vendredi 21 avril 2017


LE CANADA, PAYS SI JEUNE

Mais habité depuis plus de 10 000 ans 

Daniel Paquet

MONTRÉAL - On estime que les Premières nations (les peuples autochtones : Amérindiens et Inuit), sont arrivés d’Asie depuis cette période en franchissant la surface gelée du Pacifique Nord.  À l’Est, les peuples Européens (Normands et Europe de l’Ouest : France, Irlande, Portugal, etc.) sont venus plus récemment pour pêcher (la morue) plus généralement sans établir de colonies fixes.

Les Français se sont établis avec Jacques Cartier en 1534 et Champlain en 1608.  Les fourrures constituaient le principal attrait.  Mais pas le seul.  Les guerres entre Européens et Asiatiques avaient fermé l’accès vers la Chine et les marchands notamment cherchaient une nouvelle voie vers l’Ouest pour conserver leurs marchés : or et épices.

Les Français se sont établis dans ce qu’on a appelé ensuite l’Amérique française : une bonne partie de l’Amérique du Nord, y compris les actuels États-Unis et la Nouvelle-France, avec Québec comme capitale coloniale.  Dans les années 1760, la guerre entre l’Angleterre et la France entraîna pour la France la perte de ses colonies d’Amérique du Nord (excepté deux  îles : St-Pierre et Miquelon, près de Terre-Neuve.  Le Canada fut divisé en quatre colonies britanniques : Nova Scotia, New Brunswick, Ontario et Québec.  Avec le développement du capitalisme et la révolution industrielle, il devint impérieux pour les marchands anglais du Canada de s’unir et de protéger ensemble des raids des Fenians (Irlandais immigrés aux USA); ils fondèrent en 1867 le Dominion du Canada.

En 2017, on célèbre 150 ans d’existence de ce jeune pays.  Voyons comment se passèrent les choses vers la mi-19ème siècle dans la mère-patrie (la Grande-Bretagne) et dans le Canada.  D’après le manuel d’Histoire générale du Canada, « le dynamisme de la Grande-Bretagne dans la construction ferroviaire des années 1840 s’explique par l’énorme accumulation de capital qu’a engendrée la révolution industrielle des cinquante années précédentes.  Quand il devient évident qu’il est rentable d’investir dans les chemins de fer, on c herche des débouchés à l’étranger, en France, aux États-Unis et, surtout, en Amérique du Nord britannique. (…)   Au Canada, la construction des chemins de fer  ne se fait pas dans les mêmes conditions qu’en Grande-Bretagne où les coûts de la main-d’œuvre sont basés sur du travail douze mois par année, fourni par des itinérants mal payés.  Au Canada tout travail s’arrête en novembre, toute construction doit tenir compte du gel intense, la main-d’œuvre est à la fois moins productive et plus coûteuse. »[1]  Le Canada capitaliste est en plein essor, à l’image de la Grande-Bretagne où s’est réfugié un jeune Allemand, Karl Marx, qui avec son camarade Friedrich Engels, a été mandaté pour rédiger le Manifeste du Parti communiste.   Voici ce que dit entre autres ce document : « La découverte de l’Amérique, le tour du cap de Bonne-Espérance ont ouvert à la bourgeoisie montante un champ d’action nouveau.  Les marchés des Indes Orientales et de la Chine, la colonisation de l’Amérique, le commerce avec les colonies, l’accroissement des moyens d’échange et des marchandises en général ont donné au négoce, à la navigation, à l’industrie un essor qu’ils n’avaient jamais connu et entraîné  du même coup le développement rapide de l’élément révolutionnaire dans la société féodale chancelante. (…) La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l’Amérique.  Le marché mondial a donné un immense développement au commerce, à la navigation, aux communications terrestres. Ce développement a réagi à son tour sur l’extension de l’industrie et à mesure que l’industrie, le commerce, la navigation et les chemins de fer prenaient de l’extension, la bourgeoisie se développait, elle accroissait ses capitaux, elle rejetait à l’arrière-plan toutes les classes héritées du Moyen Âge. »[2]

