mercredi 21 novembre 2018


LES CATHOLIQUES ET LES MUSULMANS DU CANADA

Daniel Paquet      dpaquet1871 @gmail.com

Entendu au Québec chez un retraité de la construction : « ils ne viendront tout de même pas fermer nos églises (catholiques, ndlr)? »  L’immigration musulmane de masse est encore assez nouvelle au Québec; c’est à Montréal qu’elle se fixe.  Les rumeurs vont bon train; c’est pourquoi bon nombre de Canadiens-français se sont laissé dire que les musulmans ne visaient qu’à installer leur religion et reléguer la religion chrétienne - de la très vaste majorité de la population- au dernier rang.  Entendons-nous, les Canadiens ne sont pas vraiment pratiquants, mais au Québec, ils sont farouchement croyants et même superstitieux à l’occasion.  Quelqu’un qui avait la division à l’esprit a donc mis de l’huile sur le feu.
La nation canadienne-française a souvent bien de la difficulté à trouver sa place au sein du Canada; alors ce n’est pas le moment de faire tanguer la chaloupe (nous y reviendrons plus loin).  Mais, dans le cas présent, il ne faudrait pas plonger vers l’extrême comme en Belgique. Cette année, « le Conseil communal de Charleroi a décidé d’interdire tous les signes d’appartenance philosophique, religieuse et politique, dès la rentrée prochaine, dans les écoles communales primaires et secondaires carolorégiennes [selon Sophie Merckx du Parti des travailleurs de Belgique-PTB], cette interdiction touche au droit à la libre expression, une évolution dangereuse.  Si nous suivons la majorité communale, on interdira donc de porter un T-shirt avec la photo de Che Guevara ou un pin’s pour le commerce équitable […] Est-ce que les écoles ne doivent pas justement être l’institution qui ouvre le débat, qui développe la réflexion démocratique, philosophique, qui encourage la solidarité et la  multiculturalité parmi notre jeunesse? »
L’édition montréalaise du quotidien anticommuniste et pro-républicain des États-Unis, La Grande époque, annonce déjà que le monde musulman en Amérique du Nord passe à l’action, ou presque : « Une autre méthode utilisée par Al-Qaïda est de trouver des groupes islamiques qui entretiennent des ‘concepts de victimisation, des concepts selon lesquels les musulmans sont persécutés par l’Occident non musulman, par les impérialistes, les colonialistes’… »

Un pays, deux nations

Nous voilà au cœur du débat.  Les Québécois ont à cœur la protection de leur culture, bien avant de se braquer contre les Canadiens-anglais.  Selon le quotidien La Presse du début août 2010, « le président du Parti québécois (nationaliste, ndlr), Jonathan Valois, craint la ‘folklorisation’ et ‘l’institutionnalisation’ de la souveraineté (séparation, ndlr) si ce projet ne rejoint pas davantage les jeunes générations. » 
Celui avait déposé en 2004 un rapport sur les jeunes et la souveraineté (sic).  « Selon ce rapport, les jeunes jugeaient l’indépendance ‘dépassée, désuète et vétuste’. »  Quant au président du Conseil de la souveraineté et ancien président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Gérald Larose, il n’est plus nécessaire de parler « d’indépendance » économique, semblant s’accommoder de la mondialisation et du libre-échange, même si ça ne laisse aucune parcelle d’autonomie aux travailleurs du Québec.  Un fameux syndicaliste!
Ils s’exprimaient tous deux à la veille d’une université d’été organisée par le Forum jeunesse du Bloc québécois, représentant les milieux nationalistes au Parlement fédéral du Canada.  Chose inusitée, l’unique député du parti Québec solidaire (social-démocrate) a participé à cet évènement.   D’ailleurs, l’autre porte-parole de ce jeune parti, Françoise David s’est réjouie en précisant au journaliste de La Presse que « cette organisation transpartisane est très noble.  Je trouve cela extrêmement intéressant et prometteur pour la suite des choses ».  Et les ouvriers, alors?

Sur la scène

Chaque année, le Panthéon des auteurs-compositeurs canadiens organise une cérémonie spéciale.  La Presse rapporte, en mars 2010, que « cette année encore, la cérémonie d’intronisation se déroulait à Toronto.   ‘À la fin de la soirée, des jeunes attendaient (Robert Charlebois, ndlr) pour dire : I liked your performance.  Ils sont prêts à entendre de la bonne musique en français, mais le lendemain de la fête, c’est fini.  On n'entend plus de français dans les rues ou à la radio.  Ça donne l’impression de donner un coup d’épée dans l’eau.  Toronto est dans le même pays, mais dans une autre planète. »
Au mois d’avril, le quotidien a parlé de Gordon Lightfoot.  « Le musicien fait partie de ces pionniers du renouveau folk populaire.  En plus d’être l’une des premières stars anglo-canadiennes  à avoir obtenu la reconnaissance internationale, il a constamment représenté la culture anglophone de son pays.  Ce pays, d’ailleurs, il ne l’a jamais quitté […]  ‘J’ai toujours été fier d’être un ambassadeur de la culture de mon pays.  J’ai toujours pris ce rôle avec beaucoup de conviction et d’enthousiasme.  Oh yeah, no problem there. »
Sur les planches, la relève s’impose et elle n’est plus aussi européenne.  Comme le dit la comédienne Cynthia Cantave : « S’il y avait plus d’acteurs noirs sur les scènes, plus de jeunes pourraient s’identifier et avoir le goût de sortir au théâtre ou d’en faire.  Parce qu’à l’heure actuelle, les Noirs sont le plus souvent relégués à des rôles secondaires ».
Pour conclure, faisons un peu de droit constitutionnel.  Dans la Loi fondamentale de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (1977), l’article 27 affirmait que : « L’État se préoccupe de préserver et de développer les valeurs culturelles de la société et de les mettre largement à profit pour la formation morale et esthétique des Soviétiques, pour élever leur niveau culturel.  En U.R.S.S., on encourage par tous les moyens le développement des activités artistiques professionnelles et populaires. » 
Même le plus fieffé des pourfendeurs de l’Union soviétique sait que dans ce pays les arts en général y avaient une place de choix, et que c’était financièrement accessible.  C’était donc un droit garanti pour toutes les familles ouvrières.  Opéra, cirque, théâtre, cinéma, bibliothèques, concerts…  tout était à la portée des salaires des travailleurs. 
Décidément,  il en a drôlement perdu Yvan Yvanovitch avec tous ces « chambardements »!

Montréal, le 5 septembre 2010,   www.lnvr.blogspot.com

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