vendredi 23 septembre 2016


Cri du cœur pour le communisme

Daniel Paquet                                                                       dpaquet1871@gmail.com


 

S

achez qu’il y a des mots tabous au Québec, en grande partie chez les intellectuels de droite, galvaudés par les mass-médias… indéracinables et figés dans leurs goussets, brandis lors des grands mouvements d’ouvriers et d’étudiants. Vous doutez?  Jetons un coup d’œil à l’histoire européenne qui présente un tableau saisissant eu égard aux luttes de classes qui vont comme les marées et annoncent dans un grand et sonore murmure que la vague l’emportera malgré toutes les digues des capitalistes.

« Un spectre hante l’Europe dans les années 1840 et en Amérique au XXIème siècle, -ndlr) : le spectre du communisme. (…)

Quelle est l’opposition qui n’a pas été  accusée de communisme par ses adversaires au pouvoir?  Quelle est l’opposition qui, à son tour n’a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l’épithète infamante de communiste? (…)

C’est à cette fin que des communistes de diverses nationalités se sont réunis à Londres et ont rédigé le Manifeste (du Parti communiste)… » (Marx, Karl; Engels, Frederick : www.marxisme.fr ).

Rédigé de décembre 1847 à janvier 1848, il sera publié pour la première fois en brochure en février 1848 et publié en anglais, français, allemand italien, flamand et danois.

« Les conditions bourgeoises de production et d’échange, le régime bourgeois de la propriété, cette société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d’échange, ressemble au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées.  Depuis des dizaines d’années, l’histoire de l’industrie et du commerce n’est autre chose que l’histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété, qui conditionne l’existence de la bourgeoisie et sa domination.  Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l’existence de la société bourgeoise. » (Ibidem, page 3)

Toutefois et plusieurs années plus tard, « les bénéfices des six grandes banques canadiennes demeurent appréciables malgré l’incidence du bas niveau des prix du pétrole et d’autres produits de base.  (…)

Récemment, les actions des banques canadiennes ont fait relativement bonne figure en comparaison de celles d’autres banques dans le monde. » (Banque du Canada, Évaluation des vulnérabilités et des risques, Revue du système financier, Ottawa, juin 2016, page 9).

« L’économie canadienne continue de s’ajuster aux bas prix des produits de base, et la redistribution de l’investissement et de l’emploi, qui s’opère du secteur des ressources vers le secteur hors ressources se poursuit : à compter du second semestre de 2016, le PIB réel devrait progresser à un rythme supérieur à celui de la production potentielle, sous l’effet d’une solide croissance de la  demande intérieure aux États-Unis, des dépenses du gouvernement fédéral dans l’infrastructure et d’autres mesures budgétaires.  Les perspectives d’évolution du PIB réel se trouvent aussi confortées par les conditions monétaires et  financières expansionnistes ainsi que la dépréciation passée du dollar canadien. » (Banque du Canada, L’économie canadienne, Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, juillet 2016, page 7).

« La consommation devrait progresser à un rythme modéré, du fait de la croissance contenue de l’emploi dans le secteur hors ressources et des mesures budgétaires fédérales (notamment l’Allocation canadienne pour enfants). » (Ibidem, page 8)

Les faits sont têtus.  Les événements depuis une vingtaine d’années semblent donner raison aux capitalistes et à leurs idéologues.  « Est-il besoin d’une grande perspicacité pour comprendre que les idées, les conceptions et les notions des hommes, en un  mot leur conscience, changent avec tout changement survenu dans leurs conditions de vie, leurs relations sociales, leur existence sociale?  Que démontre l’histoire des idées, si ce n’est que la production intellectuelle se transforme avec la production matérielle?  Les idées  dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante.  Lorsqu’on parle d’idées qui révolutionnent une société entière, on énonce seulement ce fait que, dans le sein de la vieille société, les éléments d’une société nouvelle se sont formés et que la dissolution des vieilles idées marche de  pair avec la dissolution des anciennes conditions d’existence. » (Manifeste du Parti communiste, pages 9-10).

En plus de leurs marottes (ou conceptions bien ancrées quoiqu’erronées), les capitalistes ont organisé un genre de gouvernement (par exemple au Canada) qui correspond à leur emprise sur les moyens de production et de distribution.

« Le type d’État bourgeois le plus parfait, le plus évolué, c’est la république démocratique parlementaire : le pouvoir y appartient au Parlement; la machine de l’État, l’appareil et l’organe d’administration sont ceux de toujours : armée permanente, police, corps de fonctionnaires pratiquement irrévocables, privilégiés, placés au dessus du peuple. (…)

Il faut absolument exiger, autant que possible, réaliser par la voie révolutionnaire, des mesures comme la nationalisation du sol, de toutes les banques et de tous les syndicats capitalistes ou, à tout le moins, un contrôle immédiat des Soviets des députés ouvriers et autres (Conseil des élus par lieu de travail ou d’activité, et non plus géographiquement, -ndlr) sur ces établissements, mesures qui n’ont rien à voir avec l’ ’introduction’ du socialisme. » (Lénine, Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 54, 59).

Les ‘bien-pensants’, propriétaires et porte-voix des mass-médias, n’ont plus à être circonspects, respectueux et prudents dans leur reportage sur les anciens pays socialistes.  Ils n’ont qu’à répéter selon les saisons (nuancées selon le goût du jour aux  U.S.A.) et ad nauseam que la ‘chute’ de l’Union soviétique a largement démontré que le communisme n’a pas d’avenir sur la terre.  Amen et Ite Missa est…

Ce à quoi un collaborateur de la revue théorique du Parti communiste allemand répond : « Avec en toile de fond les événements actuels en Ukraine, nous connaissons pour le moment dans les pays impérialistes une campagne de haine antirusse quasi sans précédent.  En Allemagne, elle rappelle de façon terrible les années de la dictature nazie et de la Deuxième Guerre mondiale, de même que celles de l’apogée de la guerre froide (à l’époque sous la forme de l’antisoviétisme).  Les ondes sonores de cette campagne trouvent même un certain écho chez les éléments de gauche.  D’un autre côté, on retrouve aussi ça et là, en réaction à ce courant, un soutien sans nuance à la politique russe qui ne tient pas compte des rapports de classe. (…)

En tant que marxistes, lorsque nous jugeons de la politique d’un État, nous partons de la question de savoir quel est l’ordre social, quels sont les rapports de propriété et de pouvoir qui règnent dans ce pays, quels sont les intérêts de classe qui déterminent cette politique.  Nous nous efforçons également, grâce à une ‘analyse concrète d’une situation concrète’,  de percevoir le rôle actuel de ce pays dans le contexte politique mondial.  Lorsque nous appliquons ces principes à la Russie d’aujourd’hui, nous devons faire les constations suivantes.  La Russie est un pays capitaliste dans lequel la plus grande partie des moyens de production est passée aux mains de détenteurs de capitaux privés à la suite de la contre-révolution antisocialiste.  Ce qui domine dans ce secteur, c’est la propriété  volée par le clan des oligarques.  Parallèlement, en dépit des privatisations étendues, on retrouve encore un assez grand secteur de propriété d’État ou de propriété mixte de moyens de production ou de moyens financiers.  Lorsqu’il s’agit d’entreprises stratégiques dans ces secteurs, l’État dispose en général encore d’une majorité de contrôle. (…)

Le président Poutine est apparu dans un rôle d’arbitre et de modérateur.  Le chef de l’État exerçait également un contrôle direct sur les contrats à long terme, la direction du secteur énergétique et des banques stratégiques. (…)

On peut donc parler – en dépit de toutes les particularités – d’une variante de capitalisme monopoliste d’État en Russie. » (Guerns, Willi, La Russie – ni ange ni démon, réf. Marxistische Blätter\Étincelles, Lens, juin 2016, no. 34, page 21).

Le second volet anti-communiste a pour nom : l’assaut brutal contre la République populaire de Chine.  Quant à la République cubaine, elle est toujours dans le collimateur.  (N’est-ce pas M. Obama?, -ndlr).

« Le développement de toutes les formes de capitalisme d’État s’accompagne d‘une lutte des classes.  L’expérience de la Chine confirme entièrement la thèse de Lénine selon laquelle, dans la période de transition, le capitalisme d’État est :

‘La continuation de la lutte des classes sous une autre forme et nullement le remplacement          de la lutte des classes pour la paix entre les classes’, voir Œuvres choisies, tome 2, 2ème partie, pages 540, 585).

Le développement du capitalisme d’État préparer les conditions nécessaires à la future nationalisation socialiste des entreprises.   Par conséquent, l’économie chinoise de transition compte actuellement les trois mêmes types essentiels d’économie :  socialisme, petite production marchande et capitalisme, qui existaient en Union soviétique, dans la période du passage du capitalisme au socialisme et qui ‘existaient’…dans les pays les pays européens de démocratie populaire.  Cependant, par suite du retard économique et technique hérité du passé, la part des formes d’économie socialiste dans l’économie de la Chine est beaucoup moins grande que dans celle des pays européens de démocratie populaire et la part du capitalisme, et surtout de la petite production marchande, y est relativement plus grande.  Contrairement à ce qui se passe dans les pays européens de démocratie populaire, en Chine, on utilise largement le capitalisme d’État dans l’intérêt de l’édification socialiste.  La structure de classes de la société chinoise s’est modifiée conformément aux changements intervenus dans l’économie.  Les principales classes sont la classe ouvrière et la paysannerie.  Aux masses laborieuses des ouvriers et des paysans s’ajoute le grand nombre des artisans et autres travailleurs de la ville et de la campagne.  Il existe en outre une bourgeoisie nationale dans les villes, une classe de paysans riches à la campagne et une couche nombreuse de petits bourgeois dans les villes. »   (Édition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir de l’ouvrage publié en mars 1956 aux Éditions Sociales, Paris, Texte conforme à la 2ème édition de 1955).

Ceci dit, l’impérialisme US est agacé parle rôle et la force actuels de la République populaire de Chine : « comme en août 2015, la volatilité s’explique principalement par les inquiétudes des marchés  au sujet des perspectives de l’économie chinoise est des politiques économiques connexes, notamment l’incidence des sorties de capitaux et le risque d’une forte dévaluation du renminbi. » (Banque du Canada, Revue du système financier, page 5).

« Le système financier canadien pourrait être exposée à de graves tensions économiques et financières émanant de la Chine et d’autres pays émergents.  Ce risque pourrait se matérialiser sous l’effet notamment d’une forte perturbation économique ou d’un ralentissement économique en Chine. » (Ibidem, Revue du système financier, page 25).

L’économie chinoise et les politiques des autorités pékinoises ne cesseront jamais de méduser l’Occident.  « L’économie mondiale devrait se  raffermir après la faiblesse observée au début de 2016, surtout aux États-Unis et en Chine.  (…)

La croissance économique en Chine au début de 2016 a ralenti plus fortement que prévu en avril pour s’établir à quelque 4,5% (taux trimestriel annualisé).  Ce ralentissement est surtout attribuable à la faiblesse des exportations nettes, et dans une moindre mesure, à l’effet modérateur exercé par le fléchissement des dépenses en immobilisations dans le secteur manufacturier, lequel s’explique en partie par la restructuration en cours dans les branches d’activité présentant des capacités excédentaires, comme celle de l’acier.  La forte progression du crédit dans la première partie de l’année et des mesures de relance budgétaire supplémentaires devrait toutefois soutenir la croissance au second semestre de 2016.  Les investissements ans le secteur résidentiel ont été plus robustes que prévu, ce qui semble indiquer un plus grand dynamisme sous-jacent.  D’après les prévisions, la croissance en Chine se stabiliserait aux alentours de 6 ½ au cours de la période 2016-2018, même si la hausse de la dette des entreprises aggrave les vulnérabilités financières. » (Ibidem, Rapport sur la politique monétaire, pages 1, 4-5).

Mais, il n’y a pas que ‘l’économie’, le communisme ouvre un grand champ sur la place de l’Homme dans la société.  En Amérique, le principal creuset culturel fait de nous des êtres individualistes et égoïstes.  Au pays de Wal*Mart (ou dans les pays de Wal*Mart), nous sommes appréciés qu’en fonction de notre statut de consommateur (bref de notre portefeuille).

A contrario, « le communisme est, en tant qu’abolition positive de la propriété privée (elle-même aliénation humaine de soi), appropriation réelle de l’essence humaine par l’homme et pour l’homme.  C’est le retour complet de l’homme à lui-même en tant qu’être pour soi, c’est-à-dire en tant qu’être social, humain, retour conscient et qui s’accomplit en conservant toute la richesse du développement antérieur.  En tant que naturalisme achevé, ce communisme est humanisme; en tant qu’humanisme achevé, il est l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme, la vraie solution du conflit entre l’existence et l’essence, entre l’objectivation et l’affirmation de soi, entre la liberté et la nécessité, entre l’individu et l’espèce.  Il est l’énigme résolue de l’histoire et il en est conscient. »  (Marx, Karl, Manuscrits de 1844,  Flammarion, Paris, 2008, pages 113-114).

Soit dit en passant, arrêtons-nous sur une déclaration de Joseph Staline : « Si vous voulez trouver des réponses à tout dans Marx vous ne les aurez pas.  Vous avez devant vous un laboratoire tel que l’URSS qui existe maintenant depuis plus de20 ans mais vous pensez que Marx doit en savoir plus que vous au sujet du socialisme.  Vous ne comprenez pas que dans la critique du programme de Gotha (sur laquelle nous reviendrons plus loin (cf. supra), Marx ne pouvait pas tout prévoir!  Il est nécessaire d’utiliser sa tête et non d’enchaîner les citations.  Les nouveaux faits sont là, il y a une nouvelle combinaison des forces – et si vous ne vous en occuper pas – personne ne le fera à votre place. »  (Staline, J.V., Cinq conversations avec des économistes soviétiques, 1941-1952), Collectif militant communiste, http://www.militcom.org.

« Notre parti s’est ouvert à cette vue scientifique selon laquelle le salaire du travail n’est pas ce qu’il paraît être, à savoir la valeur (ou le prix) du travail, mais seulement une forme déguisée de la valeur (ou du prix) de la force de travail.  Ainsi, une fois pour toutes, était mise au rebut, la vieille conception bourgeoise du salaire en  même temps que toute la critique dirigée jusqu’ici contre elle, et il était clairement établi que l’ouvrier salarié n’est autorisé à travailler pour assurer sa propre existence, autrement dit à exister, qu’autant qu’il travaille gratuitement un certain temps pour les capitalistes (et par suite pour ceux qui, avec ces derniers, vivent de la plus-value). »  (Marx, Karl, Critique du programme de Gotha, Éditions Sociales, Paris, 1966, page 39).

« La vérité est que le socialisme attaque avec succès (malgré les contrecoups,-ndlr) les éléments capitalistes; que le socialisme croît plus rapidement que les éléments capitalistes; que pour ces raisons, l’importance relative des éléments capitalistes baisse, et que précisément parce que l’importance relative des  éléments capitalistes baisse, les éléments capitalistes flairent un danger mortel et renforcent leur résistance.  Or, pour le moment, ils ont encore la possibilité de renforcer leur résistance (ce que prouve la contre-révolution russe des années 1990—ndlr), non seulement parce que le capitalisme mondial leur prête son appui, mais aussi parce que, en dépit de la baisse de leur importance relative, en dépit de l’affaiblissement de leur croissance relative en comparaison de la croissance du socialisme, la croissance absolue des éléments capitalistes n’en a pas moins lieu, et cela leur donne une certaine possibilité d’accumuler des forces pour résister à la croissance du socialisme. » (Staline,  J. Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, page 365).

C’est ce que l’on identifie comme étant la lutte des classes.  Les philosophes ne l’ont pas tous vu ainsi.  Mais, même les plus perspicaces des philosophes ne le comprennent pas toujours ainsi (et ça dépend encore une fois du niveau de développement des forces productives dans la société,-ndlr).  Ainsi pour David Hume au 18ème avant la révolution industrielle en Angleterre, « Les hommes sont si bien les mêmes, à toutes les époques et en tous les lieux, que l’histoire ne nous indique rien de nouveau ni d’étrange sur ce point. (…)

Ces relations de guerres, d’intrigues, de fractions et de révolutions sont autant de recueils d’expériences et qui permettent au philosophe politique ou moral de fixer les principes de sa science, de la même manière que le médecin ou le philosophe de la nature de se familiariser avec la nature des plantes, des minéraux et des autres objets extérieurs par les expériences qu’il fait sur eux. » (Hume, David, Enquête sur l’entendement humain, GF Flammarion, Paris, 2006, page 152).

« Les hommes font leur histoire, quelque tournure qu’elle prenne, en poursuivant chacun leurs fins propres, consciemment voulues, et ce sont précisément les résultats de ces nombreuses volontés agissant dans des sens différents et de leurs répercussions variées sur le monde extérieur qui constituent l’histoire.  Il s’agit aussi, par conséquent, de ce que veulent les nombreux individus pris isolément.  La volonté est déterminée par la passion ou la réflexion.  Mais les leviers qui déterminent directement à leur tour la passion ou la réflexion sont de nature très diverse.  Ce peuvent être, soit des objets extérieurs, soit des motifs d’ordre idéal : ambition, ‘enthousiasme pour la vérité et la justice’, haine personnelle ou encore toutes sortes de lubies purement personnelles.  Mais d’une part, nous avons vu que les nombreuses  volontés individuelles qui agissent dans l’histoire entraînent, pour la plupart, des résultats tout a fait différents et souvent directement opposés à ceux que l’on se proposait, et que leurs motifs n’ont par conséquent qu’une importance secondaire pour le résultat final.  D’autre part, on peut encore se demander quelles sont à leur tour les forces motrices cachées derrière ces motifs et quelles sont les causes historiques qui se transforment en ces motifs dans les cerveaux des hommes qui agissent.  Cette question, l’ancien  matérialisme ne se l’est jamais posée. »  (Engels, Friedrich, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, Édition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir du tome 3 des Œuvres choisies de Karl Marx et Friedrich Engels publié en 1970 aux Éditions du Progrès, Moscou, pages 20 et 21).

« On soutient que la loi du taux moyen du profit est la loi économique fondamentale du capitalisme actuel.  Cela est faux.  Le capitalisme actuel, le capitalisme de monopole, ne peut se contenter du taux moyen qui, au surplus, a tendance à diminuer par suite du relèvement de la composition organique du capital.  L’actuel capitalisme de monopole ne demande pas le profit moyen, mais le maximum de profit, nécessaire pour réaliser plus ou moins régulièrement la reproduction élargie. » (Staline, J., Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S, Édition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir de l’ouvrage publié en 1974 aux Éditions en langues étrangères, Pékin, page 18).

Certes, voilà un amoncellement très opaque qui semble occulter complètement toute possibilité d’avenir radieux pour la classe ouvrière et la jeunesse.  Y a-t-il un avenir possible et durable pour les masses laborieuses?  Au Canada, la grande bourgeoisie anglo-franco canadienne laisse à l’occasion s’échapper la vapeur du ‘presto’; par exemple, les années réactionnaires du conservateur Harper ont laissé un goût amer chez les travailleurs canadiens et les couches populaires en général.  C’est ce qui a permis de façon certaine à la social-démocratie de faire une grande percée électorale et ce, au-delà même du charisme de feu Jack Layton.  Au Canada, le principal parti de la social-démocratie, c’est le Nouveau Parti Démocratique (NPD).

« Pour le NPD, le combat contre les inégalités sociales demeure une grande priorité.  Nous sommes le seul parti à défendre cet enjeu à Ottawa.  Nous avons notamment insisté pour travailler sur l’équité salariale parce qu’encore de nos jours, les femmes font à peine les trois quarts du salaire des hommes.  C’est loin d’être équitable et c’est une source d’inégalité économique, surtout pour les mères monoparentales.  (La députée Marjolaine Boutin-Sweet a déposé) deux projets de loi à la Chambre des Communes (i.e. le Parlement) demandant au gouvernement fédéral d’assurer à tous le  droit à un logement sûr, adéquat, accessible et abordable, dans un contexte d’économie durable.  (…)

Le Canada fêtera le 150ème de sa fondation l’an prochain (en 2017).  Il est triste de constater que depuis tout ce temps, nos gouvernements ont davantage été préoccupés parles profits engrangés par les banques (cf. supra) et les compagnies qui exploitent nos ressources naturelles, que par le sort de la majorité de la population.  Il est grand temps que ça change.  (Elle dit :)  Faites-vous entendre, joignez-vous à nous pour faire comprendre au gouvernement qu’il faut s’attaquer aux inégalités! »  (Boutin-Sweet, Marjolaine,  Bulletin communautaire, NPD, automne 2016, députée d’Hochelaga, pages 1, 2).

À ‘gauche’, la voie est libre pour la social-démocratie; tout comme elle l’est pour les partis bourgeois, est visé le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau.

Même en France, terre de prédilection de la gauche québécoise, les choses ont bien changé y compris pour le Parti communiste français (PCF), jadis le parti par excellence  de la classe ouvrière.  Toutefois, les Trotskystes, dans tous les mouvements, partis, journaux, etc. qu’ils visaient, par exemple dans le Parti de gauche – relativement nouveau - avec le principal porte-parole (Jean-Luc Mélenchon) de la gauche regroupée (y compris incidemment  - et toujours -  le PCF).

« En 1981, après une polémique contre Mitterand dont la virulence cachait mal l’impuissance des dirigeants communistes de l’époque à affirmer une identité communiste déjà partiellement vidée de sa substance…

‘C’est en effet au 22ème  (1976) que le PCF, parti historique de la classe ouvrière française, répudiait la dictature du prolétariat et à travers ce concept central, dont Marx lui-même faisait la pierre de touche du marxisme, la conception marxiste de l’État  et de la révolution.  Lors de son 23ème congrès, le PCF se refondait une première fois en adoptant, sous l’influence de l’ ’eurocommunisme’ en vogue, des statuts expurgés de toute référence au marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien’.

… et alors que le PS (Parti socialiste) reniait avec éclat le programme commun, ce fut la première participation ministérielle du Parti  (communiste) à un gouvernement de gestion loyale du capitalisme qui, après quelques mesures sociales destinées à fixer ‘ l’état de grâce’, se  montrera redoutablement efficace dans le démontage des acquis sociaux vainement attaqués  par la droite giscardienne.  Durant trois années, la direction du PCF, malgré les réticences croissantes de sa base, prenait la lourde responsabilité de cautionner une   politique d’austérité conduite sous la houlette d’un Mitterand avide de compromettre les communistes dans l’ ’échec’ programmé du changement social.  Cette fausse victoire de la  gauche eut tôt fait de regonfler les voiles de la droite qui  bénéficia d’un prodigieux retournement de situation, le PS menant sa politique sans grande riposte du mouvement syndical, majoritairement compromis dans le soutien au gouvernement. » (Gastaud, Georges, Mondialisation capitaliste et projet communiste, Le temps des Cerises, Pantin, 1997, pages 219-220).

Nous avons abordé la politique social - démocrate, en nous référant à l’exemple canadien.  « L’histoire de tous les pays atteste que, livrées à ses seules forces, la classe ouvrière ne peut arriver qu’à la conscience trade-unioniste, c’est-à-dire à la conviction qu’il faut s’unir en syndicats, mener la lutte contre le patronat, réclamer du gouvernement telles ou telles lois nécessaires aux ouvriers, etc. (…)

Tout culte de la spontanéité du mouvement ouvrier, toute diminution du rôle de ‘l’élément conscient’, du rôle de la social-démocratie (i.e. de l’idéologie marxiste-léniniste) signifie par là même – qu’on le veuille ou non, cela n’y fait absolument rien – un renforcement de l’influence de l’idéologie bourgeoisie sur les ouvriers. (…)

La conscience politique de classe ne peut être apportée à l’ouvrier que de l’extérieur, c’est-à-dire de l’extérieur de la lutte économique, de l’extérieur de la sphère des rapports entre ouvriers et patrons.  (…)

Notre tâche pratique, la première et la plus urgente (est) de créer une organisation de révolutionnaires capable d’assurer à la lutte politique l’énergie, la fermeté et la continuité.(…)

(Certains ont dit :) ‘Un comité d’étudiants n’est pas ce qu’il nous faut : il est instable.’  (Lénine rétorque :)  Tout à fait juste!  Mais la conclusion qui en découle, c’est qu’il faut un comité de révolutionnaires professionnels (il s’en trouve dans les organisateurs du ‘printemps érable’,-ndlr), un comité de gens – ouvriers ou étudiants-, peu importe!  Qui auront  su faire leur éducation de révolutionnaires professionnels. (…)

‘Il faut rêver!’

Cette déclaration valut à Lénine des critiques acerbes à laquelle, il répondit par une tirade de Pissarev fort à propos.

‘Il y a désaccord et désaccord, écrivait Pissarev au sujet du désaccord entre le rêve et la réalité.  Mon rêve peut dépasser le cours naturel des événements, ou bien il peut donner un coup de barre dans une direction où le cours naturel des événements ne peut jamais conduire.  Dans le premier cas, le rêve ne fait aucun tort; i l peut même soutenir et renforcer l’énergie du travailleur… Rien, dans de tels rêves, ne peut pervertir ou paralyser la force de travail.  Bien au contraire.  Si l’homme était complètement dépourvu de la faculté de rêver ainsi, s’il ne pouvait de temps à autre devancer le présent et contempler en imagination le tableau entièrement achevé de l’œuvre qui s’ébauche entre ses mains, je ne saurais décidément me représenter quel mobile ferait entreprendre à l’homme et mener à bien de vastes et fatigants travaux dans l’art, la science et la vie pratique… Le désaccord entre le rêve et la réalité n’a rien de nocif, si toutefois l’homme qui rêve croit sérieusement à son rêve, s’il observe attentivement la vie, compare ses observations à ses châteaux en Espagne et, d’une façon générale, travaille consciencieusement à la réalisation de son rêve.  Lorsqu’il y a contact entre le rêve et la vie, tout est pour le mieux. »  (Lénine, Que faire?  Les questions brûlantes de notre mouvement, Publié en volume à Stuttgart en 1902, pages 84, 87, 102, 111, 117 et 134).

L’avenir semble bouché au Québec.  Les communistes ont d’autant plus quasi dissous leur parti.  Les dirigeants se sont éparpillés.  Les membres actuels sont peu, si peu, et sont issus de la mouvance maoïste.  Quant aux progressistes bon chic bon genre, ils ont vu l’indépendance du Québec leur passer sous le nez; et ils se sont grosso modo embourgeoisés.

Mais la classe ouvrière, n’en doutez pas, prépare a catimini sa ‘rentrée’.  Ce ne sera peut-être pas par la porte de devant et avec le tapis rouge.  Il y aura des femmes, beaucoup de femmes; souvent à la tête de familles monoparentales.  Elles ne seront pas seules.

Et puis, des milliers de jeunes, nés au Québec le plus souvent et parlant outre le français les langues des fleurs venues d’ailleurs avec l’accent de leurs papas et de leurs mamans et qui prendront la rue, les rues de Montréal (comme au temps fort du Printemps érable), pour clamer qu’ils ne veulent pas de xénophobie (mais des emplois) ou de la stigmatisation (cependant toujours partant pour un logement de qualité).  Ils seront côte-à-côte : des Noirs, des Asiatiques, des Latinos et de fort belles Arabo-musulmanes portant un foulard qui ne veut dire, après tout, qu’elles ont simplement … des croyances et des convictions! Toutes ces cohortes s’entremêleront et joindront les Québécois dits de souche pour respecter cette grande et noble tradition : la paix et le respect.  Et si ça vous chante, on parlera de l’indépendance du Québec…

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