dimanche 2 septembre 2018








MATÉRIALISME PHILOSOPHIQUE ET PSYCHOLOGIE PRATIQUE


Contribution marxiste-léniniste à la lutte contre les maladies mentales



Daniel Paquet







LE 26 JUILLET 2017










M
algré son idéalisme maintenant dépassé – sociologiquement   parlant -, le philosophe britannique David Hume a apporté une pierre de bonne taille dans la construction du savoir sur l’Homme. «  L’esprit humain est naturellement formé de manière à ressentir un sentiment d’approbation ou de blâme à l’apparition de certains caractères, de certaines dispositions et actions; il n’y a pas d’émotions plus essentielles à sa structure et à sa constitution.  Les caractères qui s’attirent notre approbation sont surtout ceux qui contribuent à la paix et à la sécurité de la société humaine; les caractères qui éveillent le blâme sont surtout  ceux qui tendent à nuire à la société et à la troubler; on peut raisonnablement en présumer que les sentiments moraux naissent, soit médiatement, soit immédiatement, d’une réflexion sur ces intérêts opposés.  Qu’importe que des méditations philosophiques établissent une opinion ou une conjecture différente, à savoir que toute chose est bonne à l’égard du tout et que les qualités qui troublent la société sont, dans l’ensemble, aussi  bienfaisantes et  sont aussi conformes à l’intention primitive de la nature que celles qui accroissent plus directement son bonheur et son bien-être? » (Hume, David, Enquête sur l’entendement humain, GF Flammarion, Paris, 2006, page 171).

Il faut espérer que l’introduction ne soit pas trop déroutante.  Pratiquement, des milliers d’individus au Québec, n’ont pas eu le choix d’être institutionnalisés en raison de leur état psychique; ils ne raisonnaient pas comme l’Homme normal.  Rien qu’à Montréal, plus de 7 000 personnes dans les années d’apogée, étaient hospitalisés dans le complexe de St-Jean-de-Dieu (plus tard nommé Hôpital Louis-Hyppolite Lafontaine),  une véritable ville avec tous ses services connexes (même un train) avec pour soins les connaissances hasardeuses de religieuses et de quelques employés civils; les psychiatres étaient chose rarissime.  Ils étaient déviants.  À l’époque de la Révolution tranquille, et suite à  une commission d’enquête au vaste mandat, il fut convenu qu’il y aurait désinstitutionalisation et que les patients seraient soignés dans des hôpitaux généraux et que les grands centres spécialisés donneraient congés à leurs patients pour qu’ils soient hébergés dans des ressources intermédiaires avec le soutient adéquat : logement, loisirs et traitements.  Ce fut l’œuvre du gouvernement libéral de Jean Lesage sous la pression des professionnels de la santé et des organismes syndicaux.  Un institut fut même bâti pour accueillir les personnes dont la maladie s’entrecroisait avec la criminalité; nous y reviendrons.

Dans le passé, les révolutionnaires Karl Marx et Friedrich Engels, avaient rédigé en 1845-1846, un ouvrage intitulé L’idéologie allemande où ils écrivaient : « Donc si des millions de prolétaires ne se sentent nullement satisfaits par leurs conditions de vie, si leur ‘être’ (… contredit leur ‘essence’, c’est sans doute là une anomalie mais non pas un hasard malheureux.  C’est un fait historique reposant sur des rapports sociaux déterminés, que Feuerbach se contente de constater; il interprète seulement le monde sensible existant, se comporte à son égard en théoricien alors qu’en réalité…) pour le matérialiste pratique, c’est-à-dire pour le communiste, il s’agit de révolutionner le monde existant, d’attaquer et de transformer pratiquement l’état de choses qu’il a trouvé. » (Marx-Engels, L’Idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, page 67).

