dimanche 22 octobre 2017


Athènes en Québec

Sur la civilisation hellénistique

Daniel Paquet                                            dpaquet1871@gmail.com

MONTRÉAL – Qui parle des Grecs vivant au Québec ? On répond illico qu’ils ont la mainmise sur les restaurants de bouffe rapide à Montréal (ex. La Belle Province ou Le Petit Québec) où on s’empiffre de poutine, de hot-dogs et d’autres aliments encore, qui écrase la faim en deux temps trois mouvements.   On les connaît peu ces Grecs ; sait-on qu’ils ont une association très influente dans le milieu du travail ; elle se nomme l’Association des travailleurs grecs, située au cœur du quartier grec, avenue du Parc près de Jean-Talon.

Cette association est principalement animée par les amis du Parti communiste de Grèce vivant dans la métropole.  Ceux-ci ont connu indirectement un souffle nouveau avec la recrudescence politique dans leur mère-patrie depuis quelques années.  Mais l’Histoire de Grèce va bien au-delà des luttes politiques et économiques qui ont prises un essor nouveau après le désastre retentissant vécu par le peuple grec suite aux agiotages des banques grecques et du monde financier européen en général.

Parlons donc de la Grèce antique en remontant à Homère dont on connaît les ouvrages célèbres : L’Iliade et l’Odyssée qui traitent des batailles épiques des clans, tribus et peuplades de cette ère. 

« Les historiens grecs de l’époque classique, Hérodote par exemple, gardaient le souvenir d’anciens habitants de la Grèce qui parlaient une langue autre que le grec, et qu’ils appellent Pélasges.  Ces Pélasges étaient sans doute apparentés aux Crétois, en tout cas soumis à leur influence : de 2400 à 2000 environ av. J.-C. des insulaires viennent s’établir dans la Grèce centrale, et la font participer, comme les Iles, à la civilisation égéenne, dont la Crète est le centre. »  (Homère, L’Iliade, GF-Flammarion, Introduction, Paris, 1965, pages 5-6).

« Des deux épopées qui sont à l’origine de la littérature grecque, l’une illustre la puissance d’expansion de la race : elle évoque l’établissement des Grecs sur la côte d’Asie ; et l’un des plus marquants épisodes dans cette prise de possession, la guerre de Troie, devient, grâce  à l’Iliade, l’événement symbolique où se traduit la force conquérante des Hellènes.  La seconde épopée met en lumière un autre de leurs dons : la faculté d’adaptation qui, jointe à l’esprit d’aventure, a permis à ce peuple de terriens de se plier si bien à des conditions d’existence nouvelles qu’il se montre capable dès qu’il s’éveille à la poésie, de concevoir et de goûter L’Odyssée, ce poème de la mer. (…)  Ce n’est pas aux  Phéniciens, bien qu’on leur en ait souvent fait honneur, c’est aux Égéens que les Grecs doivent leurs premières notions et leurs progrès rapides dans un art nouveau (la navigation, -ndlr). À bien d’autres égards, ils sont tributaires de ces Égéo-Crétois, dont plus tard il ne leur est resté qu’un sou venir imprécis, mais dont la civilisation brillante se mêle encore, pendant la période mycénienne, à l’apport proprement hellénique.  S’ils conservent leur langue et leurs dieux, leur organisations familiale et féodale, les Achéens (les prédécesseurs des Grecs, -ndlr) subissent, même dans le domaine social et religieux, l’influence de ceux qu’ils vont supplanter.  Et, dans ce qui touche la vie pratique surtout, ils les empruntent : ils s’adressent à eux pour décorer les palais formidables ; par eux ils sont instruits à cultiver la vigne et l’olivier ; d’eux enfin ils apprennent les secrets de la navigation ; et a leur tour, ils sont bientôt devenus des ‘peuples de lamer’, ainsi que les  désignent, dès le – XIII siècle, des textes égyptiens. » (Homère, L’Odyssée, Introduction, GF Flammarion, Paris, 2009, pages 7-8).

