mardi 21 mars 2017

        OUEST-FRANCE (21.03.2017)                     

Présidentielle. Un premier débat ponctué de punchlines

                 
  • Le débat entre les cinq candidats a été ponctué d'échanges vifs.
    Le débat entre les cinq candidats a été ponctué d'échanges vifs. | AFP

À moins de cinq semaines du premier tour de la présidentielle, les cinq principaux candidats se sont retrouvés, hier soir, sur TF1, le temps d’une confrontation inédite.
Succession de monologues ou échanges de tirs croisés ? On s’interrogeait, avant le débat, sur les formes qu’il allait prendre. Après un début timide et policé, les candidats n’ont pas hésité à s’interpeller.

« Droguée aux faits divers »

C’est surtout Marine Le Pen et ses outrances qui ont fait l’objet de remontrances de la part de ses concurrents. L’accusant d’être « droguée aux pages faits divers », Benoît Hamon a été le plus prompt à pointer ses propos « nauséabonds » et à dénoncer son « commerce électoral » sur la question de l’immigration.
Très offensif, le candidat du PS a ciblé ensuite Emmanuel Macron sur le financement de sa campagne.


Juste avant, le candidat d’En Marche avait dû parer une autre attaque venant de Marine Le Pen à propos de la laïcité et du burkini : « Le piège dans lequel vous êtes en train de tomber, Mme Le Pen, par vos provocations, c’est de diviser la société. »

« Qui vous finance ? »

Passe d’armes entre Benoît Hamon et Emmanuel Macron. Le candidat du PS s’est interrogé sur les « lobbies » qui financent la campagne de l’ancien ministre de l’économie. « Ma campagne est financée depuis le premier jour par des personnes physiques, a répondu Macron.
Tous les noms ont été transmis à la commission nationale. » Macron a évoqué « 32 000 personnes qui ont donné ». Il ne dévoilera pas les noms, car l’identité des donateurs est « protégée par la loi ». Benoît Hamon a enfoncé le clou : il craint que des donateurs puissants n’influencent la politique du président élu. « Je prends l’engagement de n’être tenu par personne », a assuré le candidat d’En Marche !

« Pudeurs de gazelle »

Sans attendre que les affaires qui le touchent soient mises sur la table, François Fillon a annoncé que s’il est élu il mettra en place une « commission » chargée de faire des propositions en matière de « transparence de la vie publique ». Composée du vice-président du Conseil d’État, du premier président de la Cour des comptes et du procureur près la Cour de cassation, « elle remettra ses propositions au Parlement ».
Jean-Luc Mélenchon a avancé les siennes : « Il faut une interdiction de gagner de l’argent grâce à des activités de conseil lorsqu’on est élu. Les indemnités de mandats doivent être transparentes. Enfin, il doit être interdit d’embaucher sa famille », a-t-il expliqué, avant de moquer « les pudeurs de gazelle » des animateurs : « Ici, il n’y a que deux personnes concernées et qui ont des choses à se reprocher, M. Fillon et Mme Le Pen. Les électeurs le savent. Et il ne leur est pas interdit de récompenser les vertueux ! ».


« Un exil forcé »

L’immigration, vrai sujet de controverse entre les candidats. « Je veux arrêter l’immigration légale et illégale », a annoncé Marine Le Pen qui veut rétablir les frontières nationales et « couper les pompes aspirantes de l’immigration ».
François Fillon propose de fixer des quotas « calculés et votés » par le Parlement « en fonction de la situation économique ». Emmanuel Macron défend « une politique rigoureuse, ferme », mais prône en même temps un certain humanisme : « Quand quelqu’un fuit un régime, il doit être accueilli en vertu de nos principes ».


Une proposition que ne renieraient pas Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon qui estiment que la France doit s’ouvrir aux victimes des guerres et du changement climatique. « Les gens ne partent pas en immigration par plaisir. C’est un exil forcé », selon le candidat de la France insoumise.

« Justice TGV »

Marine Le Pen a dénoncé un « gigantesque problème d’intérêts privés qui s’invitent dans cette présidentielle, et qui vont peut-être prendre la place de candidats qui auraient été élus », visant implicitement l’ancien ministre de l’Économie.
« Ce que vous avez décrit, ce sont des conflits d’intérêts et ça se caractérise pénalement. Donc, soit ce que vous venez de faire Mme Le Pen, c’est de la diffamation, soyez plus précise et allez devant la justice de notre pays et, dans ces cas-là, la justice fera son office, comme elle est en train de le faire avec plusieurs candidats », a répliqué le candidat d’En marche ! Le Pen a alors ironisé : « J’espère qu’elle sera aussi rapide que pour M. Fillon ». Ce à quoi ce dernier a ajouté : « Oui, c’est ce qu’on appelle la justice TGV ».

« Le vide sidéral »

Marine Le Pen, candidate FN à la présidentielle, a sermonné Emmanuel Macron sur l’international, l’ancien ministre pointant en retour leurs divergences. « Vous avez un talent fou, vous arrivez à parler sept minutes, je suis incapable de résumer votre pensée, vous n’avez rien dit, c’est le vide absolu, sidéral », a lancé la présidente du FN.


« Si vous n’avez pas compris que contrairement à vous je ne veux pas pactiser avec M. Poutine… », a aussitôt répondu M. Macron à l’eurodéputée FN. « Si vous n’avez pas compris que, contrairement à vous, je veux une politique française forte mais responsable, pas la ruine, pas les dépenses qu’on ne sait pas financer… », a ajouté l’ancien ministre de l’Économie.
« Si vous n’avez pas compris que, contrairement à vous, je veux une France forte dans l’Europe, que j’assume pleinement, c’est notre grand désaccord », a ajouté M. Macron.« C’est de pire en pire », a répliqué Mme Le Pen. « C’est juste que je ne suis pas d’accord avec vous », a insisté le candidat « En Marche ».

Laïcité et provocations

Le thème de la laïcité a donné lieu à quelques échanges vifs entre Marine Le Pen et les autres candidats. Emmanuel Macron, notamment, accusé d’être « pour le burkini » par la présidente du FN, lui répond qu’il ne s’agit pas d’une question de laïcité mais d’ordre public.
« Le piège dans lequel vous êtes en train de tomber Mme Le Pen par vos provocations, c’est de diviser la société » et de faire « des ennemis de la République » des « plus de 4 millions de Françaises et de Français dont la religion est l’islam et qui sont, pour la très grande majorité, absolument pas dans le communautarisme », a-t-il jugé. Jean-Luc Mélenchon, tout en estimant que la laïcité était « forte », a mis en garde pour qu’elle ne « serve pas de prétexte pour s’en prendre à une religion, en clair contre les musulmans ».

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