lundi 11 mars 2019



La bande des dix de Québec solidaire


Comment faire grandir un parti peu enclin aux compromis ? Telle est la question pour Québec solidaire et ses députés.
Alec CastonguayPhoto : Christian Blais9 janvier 20191 commentaire


En s’installant devant sa caméra en novembre dernier, Catherine Dorion n’avait pas prémédité sa comparaison entre un nouveau pont ou tunnel qui relierait Québec à Lévis et une ligne de coke : un buzz éphémère qui ne ferait que repousser les problèmes de congestion. « Je l’ai totalement improvisée ! » raconte en riant la députée de 36 ans, qui était comédienne avant d’être élue pour Québec solidaire dans Taschereau le 1er octobre dernier. Au moment de mettre sa courte vidéo en ligne, elle se doutait toutefois que sa métaphore ferait du bruit.

Mais jamais autant.

Les radios de Québec se sont enflammées. Des chroniqueurs ont rugi. La faune des réseaux sociaux lui est tombée dessus, l’accusant d’être « communiste », « droguée » et de ne rien comprendre à son rôle d’élue puisqu’elle propageait des comparaisons « outrancières ».

Un pan de sa vie privée y est passé lorsqu’une journaliste a publié une photo de sa « nouvelle » voiture, une Subaru XV Crosstrek 2015. L’auto à quatre roues motrices est partagée avec sa sœur, son oncle, son neveu et sa nièce pour se rendre au chalet familial dans Charlevoix, un « shack sans eau ni électricité dans le bois », précise Catherine Dorion.

Lors de notre rencontre, à la permanence de Québec solidaire, à Montréal, la députée — sans sa tuque — se remettait encore de ses émotions en montagnes russes. « J’ai été surprise. J’ai visiblement transgressé une norme. C’est déstabilisant », dit cette titulaire d’une maîtrise en sciences politiques du King’s College de Londres. Pourtant, elle ne regrette rien. Sa sortie a atteint sa cible : parler de son opposition au projet de « troisième lien » à Québec. « Avec le recul, je suis full contente ! »

Le tumulte vécu par Catherine Dorion encapsule tous les nouveaux défis de Québec solidaire, maintenant que le parti a réussi la percée qu’il espérait, en faisant élire 10 députés lors de la dernière élection générale, dont 4 hors de Montréal — il a terminé deuxième dans 13 circonscriptions.

Comment continuer à attirer l’attention, déranger et fédérer les insatisfaits de l’offre politique actuelle tout en séduisant un électorat plus vaste — souvent positionné au centre de l’échiquier politique et moins réceptif aux coups de gueule et aux positions idéologiques — afin de poursuivre l’ascension du parti ?

S’attaquer sans nuances au troisième lien à Québec, par exemple, trouve un écho à gauche, auprès de la base électorale de QS, et dans les milieux urbains, où le transport en commun est accessible. Mais dans les banlieues de Montréal et de Québec, aussi riches en automobilistes qu’en circonscriptions, une sortie à la Catherine Dorion est reçue avec tiédeur.

Selon un sondage SOM-L’actualité mené en novembre dernier, la perception des Québécois envers Québec solidaire a peu changé, malgré le bond des appuis aux dernières élections. Près de 64 % des répondants disent avoir la même opinion de QS qu’avant, alors que 13 % affirment que leur perception s’est améliorée, et 11 % qu’elle s’est détériorée. Les hommes (14 %) sont deux fois plus nombreux que les femmes à dire que leur opinion du parti s’est ternie depuis les élections.

Quatre électeurs sur 10 croient que dans une décennie, Québec solidaire n’aura pas changé de statut et fera élire à peu près le même nombre de députés, alors que 20 % pensent que QS sera aux portes du pouvoir. Près de 14 % des Québécois estiment au contraire que le parti aura carrément disparu. Il y a deux ans, ce chiffre était de 26 %.

« Les nouveaux députés devront faire leurs preuves, parce qu’il y a encore pas mal de gens sceptiques », note Julie Fortin, coprésidente de la maison de sondage SOM, à la lumière des résultats. « Il y a un beau progrès, mais les doutes ne sont pas totalement disparus. »

Dissiper les doutes ne se fera certainement pas en diluant les propositions du parti ou en aseptisant la parole des députés, clament les élus et stratèges de QS que nous avons rencontrés pour ce reportage. « Il faut continuer à prendre des risques, ne pas devenir beiges. Ça sert à quoi de faire des choses que tout le monde fait déjà à l’Assemblée nationale ? Ça n’aura aucun impact », estime Catherine Dorion.

