lundi 25 mars 2019


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La lettre européenne #22
Chaque lundi
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25/03/2019

 


Le parti pris du lundi,
par Ludovic Lamant

« Le camp de la raison ». Bientôt trois ans après la tenue du référendum (juin 2016), et à quelques heures seulement de la date butoir théorique (29 mars 2019), on en est toujours au même point : personne ne sait si, et comment, le Royaume-Uni va quitter l’UE. Si l’accord de Theresa May n’est pas adopté cette semaine par les députés – scénario probable, vu l’échec d’une énième réunion de crise dimanche soir entre les conservateurs –, le « no deal » pourrait se concrétiser le 12 avril prochain, si l’on s’en tient aux conclusions du sommet européen qui s’est achevé le 22 mars.
Depuis la fin de semaine dernière, les rumeurs de coup contre May, pour la forcer à la démission, ont repris de plus belle. Quant aux manifestations massives contre le Brexit, à Londres samedi, où près d’un million de personnes ont défilé, elles ne changent pas fondamentalement la donne. Même si le patron du parti travailliste, Jeremy Corbyn, a montré des signes d’ouverture, il sait qu’une nouvelle consultation poserait de nombreuses difficultés.
L’universitaire Chris Bickerton l’expliquait à Mediapart en janvier: « Le camp du Remain continue de se présenter comme le camp de la raison, face aux émotions du camp du Leave. En démocratie, la politique fonctionne sur des droits. Par exemple, tu as le droit de voter à partir de tes 18 ans. Si l’on commence à introduire un élément subjectif – l’idée que l’on n’était pas assez informé à l’époque –, cela se complique : qui devient l’arbitre ? » Un nouveau référendum risquerait ainsi de fragmenter encore un peu plus le pays. Et surtout – et c’est sans doute le point le plus délicat pour les remainers – rien ne dit que le maintien dans l’UE l’emporterait cette fois.

DANS MEDIAPART

Nos articles de la semaine.

[BONNES FEUILLES] Une suspension provisoire du PPE pour Orbán


L’assemblée politique du Parti populaire européen (PPE) a voté à une quasi-unanimité la suspension du Fidesz, le parti de Viktor Orbán. Mais la mesure n’est que temporaire et cosmétique : on vous l’explique ici. Sur le cas Orbán, notre collègue Amélie Poinssot publie cette semaine un essai, Dans la tête de Viktor Orbán (Actes Sud), dont nous avons publié les bonnes feuilles ici : « Orbán ou le pragmatisme autoritaire ».

[MIGRANTS] Salvini ne sera pas jugé pour séquestration de personne


Les sénateurs italiens ont voté contre la poursuite de la procédure judiciaire lancée contre le ministre de l’intérieur Matteo Salvini. C’est l'une des conséquences du « cas Diciotti » : en août dernier, 177 migrants ont été contraints de rester dix jours à bord du navire qui les avait secourus en Méditerranée. Notre correspondante en Italie fait le point sur les hésitations du Mouvement Cinq Étoiles à soutenir Salvini.

[DROITS D'AUTEUR] En Allemagne, inquiétudes sur la future directive droits d'auteur


Le Parlement européen doit voter mardi 26 mars la directive sur les droits d’auteur. C’est en Europe du Nord et en Allemagne que se concentre l’essentiel de la mobilisation de ses adversaires, qui craignent un contrôle beaucoup trop restrictif d’Internet. L’article de notre correspondant à Berlin.

[FRANCE] EELV, PCF et LFI en campagne, sur le plateau de Mediapart


Nos premiers entretiens vidéo avec des candidats aux européennes, dans les locaux de Mediapart: Manon Aubry (LFI), Karima Delli (EELV) et Marie-Hélène Bourlard (PCF), avant de poursuivre en avril et mai.

DANS LE CLUB

Nos abonnés interviennent.

[BREXIT] Après les manifestations monstre de samedi


Un texte de Vincent Présumey, enseignant, sur les marches anti-Brexit de la fin de semaine.

[DROITES] Où est votre ligne rouge sur la Hongrie, messieurs Weber et Wauquiez?


Malgré les belles paroles, il est temps pour le chef du PPE, Manfred Weber, comme pour son parti membre français, Les Républicains, d’agir enfin contre l’autocrate hongrois Viktor Orbán. Un texte de Charlotte Drath et Adrien Beauduin.

