mercredi 16 janvier 2019


Les Canadiens : acculés au pied du mur?

La foi dans le progrès et le rejet de la corruption

Daniel Paquet                                     dpaquet1871@gmail.com

« Tout homme a son prix » veut un certain dicton : c’est faux!  Nous connaissons Fidel Castro et Hugo Chavez qui ont fait mentir cet adage rétrograde.  On peut être ou ne pas être d’accord avec ces deux hommes, mais ce n’est pas l’appât du gain qui les ont motivés.  Et, ils ne sont pas seuls.
Jean-Jacques Rousseau avait écrit en son temps (l’époque des Lumières) : « Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise; il n’y a que des Européens.  Tous ont les mêmes goûts, les mêmes passions, et les mêmes mœurs, parce qu’aucun n’a reçu de formes nationales par une institution particulière… Ils n’ont d’ambition que pour le luxe, ils n’ont de passion que celle de l’or : sûrs d’avoir avec lui tout ce qui les tente, tous se vendront au premier  qui voudra les payer. Que leur importe à quel maître ils obéissent, de quel État ils suivent les lois?  Pourvu qu’ils trouvent de l’argent à  voler et des femmes à corrompre, ils sont partout dans leur pays. »[1]
Un certain sage de l’Antiquité a affirmé : « Plus une chose est difficile, plus elle exige d’art et de vertu… toute étude, aussi bien dans le domaine de la vertu que de la science  politique, s’intéresse au plaisir et à la peine.  L’homme qui saura bien placer ces deux sentiments sera l’homme de bien; qui les placera mal sera le vicieux. »[2]
Les Canadiens (i.e. les descendants des premiers colons français établis dans la vallée du St-Laurent), en ont « plein le casque » de la corruption, de ce mal qui ronge la société.  Même s’ils ne pratiquent plus la foi chrétienne, ils sont comme les Russes, ils croient intensément, surtout les ouvriers.  Les contrecoups (misère morale, crise économique…) vécus dans l’ancienne URSS les a blessés; il y a eu solidarité de classe.
En réalité : que les travailleurs russes ne se baladaient pas dans de grosses voitures américaines dans les rues de Moscou, cela n’a jamais fait un drame pour leurs amis au Canada.  Mais les plus vieux en Amérique se souviennent de l’exploit incroyable de l’Armée Rouge qui a vaincu Hitler à Stalingrad et a anéanti son régime à Berlin;  bien sûr les vétérans du 22ème Régiment royal du Canada, basé à Québec, sont fiers de dire qu’ils  ont combattu eux aussi.
Les autorités nord-américaines ont, elles, dressé un nouveau Mur de l’Atlantique – tout comme celui érigé par la Wehrmacht nazie.  On ne veut pas que traversent sur le continent nord-américain les idéaux d’Europe et d’ailleurs.
Le premier choc sera de connaître ce qui s’est réellement passé, il y a vingt ans, en Union soviétique avec la disparition du communisme (1953).  Ce fut un viol politique, rien de moins.  L’URSS, qui fut bien plus que le premier homme dans l’espace, les services sociaux hors-pairs… ont apporté la paix en Europe et la solidarité avec les anciennes colonies d’Europe de l’Ouest.    Mais surtout, ils ont donné aux peuples européens la liberté.
« Il n’y a point de mot qui ait reçu plus de différentes significations, et qui ai frappé les esprits de tant de manières, que celui de liberté… comme dans les démocraties le peuple paraît à peu près faire ce qu’il veut, on a mis la liberté dans ces sortes de gouvernements, et on a confondu le pouvoir du peuple avec la liberté du peuple. »[3]
Au Québec, il n’y a plus vraiment de débat social; le seul et pratiquement unique, c’est sur la « liberté d’interdire la liberté ».  En un mot, « brimer » les droits de ces femmes musulmanes qui seraient sous l’obligation de porter le voile selon leur religion. Les grands décideurs ont beau jeu : monter une partie de la population contre l’autre.  « … quand l’État près de sa ruine ne subsiste plus que par une forme illusoire et vaine, que le lien social est rompu dans tous les cœurs, que le plus vil intérêt se pare effrontément du nom sacré du bien public, alors la volonté générale devient muette …S’ensuit-il de là que la volonté générale soit anéantie ou corrompue?  Non, elle est toujours constante, inaltérable et pure; mais elle est subordonnée à d’autres qui l’emportent sur elle. »[4]
Le problème n’est donc pas que nous ne soyons pas assez pieux, mais c’est un enjeu de classes sociales;  la bourgeoisie aime bien se vautrer dans les richesses et la concupiscence; elle n’a pas de morale.  C’est dans sa lutte d’émancipation que la classe ouvrière (et tout le prolétariat plus largement) parviendra, tel Hercule, à véritablement nettoyer cette écurie d’Augias.  Elle est capable. 