Ce bouleversement économique n’avait pas encore eu lieu en Russie; ce qui faisait dire à Joseph Staline en mai 1935 : Vous savez que nous avons hérité du vieux temps un pays  à technique arriérée, un pays misérable, ruiné.  Ruiné par quatre années de guerre impérialiste, ruiné encore par trois années de guerre civile, un pays avec une population à demi illettrée, une technique inférieure, avec quelques îlots d’industrie noyés au milieu d’un océan d’infimes exploitations paysannes – tel était le pays que nous avions hérité du passé.  La tâche consistait à faire  passer ce pays de la sombre voie médiévale dans la voie de l’industrie moderne et de l’agriculture mécanisée.  Tâche sérieuse et difficile, comme vous le voyez.  La question se posait ainsi : ou bien nous accomplirons cette tâche dans le plus bref délai et affermirons le socialisme dans notre pays, ou bien nous ne l’accomplirons pas, et alors notre pays techniquement faible et arriéré au point de vue culturel, perdra son indépendance et deviendra l’enjeu des puissances impérialistes. (…) Il fallait créer une industrie de premier ordre.  Il fallait l’orienter de façon à la rendre apte à réorganiser techniquement non seulement l’industrie, mais aussi l’agriculture, mais aussi nos transports ferroviaires.  Pour cela, il fallait s’imposer des sacrifices et réaliser en toute chose la plus stricte économie; il fallait économiser et sur l’alimentation, et sur les écoles, et sur les tissus, pour accumuler les fonds nécessaires à la création de l’industrie.  (…)  Vous savez que nous nous sommes acquittés de cette tâche… »[3]

Les gentils loustics iront de cette remarque : eh oui, mais l’URSS s’est effondrée!  En fait depuis le décès de Joseph Staline en 1953, on peut plutôt dire que même avec une base socialiste, l’économie soviétique est redevenue capitaliste et bien avant la « chute » du  Mur de Berlin.  Plus encore, c’est une très grande partie du monde qui a été menacé –si ce n’eut été de l’Armée rouge et Staline – par le nazisme. 

Le philosophe français Georges Gastaud dit à ce sujet dans un de ses ouvrages :  « Rappelons d’abord que le fascisme des années trente ne fut pas seulement la réponse ‘ à chaud’ de la bourgeoisie à la révolution prolétarienne montante; comme Dimitrov l’a montré dans son rapport au VIIème congrès du Komintern, le fascisme a tout autant résulté de la défaite de la révolution spartakiste en Allemagne et de la contre-attaque bourgeoise qui s’en est suivie.  Or, nous sortons d’une défaite historique mondiale de la classe ouvrière.  Le fascisme est le frère de lait de la contre-révolution, le fils aîné de l’anticommunisme.  Ceux qui veulent sincèrement combattre le fascisme doivent donc commencer par refuser l’anticommunisme, cesser de diaboliser le passé soviétique du socialisme.  Car si l’on peut être antifasciste sans être communiste, il est impossible à un anticommuniste d’être un antifasciste conséquent. »[4]

Les gens bien « branchés » déclareront que le nazisme et le fascisme en général,  ça ne peut plus exister puisque Adolf Hitler est bel et bien mort.  Oui, mais ses idées et ses conceptions politiques et économiques le sont-elles? (cf. son Mein Kampf).   Même, les économistes bourgeois commencent à s’inquiéter des projets de Donald Trump sur ce terrain.  « Comme l’a indiqué la Banque (du Canada) dans des livraisons antérieures du Rapport (sur la politique monétaire), les événements récents dans certaines économies avancées, notamment aux États-Unis, donnent à penser que les politiques de commerce extérieur (i.e. protectionnisme) pourraient devenir plus restrictives.  Le scénario de référence de la Banque tient uniquement compte de l’incidence estimative qu’aurait une incertitude élevée et persistance liée aux politiques de commerce extérieur sur les échanges et les investissements au pays et dans le monde.  La portée et l’ampleur d’éventuelles nouvelles mesures américaines en matière de commerce extérieur constituent une importante source d’incertitude. (…)  En outre, la Banque s’attend maintenant à ce que l’incertitude entourant la politique de commerce extérieur des États-Unis freine le redressement de la croissement des échanges et des investissements à l’échelle mondiale. » [5]

Bon, n’allez pas vous jeter au bas du pont…  Il s’agit d’être conscient et circonspect dans vos lectures quelles  qu’elles soient,  y compris les blogs dont voici les adresses :

 

La Nouvelle  Vie Réelle                                        www.lnvr.blogspot.com

Communist News                                                www.dpaquet1871.blogspot.com

marxistas-leninistas latinas  hojas                    www.ma-llh.blogspot.com

Archives: La Vie Réelle                                        www.laviereelle.blogspot.com

                  Pour la KOMINTERN now !              www.pourlakominternnow.blogspot.com

 

 



[1] Sous la direction de Craig Brown, Éditions française dirigée par Paul-André Linteau, Les Éditions du Boréal, Montréal, 1988, page 341-342
[2] Flammarion, Paris, 2008, pages 229-230
[3] Discours prononcé au Palais du Kremlin à l’occasion de la promotion des élèves des Écoles supérieures de l’Armée rouge, le 4 mai 1935, Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 780-782
[4] Mondialisation capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, page248
[5] L’économie mondiale, Ottawa, avril  2017, page 3

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