lundi 17 octobre 2016


Coq-à-l’âne ou casse-tête québécois

La raison d’être du mouvement nationaliste dans la ‘Belle Province’

Daniel Paquet                                                                                                                 dpaquet1871@gmail.com

 

« Le 11 juin 1942 la Gestapo a décidé l’application de la Solution finale de la Question juive à l’Europe de l’ouest (France, Belgique, Pays-Bas).  (…)

À Vichy, les gouvernements collaborationnistes, antisémites et xénophobes de Pierre Laval et de François Darlan sous l’autorité du Chef de l’État, Philippe Pétain, avaient déjà entrepris spontanément de persécuter les Juifs en leur imposant un statut discriminatoire, en aryanisant leurs biens, en les spoliant, en les dépouillant, en les privant de travail et de ressources, en les recensant, en leur interdisant l’accès aux études supérieures, en limitant  leur liberté de circulation, en internant administrativement en zone libre des dizaines de milliers de Juifs étrangers et en causant la mort de milliers d’entre eux par la faim et le froid, en supprimant la nationalité française des Juifs d’Algérie, en organisant à Paris à la demande des autorités allemandes trois grandes rafles en 1941 : le 14 mai (celle du Billet Vert), le 20 août (celle du 11ème arrondissement) et le 12 décembre (celle des notables), entraînant l’internement de plus de 9,000 hommes en zone occupée dans les camps du Loiret (Beaune-la-Rolande et Pithiviers), de Drancy et de Compiègne. (…)

Ainsi est-ce au moment des plus grandes offensives du III ème Reich en direction de Stalingrad et du Caire que les braves gens de tous bords et leurs guides spirituels ont pris position publiquement contre les fatales mesures antijuives du gouvernement de Vichy et l’ont contraint à freiner sensiblement sa coopération policière massive avec la Gestapo : 42,000 Juifs ont été déportés en six mois entre juin et novembre 1942; il faudra ensuite 21 mois  aux SS pour déporter 32,000 juifs. (…)

Le 16 juillet 2017 sera inauguré rue Nélaton à l’emplacement de l’entrée historique  du Vélodrome d’Hiver le Jardin des Enfants du Vélodrome d’hiver où sera édifié un monument portant les noms, prénoms et âges de tous les enfants (3,900) internés au Vélodrome d’hiver et déportés sans interruption de leur internement. »[1]

L’horreur n’avait point de limites sous le régime national-socialiste en Allemagne.   De nos jours, les nationalistes (social-démocrate), bon chic bon genre du Parti québécois sonnent la fin de la récréation au sein du mouvement ‘souverainiste’ du Québec, avec l’élection d’un nouveau chef, Jean-François Lisée, en passant sous silence ses déclarations contre les Arabo-musulmans.  À l’égard du parti libéral au pouvoir (grande bourgeoisie d’affaires), il dit : « Philippe Couillard (le premier  ministre au pouvoir) devrait être plus tolérant envers ceux qui ne partagent pas ses idées… après que le premier ministre l’eut accusé de prôner un ‘nationalisme’ … de peureux. (…) 

Il avance que ses positions, qui ont mené aux commentaires de M. Couillard, sont raisonnables.  (…)

Finalement, il estime que le Québec doit débattre – comme plusieurs démocraties (capitalistes, -ndlr) en Europe - … sur le port du voile intégral dans l’espace public.  M. Couillard avait soutenu que ces positions étaient proches de celles de partis d’extrême-droite en Europe. »[2]

Certes, il y a encore confusion sur la signification exacte du nationalisme et elle est entretenue par les mass média, surtout dans l’histoire récente du Québec.

