dimanche 27 mai 2018


LES ANNÉES 1830 et 1840

Karl Marx (Europe) et Louis-Joseph Papineau (Canada)

Daniel Paquet

MONTRÉAL – Mai : dans l’imaginaire des nationalistes québécois, marque une date charnière dans l’histoire de l’émancipation nationale du peuple canadien-français (la fête des Patriotes).  Est-ce comparable à 1789 - en juillet - , lors de la prise de la Bastille en France? Ou à la révolution de 1848 dans ce pays?  Certes, il y a eu insurrection armée dans la colonie britannique du Bas-Canada.

« Mais, dira-t-on, les rébellions n’ont pas atteint Québec, Trois-Rivières et n’ont eu lieu que dans la grande région de Montréal… Encore faut-il savoir, du point de vue de la participation populaire aux rébellions, que le district ou la grande région de Montréal – les fameux Six comtés :  Richelieu, Verchères, Saint-Hyacinthe, Rouville, Chambly L’Acadie, auxquels s’ajoutent ceux de La Prairie, de Beauharnois, de Missisquoi, de Deux-Montagnes, de Terrebonne et de Vaudreuil – comprend en 1831 et 1844 entre 55% et 60% de la population totale du Bas-Canada.  Certes cette participation varie selon les lieux et les professions.  Le taux de participation aux assemblées populaires construit sur le rapport entre le nombre de mentions de Patriotes de tel lieu et la population du même lieu est évalué à 6% dans les Six Comtés confédérés de novembre 1837, à 8% dans les comtés de La Prairie, L’Acadie, Chambly et Beauharnois, à 4%, dans Richelieu, Verchères et Saint-Hyacinthe, à 3% dans Deux-Montagnes, Terrebonne et Vaudreuil.  Le même taux appliqué à des agglomérations atteint 20% à Saint-Philippe-de-La Prairie, 18% à Châteauguay, 14% à Saint-Charles-sur-Richelieu, 13% à L’Acadie, 12% à Saint-Eustache et à Saint-Denis, 11% à Saint-Marc-sur-Richelieu et 10% à Saint-Jean-sur-Richelieu. » (Lamonde, Yvan, Histoire sociale des idées au Québec 1760-1896, Fides, Canada, 2000, pages 271-272).

Le soulèvement armé fut le prolongement des arguties des représentants canadiens face à la couronne britannique où s’illustra Louis-Joseph Papineau.  https://youtu.be/r9anGugOHYs Celui-ci devait écrire : « Il y a déjà seize ans, je me plaignais à lord Bathurst, alors ministre pour le département des colonies, et je lui remontrais, avec l’accent d’une douleur vivement sentie, combien était lourd le joug, et humiliante la condition de notre servage colonial. » (Papineau, Louis-Joseph, Histoire de la résistance du Canada au gouvernement anglais, Canada, 2001, page 15).

En 1839, il aura pour mission de convaincre le gouvernement français d’appuyer la cause des patriotes.  Il vivra en exil en France jusqu’en 1845.  Sa mission est un échec complet.

Sous un autre angle, les progressistes québécois auraient sans doute aimé que Papineau rencontre Marx https://youtu.be/93ptytoEG5M à Londres; mais ce ne fut pas le cas; même si en 1848, Marx y fut mandaté pour rédiger le célèbre Manifeste du Parti communiste… justement à Londres.  À la même époque, il écrivit Les luttes de classes en France portant notamment sur la stratégie et les tactiques du mouvement ouvrier français s’opposant à la bourgeoisie.   Les idées de Marx et d’Engels étaient novatrices : « le communisme n’est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel cette réalité devra se régler.  Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel.  Les conditions de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes. » (Marx-Engels, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, pages 53-54).

« L’échec des luttes constitutionnelles et de la résistance armée tout comme l’exil obligé ou volontaire des Patriotes les plus engagés avaient entamé la tradition libérale. (…)  Le retour d’exil des Patriotes et de Papineau en 1845, à la suite de l’amnistie que La Fontaine réussit à obtenir, ramène le chef patriote à Montréal sans qu’il se manifeste encore publiquement.  D’ailleurs, la jeunesse montréalaise n’a pas attendu le retour de Papineau pour se donner un lieu de sociabilité et un forum de discussion.  L’Institut canadien de Montréal ouvre ses portes le 17 décembre 1844 et contribue à meubler les longues soirées d’hiver grâce à un certain nombre d’activités. (…)  La jeunesse libérale se donne aussi un journal dont le titre même est tout un programme :  L’Avenir.  Le format et la présentation typographique rappellent L’Avenir de Paris de 1830. Le journal, qui paraît à compter de juillet 1847, prend une orientation plus libérale en novembre au moment où Papineau revient à la vie publique. » (Lamonde, page 292-293).

En outre, « l’année 1848 est aussi singulièrement chargée en Europe.  La Révolution qui éclate en France le 22 février retentit dans la presse canadienne qui lui consacre une large surface rédactionnelle.  La Minerve réformiste se donne une chronique intitulée « Revue européenne » et L’Avenir, qui fait paraître des « feuilles extraordinaires » et qui s’alimente au Siècle de Paris et au Courrier des États-Unis de New York, publie le 17 mai « L’adresse à la jeunesse parisienne de la jeunesse canadienne ». (Lamonde, page 299).

Au Canada, en plus du dépassement du capitalisme et de la victoire du communisme, il appert que celui-ci devra régler démocratiquement la question nationale. « Outre ce qui a été dit, il faut encore tenir compte des particularités de la psychologie des hommes réunis en nation. Les nations se distinguent les unes des autres non seulement par les conditions de leur vie, mais aussi par leur mentalité qui s'exprime dans les particularités de la culture nationale. Si l'Angleterre, l'Amérique du Nord et l'Irlande qui parlent une seule langue forment néanmoins trois nations différentes, un rôle assez important est joué en l'occurrence par cette formation psychique originale qui s'est élaborée, chez elles, de génération en génération, par suite de conditions d'existence différentes.

Évidemment, la formation psychique en elle-même, ou, comme on l'appelle autrement, le          « caractère national », apparaît pour l'observateur comme quelque chose d'insaisissable ; mais pour autant qu'elle s'exprime dans l'originalité de la culture commune à la nation, elle est saisissable et ne saurait être méconnue.

Inutile de dire que le « caractère national » n'est pas une chose établie une fois pour toutes, qu'il se modifie en même temps que les conditions de vie ; mais pour autant qu'il existe à chaque moment donné, il laisse son empreinte sur la physionomie de la nation.

Ainsi, communauté de la formation psychique qui se traduit dans la communauté de la culture, comme l'un des traits caractéristiques de la nation.

De cette façon, nous avons épuisé tous les indices caractérisant la nation.

La nation est une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique, qui se traduit dans la communauté de culture. » (Staline, Joseph, La nation, 1913, www.marxisme.fr





La Nouvelle Vie Réelle   www.lnvr.blogspot.com

Archives :  La Vie Réelle  www.laviereelle.blogspot.com










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire