samedi 4 mars 2017


La véritable nature du capitalisme

Donald Trump:  “ what you see, is what you get!”

Daniel Paquet                                                        dpaquet1871@gmail.com

 


Jamais n’a grandi chez les hommes pire institution que l’argent.  C’est l’argent  qui détruit les États ; c’est lui qui chasse les citoyens de leurs maisons ; c’est lui dont les leçons vont séduisant les cœurs honnêtes, leur font embrasser l’infamie.  Il leur enseigne tous les crimes, il leur apprend  l’impiété qui ose tout. Mais celui qui se vend et en arrive là, un beau jour  aussi aboutit au châtiment. »[1]

« Comme toutes les marchandises ne sont que des équivalents particuliers de l’argent, et que ce dernier est leur équivalent général, il joue vis-à-vis d’elles le rôle de marchandise universelle et elles ne représentent vis-à-vis de lui que des marchandises particulières. On a vu que la forme argent ou monnaie n’est que le reflet des rapports de valeur de toutes sortes de marchandises dans une seule espèce de marchandise. »[2]

Parlant du billet vert, c’est vers les États-Unis que les regards se sont tournés au début mars 2017, lors de l’allocution du président Donald Trump.  « Loin de la tonalité très sombre de son discours d’investiture, le 45e président des États-Unis a décliné sur un registre plus présidentiel qu’à l’habitude ses priorités pour donner corps à un engagement central : ‘Donner la priorité aux Américains’.[3]

À ce moment-là, le monde financier canadien n’était pas en mesure de bien cerner la tournure que prendraient les événements. « Bien qu’on ignore les détails des mesures qui seront prises en matière de politique commerciale par la nouvelle administration américaine, la tendance protectionniste est déjà évidente. (…) Au-delà des conséquences directes sur les exportations et les investissements des entreprises canadiennes, ces mesures pourraient peser sur  l’économie mondiale en ralentissant les échanges et la croissance économique à l’échelle internationale. »[4]

Le capitalisme n’est pas le fruit du hasard.  Déjà au XIXe siècle, Karl Marx écrivait que « les circonstances font tout autant les hommes que les hommes font les circonstances.  Cette somme de forces de production, de capitaux, de formes de relations sociales, que chaque individu et chaque génération trouvent comme des données existantes est la base concrète de ce que les philosophes se sont représenté comme ‘substance’ et ‘essence de l’homme’, de ce qu’ils ont porté aux nues ou qu’ils ont combattu, base concrète dont les effets et l’influence sur le développement des hommes ne sont nullement affectés par ce que ces philosophes se révoltent contre elle en qualité de ‘conscience de soi’ et ‘ d’uniques’.  Ce sont également ces conditions de vie, que trouvent prêtes les diverses générations, qui déterminent si la secousse révolutionnaire, qui se reproduit périodiquement dans l’histoire sera assez forte pour renverser les bases de tout ce qui existe (et) que l’idée de ce bouleversement ait déjà été exprimée mille fois…  comme le prouve l’histoire du communisme.»[5]

Voilà pour la toile de fond pour le développement de la thèse qui veut que la braise est toujours ardente, surtout  chez la jeunesse, notamment chez les intellectuels et les étudiants, pour que la nation québécoise jouisse enfin de son droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris le droit à la sécession complète.  La morosité qui a suivi la défaite du camp du « oui » en 1995 (lors du deuxième référendum national), ne s’est cependant pas complètement estompée chez la petite-bourgeoisie, acquise déjà à l’idée que le Québec doit être indépendant du Canada anglais.  Pour les communistes québécois, c’est une question de principe.

« Autrefois, la question nationale était considérée d’un point de vue réformiste, comme une question à part, indépendante, sans rapport avec la question générale du pouvoir du Capital, du renversement de l’impérialisme, de la révolution prolétarienne. »[6]

Le dirigeant de l’Union soviétique d’alors écrivait : « Lénine a raison lorsqu’il dit que le mouvement national des pays opprimés doit être apprécié  non du point de vue de la démocratie formelle, mais du point de vue de ses résultats effectifs dans la balance générale de la lutte contre l’impérialisme, c’est-à-dire ‘à l’échelle mondiale – et non pas isolément ‘. »[7]

« (Il faut) implanter l’internationalisme véritable et créer cette remarquable organisation de collaboration des peuples qui s’appelle l’Union des Républiques socialistes soviétiques et qui est la préfiguration vivante de l’union future des peuples groupés dans une économie mondiale unique.  De là la nécessité de combattre l’isolationnisme, l’étroitesse et le particularisme national des socialistes des pays opprimés, qui ne veulent pas voir plus haut que leur clocher national et qui ne comprennent pas le lien qui rattache le mouvement de libération de leur pays au mouvement   prolétarien des pays dominants. »[8]

Les États-Unis, qui tiennent les cordons de la bourse, de moult économies à l’échelle internationale, ont leurs propres valeurs.  Le président Trump les résume : « Nous sommes un peuple avec un destin.  Nous saignons le même sang, nous saluons le même drapeau, nous sommes faits par le même Dieu. »[9]  La majorité de la classe ouvrière blanche états-unienne partage ce credo (il faut dire qu’on les ‘dresse’ à penser ainsi dès le berceau, -ndlr).  Au Québec, la classe ouvrière est sans gouverne bien précise, si ce n’est qu’elle est désabusée et il y a de quoi : la question nationale n’est pas résolue, la corruption niche dans les alcôves du principal corps policier du Québec (Montréal), des scandales s’agglutinent dans les instances publiques (chez des politiciens, des entraîneurs sportifs, etc.).   On peut dire que l’impérialisme est certes en déclin.  La relève est plutôt rare dans les rangs de la droite conservatrice. 