« La défaite péquiste cuisante de 2007 a aussi été la défaite d’un nationalisme civique (sic).  En embuscade, les teneurs du nationalisme ethnique ont sauté sur l’occasion.  C’était écrit dans le ciel qu’au Québec, désormais, le PQ n’allait plus se faire voler les questions identitaires.  Depuis, une bataille féroce s’est enclenchée entre le PLQ et le PQ sur une vision tronquée de la laïcité… Les immigrants et les musulmans en sont réduits aux rôles de dommages collatéraux.  Dans les circonstances, le triomphe de Jean-François Lisée à la tête du PQ, aux dépens encore une fois, de cette jeunesse de 2007… n’augure rien de bon! »[3]   

L’imbroglio sémantique est ponctué de sons discordants, soutenus par les guerres dans le  monde arabe; guerres alimentées par les organes de l’État états-unien, dont la trop célèbre CIA.  Voici, dans le texte, ce que l’on pouvait lire dans la presse, suite à ces complots (le mot n’est pas trop fort), dans le ‘secteur’ européen.

« Le parlement européen a décerné jeudi dernier (11 novembre 2011) son prix Sakharov pour la liberté de l’esprit à cinq militants du printemps arabe. Les lauréats sont le protestataire tunisien Mohamed Bouazizi (honoré à titre posthume), la militante égyptienne Asmaa Mahfouz, le dissident libyen Ahmed al-Zubair Ahmed al-Sanusi, l’avocate syrienne Razan Zeitouneh et le caricaturiste   syrien Ali Farzat. »[4]

Ne quittons pas la scène arabe!  Surtout la guerre d’agression en Syrie…  Depuis quelque temps, c’est  la Russie qui est pointée du doigt.   On parle même d’un retour à la guerre froide, pire d’une troisième guerre mondiale.  Évidemment, la Russie n’est plus depuis les années 1950 un pays socialiste;  nous ne pouvons pas alléguer qu’il y a présentement un retour à cette avancée humaine.  La Fédération russe est un pays capitaliste : capitaliste monopoliste d’État, avec encore un secteur public (dont les ressources énergétiques), mais maintenant  des oligarques privés  sont aux commandes, et Vladimir Poutine maintient l’équilibre.  Elle a donc des velléités impérialistes, tout comme les U.S.A.

Il va de soi que pour l’impérialisme US, on ne doit pas jouer dans leurs plates-bandes (et dans celles de l’aire occidentale plus généralement).  Et finalement, « le ton a cependant monté (lors d’une réunion houleuse du Conseil de sécurité tenue fin septembre 2016) pendant la rencontre alors que les délégués des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France ont utilisé un langage particulièrement sévère à l’endroit de leur homologue russe. La Russie a ainsi été accusée directement  et de manière répétée de commettre des crimes de guerre en Syrie. »[5]

Les milieux impérialistes ne lâchent pas le morceau.  Mais ils donnent un autre os à ronger à l’Occident; et c’est circonstancié : au Québec, c’est la course électorale à la chefferie du Parti québécois qui vient de se terminer; aux États-Unis, c’est la course électorale à la présidence du pays.  Et dans ce fatras de vertes et de pas mûrs peut émerger des notes discordantes au détriment de l’ordre établi et de la stabilité de la puissance US.  Comment peut-on s’étonner alors que : « le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a dit à ses comparses (in texto) républicains qu’il ne défendrait plus Donald Trump… Paul Ryan semble prendre acte de la force possibilité que Donald Trump perde l’élection le mois prochain (i.e. novembre 2016).  Il veut que les républicains gardent la mainmise sur le Congrès pour qu’Hillary Clinton n’obtienne  pas carte blanche pour concrétiser ses promesses. » [6]

Au capitalisme, tel qu’incarné par les  U.S.A., il semble qu’il ne peut y avoir d’autre choix historique, économique et politique; surtout au niveau du développement de  l’économie, de sa rentabilité.

Joseph Staline avait pourtant dit : « Certains camarades affirment (à propos du développement de l’économie soviétique) que la loi du développement harmonieux de l’économie nationale et la planification de celle-ci suppriment le principe de la rentabilité… Si l’on considère la rentabilité non du point de vue de chacune des entreprises ou branches de production ni au cours d’une seule année, mais du point de vue de l’ensemble de l’économie nationale et au cours de dix à quinze ans par exemple, ce  qui serait le seul moyen d’aborder la question correctement, la rentabilité momentanée et fragile des différentes entreprises ou branches de production ne peut soutenir aucune comparaison avec la forme supérieure d’une rentabilité solide et constante que nous donnent l’action de la loi du développement harmonieux de l’économie nationale et la planification de cette dernière en nous débarrassant des crises  économiques périodiques, destructrices de l’économie nationale et qui apportent à la société un immense dommage matériel, et en nous assurant le progrès continu de l’économie nationale avec ses rythmes élevés. »[7]

Grosso modo, les États-Uniens  sont de plus en plus dégoûtés par la campagne présidentielle dans leur pays (à tout le moins d’après ce qui transpire des mass-médias  québécois).  Toutefois, « il est prouvé, par conséquent, que, dans l’histoire moderne tout au moins, toutes les luttes politiques sont des luttes de classes, et que toutes les luttes émancipatrices de classes, malgré leur forme nécessairement politique – car toute lutte  de classes est  une lutte politique – tournent en dernière analyse, autour de l’émancipation économique. Par conséquent, l’État, de régime politique, constitue ici, tout au moins, l’élément secondaire, et la société civile, le domaine des relations économiques, l’élément décisif. »[8]

« S’adressant aux communistes américains dans les années 1920, Staline remarquait que si certes ‘dans leur activité’, ils ‘auraient  tort de ne pas tenir compte des particularités spécifiques du capitalisme américain’, ils seraient encore davantage dans l’erreur de vouloir baser leur activité ‘sur ces particularités spécifiques’, ‘car tout parti communiste’ ‘doit baser son action sur les traits généraux du capitalisme, qui en substance sont les mêmes dans tous les pays, et non sur les traits spécifiques du capitalisme  du pays donné. ‘»[9]

L’équilibriste Donal Trump ne se range pas au rayon de ce genre d’analyse politique et il ne peut non plus l’éviter.  Voici les faits : « La première dame des États-Unis Michelle Obama s’est livrée à une attaque en règle contre Donald Trump et ses propos dégradants sur les femmes… lors d’un rassemblement démocrate à Manchester, au New Hampshire. ‘Si nous élisons un président qui humilie les femmes, qui affirme qu’il est correct de les agresser sexuellement, comment pourrons-nous conserver notre autorité morale dans le monde? »[10]

Quant à M. Trump, il fulmine et déclare que c’est : « Un complot contre le peuple américain ».

 

Archives : La Vie Réelle



[1] Klarsfeld, Sergge, Président de l’Association ‘Les fils et filles des Déportés Juifs de France, La rafle du Vélodrome d’hiver, Publicité retenue dans Le Monde, jeudi 14-vendredi 15 juillet 2016).
[2] La Presse canadienne, Nationalisme, Lisée invite Couillard à la tolérance, Métro, Montréal, mercredi 12 octobre 2016, page 12
[3] Serraji, Hassan, L’identité et ses dommages, Métro, Montréal, mercredi 12 octobre 2016, page 18
[4] Associated Press, Cinq prix Sakharov au ‘printemps arabe’, Métro, Montréal, mercredi 15 novembre 2011, page11
[5] Associated Press, La Russie est accusée de crimes de guerre à l’ONU, Métro, Montréal, lundi 26 septembre 2016, page 10
[6] Belyaev, Dmitry, « Tous les républicains font face à un dilemme », Métro, Montréal, mercredi 12 octobre 2016, page 15
[7] Staline, J., Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S., Édition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir de l’ouvrage publié en 1974 aux Éditions en langues étrangères, Pékin, www.marxisme.fr page12
[8] Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Édition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir du Tome III des Œuvres choisies de Karl Marx et Friedrich Engels publié en 1970 aux Éditions du Progrès, Moscou, www.marxisme.fr page 22
[9] Gouysse, Vincent, Impérialisme et anti-impérialisme, 1ère édition – Texte tiré de l’édition numérique du 11\07\2007
[10] Métro, Trump l’immoral, Montréal, week-end 14-19 octobre 2016, page 12

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