Des tabous lourds et bien ancrés, des silences bavards et des hésitations fréquentes entourent la maladie mentale.  Souvenir de Paris en  2009 : un camarade du PCF m’invite à visiter  sa ville et plus particulièrement de participer à la marche du Premier Mai (Fête internationale des travailleurs).  Rendez-vous banal me direz-vous; mais comment cela peut-il être quand même les services policiers s’entendent pour conclure que plus de 1,6 million de personnes ont arpenté les artères de la Ville-lumière.  Celle-ci terminée, mon ami et sa fille Peggy m’invitent à prendre un verre avec des copains.  Tout le monde se joint à la conversation joyeuse et profonde.  Hervé, mon camarade note que je n’ai pas dit  un  mot.  « Mais, mon camarade du Québec aurait bien quel que chose à dire; parle-nous, tiens de la santé mentale dans ton beau Québec! »  Je m’exécute.   D’abord les maladies : schizophrénie, bipolarité, dépressions, burn-out, etc.; les traitements : la psychothérapie, les médicaments.  Bref, tout y passe.  Il y a parmi nous un mathématicien connu et reconnu dans le milieu, tellement impressionné par l’exposé, qu’il décide de payer la tournée générale…

Souvent, on dit des « fous » qu’ils racontent n’importe quoi.  C’est faux!  À travers leur langage, c’est l’expérience de leur vie qu’ils racontent, comment ils s’en font le prisme et le filtre.  « Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s’imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu’ils sont dans les paroles, la pensée, l’imagination et la représentation d’autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os; non, on part des hommes  dans leur activité réelle, c’est à partir de leur processus de vie réel que l’on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. Et même les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement du processus de leur vie matérielle que l’on peut constater empiriquement et qui repose sur des bases matérielles. De ce fait, la morale, la religion la métaphysique et tout le reste de l’idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d’autonomie. » (Ibidem, page 36).

Bien avant Karl Marx et Friedrich Engels, les économistes anglais ont démontré que nous vivions dans une société fondée sur la lutte des classes.  Qu’est-ce que cela a à voir avec la maladie mentale?  Voilà, dans certains hôpitaux comme l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, ce qui unit les patients (plus de 300), c’est qu’ils ont commis un délit.  À leur entrée, il est clair qu’ils représentent un danger pour la société et concomitamment un danger pour eux-mêmes.  Là, s’arrête la convergence…  Cependant, l’Association québécoise des archivistes médicales (AQAM) a fait sienne la responsabilité suivante : « L’établissement doit assurer le respect des lois et règlements relatifs à la  tenue, à la conservation et à la communication du dossier (médical).  Il doit en assurer l’intégrité, la disponibilité et la confidentialité.  Des campagnes de confidentialité sont dispensées régulièrement aux membres du personnel (dans les institutions). (…)  Les archivistes médicales sont des gestionnaires de l’information de la santé.  Elles maîtrisent une combinaison  unique de connaissances et de compétences touchant les sciences  biomédicales, les technologies de l’information et les aspects juridiques.»  Notons que parmi les malades, il y a des professionnels (journalistes, pilotes d’avion, techniciens, etc.), des ouvriers spécialisés, (soudeurs, couvreurs, etc.) et à l’opposé des éléments disparates sans qualification, en raison de leur jeune âge ou encore parce qu’ils sont « dans la rue ».    À ce sujet, Marx et Engels ont écrit :   « Quant au prolétariat en haillons (i.e. lumpenprolétariat en allemand), ce pourrissement passif des couches les plus basses de la vieille société, une révolution prolétarienne pourra le précipiter ça et là dans le mouvement, mais toutes ses conditions d’existence font qu’il sera plus disposé à se laisser acheter pour des machinations réactionnaires. » (Marx-Engels, Manifeste du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 242).

Quiconque veut mieux connaître la mentalité et la déchéance du prolétariat en haillons devrait lire Germinal d’Émile Zola (GF Flammarion, Paris, 1968, 502 pages).
D’ailleurs, toute l’approche à l’Institut Pinel se fonde sur les soins psychiatriques et physiques, mais secondée d’une équipe d’éducateurs et d’éducatrices.  Avouons-le, il faut parfois « éduquer » les patients, leur enseigner le b-a Ba de la vie en société; souvent à commencer par l’hygiène corporelle et la façon de se nourrir.  Quant aux soins et aux services, les services de santé (dans la présente décennie) mentale se réorganisent afin d’en faciliter l’accès et de mieux s’adapter aux besoins de la population.  Dans ce contexte, l’équipe traitante de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal et le patient ont étudié la possibilité du suivi qui soit maintenant assumé par l’hôpital de secteur ou par le médecin de famille.

