samedi 29 juin 2019





1598 : la "Judith et Holopherne" du Caravage, une peinture haut débit ?

En direct des grands chocs esthétiques de l’histoire des arts et de la culture, Mathilde Serrell est aujourd'hui en 1598, à Rome, où le peintre et voyou Le Caravage surclasse ses rivaux avec sa représentation de « Judith et Holopherne ».
Judith et Holopherne par Caravage (1599-1602)• Crédits : Libre de droits via Wikipedia
Bagarres de rues, nuits de défonces, rivalités en tous genre : c’est la « thuglife » à Rome, et un des caïds s’appelle Michelangelo Merisi Da Caravaggio, aussi connu sous le nom de « Caravage ».
Ce peintre au service du Cardinal Del Monte vient de « tuer le game » avec sa version de Judith décapitant Holopherne. Le sujet est classique : une scène de l’Ancien Testament où la veuve Judith séduit le général assyrien Holopherne, puis lui coupe la tête dans son sommeil pour délivrer son peuple. Sauf que la représentation qu’en donne ce Caravaggio n’a rien de classique :  c’est à la fois gore et sexy. 
Une lumière violente traverse la toile, l’hémoglobine gicle à gros jets, et Judith est prise sur le vif en train de décapiter Holopherne. Le visage de l’héroïne meurtrière est mi-étonné, mi-dégouté, tandis que sa poitrine se gonfle d’excitation sous son corsage blanc transparent. À côté d’elle, une affreuse servante fripée se tient prête à recueillir la tête du tyran dans un sac.  
Avec Yannick Haenel, écrivain français et chroniqueur, auteur de La Solitude Caravage (Fayard, 2019) :
Au XXIe siècle, on est sidéré : il y a, bien avant Nietzsche, à la fois Dionysos et le Christ. C’est une position intenable, mais la peinture en est capable. Les tableaux du Caravage sont des propositions sexuelles. Mais le puritanisme a gagné depuis.
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