samedi 7 octobre 2017


D’ABORD 220, PUIS 80% DE FRAIS DOUANIERS EN SUPPLÉMENT

Comment la grande bourgeoisie nord-américaine assied sa domination

Daniel Paquet                                dpaquet1871@gmail.com

MONTRÉAL -  État de choc pour les ouvriers syndiqués du fabricant d’aéronefs Bombardier : la firme états-unienne Boeing a réussi à faire adopter par le Conseil US des échanges commerciaux internationaux une prime de 220% sur les avions de la C-Séries fabriqués au Canada; et il y a une surenchère de 80%.  Voilà l’Amérique de Donald Trump : America First.  Oui, c’est une mesure protectionniste.  Mais, elle n’est pas nouvelle.

Déjà à l’époque de Karl Marx, soit en 1848 au moment de la publication du Manifeste du Parti communiste, on pouvait y lire ces lignes prophétiques : « Tous les rapports bien établis, figés par la rouille, avec leur cortège d’idées et de conceptions surannées et vénérables sont dissous; avant d’avoir pu se scléroser.  Toute hiérarchie sociale et tout ordre établi se volatilisent, tout ce qui est sacré est profané et les hommes sont enfin contraints de considérer d’un œil froid leur position dans la vie, leurs relations mutuelles.  Pressée par le besoin de débouchés toujours plus étendus pour ses produits, la bourgeoisie se répand sur la terre entière.  Il faut qu’elle s’implante partout, s’installe partout, établisse partout des relations. »  (Marx, Karl; Engels, Friedrich, Le Manifeste du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 232).

Le Boeing 747 ne volait pas à l’époque, mais le capitalisme se développait  et devenait de plus en plus impérialiste.    L’exploitation –pour reprendre un terme agraire – était extensive; le glas a sonné et surgit l’exploitation intensive, d’où la protection du marché national pour les États-Unis… tout en misant sur une plus grande accumulation externe, comme chez Netflix.  Décidément pour les Canadiens, l’heure n’est pas à la fête!

La tendance est aussi vraie pour Rona ou encore dans le domaine de la restauration, chez St-Hubert BBQ, qui passe à des mains canadiennes-anglaises.  Les nationalistes québécois grognent.

« Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie a donné une tournure cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays.  Au grand regret des réactionnaires, elle a sapé sous les  pieds de l’industrie sa  base nationale.  Les antiques industries nationales ont été anéanties et continuent à l’être chaque jour.  Elles sont évincées par des industries nouvelles dont l’introduction devient une question de vie ou de mort pour les nations civilisées… (par exemple, UBER, -ndlr).  (Marx-Engels,Ibidem, page 232).

Pour se protéger et mieux attaquer, la bourgeoisie joue parfois la carte nationaliste : par exemple au Québec ou en Espagne ces jours-ci.  C’est la classe ouvrière catalane qui est malmenée.

« De là la nécessité de combattre l’isolationnisme, l’étroitesse et le particularisme national des socialistes (i.e. communistes) des pays opprimés, qui ne veulent pas voir plus haut que leur clocher national et qui ne comprennent pas le lien qui rattache le mouvement de libération de leur pays au mouvement prolétarien des pays dominants.  Sans une telle lutte, on ne saurait défendre la politique indépendante que doit mener le prolétariat des nations opprimées, ni sa solidarité de classe avec le prolétariat des pays dominants dans la lutte pour le renversement de l’ennemi commun, dans la lutte pour le renversement de l’impérialisme.  Sans cette lutte, l’internationalisme serait impossible. » (Staline, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 78-79).

Alors qu’il se dressait devant le féodalisme agonisant, en Italie, et annonciateur du capitalisme, Dante a écrit : « Maudite soit-tu, toi l’antique louve, qui as proie plus que toutes les autres bêtes  pour le gouffre de ta faim insatiable. Ô ciel, dont on croit que les tours, semble-t-il, font transmuer les conditions d’ici-bas, quand viendra celui qui la fasse fuir? » (Dante Alighieri, La Comédie, Gallimard, Paris, 2012, page 637).

Il faut que le gouvernement fasse ceci; il faut que le gouvernement fasse cela!  C’est la réponse passe-partout.  Les marxistes ont une approche un peu plus scientifique et élaborée : « … l’État, une fois devenu une puissance indépendante à l’égard de la société, crée, à son tour une nouvelle idéologie.  Les professionnels de la politique (en France, on a appelé cela : la classe politique, -ndlr), les théoriciens du droit public et les juristes du droit privé escamotent en effet  la liaison avec les faits économiques.  Comme, dans chaque cas particulier, force est aux faits économiques de prendre la forme de lois, et comme il faut aussi, bien entendu, tenir compte de tout le système juridique déjà en vigueur, c’est la forme juridique qui doit désormais être tout et le contenu économique rien.  Droit public et droit privé sont traités comme des domaines autonomes, ayant leur propre développement historique indépendant, se prêtant par eux-mêmes du fait de l’élimination de toutes leurs contradictions internes, à un exposé systématique et même le requérant. » (Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Éditions sociales, Paris, 1966, page77).

Les négociations entourant l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) soutiennent cette thèse.  De plus,  on personnalise à l’extrême le comportement impérialiste états-unien : Trump déclare; Trump affirme; Trump menace…  Ce, alors que c’est l’impérialisme US qui a refondu son  unité d’action, pousse de l’avant un président qui représente la main-d’œuvre des multinationales et autres grandes firmes, et tue deux proies avec le même caillou : élargir leur marché en Amérique du Nord, et maintenir/préserver un certain niveau d’emplois aux États-Unis, pas trop, tout de même, pour qu’il y ait toujours une masse sans travail capable de limiter les demandes de la classe ouvrière.

 

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