dimanche 18 mars 2018

Théâtre. Le corps féminin crie le besoin d’égalité



Photo : Lee Fou Messica
Photo : Lee Fou Messica
Lilith, de Laetitia Lambert, dans une mise en scène de Lee Fou Messica, propose une virée intime dans les souvenirs d’une jeune femme. Pladoyer noir pour en finir avec la domination mâle. 
Un homme et une femme. Sans beaucoup de chabada. Elle est « libre », lui marié. Ils s’aiment. Du moins se retrouvent-ils pour faire l’amour. Ils partent en week-end en voiture. Au fond de la scène défile une route. Pour lui, destination inconnue. Pour elle, la trace de souvenirs. En écrivant Lilith, Laetitia Lambert a tenté de provoquer des réponses à des questions qu’elle pose : « peut-on espérer sortir des schémas archaïques hommes-femmes ?  L’égalitarisme est-il une utopie ? Les hommes et les femmes peuvent-ils réussir à se comprendre ? Sommes nous réellement aussi différents qu’on veut bien nous le faire croire ? ».
Lee Fou Messica a mis en scène Laetitia Lambert (Elle) et Fabrice Michel (Lui), dans la position de deux êtres écorchés, attirés physiquement, et les dialogues souvent sont crus, mais aussi hésitants. « Elle » cherchant le débat pour briser les barrières machistes, même inconscientes, « Lui » plutôt « coincé » et tentant de comprendre, un peu, le pourquoi du comment de la domination de l’homme dans la société, dans le jeu de séduction, et dans les rapports sexuels.

« C’est compliqué, le sexe »

Au fil de ce « road movie électrique » selon le sous-titre, Les deux personnages se découvrent un peu plus, même si la fin du voyage ne correspond plus à ce qu’ils pouvaient imaginer. L’image de l’escapade amoureuse vire au noir. Les souvenirs d’une soirée qui a failli tourner au cauchemar surgissent sur le plateau. La présence d’un « autostoppeur » (François Vignaux) accélère peut être les choses, mais cette apparition fugace peut aussi créer le doute (voire l’incompréhension) chez le spectateur.
Quoi qu’il en soit, les jalons sont posés. Ainsi que le souligne Lee Fou Messica, « une voix féminine qui expose son point de vue même si on ne lui en pas demandé cela mérite que l’on s’arrête et que l’on plonge dans les méandres (torturés ou pas) du personnage ». Au septième tableau, « Lui » réplique « C’est compliqué, je veux dire, le sexe, pour tout le monde ». Ce qui n’est pas faux. Mais ne peut rien justifier la domination mâle. Les récentes dénonciations salutaires en témoignent.
Jusqu’au 7 avril du mardi au samedi à 19h30. Théâtre rue des Déchargeurs, tél. : 01 42 36 00 50.

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