Elle avoue ressentir une peur bleue à l’idée de devenir « une petite madame politique comme les autres », d’où son t-shirt à l’Assemblée nationale ou sa très médiatisée tuque noire qu’elle portait le soir de sa victoire. « Il y avait un statement là-dedans. Je voulais m’habiller comme le monde dans la salle. Je ne veux pas que la politique me change, même si la pression psychologique sera forte. »


Des frictions apparaissent déjà entre les puristes et les pragmatiques, entre ceux qui souhaitent camper sur leurs positions actuelles et ceux qui considèrent que la formation doit arrondir les angles.

La sortie tonitruante de la députée sur le troisième lien a outré les partisans du projet et galvanisé ses opposants. Une polarisation du débat public souhaitée par Québec solidaire dans ses prises de position. Le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois n’entend pas freiner les élans de ses collègues, même s’il est conscient que le parti est plus que jamais sous la loupe. L’époque actuelle dicte au contraire de poursuivre dans la même voie, soutient-il. « Est-ce que les campagnes électorales centristes, tièdes, peuvent faire croître une option politique ? Ou est-ce que rester plus tranché, plus clivant — certains disent radical — n’est pas la seule possibilité ? Je regarde la dernière campagne du PQ, très conformiste, elle n’a pas réussi à décoller. C’est la même chose ailleurs dans le monde. »

La ligne est toutefois fine entre les coups d’éclat et le ridicule, convient l’ancien leader étudiant. « Il ne faut pas être farfelu non plus », affirme Gabriel Nadeau-Dubois.

Près de 18 % des répondants au sondage SOM-L’actualité estiment que le parti doit rester fidèle à ses positions, même si elles paraissent radicales aux yeux d’une portion de la population — c’est à peine plus que les 16,1 % des voix obtenues le 1er octobre dernier. En revanche, plus du double (40 %) pensent que « le parti devrait se recentrer et adoucir certaines positions, notamment sur le plan économique ».

Au sein de Québec solidaire, des frictions apparaissent déjà entre les puristes et les pragmatiques, entre ceux qui souhaitent camper sur leurs positions actuelles et ceux qui considèrent que la formation doit arrondir les angles. « On s’est fait plaisir dans le programme en inscrivant qu’on souhaite la socialisation des moyens de production, mais est-ce vraiment nécessaire ? » s’interroge un élu à micro fermé.

Vers la fin de la dernière campagne, des candidats se sont fait dire, parfois abruptement, par des électeurs qui s’apprêtaient à voter pour eux, qu’ils souhaitaient avant tout une « gauche pragmatique ». « On doit passer de conscience du Parlement à solution de rechange au gouvernement. C’est nouveau et ce n’est pas simple », explique un conseiller du parti, qui a souhaité ne pas être identifié afin de parler librement.

Des modifications devront être faites si QS veut poursuivre sur sa lancée, croit Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui regroupe plus de 300 000 membres. « Dans mes syndicats, j’entends souvent dire que QS, c’est sympathique, mais qu’ils ne prendront jamais le pouvoir. Qu’ils sont trop idéalistes pour gagner. Quelle est la bonne dose d’idéalisme et de pragmatisme pour l’emporter ? Je les laisse décider ! »

Des modifications il y aura, prédit Gabriel Nadeau-Dubois. Sans diluer ses idées, la direction du parti devra mieux cibler ses propositions. « On a quatre ans pour apprendre à prioriser », dit-il, pointant du doigt la dernière plateforme électorale, dans laquelle le parti s’engageait à dépenser 13 milliards de dollars de plus par année que le gouvernement précédent. « On a voulu tout mettre, et ça a donné ce chiffre immense. Si on avait pris le pouvoir, l’État n’aurait même pas été capable de faire tout ça en quatre ans ! Il faut choisir », explique-t-il, non sans ajouter que certaines mesures phares sont là pour de bon, comme la gratuité scolaire et l’assurance dentaire. « Être plus pragmatique, ça ne veut pas dire être moins à gauche », soutient-il.

Dans cette transition, certains convaincus de la première heure risquent de se sentir bousculés. Sortir de la marginalité peut imposer des choix douloureux à un parti dont les militants sont peu habitués aux compromis : QS a été fondé en 2006 par des sympathisants qui, pendant des années, n’ont pas eu à composer avec un grand nombre de députés. Les 10 élus, talonnés par les médias, doivent maintenant réagir rapidement aux événements sans toujours avoir le temps de consulter les membres.

Le philosophe Pierre Mouterde, auteur de Repenser l’action politique de gauche (Écosociété, 2005), est membre fondateur de Québec solidaire. Il voit venir cette tension. « C’est un sacré défi ! Il faudra mettre en place des mécanismes pour que la tête, notre aile parlementaire, garde contact avec la base, le mouvement, au moins pour les gros enjeux », lance-t-il, lui qui a donné un coup de main à Catherine Dorion lors de la dernière campagne. Il se dit persuadé que le parti élaborera « un langage commun » et fera les mises au point requises.

La laïcité sera le premier test. Depuis des années, la position de QS sur l’interdiction des signes religieux est celle de la commission Bouchard-Taylor, qui concerne seulement les personnes exerçant la coercition de l’État, comme les policiers, les juges, les gardiens de prison et les procureurs de la Couronne. Au sein du parti, de nombreux militants souhaitent que QS revoie sa position afin de permettre le port de signes religieux à ces représentants de l’État. Plusieurs des 10 députés, conscients que cet enjeu est délicat, particulièrement pour la croissance du parti hors de Montréal, souhaitent s’en tenir au compromis Bouchard-Taylor. Le sujet sera soumis au jugement des membres lors d’un conseil national en mars prochain.

« Oui, il y a un potentiel de tensions, convient Gabriel Nadeau-Dubois. Je suis lucide, mais je reste zen. Manon [Massé] et moi avons un rôle d’arbitre à jouer entre l’agilité de l’aile parlementaire et la volonté des membres. »

Personne n’est mieux placé que la nouvelle députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, pour rappeler à ses collègues que la réalité des régions ressources n’est pas celle des quartiers branchés de Montréal ou de Québec. En Abitibi, l’élue de 26 ans, mère d’une fillette de 16 mois, est entourée de députés de la CAQ.

Avant de rallier QS, Émilise Lessard-Therrien était conseillère municipale à Duhamel-Ouest, petite ville de moins de 880 habitants. « Mon coin est très agricole, et sur le terrain, bien des gens pensent que nos positions ne sont pas réalisables », dit-elle, sans se montrer découragée pour autant. « On doit déconstruire ces préjugés. Il y a de la place pour un parti de gauche assumé, même dans les régions éloignées. »

Il y a un an, en janvier 2018, Gabriel Nadeau-Dubois et ses conseillers évaluaient les chances de victoire du parti dans les différentes circonscriptions — la « liste A » —, et Rouyn-Noranda–Témiscamingue figurait dans les gains possibles. Mais voilà, le candidat local lors des trois précédentes élections, Guy Leclerc, un architecte dans la soixantaine, était un militant de la première heure qui n’avait aucune envie de siéger à l’Assemblée nationale. « Je lui ai dit : “Guy, veux-tu devenir député ? Parce qu’on va s’arranger pour gagner Rouyn.” Il m’a dit non, alors on a cherché ensemble une candidate pour prendre sa place », raconte Gabriel Nadeau-Dubois.

Lors du conflit étudiant de 2012, Émilise Lessard-Therrien, alors âgée de 20 ans, avait organisé un sit-in de 200 personnes pour bloquer le seul carrefour avec feux de circulation de Ville-Marie, municipalité de 2 500 habitants près de Duhamel-Ouest. « Les policiers nous regardaient avec un grand sourire ! » se rappelle-t-elle.

Lorsqu’elle voit Gabriel Nadeau-Dubois débarquer chez elle, en février 2018, sa fille Solène a à peine six mois. Son conjoint et elle viennent tout juste d’acheter un moulin pour produire de la farine bio. « Mauvais timing ! » dit-elle au co-porte-parole de QS. N’empêche, elle plonge dans l’aventure, ayant bon espoir qu’elle ne sera pas laissée à elle-même par les dirigeants de QS.