[CATALOGNE] Des sénateurs français contre la répression politique


Une quarantaine de sénateurs dénoncent les répressions dont des élus catalans font l’objet et en appellent à des solutions politiques au niveau européen. Une tribune remarquée dans la presse espagnole.

EUROVISIONS

Ailleurs dans la presse internationale.

[BREXIT] Wolfgang Streeck contre un second référendum


L’économiste hétérodoxe allemand – déjà interviewé dans les colonnes de Mediapart en 2017 – se prononce contre un nouveau référendum pour sortir de la crise du Brexit, parce qu’il risquerait de diviser encore un peu plus la société. Son entretien, dans l’hebdo de la gauche britannique New Statesman, est ici.

[APRES-JUNCKER] Vestager se lance dans la bataille


La commissaire à la concurrence, une Danoise charismatique connue pour avoir inspiré le personnage principal de la série à succès Borgen, fait partie, depuis la semaine dernière, de l’équipe du groupe des libéraux à Bruxelles, alliés d’Emmanuel Macron, qui candidate à la succession de Jean-Claude Juncker à la présidence de la commission européenne. Politico explique pourquoi ses chances d’y arriver sont faibles. Dans nos archives, en 2015, un entretien avec Vestager sur les errements de la fiscalité européenne.

[EURO] Vingt ans de discours de la BCE


Le collectif du Grand Continent publie une étude somme intitulée « Francfort-Sur-le-Monde » sur la manière dont la Banque centrale européenne parle de l’euro depuis vingt ans. Analyse de discours.

UN ŒIL SUR LA RECHERCHE

À l‘affût des travaux universitaires.

[POPULISME] Et si le brouillard conceptuel s’éclaircissait...


À l’approche des élections européennes du 26 mai, on peut s’attendre à ce que les références au populisme continuent de saturer le débat public, avec leur lot habituel de confusions. Le champ académique est lui-même trop divisé pour fournir une définition univoque. On peut cependant y trouver des repères utiles pour aller au-delà des clichés les plus tenaces.

Les lecteurs francophones ont accès depuis 2005 à La Raison populiste d’Ernesto Laclau, l’inspirateur d’une tradition qui voit dans le populisme une façon de (ré)introduire de la conflictualité populaire dans des régimes représentatifs toujours susceptibles de se refermer sur leurs élites. Ils peuvent désormais se procurer une Brève introduction au populisme, dans laquelle Cas Mudde et Cristóbal Rovira Kaltwasser développent une approche dite « idéationnelle », bien résumée dans cette recension de La Vie des idées.
Pour ces deux auteurs, le populisme implique l’identification d’un peuple pur, d’une élite corrompue, et la conviction que la politique doit obéir à la volonté générale. Il serait une « idéologie fine », capable de s’articuler à d’autres qui fournissent des réponses plus riches aux problèmes rencontrés par les sociétés en matière économique, culturelle, écologique...

Dans un article récent pour European Journal of Political Research, Matthijs Rooduijn estime qu’un nombre croissant d’auteurs partagent cette conviction que le populisme est plus un message qu’un type de leadership ou d’organisation, et qu’il se distingue en effet par son caractère anti-élitiste et populo-centré (le débat restant ouvert concernant son statut plus précis : idéologie, discours ou style rhétorique). Selon cette approche, le populisme peut alors être adopté à des degrés variables par un même acteur.

En ce qui concerne l’étude des partis, Rooduijn appelle à ne pas rabattre le populisme sur d’autres concepts (euroscepticisme, nativisme, gauche et droite radicales...), avec lesquels il peut s’articuler mais ne se confond pas. Le chercheur fournit un schéma et une annexe fort utiles pour éviter les conclusions erronées. 
À l'approche des élections européennes, en mai 2019, et de la sortie de l'UE du Royaume-Uni, prévue en mars prochain, Mediapart lance une newsletter hebdomadaire spéciale Europe, chaque lundi. Pour tout comprendre aux crises qui fissurent le continent.
La newsletter #22 a été réalisée par Ludovic Lamant et Fabien Escalona. Vous souhaitez nous faire des retours ? Vous pouvez écrire à : ludovic.lamant@mediapart.fr
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