Malgré ce changement de cap, « toute personne a droit au respect de sa vie privée.  Ce droit fondamental est garanti par la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et par le Code civil.  Les établissements de santé sont soumis à plusieurs lois afin de respecter ce droit fondamental.  Plus particulièrement, l’article 19 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux vient encadrer ce droit.[1]

Ce qui est souhaitable, c’est –pour la société tout entière- qu’on en arrive à comprendre que « les répercussions du monde extérieur sur l’homme s’expriment dans son cerveau, s’y reflètent sous forme de sentiments, de pensées, d’instincts, de volontés, bref, sous forme de ‘tendances idéales’, et deviennent sous cette forme, des ‘puissances idéales’. Si le fait que cet homme obéit en général à des ‘tendances idéales’ et laisse des ‘puissances idéales’ exercer de l’influence sur lui, - si cela suffit pour faire de lui un idéaliste, tout homme quelque peu normalement constitué est un idéaliste-né et, dans ce cas, comment peut-il somme toute y avoir encore des matérialistes? » (Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Éditions sociales, Paris, 1966, pages 39-40).

De plus, « la méthode dialectique marxiste est caractérisée par les traits fondamentaux que voici : contrairement à la métaphysique, la dialectique regarde la nature non comme une accumulation accidentelle d’objets, de phénomènes détachés les uns des autres, isolés et indépendants les uns des autres, mais comme un tout uni, cohérent, où les objets, les phénomènes sont liés organiquement entre  eux, dépendent les uns des autres et se conditionnent réciproquement.  C’es pourquoi la méthode dialectique considère qu’aucun phénomène de la nature ne peut être compris si on l’envisage isolément, en dehors des phénomènes environnants; car n’importe quel  phénomène dans n’importe quel domaine de la nature peut être converti en non-sens s, on le considère en dehors des conditions environnantes, en le détachant de ces conditions; au contraire, n’importe quel phénomène peut être compris et justifié, si on le considère sous l’angle de sa liaison indissoluble avec les phénomènes environnants, si on le considère tel qu’il est conditionné par les phénomènes qui l’environnent. « (Staline, J., Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, page 851).

Tristement, cet environnement au Canada, c’est la culture ambiante meublée de violences gratuites : au cinéma, à la télévision et la presse écrite. Nous sommes immergés de meurtres, de viols, de vols, d’agressions en tout genre qui constituent le corpus de notre « éducation » quotidienne.  Plus encore, la drogue fragilise les individus les plus vulnérables et fait de ceux-ci des prédateurs qualifiés pour des attaques contre autrui, le plus souvent des membres proches de notre entourage.  En somme, cette pseudo-culture détruit des individus et fomente en eux des êtres « irresponsables ».
 
À cela, Karl Marx avait déjà répondu : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières; mais ce qui importe, c’est de le transformer. » (Marx, Thèses sur Feuerbach, Éditions sociales, Paris, 1966, page 91).

Ces jeunes déstabilisés, on les retrouve aussi dans des mouvements déclassés comme au Venezuela ces jours-ci.  Ils se masquent et attaquent avec fureur les institutions d’État, y compris les lieux de travail des employés du secteur public.  Ils sont facilement récupérables et les spécialistes d’action directe contre les gouvernements qui ne plaisent pas à l’administration US (ex. la Syrie) les soudoient pour une bouchée de pain.  À Montréal, on les retrouve à la queue des manifestations légitimes organisées par les associations étudiantes; s’ils se retrouvent en prison, les autres détenus les traitent avec bienséance et les  honorent du titre de « prisonnier politique ».  Tôt ou tard, ils se retrouvent à l’Institut Philippe-Pinel.
Évidemment, les coupures budgétaires n’aident pas à résoudre le problème; en fait, il faut humaniser ces patients.  Pour ce faire, ça prend des personnels bien formés.  D’autant plus que des situations dramatiques peuvent surgir à l’intérieur des  murs des hôpitaux.   Ainsi, il y a quelques années, un patient, Alain Ducap, a réussi à tenir en  haleine un bon nombre d’employés lors d’une prise d’otages.  Sa feuille de route criminelle était déjà marquée de viols, d’agressions diverses et de récidives fréquentes. (cf. Larouche, Vincent, Des employés pris en otages, La Presse, Montréal, vendredi  7 octobre, 2011, pages A 2 et A 3).

