vendredi 27 septembre 2019

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          La Chine pleure «l’ami» Chirac

          La Chine pleure «l’ami» Chirac
          Jacques Chirac et son homologue Jiang Zemin plaisantent, le 23 octobre 1999, dans une rame d’un TGV à la gare de Lyon-Satolas, lors de la visite en France du chef d’État chinois. GEORGES GOBET/AFP
          L’ancien président de la République était très estimé dans l’empire du Milieu, où l’on apprécie le travail qu’il a effectué en vue d’un rapprochement sino-européen.
          De notre correspondant à Pékin
          Agile comme un tigre, ce retraité Pékinois interrompt sa partie de ping-pong matinale pour saluer la mémoire de «Xi La Ke», alias Jacques Chirac. «J’ai appris sa mort hier. J’ai une image très positive de lui, car il a beaucoup œuvré pour les relations sino-françaises», explique ce septuagénaire, dans un jardin public de la capitale chinoise. À la table d’à côté, «on tape le carton» en rigolant, et l’un des joueurs s’enflamme pour l’ancien président français. «Chirac fut le digne élève de De Gaulle, le héros. C’est un homme politique brillant, un grand leader, qui a su abandonner ses préjugés d’Occidental», explique Gao Linchang, front dégarni, et longs poils au menton.
          » Découvrez notre hors-série consacré à Jacques Chirac
          La Chine salue ce matin la mémoire de l’ancien président français, «vieil ami» de l’empire du Milieu, dont la passion pour les cultures asiatiques a marqué les esprits, détonnant parmi les dirigeants occidentaux. «C’est la première fois que je pleure un leader étranger!», confesse un internaute sur Weibo, le Twitter chinois, où la nouvelle faisait partie des dix sujets les plus lus, mercredi soir. Jeudi matin, le hashtag #mortduprésidentChirac avait déjà été lu 160 millions de fois! «C’est le président étranger qui est le plus apparu au journal télévisé quand j’étais petit. Bon voyage au paradis!», lance un internaute.
          Les Chinois se souviennent avec tendresse de la connaissance intime et encyclopédique de Chirac pour leur histoire millénaire. «C’est un passionné de la culture chinoise, il savait même que Li Bai était plus âgé de onze ans que Du Fu», salue un internaute, en référence aux deux grands poètes dont le président aimait lire les vers dans son bureau de l’Élysée.
          » VOIR AUSSI - À l’Élysée, l’hommage des Français à Jacques Chirac
          À l'Élysée, l'hommage des Français à Jacques Chirac
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          » LIRE AUSSI - Jacques Chirac, le mousquetaire du monde multipolaire
          L’Asie était le jardin secret du Corrézien, un virus attrapé dès l’adolescence, lorsqu’il faisait l’école buissonnière découvrant les merveilles des bronzes de la dynastie Qin, ou les bouddhas d’Angkor, dans les galeries du Musée Guimet des arts asiatiques, sur les pentes du Trocadéro. «Il avait une connaissance étonnante, c’était un vrai expert capable d’échanger avec les meilleurs spécialistes. Il a laissé une impression très profonde aux Chinois qui l’ont croisé», se souvient Ding Yinfan, ancien journaliste chinois basé à Paris, qui l’a rencontré à plusieurs reprises. Chirac fut le premier dirigeant étranger à visiter la célèbre armée impériale de terre cuite, dans l’ancienne capitale Xian dès 1978, alors maire de Paris. Il a eu le rare honneur de fouler ce site exceptionnel en compagnie de Deng Xiao Ping, le petit timonier. Outre ses multiples voyages privés, Chirac visita à quatre reprises le pays le plus peuplé du monde durant sa présidence, scellant un partenariat stratégique et nouant des liens d’amitié avec son homologue Jiang Zemin, lui aussi bon vivant. Au point de l’inviter en Corrèze au château familial de Bity, avant de visiter à son tour le Jiangsu natal du numéro un chinois, amateur de poésie et de musique.
          » LIRE AUSSI - L’éditorial du Figaro : «Jacques Chirac, un destin français»
          «Ce fut l’âge d’or des relations franco-chinoises. Car il aimait traiter avec des systèmes aux valeurs différentes, alors que la plupart des dirigeants étrangers voulaient imposer une uniformisation occidentale à la Chine, au lendemain de la guerre froide», analyse Dang Yifan, aujourd’hui chercheur au Centre de recherche sur le développement, un think tank gouvernemental.
          En pleine guerre commerciale avec Donald Trump, cette disparition porte une résonance géostratégique à Pékin, où l’on salue un président «gaulliste», indépendant face à l’Amérique, et farouche partisan du rapprochement euro-chinois qui bat aujourd’hui de l’aile. «Au moment où l’intégration européenne coince, et l’unilatéralisme américain devient plus évident, les réflexions et décisions stratégiques de Chirac sur la politique et les affaires internationales sont très inspirantes», commente l’agence officielle Xinhua. Marchant sur les traces du général de Gaulle qui fut le premier grand leader occidental à reconnaître la Chine populaire, Jacques Chirac a sans cesse œuvré pour un rapprochement avec Pékin, entraînant entreprises françaises mais aussi l’Union européenne à coopérer étroitement avec le géant communiste renaissant. Une dynamique enrayée sous Nicolas Sarkozy, après les manifestations pro-tibétaines à Paris lors du cortège de la flamme olympique avant les jeux de 2008 dans la capitale chinoise, et la rencontre du président avec le dalaï-lama, ligne rouge intolérable aux yeux du régime. «Jacques Chirac fut le dernier président à suivre une politique étrangère gaulliste. Depuis, la France à perdu de son allure», jug Dang Yifan. Emmanuel Macron, qui doit visiter l’empire du Milieu en novembre, est attendu de pied ferme.
          Sébastien Falletti
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          18 commentaires
          • Serge Florent
            Personnellement je ne le pleure pas il a eu une vie de Prince fait les quatre cents coups a droite et a gauche mais la ont ferme les yeux ,mais sur son voyage politique pas beau du tout ,Maire de Paris douteux abus de fond abus presidentiel abus de confiance dans des affaires douteuses et tant d'autres sans avoir passe un jour en prison ,un citoyen d'un statut normal aurait passe le reste de sa vie en prison ,une epouse qui a fermee les yeux toute sa vie sur ses folies alors je pense qu'il n'y a pas en faire une gloire de son passage en politique ,j'ai lu un article du Midilibre etre outre de certain commentaires defavorables sur sa vie son comportement et ses abus de confiance en tant que president ,je trouve qu'ils ont raison de l'etre et de nous le rappeler , un President doit en aucun cas dejouer les principes de toutes valeurs les lois humaine en aucun cas pour son propre interet vu les privileges qu'ils ont a ce poste de President qui doit etre un exemple envers les citoyens qui ont votes pour lui ???
          • Kicker
            c'était le seul président français qui a fait un aveu sur les pillages, massacres et destruction de civilisation français en Afrique:
            https://www.youtube.com/watch?v=CYI0o_3GrdM
          • Avatar Abonné
            Peter29910
            On peut comprendre que les chinois aimaient Chirac. En visite en 2004, Chirac signe des accords commerciaux avec transfert de technologie, sur le TGV par exemple. En 2017 les Chinois construisaient leur propre TGV. Chirac symbolise la "naiveté" dans le commerce.
          • Avatar Abonné
            Navroche
            Ce n'est pas bon signe
          • génius
            La Chine pleure «l’ami» tchi tchi
          • Avatar Abonné
            Alai1498
            Nos dirigeants ont souvent été très naïfs et ont mal défendu la France et les français. Ce sont eux, qui par leur absence de décisions courageuses et leur laxisme devant les exigences de nos "partenaires" ont conduit à notre situation actuelle faite de chômage très supérieur aux autres pays développés et à une dette abyssale qui compromet notre avenir.
          • Mathieu C.
            Par naïveté avec ce Régime communiste, il a hélas contribué, comme d’autres leaders occidentaux, à baisser la garde sur la future hégémonie chinoise. On voit le résultat aujourd’hui...
            Lui, l’amoureux des civilisations, a fini par oublier les basses œuvres de ce Régime et la destruction massive de trésors historiques de la civilisation chinoise sous Mao.
          • Avatar Abonné
            Raoul Gronard
            On ne dit jamais assez combien Chirac était un expert internationalement reconnu des mondes asiatiques. Il parlait couramment le japonais, le chinois, l'ouïgour, le tibétain, le khmer et l'urdu et avait des bonnes notions de d'ouïgour, de toungouse et des langues de Trans-Nouvelle -Guinée.
            En tant que spécialiste mondial des arts premiers, il savait distinguer au premier coup d'oeil un masque de Nouvelle-Bretagne de Nouvelle-Irlande.
            Dans sa biographie à paraître, Jean-Luc Barré nous apprend que Chirac avait dû refuser la chaire d'anthropologie et d'étude des mondes asiatiques de l'Université de Boston à cause de ses problèmes de santé.
          • mrc84
            Pas sûr que ce soit sa meilleure réalisation
          • Edmond
            La grande différence avec les (ir)responsables politiques actuels était son énorme culture personnelle. C'est peut-être ça qui lui permettait de prendre les bonnes décisions.
            À méditer...

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