samedi 28 septembre 2019





La mobilisation environnementale se traduira-t-elle enfin dans le vote?

Septembre 2019

Montréal, QC

Après les promesses, des actions demandées

La jeune militante suédoise Greta Thunberg était à Montréal pour la grande Marche pour le climat, qui a réuni environ 500 000 personnes dans la métropole.
Plus que jamais, la mobilisation environnementale prend de l’ampleur au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde. La grande manifestation du 27 septembre dernier en est l’exemple le plus frappant. Mais malgré cet engouement, une question demeure: le rassemblement populaire autour de l’environnement se traduira-t-il à l’élection fédérale? Métro fait pour vous le tour de la question.

À Montréal, la semaine a commencé sur les chapeaux de roue, lundi. Devant les dignitaires rassemblés pour le Sommet de l’ONU sur le climat, la mairesse Valérie Plante a annoncé que la Ville visera dorénavant à diminuer sa production de gaz à effet de serre (GES) de 55% d’ici 2030. Deux jours plus tard, elle se disait aussi ouverte à la création «graduelle» de quartiers sans voiture dans la métropole, ajoutant un gros grain de sel à une semaine fortement marquée par l’environnement et la crise climatique.

«Pendant longtemps, on a pensé que la génération future allait changer les choses, mais on constate que celle d’aujourd’hui est en train de le faire, et assez rapidement», explique à ce sujet Tania Gonzales, qui est chargée des dossiers Transport et GES au Conseil régional de l’environnement (CRE-Montréal). À Montréal, l’élection d’une administration municipale «progressiste et pro-environnement» prouve, selon elle, que les citoyens peuvent encore faire bouger les choses sur la scène politique.


S’il est difficile de prédire si la mobilisation causera les mêmes résultats le 21 octobre prochain, des impacts se font déjà bien sentir, d’après l’experte.

«Je suis assez confiante que ça va faire une différence. Chaque parti a aujourd’hui une plateforme sur l’écologie et est talonné là-dessus. On l’a vu avec le pipeline Trans Mountain et d’autres enjeux: les décideurs sont dorénavant jugés sur leurs actions en environnement. Ils n’ont plus le choix», analyse Mme Gonzalez.

Dans un discours senti devant l’Assemblée générale de l’ONU lundi dernier, la jeune Suédoise Greta Thunberg a durement réprimandé les dirigeants de la planète pour leur inaction contre les changements climatiques.

«Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses», a-t-elle lancé aux représentants des divers États. Sa déclaration a fait le tour du web et de la planète.

Que l’on soit en accord ou non avec son point, il faut voir que l’inquiétude de Greta Thunberg est bien réelle pour plusieurs, soutient le directeur du Département de science politique à l’Université Laval, Thierry Giasson.

«Ça fait peut-être capoter les baby-boomers, mais il y a des jeunes qui vivent énormément d’anxiété par rapport au climat», indique-t-il à Métro.

«Il y a des jeunes qui ont peur que la Terre explose d’ici 20 ans, parce qu’il y a des scénarios catastrophiques qui nous présentés. Le climat est devenu un sujet délicat dans les écoles, tellement qu’on ne veut pas non plus stimuler cette anxiété-là», illustre-t-il également.

L’urgence climatique et le «politically correct»

Le gouvernement Legault a décrété l’urgence climatique mercredi après que Québec solidaire (QS) ait déposé une motion en ce sens. La co-porte-parole, Manon Massé, avait martelé que de s’y opposer relèverait du «climatoscepticisme».

Si l’urgence climatique oblige Québec à prendre «tous les moyens nécessaires afin de réduire rapidement et drastiquement» les émissions de GES, le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, a affirmé qu’il entend tout de même s’en tenir à son «plan de match».

Faire un tel positionnement est certes bien accueilli, sauf que rien n’engage pour autant le gouvernement à changer ses orientations, souligne M. Giasson.

«Que l’enjeu soit mobilisant, c’est une chose. Que les acteurs politiques réagissent, c’en est une autre», avance le politologue. Selon lui, si les conservateurs d’Andrew Scheer remportent les prochaines élections, «on pourrait se retrouver dans une situation similaire à celle du Québec avec la CAQ».

«On aurait alors une proportion importante de la population qui manifeste des inquiétudes, qui demande des changements, mais à cause du mode de scrutin, le parti au pouvoir ne représenterait pas la majorité des votes», soutient-il.

Les décideurs savent aussi très bien, selon lui, qu’une bonne partie de l’électorat «se braque par rapport aux enjeux environnementaux».

«Il y a beaucoup de gens qui ne croient pas à l’implication humaine comme une solution possible [...]. L’enjeu climatique les terrorise, ils ne veulent pas y être confrontés», ajoute le politologue. Ce dernier se dit d’ailleurs très sceptique par rapport aux vraies intentions des conservateurs et des libéraux en matière d’environnement.

Le poids du consommateur

En matière d’environnement, l’autre impact à ne pas sous-estimer est celui du consommateur, soutient Tania Gonzales.

«On voit de plus en plus de commerçants qui changent leurs pratiques – moins d’emballage, plus de produits locaux –, à la demande des clients. Ça aide les municipalités à adopter des pratiques écoresponsables. C’est un cercle vertueux pour renforcer des politiques durables», juge-t-elle.

«Ce n’est plus juste la petite boutique écolo du coin qui fait sa part. Ce sont des institutions, des compagnies internationales crédibles qui se rendent compte que c’est bénéfique pour l’environnement, mais aussi pour l’économie. Si on investit dans l’adaptation aux changements climatiques, les retombées seront deux fois supérieures», dit Tania Gonzalez.

Peu importe qui sera élu, les partis auront nécessairement cheminé et avancé sur l’enjeu climatique, d’après elle. «On a donc tout intérêt à être prêts, chacun de notre côté et à s’adapter le plus rapidement possible», fait-elle valoir.

Rappelons qu’en milieu de semaine, mercredi, les trois candidats à la mairie du Plateau-Mont-Royal, dont l’élection aura lieu le 6 octobre prochain, ont annoncé qu’ils mettront leur campagne «sur pause», le temps de la Grande marche pour le climat.

«On ne va pas là pour remettre des dépliants. On va là pour marcher pour le climat», a illustré le candidat de Vrai changement pour Montréal, Marc-Antoine Desjardins, disant vouloir s’impliquer de façon «apolitique». Même son de cloche pour le candidat de Projet Montréal, Luc Rabouin, et celui d’Ensemble Montréal, Jean-Pierre Szaraz.

La Ville avait annoncé le même jour que tout le réseau de la Société de transport de Montréal (STM) serait gratuit le 27 septembre. Idem pour les deux rives, au sud et au nord. La mairesse Plante disait ainsi vouloir créer un momentum pour le climat. Plus tôt, BIXI avait aussi annoncé qu’il allait rendre tous ses vélos gratuitement accessibles, entre 9h et 15h, le jour de la Grève du climat.



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