À l’opposé, on retrouve d’autres patients qui disent que « se rétablir, c’est revivre de nouveau après la maladie, retrouver le pouvoir sur (sa) vie, se sentir maître de son devenir. Le rétablissement est important et différent pour chacun.  Après un épisode psychotique[2] ,  Il faut se reprendre en mains.  Il faut apprendre à gérer ses symptômes et maintenir l’équilibre bio-psycho-social et spirituel dans toutes les sphères de sa vie.  Il est aussi primordial d’avoir un but à atteindre, cela agit comme motivateur.  Il faut se dire ‘je suis capable’ et se fixer des buts à court et à long terme.  En tant que paire aidante, Colombe St-Louis essaie de redonner espoir aux personnes attentes d’une maladie mentale. Elle les soutient et les responsabilise dans leur reprise de pouvoir sur leur vie et leur processus de rétablissement.  Elle leur apporte son expertise afin de les aider à développer leurs propres stratégies. Elle offre aussi de nombreux services : suivi individuel, soutien ponctuel, conférence, témoignage, café-causerie, etc.  Ses principaux outils d’intervention sont l’écoute efficace, l’art de poser des  questions et le développement d’un plan d’intervention adapté à chacun. » (Nolet, François, Colombe St-Louis, la survivante, Revue Mentalité, Montréal, Automne 2017, Numéro 3, page 15).

La littérature apporte beaucoup de réconfort.  Ne serait-ce qu’en rendant joli ce monde qui nous entoure et dont nous sommes : 
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en  sentirai la fraîcheur à mes pieds.  Je laisserai le vent baigner ma tête nue.  Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, - heureux comme avec une femme. (Sensation, mars 1870, Arthur Rimbaud).  Robert Charlebois a mis en musique ce poème dédié à la vie. (Rimbaud, Œuvres complètes, Éditions Flammarion, Paris, 2016, page 37).

Vladimir Lénine, dans son célèbre ouvrage Matérialisme et empiriocriticisme souligne qu’au-delà des sensations, il faut bien admettre d’un point de vue scientifique que « … le concept humain de la cause et de l’effet simplifie toujours  quelque peu les liaisons objectives des phénomènes de la nature, qu’il ne reflète que par approximation en isolant artificiellement tel ou tel aspect d’un processus universel unique.  Si nous constatons la correspondance des lois de la pensée aux lois de la nature, cela devient compréhensible, dit Engels, dès que l’on considère que la pensée et la conscience sont ‘des produits du cerveau humain et que l’homme est lui-même un produit de la nature’.  On comprend que ‘les productions du cerveau humain, qui en dernière analyse sont aussi des produits de la nature, ne sont pas en contradiction, mais en conformité avec l’ensemble de la nature. (…) Chacun connaît – et les sciences de la nature étudient – l’idée, l’esprit, la volonté, le psychique, fonction du cerveau humain travaillant normalement; détacher cette fonction de la substance organisée d’une façon déterminée, en faire une abstraction universelle, générale, ‘substituer’ cette abstraction à toute la nature physique, telle est la chimère de l’idéalisme philosophique, et c’est aussi un défi aux sciences de la nature.  Le matérialisme dit que ‘l’expérience socialement organisée des êtres vivants’ est  un dérivé de la nature physique, le résultat d’un long développement de cette nature, développement commencé à  une époque où il n’y avait, où il ne pouvait y a voir ni société, ni organisation,  ni expérience, ni i êtres vivants.  L’idéalisme dit que la nature physique est un dérivé de cette expérience des êtres vivants, et, ce disant, il identifie la nature à la Divinité (ou la lui soumet). Car Dieu est sans contredit le dérivé de l’expérience socialement organisée des êtres vivants. » (Lénine, V., Œuvres, tome 14, 1908, Éditions Sociales, Paris- Éditions du Progrès, Moscou; 1976, pages 160-161, 238).

