vendredi 7 juillet 2017

Migrants à Paris : «Nous ne pourrions pas supporter de telles conditions de vie»

>Île-de-France & Oise>Paris>Paris XVIII|Nicolas Maviel|05 juillet 2017, 18h54 | MAJ : 06 juillet 2017, 8h20|20

La Nouvelle Vie Réelle                                                www.lnvr.blogspot.com
Communist News                                                          www.dpaquet1871.blogspot.com
marxistas-leninistas latinas hojas                                  www.ma-llh.blogspot.com
Archives: La Vie Réelle                                                 www.laviereelle.blogspot.com

Paris, le 21 juin. Serge D’Ignazio, avec son petit appareil Fuji, est allé à la rencontre des migrants pour capturer cet instant de vie pendant la canicule. Serge D’Ignazio
Nicolas Maviel
Paris XVIIImigrantsPhotographieLa Chapelle

Serge D’Ignazio est photographe amateur. Lors de la canicule le mois dernier, il a passé une matinée entière avec les migrants. Il en est ressorti bouleversé.

Le mercredi 21 juin 2017 restera à jamais graver dans sa mémoire. En pleine canicule sur la capitale, Serge D’Ignazio, photographe amateur, est allé dès le lever du jour porte de la Chapelle (XVIIIe). Son but : rendre compte de la vie, ou de la survie plus exactement, des migrants qui vivent dans la rue, sous les ponts, aux abords du périphérique ou de l’A1 dans l’attente d’une place dans le centre d’accueil. Ses images, toujours en noir et blanc, l’ont marqué, bouleversé.

A LIRE AUSSI
>  
Chaos migratoire porte de la Chapelle

«Dans un premier temps, à 6 heures du matin, j’ai arpenté les rues. J’ai observé, explique ce retraité de 63 ans passionné de photographie. Ensuite, avec mon petit appareil Fuji, je suis revenu et j’ai pris mes clichés, toujours en demandant l’autorisation avant.» Discrètement, il saisit des situations, des regards. Il s’étonne, se révolte. «Nous ne pourrions pas supporter de telles conditions de vie, souligne-t-il, la voix encore marquée par l’émotion et les yeux plein de compassion. Depuis toujours, je recherche à capturer de l’humain. L’esthétisme ne m’intéresse pas et la nature les oiseaux, ce n’est pas mon truc.» Au fil de la matinée de ce 21 juin, il se pose, observe et photographie. «Finalement, il faut juste une bonne paire de chaussures, une attitude avenante et un appareil discret, pas trop gros, pour s’approcher de ces personnes et avoir leur accord pour les photos. Après, je m’interdis quand même les photos que j’estime dégradantes, comme ce migrant à moitié nu emmené dans un fourgon de police.»

 

«La situation de ces personnes me rend dingue»

 
Une fois chez lui, il télécharge son travail sur son ordinateur et prend une nouvelle «claque». «Sur le moment, quand je photographie, je prends de la distance. Mais une fois rentré, quand je regarde les photos sur mon écran, je redécouvre mon travail et je prends toute la mesure de l’urgence. C’est uen sorte de deuxième prise de conscience, avoue Serge D’Ignazio. D’ailleurs, c’était mon second reportage là-bas. Le premier, je l’ai réalisé avec les casseurs de pierres (NDLR : ceux qui ont partiellement détruit les blocs de pierre pour empêcher la formation de camps aux abords du centre d’accueil). Mais la situation de ces personnes me rend dingue. On est capable de dépenser 2 M€ pour organiser deux jours à Paris aux couleurs des Jeux olympiques mais pas d'aider ces personnes qui n’ont même plus d’espoir dans les yeux.»
 
L’enfant de Saint-Ouen, l’ex-ouvrier de chez Dassault à Saint-Cloud, l’ex-bibliothécaire à Anthony, aujourd’hui retraité, n’en a pas fini avec son petit Fuji. Dès la rentrée, il promet de revenir porte de la Chapelle mais aussi de suivre les mouvements sociaux et manifestations. L’humain, encore et toujours, sera au centre de ses photos pour immortaliser, interpeller et rendre compte.
 
Nicolas Maviel  leparisien.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire