lundi 16 décembre 2019

MONTRÉAL — La chanteuse et comédienne québécoise Monique Leyrac est décédée dimanche matin le 15 décembre 2019 à l’hôpital de Cowansville. Elle était âgée de 91 ans.
L'auteur de sa biographie, François Dompierre, a confirmé la nouvelle dimanche soir.
«Elle était malade depuis deux ans, elle avait subi un accident vasculaire cérébral (AVC) et s'en était jamais vraiment remis» a précisé François Dompierre à La Presse canadienne.
«Encore la semaine dernière, je suis allé jouer du piano avec elle à sa maison de retraite, elle se rendait compte que c'était les derniers moments de sa vie» a ajouté celui qui est aussi compositeur et chef d'orchestre.
Née Monique Tremblay, dans une famille d'ouvrier de Montréal, Monique Leyrac a eu une brillante carrière, notamment au Québec et en France, en tant qu'ambassadrice de la musique francophone à l'étranger.
«Je considère qu'elle est la plus grande chanteuse qu'on ait eue au Québec, tous styles confondus » a affirmé François Dompierre.
Le premier ministre François Legault a offert ses condoléances aux proches de la chanteuse dimanche soir.
«Une des plus belles voix du Québec. Une grande Québécoise. Mes condoléances à tous les proches de Monique Leyrac» a écrit le premier ministre sur Twitter.
Comptant une quinzaine d'albums originaux et quelques compilations à sa discographie, Mme Leyrac s'est néanmoins d'abord fait connaître comme comédienne, son premier métier.
«Dans ma tête, j'étais d'abord et toujours une comédienne, la chanson est venue se greffer par hasard et par besoin de gagner ma vie», avouait-elle au quotidien Le Devoir, en 1999, lors de la parution d'un enregistrement inédit d'un spectacle-portrait de Félix Leclerc donné par la chanteuse en 1977.
C'est dès l'âge de 15 ans que Monique Leyrac entreprend des cours avec la chanteuse et comédienne belge, Jeanne Maubourg, laquelle lui conseille d'entrée de jeu de se trouver un nom d'artiste. Monique Tremblay devient alors Monique Leyrac.


Elle obtient son premier rôle de comédienne en 1943, sur les ondes de la radio CKAC, et interprète Bernadette dans «Le Chant de Bernadette», de Franz Werfel.
Monique Leyrac se tourne toutefois rapidement vers la chanson et commence à chanter au cabaret le Faisan Doré, en remplaçant au pied levé l'une des chanteuses. Elle y interprétera des chansons sud-américaines et françaises aux côtés de Charles Aznavour, Pierre Roche et Jacques Normand.
En 1950, Monique Leyrac part une première fois découvrir la France, destination qui donnera suite à plusieurs allers-retours avec le Québec. La chanteuse y fait cette année-là une tournée de quelques mois, foulant également les planches des salles de spectacle suisses, belges et même libanaises.
De retour à Montréal, elle retrouve le défunt cabaret Au Faisan Doré, devenu Le Montmartre, et chante aussi Au Saint-Germain-des-Prés. Elle rencontre à la même époque le comédien français Jean Dalmain, qui deviendra son époux en 1952 et avec qui elle aura une fille.
L'arrivée des auteurs-compositeurs québécois dans l'univers musical transformera cependant le répertoire de Monique Leyrac, et c'est grâce aux oeuvres qui lui sont offertes par un certain nouveau venu, dénommé Gilles Vigneault, ainsi que Claude Léveillée que la chanteuse lance son premier album complet en 1963.
Les années qui suivent consacrent le succès de Monique Leyrac sur la scène internationale. Elle remporte de nombreux prix en 1965, dont le Grand prix de la Journée internationale au Festival international de la chanson de Sopot, en Pologne, pour son interprétation de la chanson «Mon Pays», de Vigneault.
Toutes les portes semblent s'ouvrir à la chanteuse québécoise, qui se produit à l'Olympia de Paris, pour le spectacle «Pleins feux sur le Canada»; en Union soviétique, notamment à Moscou, à Leningrad et à Tallinn; ainsi qu'au Carnegie Hall, de New York, avant de chanter pour la princesse Margaret, à Londres. Sans oublier ses nombreuses tournées au Québec et ailleurs au Canada.
A l'occasion de l'Expo 67 qu'accueille Montréal, Monique Leyrac offre des concerts à l'Expo-théâtre et au Pavillon du Canada, accompagnée du pianiste André Gagnon.
Les talk-shows la demandent eux aussi et elle est invitée au «Rolf Harris Show» de la BBC de Londres, en 1968, ainsi qu'au «Ed Sullivan Show» américain du réseau CBS-TV, en 1969.
Pendant les seules années 1960, Monique Leyrac enregistre un album presque tous les ans, dont deux en langue anglaise. Elle a également été sacrée interprète féminine de l'année au Gala du disque québécois, en 1965.
Radio-Canada en fera même l'objet d'un portrait, intitulé «Une Femme comme les autres» et présenté dans le cadre de l'émission «Les Beaux dimanches», en 1972.
Entamant un nouveau chapitre de sa carrière, Monique Leyrac consacre d'abord en 1975 un récital à Émile Nelligan, lors duquel elle récite et chante ses poèmes. L'idée donnera suite à une série de spectacles thématiques, au cours des années 1980, dans lesquels l'artiste allie à nouveau ses deux passions. Félix Leclerc, Sarah Bernhardt et Charles Baudelaire se mériteront chacun un spectacle conçu par la chanteuse.
En 1983, Monique Leyrac annonce son retrait de la vie publique, non sans prendre le temps, avant de se retirer, de publier son autobiographie «Mon Enfance à Rosemont», du nom du quartier dans lequel elle est née.
Monique Leyrac a reçu au cours de sa longue carrière de nombreux prix, dont l'Ordre du Canada, en 1967, et elle a été faite Chevalier de l'Ordre national du Québec, en 1998.
Elle a reçu en octobre 2013 le prix du Québec pour les arts de la scène -- le prix Denise-Pelletier.
«Elle était dans les années 1960, toute proportion gardée, ce que Céline Dion est aujourd'hui, quelqu'un de très connu qui rassemblait les foules. Elle a pris sa retraite et elle n'est jamais revenue chanter, c'est pour ça que les gens l'ont oublié» a raconté l'auteur de sa biographie, François Dompierre.
Marie Vastel et Stéphane Blais, La Presse canadienne

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