Lénine fait aussi valoir qu’il ne puisse  y avoir de sensations (humaines) sans  l’homme au tout premier degré.  « Le deuxième ne compte pas non plus,, ca nul homme, pas plus que les sciences de la nature, ne connaît  le psychique antérieur au physique.  Le monde physique existait avant que le psychique     eût pu apparaître comme le produit supérieur des formes supérieures de la matière organique. (…) Aussi on élimine ces deux premiers degrés alors, mais alors seulement, nous pouvons avoir du monde une vision  correspondant véritablement aux sciences de la nature et au matérialisme.  Précisons : 1° le monde physique existe indépendamment de la conscience humaine et exista bien avant l’homme, bien avant toute ‘expérience des hommes’; 2° le psychique, la conscience, etc., est le produit supérieur de la matière particulièrement complexe de la matière qui porte le nom de cerveau humain. » (Ibidem, page 236).

Nous avons abordé brièvement, le traitement dans les hôpitaux québécois au Canada, pour le rétablissement de la santé mentale et le rôle du cerveau.  Le compagnon de route de Karl Marx, Friedrich Engels, a tenté et réussi l’exposition de la Dialectique dans l’histoire de l’humanité.  Voici ce qu’il dit : « Le développement du cerveau et des sens qui lui sont subordonnés, la  clarté croissante de la conscience, le perfectionnement de la faculté  d’abstraction et de raisonnement ont réagi sur le travail et le langage et n’ont cessé de leur donner, à l’un et à l’autre, des impulsions sans cesse nouvelles pour continuer à  se   perfectionner.  Ce perfectionnement ne se termina pas au moment où l’homme fut définitivement séparé du singe; dans l’ensemble, il a au contraire continué depuis.  Avec des progrès différents en degré et en direction chez les divers peuples et aux différentes époques, interrompus même ça et là par une régression local et temporaire, il a marché en avant d’un pas vigoureux, recevant d’une part  une nouvelle et puissante impulsion, d’autre part une direction plus définie d’un élément nouveau qui a surgi de surcroît avec l’apparition de l’homme achevé : la société. » (Engels, Friedrich, Dialectique de la nature, Éditions sociales, Paris, 1975, page 175).

Voici un cas concret où le cerveau joue  le rôle premier.  « La température affecte souvent l’humeur des gens.  Un beau  ciel ensoleillé avec quelques nuages peut nous relever le moral, tandis qu’une journée sombre et pluvieuse peut parfois nous rendre triste ou morose. Bien que ces changements d’humeur soient perceptibles, ils n’affectent généralement pas notre capacité d’accomplir nos activités quotidiennes.  Cependant, certaines personnes sont susceptibles d’éprouver un type de dépression associé au rythme des saisons.  La réduction d’ensoleillement et le raccourcissement des jours en fin d’automne provoquent chez ces personnes des réactions apparentées à la dépression clinique qui peut durer jusqu’au printemps.  Cet état s’appelle ‘trouble affectif saisonnier, ou TAS. (…) Cet état mental est connu depuis plus de 150 ans, mais n’a été reconnu comme un trouble que depuis le début des années 1980. (D’autres recherches indiquent qu’un TAS peut perturber les neurotransmetteurs – les médiateurs chimiques dans le cerveau qui aident à régulariser le sommeil, l’humeur et l’appétit. » C’est là, et à ce sujet, la conclusion de l’Association canadienne pour la santé mentale, un organisme bénévole œuvrant à l’échelle  pancanadienne dans le but de promouvoir la santé mentale de tous et de favoriser la tolérance et le rétablissement de personnes atteintes de maladies mentales. »

Condamnation à ne plus vivre… Nenni! C’est la liberté et le bonheur  qui nous attend.  Mais toutes ces personnes qui souffrent de maladie mentale dépérissent si le regard des autres, dont les personnels s’arrêtent à ne pas franchir le regard que le malade pose sur l’humanité et surtout son immense tristesse si la maladie l’a entraîné dans la commission d’un acte tragique.  Avec le poète français Paul Éluard, il ne pourra que s’exclamer : « J’ai cru pouvoir briser la profondeur l’immensité  par mon chagrin   tout nu sans contact sans écho je me suis étendu dans  ma prison aux portes vierges comme un mort raisonnable  qui a su mourir  un mort non couronné sinon de son néant je me si étendu sur les vagues absurdes du poison absorbé  par amour de la cendre la solitude m’a semblé plus vive que le sang… » (Éluard, Paul, Derniers poèmes d’amour, Éditions Seghers, Paris, 1989, page 187).

