samedi 8 juin 2019


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Andrew Sheer devrait savoir qu’il nuit à la démocratie en coupant dans les médias
J’ai lu son gazouillis et j’y ai regardé à deux fois.  (- président du syndicat UNIFOR)
Le chef conservateur Andrew Scheer, critique antiprogressiste des médias du Canada, le « Donald Trump du Nord », fulminait contre Unifor, le plus grand syndicat du secteur des médias du Canada, qui a été invité à désigner un expert pour siéger à un comité technique en vue de définir ce qu’est le journalisme de qualité.
Le mépris dont il fait preuve dans son gazouillis pourrait vous faire croire qu’Unifor lui-même est en quelque sorte responsable d’administrer un programme qui représente une bouée de sauvetage pour les organisations journalistiques en difficulté, dont plusieurs arrivent à peine à maintenir leur salle de presse.
J’ai des nouvelles pour lui : nous n’en sommes pas responsables. Et Andrew Scheer le sait. Mais pourquoi ne pas jouer avec les faits s’ils favorisent le financement du Parti conservateur et nourrissent une chaîne sans fin de théories du complot? Il s’agit d’une stratégie parfaitement exécutée par les républicains du Sud.
Je comprends qu’Andrew Sheer joue seulement au jeu de la politique. Je comprends parfaitement.
Mais je suis furieux de ce que cette interprétation erronée délibérée et flagrante signifie pour la campagne électorale fédérale d’octobre. Je suis toujours prêt au combat, un combat juste. Vous pouvez critiquer le plan du gouvernement pour protéger la presse indépendante du Canada. Mais évaluons les avantages de ce plan en regard d’un autre afin que nous puissions tenir un débat sain.
C’est une tout autre bataille que de démolir un plan par de fausses déclarations et des demi-vérités, sans aucun plan pour appuyer ses dires, une bataille que la population canadienne ne doit pas souhaiter mener.
Dans son message, Andrew Sheer a fait circuler une photo satirique prise en 2018 de dirigeants élus d’Unifor, parodiant une couverture controversée du Maclean’ssur laquelle figuraient Andrew Sheer, Doug Ford et des cousins du Parti conservateur, portant le titre « La résistance ».
Andrew Sheer a incorrectement déclaré que les dirigeants d’Unifor avaient été « nommés pour aider à décider » de quelle façon les nouveaux fonds fédéraux visant à appuyer les organisations journalistiques en difficulté seraient distribués.
C’est faux.
La vérité est qu’il s’agit d’un groupe indépendant d’experts techniques, notamment de journalistes, dont le mandat est de définir ce qu’est le journalisme professionnel et de qualité, une tâche qu’il vaut mieux laisser aux professionnels, pas aux politiciens. Il est nécessaire de déterminer à l’avance ce qui constitue un journalisme de qualité avant d’offrir une aide financière, si nous ne voulons pas distribuer des chèques à tous les blogueurs de basse-cour.
Unifor, en compagnie de sept autres organisations, dont des associations de journalistes, des associations de travailleurs et des éditeurs (oui, ceux-là mêmes qui appuient démesurément les partis conservateurs au moment des élections), recommandera les participants qui pourront assister à ces discussions techniques préliminaires.
Le groupe aura jusqu’à la fin de juillet pour adresser ses conseils et sera ensuite dissous.
Un groupe entièrement distinct sera ensuite responsable d’allouer les fonds. Unifor n’aura aucun rôle au sein de ce groupe, et ne le devrait pas non plus.
Les enjeux sont énormes. Au cours de la dernière décennie, plus de 250 organes de presse ont fermé leurs portes ou se sont fusionnés. Les revenus des journaux ont chuté de 64 %.
Voici ce qu’Andrew Sheer doit comprendre : en perdant notre capacité de recueillir des informations, notre démocratie s’en trouvera étouffée et les fausses nouvelles continueront de se propager.
Andrew Sheer croit-il vraiment à sa propre rhétorique? Veut-il vraiment voir ce quatrième pouvoir s’effondrer? En propageant ses propres fausses nouvelles, il menace les principes mêmes de la vérité et de la démocratie.
Il devrait avoir honte.

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