mercredi 31 janvier 2018

Pénurie de main-d’œuvre ou emplois de mauvaise qualité? (Radio-Canada | audio)


L’idée selon laquelle des régions entière du Québec et du Canada connaîtrait une pénurie de main-d’œuvre revient dans l’actualité, particulièrement dans un contexte de taux de chômage historiquement bas. Mais s’agit-il véritablement de pénurie de main-d’œuvre ou d’offre d’emplois peu intéressants? J’en discutais hier avec le journaliste de Radio-Canada dans le Bas-du-Fleuve, Jérôme Lévesque-Boucher. On peut écouter l’entrevue ici, et lire ci-dessous l’article qui en a été tiré.
 

Pénurie de main-d’œuvre ou emplois de mauvaise qualité?

Publié le lundi 29 janvier 2018
Les employeurs de Bas-Saint-Laurent en parlent de plus en plus: c’est difficile de trouver de la main-d’oeuvre pour combler les postes disponibles dans la région, par les temps qui courent. Toutefois, est-ce que les emplois qui sont disponibles sont attirants pour la main-d’oeuvre disponible?

Un reportage de Jérôme Lévesque-Boucher

Au Bas-Saint-Laurent, on remarque exactement le même phénomène qu’ailleurs dans la province ou même à l’échelle nationale: les emplois peu rémunérés ou ayant des conditions de travail moins enviables que les autres sont les emplois qui peinent à être comblés.
Selon les dernières données de Statistique Canada, les secteurs d’emploi les plus touchés par une pénurie de travailleurs sont les emplois saisonniers, les travailleurs du secteur agricole, les travailleurs du secteur de la transformation alimentaire et les nettoyeurs spécialisés comme les hommes et femmes de ménages.
Pour l’économiste indépendant Ianik Marcil, ces secteurs d’emploi présentent des aspects similaires: ils sont peu rémunérés et offrent des conditions de travail peu enviables.
Ce n’est tout simplement pas intéressant pour la main-d’œuvre disponible, qui est de plus en plus éduquée. On est donc obligés d’importer de la main-d’œuvre, surtout dans le secteur agricole, pour combler la demande.
Ianik Marcil, économiste indépendant
Ianik Marcil ajoute que pour contrer le phénomène, de plus en plus d’entreprises en arrivent à la conclusion qu’offrir des conditions de travail plus enviables leur est beaucoup plus rentable à long terme. « La formation d’un employé est, en grande partie, assumée par l’entreprise. Un taux de roulement trop grand affecte grandement le capital de ces entreprises-là. »
L'économiste indépendant Ianik Marcil sourit à la caméra.
L’économiste indépendant Ianik Marcil.   Photo : MARIO JEAN/MADOC
Pour quelle raison certaines entreprises hésitent à emboîter le pas, si l’initiative est rentable? « Pour une multitude de facteurs. Si l’entreprise doit répondre à des actionnaires qui veulent le maximum de rendement le plus rapidement possible, les incitatifs à long terme ne sont pas là », précise Ianik Marcil.
Ce n’est pas par mauvaise volonté que les entreprises n’offrent pas de meilleures conditions de travail. C’est simplement parce que dans plusieurs cas, la structure de l’entreprise et son modèle d’affaires ne le permettent pas.
Ianik Marcil, économiste indépendant
Pour contrer le phénomène, l’économiste plaide pour une concertation régionale beaucoup plus forte. « Ça semble facile à dire mais en voyant à plus long terme, les entreprises seront davantage incitées à investir sur le long terme sachant qu’elles ont, devant eux, un horizon qui leur est favorable. »
 

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