vendredi 13 janvier 2017


En Occident :   luttes de factions impérialistes

Les politiques de Donald Trump ne sont que la pointe de l’iceberg

 

Daniel Paquet                                  dpaquet1871@gmail.com

La lutte entre factions fait rage en Occident.  On l’a vu aux États-Unis, on le voit en France.  Les dernières guerres ont épuisé les pays de l’Ouest, que ce soit au Irak ou encore en Syrie; tant sur le plan humain  qui a beaucoup exigé des populations nord-américaines entre autres, et des ressources matérielles.  C’est un véritable gouffre financier.  Garantir la mise  en valeur des ressources énergétiques (ce fameux pétrole) et imposer la loi des puissances impérialistes contre des peuples qui s’éveillent (ex. le printemps arabe, le Mali, etc.), sont de moins acceptables pour le peuple états-unien notamment.  Une impasse combinée avec le poids du chômage et des emplois mal rémunérés, à temps partiel et  sans perspective, - surtout pour les jeunes -, voilà qui a attiré une frange des travailleurs vers les partis politiques d’extrême-droite et populistes;  la  popularité du Front National de Marine LePen illustre le paradoxe entre une France instruite, éduquée et de traditions révolutionnaires et les relents du passé réactionnaire qui avait fait de ce pays une base pour le colonialisme, le fascisme et l’antisémitisme il y a à peine quelques décennies.   En Amérique du Nord, l’élection de Donald Trump pourrait laisser croire que l’extrême-droite a –enfin- pris le pouvoir.

Détrompez-vous!  Donald Trump n’est pas un fasciste, malgré ce que laisse sous-entendre à demi-mots les mass-médias nord-américains.  En fait, la bataille acharnée entre deux conceptions de mener la barque se poursuite dans la plus grande et dans la plus forte  économie capitaliste du monde.  Tous les coups et discours sont permis.  « Il n’était pas sans ironie de voir ce fieffé menteur (i.e. Donald Trump) déchirer sa chemise autour de cette ‘fausse information’ et dénoncer l’absence de ‘boussole morale’ de la part de certains médias.  Pour ne pas avoir hésité en campagne électorale à manipuler les faits et à  laisser courir un certain nombre de ‘fausses nouvelles’, le voici dans la position de l’arroseur arrosé. »[1] 

Donald Trump, plutôt riche et conservateur, découvrant les méandres de la politique politicienne, sale et vicieuse, est la pointe de l’iceberg déstabilisé, et ipso facto la tête de Turc des instances de communications; et quel  imbroglio : une assourdissante cacophonie postélectorale.  Car si la bataille électorale est terminée, le combat entre factions politiques ne l’est pas et il faut se méfier des coups bas.  Ça vaut autant pour le Canada où un ancien ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, vient de perdre son poste (on devinera que sa conduite lamentable dans l’affaire du commerce d’armes avec l’Arabie Saoudite aurait pu mettre en danger tout le gouvernement Trudeau). [2]

Aux États-Unis, le parti Démocrate, les mass-médias archi pourris tels que CNN et Fox, les services secrets (bien rivés sur leurs fauteuils), les cercles économiques, les ‘think tanks’, bref, tout le gratin médiatico-politique (et militariste), dit de droite, se lève chaque matin afin de poursuivre leur assaut contre Donald Trump.  Il spécule sur l’antipathie naturelle qu’ont les travailleurs moyens contre la fraude, la corruption, le chantage, etc.

D’ailleurs, parlant de chantage, l’extrême-droite US a  remis sur la table la haine profonde qu’ils éprouvent contre le peuple russe, depuis que celui-ci a fait sa révolution socialiste il y a 100 ans cette année (Octobre 1917).  Comme disent les Français, on n’a jamais ‘blairé’ les Russes depuis lors.  Alors, il n’y a pas à s’étonner qu’on écorche le gouvernement Poutine au passage.  À cela, « M. Trump a également déclaré que les agences de renseignement seront ‘gravement éclaboussées si on apprend qui sont les responsables de la publication d’un rapport  qui prétend que la Russie détient des informations compromettantes à son sujet. »[3]

L’affaire ‘russe’ n’a pas ébranlé M. Trump qui en ajouté alors qu’il était « interrogé au sujet de sa relation avec le président russe Vladimir Poutine, (où il) a avancé qu’il s’agissait d’un ‘atout, et non d’un handicap et d’une amélioration en comparaison de la ‘relation horrible’ qu’entretiennent actuellement les deux pays. »[4]

