lundi 16 octobre 2017

Cette semaine dans l'histoire syndicale du Canada

La plus grande manifestation ouvrière de l'histoire du Canada

Le 14 octobre 1976, plus d'un million de travailleuses et de travailleurs à travers le Canada débrayent et se joignent à une grève générale à l'appel du Congrès du travail du Canada. Les manifestantes et manifestants protestent contre le projet du gouvernement fédéral d'imposer une loi sur le contrôle des salaires et des prix. Les travailleuses et les travailleurs se sentent trahis par le gouvernement libéral de M. Trudeau qui renie sa promesse électorale.
Pendant les années 1970, les travailleuses et travailleurs canadiens font face à des difficultés économiques. Le monde du travail commence à changer avec les prémices de la mondialisation et de l'automatisation. Les employeurs adoptent de nouvelles technologies dans leurs usines au Canada et transfèrent leur production à l'étranger où les coûts de main-d'œuvre sont plus bas, ce qui entraîne une perte d'emplois dans le pays.
L'inflation et le chômage augmentent. Le dollar canadien perd de sa valeur et la hausse spectaculaire du prix du pétrole, causée par la mise en place de quotas à l'exportation par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), impacte durement les prix à la consommation. Pendant les années 1970, le prix du baril de pétrole passe de 3 $ à 40 $, une augmentation de plus de 1 300 %.
Pour compenser ce manque à gagner, les travailleuses et travailleurs réclament des augmentations de salaire. Pendant ce temps, les entreprises accélèrent la réduction de leurs coûts tout en augmentant les prix pour satisfaire au besoin de générer des bénéfices. Le chômage et les prix continuent d'augmenter, alors que l'économie stagne - un phénomène que les économistes et les politiciens appellent « stagflation ».
Pendant la campagne électorale fédérale de 1974, le parti conservateur promet d'imposer un plafonnement légal des salaires et des prix. Briguant un nouveau mandat, le parti libéral dirigé par Pierre Trudeau tourne ouvertement l'idée en ridicule et se présente à la population canadienne comme le parti anti-contrôle. Craignant des pertes d'emplois et de revenus, les travailleuses et les travailleurs se tournent en masse vers les libéraux, leur assurant la victoire et un gouvernement majoritaire.
Un an plus tard, Trudeau revient sur sa promesse. La population canadienne est furieuse.
Le plafonnement des salaires est imposé aux entreprises de 500 employés et plus, à l’ensemble de la fonction publique fédérale et à la plupart des autres organisations du secteur public. Alors que l'inflation atteint près de 11 % en 1975, la loi adoptée par le gouvernement Trudeau limite les hausses salariales pendant trois ans, à raison de 8 % la première année, 6 % la deuxième et 4 % la dernière. La limitation de l'inflation est en réalité une limitation sévère des salaires car les augmentations et les conventions collectives négociées sont annulées.
Le conflit ouvrier causé par la trahison de Trudeau cause la perte de plus de 11,6 millions de journées de travail en raison de grèves et de lock-out pour l’année 1976 seulement. Le CTC, présidé par Joe Morris, appelle à une journée nationale de protestation le 14 octobre qui donne lieu à la plus importante manifestation ouvrière de l'histoire du pays. Plus d'un million de Canadiennes et de Canadiens débrayent, défilent et clament leur opposition à l'injustice de Trudeau.
Malgré les sacrifices imposés à des millions de travailleuses et de travailleurs canadiens, à leurs familles et à leurs collectivités, l'inflation n'aura baissé que de 1,7 % au terme du contrôle des salaires et des prix en 1978. Les libéraux de Trudeau perdent les nouvelles élections fédérales.
Aujourd'hui, le mouvement syndical canadien poursuit sa lutte contre l'injustice. Les plans d'austérité du gouvernement - coupes dans les programmes et les services, gel des salaires et des embauches, privatisations, vente de biens publics, etc. - font endosser la charge aux plus démunis. « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » reste la règle d'or.

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