Quant à la jeunesse, elle a bien oublié son élan de revendications d’il y a cinq ans qui avait réuni au-delà de 200 000 manifestants à Montréal, lors du mouvement « Printemps érable ».  Et bon nombre constatent que nous vivons dans une société de plus en plus individualiste, reniflant le dollar… 

Le recul et l’indifférence ne sont que momentanés.  Le Capital peut profiter d’une situation stagnante, mais les faits sont têtus et les think-tanks (chaires d’observatoires) sont à court d’idées.  « On a peine à l’imaginer aujourd’hui, mais la prétendue ‘mort du communisme’ des années quatre-vingt-dix fut précédée, seulement vingt ans plus tôt, par l’écroulement des fascismes européens (Grèce, Espagne et Portugal), par la montée (hélas sous dominance réformiste) de la gauche et des communistes dans toute l’Europe latine, par l’émergence de régimes anti-impérialistes en Afrique (Éthiopie, Angola, Mozambique) et en Amérique latine (Chili, Nicaragua), par la reconnaissance mondiale de la RDA (République démocratique allemande), par l’amorce d’une fragile ’détente’  Est-Ouest, imposée dans un premier temps aux USA par la diplomatie soviétique, par les insurrections révolutionnaires d’Amérique centrale, par l’éviction humiliante des USA en Iran, etc.  La contre-offensive de l’impérialisme américaine fut militaire et idéologique. »[10]

En somme, ce qu’il faut retenir, c’est que la question nationale n’est pas réglée au Canada ; c’est aussi  que face à son principal pays voisin et partenaire économique (75% des exportations canadiennes), le Canada a intérêt pour que tout se passe bien aux États-Unis.  Maintenant, l’impérialisme  US  a fait un accommodement entre ses deux courants, d’ailleurs unis dans le complexe militaro-industriel qui recevra une enveloppe gonflée pour l’année à venir de $ 54 milliards US.  Donald Trump soutient les manœuvres de l’OTAN, notamment autour de la Russie de Vladimir Poutine avec l’envoi d’équipements militaires et de personnel.  Il poursuivra son intrusion dans les affaires de l’ONU pour que cette  organisation continue à se mêler des affaires de la  Syrie et à blâmer la Russie. 

Pour le reste, il poursuivra ses pressions sur les pays en voie de développement en réduisant l’aide internationale qui sera davantage conditionnelle, en particulier lors des conférences internationales ou l’adoption de résolutions qui vont à l’encontre des alliés immédiats des USA comme Israël.  C’est ce qu’il a affirmé à Benjamin Netanyahou qui vient de lui rendre visite à Washington.

Il ne faut pas trop compter sur le Canada pour que le gouvernement Trudeau –soufflant le chaud et soufflant le froid – change ses politiques en profondeur.  Pour l’instant, Justin Trudeau plane sur une vague persistante de popularité.   Ça convient au grand Capital anglo-franco canadien.

Qui sait, il y aura peut-être une grève générale au Québec en 2017 pour que le gouvernement maintienne un régime de retraite juste et viable pour les travailleurs, qu’il protège le pouvoir d’achat, qu’il réalise l’égalité/équité homme-femme au travail, qu’il introduise la semaine de travail de 32 heures/semaine et adopte enfin la gratuité scolaire pour tous les étudiants du Québec  jusqu’au niveau universitaire.

Une telle journée pourrait avoir lieu comme deuxième journée fériée lors de la Fête nationale du Québec ou au moment de la Fête du travail.  Après tout, on a bien le droit de se demander pourquoi on fête !!

 

 

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[1] Sophocle, Antigone, Tragédies, Gallimard, Paris, 1962, page 103
[2] Marx, Karl, Le Capital, Livre 1, Éditions Folio/Gallimard, Paris, 1968, page 174
[3] AFP, Trump salue une ‘nouvelle fierté nationale’, 24H, Montréal, mercredi 1er mars 2017, page 16
[4] Banque du Canada, Les risques entourant les perspectives d’inflation, Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, janvier 2017, page 26
[5] Marx, Karl; Engels, Friedrich, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, page 59
[6] Staline, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, page 71
[7] Ibidem, page 75
[8] Ibidem, page 78
[9] Cambron-Goulet, Dominique avec La Presse Canadienne, Quatre moments marquants du discours de Trump, Métro, Montréal, mercredi 1er mars  2017, page 9
[10] Gastaud, Georges, Mondialisation capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, page 146

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