Alors, quel est le résultat dans l’opinion publique nord-américaine de la campagne anti-Trump?  Eh bien, on hait celui-ci.  À vrai dire un peu tout le monde est dégoûté par tout ce qu’il est car cela tranche avec les valeurs profondes des travailleurs, des familles moyennes et de leur éthique.  On ne lui pardonne pas ses frasques et ses propos à l’égard des femmes, ses commentaires méchants contre Hillary Clinton lors des débats pré-électoraux, sa richesse, son ignorance des choses publiques, etc., etc.   Il est très différent de l’ancien président Barack Obama qui excelle dans le ‘politically correct’ (la langue de bois).   Ce dernier est passé maître dans l’art de sauver la face, de souffler le chaud et le froid, et de ménager la chèvre et le chou.  Avec Trump , c’est différent, comme on dit aux États-Unis :  ‘what you see is what you get!’  Mais Trump n’a rien à voir avec Adolf Hitler.  Rassurez-vous, Donald Trump n’attaquera pas la Russie avec l’arme thermonucléaire et ne déclenchera pas la troisième guerre mondiale.  Ceux, dans la grande famille impérialiste, qui le soutiennent n’y sont pas prêts, même s’ils méprisent dans leur for intérieur tout ce qu’il y a de près ou de loin avec la classe ouvrière organisée, le communisme ou toute autre remise en question du capitalisme et de son pouvoir hégémonique.

Conséquemment, on ne peut s’étonner que « le franc-parler de Donald Trump est demeuré intact quand vient le temps de critiquer la presse. »[5]

Ainsi, lors de la première conférence de presse accordée suite à son élection, « il s’est emporté contre certaines questions, notamment au sujet de sa déclaration d’impôt jamais publiée. ‘ Les seuls qui s’intéressent à cela sont les journalistes’. »[6]

Donald Trump a fait des promesses électorales surprenantes, comme de construire un mur entre son pays et le Mexique; de déporter les immigrants en général (dont ceux originaires des pays arabo-musulmans), le fera-t-il?  On peut lui accorder le bénéfice du doute.  D’ailleurs, c’est à l’égard de toutes ses déclarations de campagne qu’on peut sourciller.  Par exemple, eu égard à Obamacare, « dans un contexte où son engagement risque de faire perdre leur assurance maladie à 20 millions d’Américains. »[7]

D’abord, cet Obamacare n’a jamais été à la cheville des soins promis par  M. Obama alors qu’il était président et selon toute apparence bien loin des soins accordés aux patients au Canada.  Encore une fois, on reprochera à Trump d’être dur à l’égard des simples citoyens états-uniens, par  exemple (comme on l’a vu plus haut) des mass-médias.  N’a-t-il pas dit à un journaliste de CNN : « Non, pas vous! Votre organisation est horrible.  Taisez-vous!  Non, je ne vous donnerai pas de question »[8]

Ce n’est sûrement pas l’approche mielleuse et « charismatique » de Barack Obama, mais ça rassure bon nombre de citoyens ordinaires, exaspérés par une situation économique qui tarde à se rétablir, aux prises avec la violence urbaine, les trafics en tous genres, et al. 

Enfin, un président qui met son pied « à terre », pensent John Agee, soldat basé à Bagdad en Irak, ou encore Ed Woods, retraité bien moyen qui en ont ras-le-bol d’être traités comme des valises et qui veulent d’une Amérique prospère, tranquille et en paix avec ses voisins.  John veut revenir chez lui!  Ed veut  mourir dans la sérénité!  Peut-on leur reprocher?

 

 

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[1] Taillefer, Guy, Un (très) mauvais moment à passer, Le Devoir, Montréal, le jeudi 12 janvier 2017, page A 6
[2] Agence QMI, Stéphane Dion quitte la politique, 24H, Montréal, le mercredi 11 janvier 2017, page 10
[3] Associated Press/Métro, Trump se braque lors de son premier point de presse, Métro, Montréal, le jeudi 12 janvier 2017, page 6
[4] Métro, page 6
[5] Avec AFP, Washington Post et Le Monde, Relations déjà tendues entre le futur président et la presse, 24H, Montréal, le  jeudi 12 janvier 2017, page 16
[6] 24H, page 16
[7] Taillefer, Guy, Un (très) mauvais moment à passer, page A 6
[8] Gervais, Lisa-Marie, Un président en colère, Le Devoir, Montréal, le jeudi 12 janvier 2017, page 1

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