Il y a quelques années le directeur général de l’Institut en santé mentale de Québec (anciennement l’Hôpital Robert-Giffard) expliquait que nous avions au Québec  50 ans de retard; non pas  à l’égard d’autres hôpitaux, mais bien sur la recherche et le développement de nouveaux traitements, par rapport aux besoins de la société.  Malgré tout, le gouvernement du Québec y est allé allègrement dans les coupures  budgétaires qui freinent l’embauche de nouveaux employés, notamment sur les liens de proximité avec les patients (pouvons-nous parler de paralysie dans l’organisation des loisirs pour les patients à l’intérieur d’hôpitaux tels que l’Institut Philippe Pinel?); même des démarches auprès du Protecteur du  citoyen ont échoué.  Doter le système public de santé de spécialistes, c’est « investir » dans la santé.

Quand on parle de cet Institut, on se réfère à un médecin français d’une profonde compassion pour le genre humain.  Le Petit dictionnaire illustré de Larousse (page 1798, en  1975) dit de lui qu’il « s’engagea sur la voie du ‘traitement moral’ des troubles mentaux, considérant que ceux-ci sont des maladies au même titre que les maladies organiques.  Il préconisa d’isoler l’aliéné de son milieu de vie et de le traiter dans des institutions spécialisées.  Il est considéré comme le fondateur de la psychiatrie moderne. »    Incidemment, c’est lui qui inspira les spécialistes québécois qui libérèrent les malades québécois reclus dans la prison de Bordeaux à Montréal.  Ajoutons qu’il a vécu de 1745 à 1826; il est mort à Paris (France).  Son principal fait d’armes aura été de libérer les malades mentaux des bagnes français après avoir eu l’aval des dirigeants de la grande révolution française de 1789 (1793), alors sous la gouverne de Maximilien de Robespierre.

Aujourd’hui, les traitements à l’Institut qui porte son nom sont établis sur les médicaments et la psychothérapie.  Toute une équipe seconde le psychiatre : psychologues, criminologues, travailleurs sociaux, infirmières, éducateurs et animateurs sportifs; dans le cadre d’un environnement sécuritaire.

Une figure marquante dans le monde de la psychiatrie fut aussi Sigmund Freud (1856-1939).  Mais, très peu de professionnels ont adopté sa démarche au Québec.  Il fut médecin autrichien.  Le Petit dictionnaire illustré dira de lui qu’il est « fondateur de la psychanalyse.  Spécialisé en neurologie, il se consacre notamment à l’étude de l’hystérie et s’écarte, résolument à partir de1896, des conceptions et méthodes de la psychologie et de la psychiatrie traditionnelles.  À l’origine des troubles névrotiques se trouvent selon lui des désirs refoulés… » (page 1509).

Un nom à retenir dans l’étude de la psychiatrie se révèle être Ivan Petrovitch Pavlov.  Pour Le Petit dictionnaire illustré de Larousse (page 1783), il demeure l’auteur « de travaux sur la digestion et la ‘sécrétion psychique’, il a découvert ainsi les réflexes conditionnés et formulé sa conception générale de l’activité nerveuse supérieure (prix Nobel 1904).  D’ailleurs, Joseph Paul Goebbels, ministre de la Propagande, sous le régime hitlérien utilisa certains de ses travaux pour le guider dans son effort de guerre totale au sein du peuple allemand, alors qu’il exerçait le plein contrôle des mass médias, surtout après les années 1930, à l’époque de la prise du pouvoir par Adolf Hitler et son Parti national-socialiste ouvrier d’Allemagne.