Au Québec, les familles ouvrières sont prêtes à d’énormes sacrifices, y compris de se contenter de pain et de beurre de pinottes (arachides, de l’anglais « peanuts »), de Kraft Diner (pâtes industrielles), mais la corruption, ça ne passe pas; ils veulent laisser un avenir à leurs enfants.  En fait, c’est un peu comme ces ourses noires que l’on trouve dans nos forêts laurentiennes; si on ne menace pas les petits, il n’y a pas de problèmes; mais si on ne fait –ne serait-ce qu’un léger geste contre ceux-ci, elle peut vous déchiqueter.  En passant les ours noirs du Québec ne se nourrissent presqu’exclusivement que de petits fruits dans la nature, avant l’hibernation.
Non, de surcroît, les travailleuses canadiennes raffolent ordinairement des films d’amour.  C’est pourquoi, elles se délecteront un jour du film Kangamba où Cuba aide le peuple d’Angola (Afrique) à s’affranchir du joug portugais et sud-africain (à l’époque de l’apartheid) : 
Ce film comporte donc une merveilleuse chanson : Amar es lo unico que importe, interprétée par les Cubains – Cristian Alejandro, Edesio Alejandro et Patricio Amoro.
Les peuples « n’encaissent » pas indéfiniment.  Après des années de souffrances, 20 millions de morts, les peuples de l’URSS ont affirmé à Nuremberg, lors du procès des criminels de guerre nazis :
« Au nom de l’Union des Républiques socialistes soviétiques!  Ces paroles qui avaient produit dans la salle l’impression d’une décharge électrique semblaient avoir été prononcées non point pas cet homme d’aspect robuste, aux cheveux blonds, en uniforme du ministère de la Justice, mais par le peuple soviétique qui, invisible, l’avait suivi à la tribune…  Invisibles dans la salle solennelle, les simples hommes soviétiques, petits et grands réclamaient au nom de leur peuple la mort du fascisme. »[5]
Un philosophe français bien connu, Jean-Paul Sartre, a écrit :   « … je vous dirai seulement ce qu’un jeune homme soviétique a dit devant moi au cours d’une discussion publique sur la poésie : ‘Je suis technicien et j’ai besoin de la poésie pour faire correctement mon métier technique’…  Ce jeune technicien, vous le voyez, a besoin de poèmes, il en absorbe et, si je puis dire, il les consomme.  La vraie responsabilité, pour nous autres, hommes de culture, elle est là : nous devons empêcher qu’il absorbe des poèmes empoisonnés…  La culture c’est, à mon sens, la conscience en perpétuelle évolution que l’homme prend de lui-même et du monde dans lequel il vit, travaille, et lutte. »[6]
C’est par tous les pores de sa peau que la corruption a gangrené l’Union soviétique; on les a appelé les « Nouveaux Russes »; ils se sont enrichis sur le dos du peuple soviétique.  Il aurait pu se taire et ployer, mais la bourgeoisie s’est attaquée même à l’âme communiste soviétique.  Les communistes du monde entier –et ceci dit sans exagération- ont souffert avec eux. 
Même s’il n’est plus de ce monde, le grand poète français Paul Éluard aurait de nouveau clamé, avec eux avec une fois tonitruante et portant au loin, de Moscou à Vladivostok : 
« Sur l’absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté. »[7]
La conclusion de cette histoire épouse la conclusion d’une scène à venir de l’Histoire : « Les communistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs projets.  Ils proclament ouvertement que leurs buts ne peuvent être atteints que par le renversement violent de tout l’ordre social passé.  Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste!  Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes.  Ils ont un monde à y gagner.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! »[8]

La Nouvelle Vie Réelle
Communist News
marxistas-leninistas latinas hojas
Le sourire de l’Orient

ARCHIVES

La Vie Réelle
Pour la KOMINTERN now!


[1] ROUSSEAU, J.J., Écrits politiques, Union générale d’éditions, Paris, 1972, p. 201
[2] ARISTOTE, Éthique de Nicomaque, Classiques Garnier, Paris, 1961, p. 63
[3] MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, Les classiques du peuple, Éditions sociales, Paris, 1977, pp.116-117
[4] ROUSSEAU, Jean-Jacques, Du Contrat social, Nouveaux classiques Larousse, Paris, 1973, p. 91
[5] POLÉVOÏ, Boris, Nous autres Soviétiques, Édition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir de l’ouvrage publié en 1949 aux Éditions en langues étrangères de Moscou, www.marxisme.fr
[6] SARTRE, Jean-Paul, Problèmes du marxisme, 2, Situations, VII, Gallimard, Paris, 1965, pp. 322-323
[7] ÉLUARD, Paul, Liberté, in Anthologie de la Poésie française, Georges Pompidou, Hachette, Paris, 1961, p. 522
[8] MARX et ENGELS, Manifeste du Parti communiste, Londres, 1848, www.marxisme.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire