et vos 1 300 milliard de citoyens, restez tranquilles, ne nous coincez pas dans le commerce mondial, sinon on vous tombe dessus !!!

BAROUD D’HONNEUR !

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[1] http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
[2] FETJÖ, François, Histoire des démocraties populaires, Éditions du Seuil, Paris, 1969, pp.125-130
[3] SARTRE, Jean-Paul, Problèmes du marxisme, 2, Éditions Gallimard, Paris, 1965, pp. 219-219
[4] LANG, Eva, The 1956 Counter-Revolution in Hungary and the Present-Day Anti-Communist Propaganda, International Communist Review, #2, Athens, 2010-2011, pp. 38-39
[5] MARX et ENGELS, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, p. 121
[6] MARX et ENGELS, Idem, p. 135

[7] WFTU appeal for the expression of solidarity in the struggle of the Greek Steelworkers of the Steel-industry,  “Helleniki Halivourgia”, ATHENS, GREECE JANUARY 6TH, 2011

[8] MÉTRO, Haïti : l’heure est au bilan, Montréal, week-end 6-8 janvier 2012, p. 8
[9] 24H, 500 000 personnes confiées dans des camps de fortune, Montréal, week-end 6-8 janviers 2012, p. 14
[10] MÉTRO, Les États-Unis resteront dominants, Montréal, week-end 6-8 janvier 2012, p. 9
[11] 24H, Obama maintiendra la supériorité des É.-U., Montréal, week-end 6-8 janvier 2012, p. 18

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