Encore de nos jours les conceptions antimarxistes existent au sein de la société capitaliste et donnent à entendre que peut importe nos désirs les plus profonds, nous sommes condamnés à vivre tous pareillement.  La fatalité, quoi!  Joseph  Staline avait pourtant bien annoncé le contraire.  « … Le marxisme part de ce principe que les goûts et les besoins des hommes ne sont pas et ne peuvent pas être identiques et égaux, en qualité ou en quantité, ni en période de socialisme, ni en période de communisme. (…) Il est temps de comprendre que le marxisme est l’ennemi de l’égalitarisme. (…) Les écrivains bourgeois représentent le socialisme marxiste comme une ancienne caserne tsariste où tout est subordonné au ‘principe’ de l’égalitarisme.  Mais les marxistes ne peuvent pas être tenus pour responsables de l’ignorance et de la stupidité des écrivains bourgeois. » (Staline, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 755-756).

De plus, « l’auto-aliénation de l’homme à l’égard de lui-même et de la nature se manifeste dans le rapport qu’il établit entre lui-même et la nature et les autres hommes distincts de lui. (Dans le monde réel, pratique, l’aliénation de soi ne peut se manifester que dans le rapport réel pratique à l’égard d’autres hommes.  Le moyen par lequel s’opère l’aliénation est lui-même un moyen pratique.  Par le travail aliéné, l’homme ne crée donc pas seulement  un rapport entre lui-même, l’objet et l’acte de production en tant que puissances étrangères et hostiles; il crée aussi un rapport entre les autres et sa propre production, son propre produit, de même qu’il établit un rapport entre lui-même et les autres. (…)  La propriété privée est donc le produit, le résultat, la conséquence nécessaire du travail aliéné, du rapport extérieur de l‘ouvrier à la nature et à lui-même. » (Marx, Karl, Manuscrits de 1844, Flammarion, Paris, 2008, pages 86-87).

Le lecteur s’interrogera : pourquoi tant de citations politiques et économiques, et surtout communistes?  La raison en est qu’il est de l’opinion de l’auteur que le système capitaliste engendre un grand malaise dans la société.  Aussi longtemps qu’il perdurera, il créera des conditions propices aux maladies mentales.  Pour éradiquer celles-ci ou prendre la route pour extirper les fondements des déviances de toutes sortes, il faudra s’attendre à un long cheminement  qui pour l’immédiat ne pourra que ralentir l’éclosion des pathologies les plus diverses s’étant emparées des cerveaux les plus vulnérables autour de nous; dans les milieux de travail, dans les familles et chez les connaissances proches, celles justement dont on n’aurait jamais pu croire qu’elles étaient appelées à devenir des victimes.
 
Au Canada, une personne sur cinq est susceptible de vivre une maladie mentale.  Il ne faut pas que vous soyez la prochaine…

Dans le passé, nous travaillions 40 heures et c’était déjà très exigeant physiquement; aujourd’hui, on travaille 35 heures (ou moins) en moyenne.  Les bien-pensants affirment qu’il y a progrès.  Rien n’est plus faux puisque ce sont le stress, l’anxiété et l’angoisse qui ont supplanté la dépense et la fatigue corporelles.  Dans beaucoup de sièges sociaux à Montréal, les employés, davantage des femmes, sont invitées à recourir à un Programme de soutien psychologique, les fameux P.A.E.  C’est bien la preuve qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond; rien ne justifie l’exploitation psychologique des travailleurs, d’autant plus qu’il n’y a vraiment rien d’urgence au boulot[DP1] .

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[1] « Le dossier d’un usage reste confidentiel et nul ne peut y avoir accès, si ce n’est avec le consentement de l’usager ou de la personne pouvant donner un consentement en son nom, sur l’ordre d’un tribunal ou d’un coroner dans l’exercice de ses fonctions ou dans le cas où la présente loi prévoit que la communication de renseignements contenus dans le dossier peut être requise d’un établissement. »
[2] “These are major emotional and mental disorders that impair the person’s ability to function at work, within is family, and in his social life.  Psychoses are often associated with disorganized feelings, asocial behavior, an inability to concentrate, to think clearly, or to remember.  Sometimes, the patient may experience hallucinations, the most common being those involving sight and hearing.” (Edited by Robert E. Rothenberg, M.D.,F.A.C.S. Medical Encyclopedia and Guide to Family Health, Lexicon Publications, Inc., New York, 1988, page 354



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