« La civilisation mycénienne était éteinte vers la fin du XIIIe siècle av. J.C., et c’est une société plus modeste, plus pauvre, qui lui avait succédé, une société qui avait perdu la science de l’écriture, entre beaucoup d’autres, et dont la plus grande réussite artistique était la tradition orale du chant héroïque, conservée dans les épopées homériques. » (Finley, Moses et Bailey, Cyril, L’héritage de la Grèce et de Rome, Éditions Robert Laffont, Paris, 1992, pages 87-88).

« Entre le premier concours tragique qui dut avoir lieu à Athènes en 534 et la fin de la période classique, plusieurs dizaines de poètes tragiques ont composé des pièces dont ils empruntaient le sujet à des cycles légendaires apparemment inépuisables, le cycle troyen, le cycle des Atrides, le cycle thébain, la légende d’Héraclès et quelques autres.  Aussi arrivait-il souvent que plusieurs tragédies soient composées, à des dates différentes, sur un même sujet (Électre :  Eschyle, Les Choéphores; Euripide, Électre; Sophocle, Électre, -ndlr). » (Électre, Librairie Générale Française, Introduction, Paris, 2005, page 7).

La culture grecque est, on le sait, une culture largement orale, mais le texte des tragédies était accessible.  Toutefois, les classiques grecs sont toujours étudiés; ainsi  la pièce Les Perses d’Eschyle (né vers 525 av. J.-C.) fût au programme des classes préparatoires scientifiques 2014-2015 en France.

Sur le plan philosophique, on ne peut gommer la présence d’Aristote.  « Né à Stagire en 384 avant J.-C., il est mort à Chalcis en 322. (…) À dix-sept ans, Aristote vint à Athènes; il y entendit Isocrate et se mit à l’école de Platon. (…) Ce philosophe (rejetant le matérialisme philosophique; le bas niveau de développement matériel et technique  peut expliquer ce choix, -ndlr) clôt magnifiquement la belle période de l’hellénisme, dont il a recensé, avec un soin minutieux, les connaissances intellectuelles et scientifiques; son génie universel a fait la somme des acquisitions réalisées de son temps… » (Aristote, Éthique de Nicomaque, Classiques Garnier, Paris, 1961, page I).

L’ultime épanouissement de la poésie grecque eut lieu à Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C., bien que l’on continuât à écrire quelques beaux poèmes pendant encore plusieurs siècles.  Après Alexandre, la civilisation de la petite cité-État fit place, dans tout le monde grec, à de grands royaumes militaires.  L’unification de la langue grecque entraîna une poussée vers l’uniformité, loin de laquelle l’individu pouvait trouver refuge dans la lecture ou dans la rédaction d’œuvres extraordinaires ou insolites. » (Ibidem, Finley, page 125).

« Les historiens grecs n’étaient visiblement pas préparés au message chrétien que ce soit sous la forme transmise par Jésus et ses proches ou  sous celle élaborée par l’Église des deux premiers siècles de notre ère.  L’histoire de la  Rédemption ne correspondait pas, au sein de l’ère païenne, à l’historiographie de type hellénique, pas plus  que les livres historiques de la Bible n’étaient d’un grand secours aux chrétiens en tant que modèles, puisqu’ils contaient l’histoire d’une nation existante sous l’angle de son obéissance ou de sa désobéissance à Dieu lors de sa période, révolue, de vie politique organisée. » (Ibidem, Finley, page 182).

Les arts ont occupé une très grande place dans la culture et la civilisation grecques, y compris au moment de l’empire gréco-romain, i.e. après la conquête de l’Empire grec par l’Empire romain.

« Il suffit de faire le tour de quelques m usées de Grèce, grands ou petits, pour le constater : tant en Italie qu’en Grèce même, l’art populaire est le même et ce n’est que de l’art hellénisant maladroitement exécuté. (,,,) « … après la conquête de l’Orient par Alexandre le Grande, l’art grec avait rayonné jusqu’en Inde, au Pakistan et  en Afghanistan, pour donner naissance à des hybrides gréco-mésopotamien, gréco-iranien ou gréco-bouddhique, où les bodhisattva en cours de destruction ont le visage d’Apollon.  L’hybride palmyrénien, lui, ne naîtra que trois siècles plus tard, lorsque le rattachement de Palmyre  à Rome aura fiait entrer la cité dans le grand courant culturel du monde; l’art palmyrénien aura alors pour modèle l’art impérial ‘romain’, cette dernière province vivante de l’art hellénistique. » (Veyne, Paul, L’Empire gréco-romain, Éditions du Seuil, Paris, 2005, pages 428-429).

