mardi 13 février 2018

Décidément, cette base de discussion n’est pas à la hauteur des exigences politiques ! Intervention de Marie-Christine Burricand

, par  Marie-Christine Burricand , popularité : 53%
La base de débat propose par le texte "Bilan et avenir de notre démarche stratégique " me semble passer à côté des questions essentielles pour l’avenir.
Le plus critiquable tient au tour de passe /passe qu’il réalise sur la question du bilan stratégique, exigence ancrée dans la volonté d’un congrès extraordinaire, car s’il s’agit simplement de faire mieux, plus, à la marge, il n’y a pas nécessité d’un congrès extraordinaire.
Le texte démarre par le titre "bilan et avenir de notre démarche stratégique" au sous titre vers la "redéfinition" de cette même démarche stratégique. Les mots ont un sens. Redéfinir : modifier, reformuler le contenu d’une définition, définir une nouvelle fois en changeant quelque chose. Belle ambiguïté sur le sens donné à ce qui devrait être un examen stratégique. Et nous arrivons ainsi à un bilan, non plus de la stratégie, mais de nos expériences, dans un point 5 très limité.
Le mot expérience est de ailleurs très à la mode dans nos rangs. Si on expérimente, on peut bien se tromper ! Mais quand il s’agit d’un parti, il y a des expériences qui coutent chers et ont des effets définitifs. Le peuple et la société ne sont pas un terrain de jeu.
Au final, l’absence de bilan stratégique sincère induit un texte qui surtout ne touche pas au cadre stratégique qui est le nôtre depuis 20 ans. Nous sommes quasiment dans l’explication de texte de "rallumons les étoiles" en tentant, car il le faut bien, de répondre à l’exigence des communistes de rompre avec l’effacement du PCF.
Mais peut-on y arriver sans au moins ouvrir sur la réflexion sur notre cadre stratégique, cela paraît impossible. Je peux accepter qu’un congrès ne tranche pas toutes les questions, je peux accepter un commun d’engagements et de combats à condition que les questions stratégiques soient ouvertes, nous n’en sommes pas là.
Des éléments sont affirmés comme allant de soi dans ce texte alors qu’ils font débat :
- La définition du communisme : "L’humanité en commun, un chemin, une visée ", "égalité, partage des richesses, des pouvoirs" oui mais comment reprendre ces richesses, que fait on de l’exploitation, de la propriété, du profit, de la plus-value ?
- La question des classes sociales est esquivée sous prétexte de mouvement démocratique. Or quel sens de ce mouvement démocratique sans reposer la question des classes sociales et de leurs places respectives dans ce mouvement ?
- Le sens du bouleversement politique de 2017 qui fait l’impasse sur le désengagement croissant des citoyens du processus électoral, l’abstention. Un mouvement qui se renforce au fil des années et des déceptions politiques et qui a trouvé son apogée en 2017.
- L’appel à repartir vers vers cette nouvelle mission historique que serait la reconstruction de la gauche.
- Le rapport tactique et strategie : il est vrai que nous n’avons pas fait preuve de grandes qualités tactiques ces dernières années notamment aux présidentielles et aux municipales. Mais peut-il y avoir de la tactique sans stratégie et quand notre affaiblissement affaiblit nos liens avec la réalité sociale ?
Surtout, il y a des fantômes :
- La référence au marxisme n’est pas explicite
- J’ai parlé de l’exploitation, coeur du capitalisme
- L’État est le grand absent avec la prise du pouvoir : quel rôle pour l’état pour permettre la prise de pouvoir du peuple, prendre les mesures nécessaires ?
Cette question est au coeur de notre affaiblissement, dans cette contradiction qui fait que les gens trouvent souvent nos idées généreuses mais nous lâchent parce qu ils ne croient pas en notre capacité à transformer le réel.
Décidément, cette base de discussion n’est pas à la hauteur des exigences politiques !

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