Dès le printemps, des mois avant le déclenchement de la campagne, la candidate a commencé à recevoir l’aide du parti, comme dans les 10 autres circonscriptions figurant sur la « liste A ». Un agent de liaison d’expérience a été mandaté pour l’épauler. Manon Massé et Gabriel Nadeau-Dubois se sont rendus dans sa région chaque mois, prêtant une attention particulière aux cégeps, aux universités et aux centres de formation — ils se rendront 11 fois dans Rouyn-Noranda–Témiscamingue pendant les six semaines électorales.

Au cours de la campagne, Québec solidaire a déployé une équipe volante de super-bénévoles expérimentés qui s’amenaient en renfort dans les circonscriptions serrées pour aider à organiser des activités, accélérer le porte-à-porte et gérer le pointage téléphonique, notamment. Tous étaient d’anciens organisateurs de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) lors du mouvement de grève de 2012. « Ils avaient une expérience de mobilisation unique », souligne Gabriel Nadeau-Dubois.

L’un de ces super-bénévoles était Maxime Larue, un ex-lieutenant de Gabriel Nadeau-Dubois dans la CLASSE, qui a aidé celui-ci à remporter son élection partielle dans Gouin en 2017. Pendant les deux dernières semaines de la campagne, il a été dépêché dans Rouyn-Noranda–Témiscamingue pour le sprint final. Lui et son équipe ont parfois fait plus de 30 minutes de voiture dans les rangs de campagne pour aller cogner à la porte d’un électeur indécis et le convaincre de voter pour QS. Le 1er octobre, Émilise Lessard-Therrien l’a emporté par 506 voix.

Ce soir-là, sur les 11 circonscriptions de la « liste A », QS n’a échappé que Maurice-Richard, à Montréal… par à peine 530 votes.

Toute la structure de QS transpire le printemps étudiant de 2012. Sa percée aux récentes élections, c’est aussi le débarquement officiel dans le monde politique de ces élèves contestataires. Des anciens de la CLASSE occupent des postes clés à la direction ou à l’organisation du parti, devenu le véhicule politique de la frange pragmatique de cette association étudiante souvent décrite comme la plus radicale à l’époque.

« C’était la suite logique, parce que bien des militants se reconnaissent dans QS, autant dans les positions que dans la façon de fonctionner. On n’allait pas rester chez nous à ne rien faire ! » lance en riant Renaud Poirier St-Pierre, ami et conseiller de Gabriel Nadeau-Dubois depuis des années. Lors de la dernière campagne, il était le stratège en communication de Manon Massé.

En 2012, nombre de leaders étudiants ont été déçus de la tournure des événements, alors que des mois de mobilisation n’avaient pas réussi à faire plier le gouvernement libéral de Jean Charest. « On a frappé le mur du pouvoir. On s’est dit que si on voulait vraiment changer le Québec, il fallait aller en politique », explique Gabriel Nadeau-Dubois.Plein écranDe gauche à droite : Émilise Lessard-Therrien, Andrés Fontecilla, Sol Zanetti, Gabriel Nadeau-Dubois, Christine Labrie, Vincent Marissal, Ruba Ghazal, Manon Massé, Catherine Dorion et Alexandre Leduc. (Photo : Christian Blais)

Si QS a survécu et a même accéléré sa croissance, malgré le départ de ses deux fondateurs, Françoise David et Amir Khadir, c’est notamment en raison de ces nouveaux visages de la grève étudiante. Leur énergie et leur expertise transforment tranquillement QS, estime Pierre Mouterde. « C’est une nouvelle génération qui prend les commandes du parti », dit-il. Il en a vu certains à l’œuvre lors de la dernière campagne électorale, notamment dans Taschereau et Jean-Lesage, à Québec, où Catherine Dorion et Sol Zanetti l’ont emporté. « Ils ont accumulé tout un savoir. Ils savent comment parler aux journalistes et écrire un communiqué de presse, ils connaissent les réseaux sociaux, ils savent comment “chauffer” une assemblée », énumère-t-il.

Dans la capitale, la fusion entre Option nationale et Québec solidaire a également amené de l’eau au moulin. « Nous avions plus de 1 000 membres à Québec, prêts à servir », explique l’ancien chef d’ON, Sol Zanetti. Autant de gens qui souhaitent que QS « assume ses idées, même si elles ne font pas l’unanimité ».

Pierre Mouterde avance que la prochaine étape pour son parti sera d’élargir les alliances, afin de travailler davantage avec les groupes communautaires et les syndicats. Sur ce plan également, l’arrivée des anciens étudiants de la cuvée 2012 pourrait aider QS, puisque plusieurs figures importantes ont fait leurs classes dans les grandes centrales syndicales ces dernières années.

Gabriel Nadeau-Dubois a fait un court séjour à la CSN, où son père, Gilles, a longtemps travaillé avant de prendre sa retraite. Renaud Poirier St-Pierre et Maxime Larue sont encore dans ce syndicat. Keena Grégoire, recruteur à l’Alliance de la fonction publique du Canada au Québec, a dirigé la campagne d’Andrés Fontecilla dans Laurier-Dorion. Philippe Lapointe, qui a été négociateur de la CLASSE avec le gouvernement en 2012, est retourné à la FTQ Construction, après avoir été attaché politique de Gabriel Nadeau-Dubois dans Gouin. On peut ajouter à la liste le député de QS dans Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, qui vient de la FTQ.

Le passage de la génération 2012 dans les syndicats permet entre autres à la relève de Québec solidaire d’apprendre à peaufiner ses messages, afin de les rendre plus accessibles au grand public. « Les travailleurs ne sont pas tous syndiqués par choix. Certains sont plus à gauche, d’autres plus à droite. Ça force à fignoler ses arguments », explique Gabriel Nadeau-Dubois.


Il y a bien des gens qui sont désabusés de la politique et qui cherchent autre chose. C’est à eux que je veux parler.Catherine Dorion, députée de Taschereau

Convaincre des étudiants qui n’ont aucune responsabilité de faire la grève est une chose, mais persuader un travailleur qui a des enfants à nourrir et un emprunt hypothécaire à rembourser de se mobiliser et de mettre en péril son gagne-pain lors d’un conflit avec son employeur, comme le font les syndicats, est une autre paire de manches. Le discours n’est pas le même.

« Organiser une manif à la CSN, ce n’est pas mettre un message sur Facebook comme en 2012. Ça s’apprend », souligne Jacques Létourneau, qui fait une comparaison avec la lourdeur des formations politiques. « Faut débloquer un budget, se rendre sur le terrain et convaincre le monde. Ça donne de l’expérience institutionnelle, comment naviguer avec des structures, comme dans un parti politique. »

En politique, on s’adresse aux travailleurs, à qui l’on demande de faire des choix qui touchent leur quotidien, que ce soit en matière de fiscalité, de transport ou de santé, poursuit Jacques Létourneau. « Être dans un syndicat, ça ajoute une bonne dose de pragmatisme. Ça relativise les choses. »

À l’inverse, ce réservoir de jeunes politisés dans la rue contribue au dynamisme des syndicats, affirme le patron de la CSN. Leur expérience militante est très utile. « Ils sont capables de vivre des débats musclés et des contestations. Ils ne sont pas intimidés quand ça brasse un peu. C’est un gros atout. Convaincre des gens de faire la grève, de se syndiquer ou de se mobiliser, ce n’est pas facile. Encore plus de nos jours. Si je veux assurer la pérennité du mouvement syndical, j’ai besoin de ces jeunes », raconte-t-il.

Cette capacité de mobiliser à grande échelle, même si ça bouge plus lentement, les organisateurs de QS en auront besoin pour le rendez-vous électoral de 2022. « On ne pourra pas faire le même type de campagne qu’en 2018 » et se contenter de cibler une douzaine de circonscriptions en y mettant toutes ses ressources, estime Renaud Poirier St-Pierre.

Le parti pense avoir trouvé un excellent filon avec son discours plus tranché sur l’environnement, qu’il a réussi à imposer pendant la campagne électorale et au cours de l’automne. « Il y a bien des gens qui sont désabusés de la politique et qui cherchent autre chose. C’est à eux que je veux parler. Il est là, notre potentiel de croissance », dit Catherine Dorion.

Bousculer les médias et l’électorat, quitte à faire quelques fausses notes à l’occasion, c’est la partition que souhaite jouer QS pour séduire un nouveau public, affirme Gabriel Nadeau-Dubois. « Je ne veux pas qu’on fasse notre éloge en disant qu’on est nouveaux et gentils. Ce serait comme de dire que le trombone au fond de l’orchestre joue juste. Ce serait un éloge en forme de défaut. Je veux que ça brasse un peu ! On est là, visibles, et on ne s’en ira pas. »Plein écran
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