« Le travail de transmission du savoir grec  à un lectorat de plus en  plus vaste connut une soudaine accélération pendant le pontificat de Nicolas V (1447-1455).  Mettant à contribution tous les humanistes  renommés de son temps et les faisant travailler sur de longs textes philosophiques ou historiques, il facilita la besogne pour le problème de la traduction.  Les érudits de la génération suivante terminèrent sa tâche et, dès la fin du siècle, le meilleur de la prose grecque devint accessible aux lecteurs latins.  Dans l’intervalle se produisit l’événement qui fit plus que n’importe quel autre pour révolutionner les études universitaires.  L’imprimerie fit son apparition en Italie en 1465.  L a publication des textes grecs, qui présentait des difficultés particulières, se faisait au ralenti; mais, dès 1535, presque tous les auteurs anciens importants étaient disponibles en version imprimée. (…)  Érasme conseillait aux futurs écrivains de lire largement les classiques et de relever ce qu’ils pensaient pouvoir ensuite utiliser dans leurs propres écrits. (…) La littérature dialectale s’imprégna de ce classicisme de bien des façons.  Les mots grecs et latins furent modernisés.  On imita les périodes de Cicéron et le style sautillant de Sénèque.  On s’essaya aux hymnes à la Pindare, aux épigrammes à la manière de Martial, aux tragédies et aux comédies classiques, aux morceaux oratoires et aux épîtres. » (Ibidem, Finley, pages 429-431).

« Pendant près de trois siècles, l’Europe avait été aux pieds de la Grèce classique.  Elle avait appris ce que pouvait enseigner la lecture directe des penseurs et des poètes grecs; et il était devenu plus ardu de continuer à progresser le long des lignes bien éprouvées de l’imitation et de l’assimilation.  Le XVIIIe siècle marque le début d’une ère nouvelle pour les études grecques.  La découverte d’informations neuves à partir de sources classiques n’était plus la condition essentielle préalable à   l’évolution culturelle.  Les concepts philosophiques et  scientifiques, les méthodes littéraires, mathématiques et technologiques auxquelles Athènes, Alexandrie et Byzance purent aisément apporter leur contribution avaient été absorbés par la tradition européenne, et une impressionnante superstructure d’idées et de techniques nouvelles s’élevait sur les bases jetées par l’Antiquité.  Dans cette situation modifiée, on en vint à voir la Grèce come un monde éloigné du nôtre, et dont les vertus constituaient un défi  aux imperfections de notre présent. » (Ibidem, Finley, pages 434-435).  

« Si nous examinons notre dette envers la Grèce ancienne, nous sommes frappés par la diversité des éléments qui lui furent empruntés.  On y trouve, par exemple, des théories métaphysiques et éthiques, des démarches mathématiques, des techniques littéraires, artistiques, pratiques; des faits historiques, des fictions allant du plus profondément pratiques; des faits historiques, des fictions allant du plus profondément symbolique au plus insignifiant. » (Ibidem, Finley, page 442).

La culture moderne grecque est  aussi bien vivante.  Au cours des dernières décennies, on a pu voir  ‘Zorba le Grec’, ‘ Z’ dont les arrangements musicaux étaient l’œuvre de Mikis Theodorakis qui n’a pu terminer son travail, étant déporté aux îles par les colonels qui venaient de s’emparer du pouvoir politique et militaire pour mettre en place une dictature fasciste en Grèce.

Aujourd’hui, la jeunesse grecque a rallié la gauche, en s’impliquant massivement dans le KKE (Parti communiste de Grèce), en militant dans les associations d’étudiants ou gagnés à la cause du syndicat  PAME.

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