dimanche 8 juillet 2018


Si Malthus m’était compté

Et vivent les coupures gouvernementales dans ses charges sociales

Daniel Paquet                                                                                dpaquet1871@gmail.com

Qui était Thomas Robert Malthus?  Il est né en 1766* et décédera en 1834; il fut un économiste britannique, « auteur d’un Essai sur le principe de population (1798), il y présente l’accroissement de la population comme un danger pour la subsistance du monde et recommande la restriction volontaire des naissances (malthusianisme). »[1] 

Est-ce le livre de chevet de nos politiciens patentés, dont ceux du gouvernement libéral au Québec?  Au registre de l’économie, cette doctrine prône « le ralentissement volontaire de la production, de l’expansion économique. »[2]
« Accumulez, accumulez!  C’est la loi et les prophètes!  ‘La parcimonie, et non l’industrie, est la cause immédiate de l’augmentation du capital.  À vrai dire, l’industrie fournit la matière que l’épargne accumule. ‘ Épargnez, épargnez toujours, c’est-à-dire retransformez sans cesse en capital la plus grande partie possible de la plus-value ou du produit net!  Accumuler pour accumuler, produire pour produire, tel est le mot d’ordre de l’économie politique proclamant la mission historique de la période bourgeoise. »[3]
En anglais, la définition demeure pratiquement la même :  «Of  or pertaining to the theory of T. R. Malthus  that population increases  faster than the means of support and, unless checked by sexual restraint, is restricted only by famine, pestilence, war, etc. [4] 

À l’Assemblée nationale du Québec, le nouveau chef du Parti québécois (Jean-François Lisée) qui ne veut pas se sentir lié aux banquiers ; aux gros bailleurs de fond ; aux firmes indépendantes de courtage et de contrôle ; et bien sûr aux multinationales ; y va d’un constat mièvre. « Selon M. Lisée (il se proclamera nationaliste économique en 2018, -ndlr), le gouvernement Couillard n’a démontré aucune compassion en décidant d’accumuler 2,2G$ de plus que ce qui était nécessaire.  ‘ Ce gouvernement a su qu’il coupait trop pour son propre objectif et il n’a pas arrêté, a-t-il dit. C’est un gouvernement de comptables froids.’ »[5]

En général, les bourgeois sont assez froids, qu’ils soient libéraux au pouvoir ou péquistes dans l’opposition officielle.  D’ailleurs, une fidèle partisane du Parti québécois, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel Bourdon, n’était pas peu fière d’annoncer que son organisme imputable devant le Gouvernement du Québec, a terminé l’exercice budgétaire 2015-2016 avec un surplus de 196 000$.  Un déficit de 11,5M$, puis de 5M$, avait pourtant été prévu. (…)
Le surplus enregistré pendant l’année 2015-2016 a servi à rembourser la dette, qui atteint maintenant 83,3 M$.  (…)
Des revendications seront également adressées au Gouvernement du Québec pour reconnaître le ‘statut particulier’ de la CSDM, que réclament des commissaires, des syndicats et des parents liés à la plus grande commission scolaire du Québec. »[6]

En fait, des pays comme l’Union soviétique ont abordé le problème en planifiant à long terme le développement de l’économie et l’organisation des services sociaux, notamment dans la santé et l’éducation. « Nombreux étaient ceux qui croyaient que le plan quinquennal était une affaire privée de l’Union soviétique, une affaire importante et sérieuse, mais néanmoins une affaire privée, une affaire nationale de l’Union soviétique. (…)
La tâche essentielle du plan quinquennal était de transformer l’U.R.S.S., de pays agraire et débile, qui dépendait des caprices des pays capitalistes, en un pays industriel et puissant parfaitement libre de ses actions et indépendant des caprices du capitalisme mondial. (…)  La tâche essentielle du plan quinquennal était de créer dans notre pays une industrie capable de réoutiller et de réorganiser, sur la base du socialisme, non seulement l’industrie dans son ensemble, mais aussi les transports, mais aussi l’agriculture. »

On peut dire que cette idée de planifier l’organisation de la société et de son économie n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.  À titre d’exemple, la société d’État québécoise, Hydro-Québec a le vent dans les voiles.  Ainsi « la fin de la construction du projet hydro-électrique La Romaine est prévue (pour 2020).  (…)  Construites au coût de 6,5 milliards $ sur la côte-Nord, les quatre centrales de la rivière Romaine devraient fournir à terme plus de 1550 mégawatts (MW) au réseau d’Hydro-Québec. (…)  On sait toutefois qu’Hydro-Québec a déterminé depuis plusieurs années certains sites à fort potentiel hydro-électrique au Québec. Sur la Côte-Nord, la rivière Petit Mécatina située à l’est de la rivière Romaine est déjà dans les plans de la société d’État. Un projet jumeau de la Romaine capable de produire 1200 mégawatts, soit l’équivalent de la consommation des villes de Québec (avec les fusions municipales, la capitale regroupe désormais 1 million d’habitants, - ndlr) et de Gatineau. »[7]

D’autre part, quand on quitte le Québec et que l’on franchit la frontière avec l’Ontario, on sait tout de suite, par la qualité des voies routières, que l’on n’est plus dans la Belle Province.  Et le problème n’est pas uniquement sur l’autoroute transcanadienne.  Même à Montréal, le poumon économique du Québec, les choses ne vont guère mieux. « La situation est à ce point critique que 45% des rues de Montréal nécessitent une ‘attention immédiate’ ou sont ‘préoccupantes’, tout comme 22% des conduites d’égout et 13% des conduites d’eau potable.  À noter que 62% des conduites d’eau potable sont seulement dans un état ’moyen’. (…)  Les travaux augmenteront considérablement ces cinq prochaines années.  Le but est d’éliminer totalement les retards dans l’entretien des routes, des aqueducs et des égouts. (…)  Entre 2010 et 2013, Montréal investissait bon an mal an entre 132M$ et 230M$ pour ces travaux.   À son arrivée au pouvoir, l’administration Coderre (avait) investi en moyenne 300M$ par année.  Et dès 2017, l’investissement aurait pu atteindre 700M$ par année. »[8]

Finalement, même les grandes institutions financières ressentent la nécessité (course aux profits oblige) de mieux coordonner leurs activités économiques.  Par exemple,
… « l’économie mondiale se renforce progressivement.  La révision à la baisse de la croissance mondiale en 2016 tient principalement à l’activité plus faible que prévu aux États-Unis au premier semestre de l‘année.  À l’avenir, la robustesse des facteurs fondamentaux nationaux devrait favoriser un rebond de la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel des États-Unis.  À l’échelle mondiale, la croissance économique devrait se redresser pour passer d’environ 2  3\4% en  2016 à quelque  3 1\2  d’ici 2018.  Les pays émergents alimenteront vraisemblablement ce raffermissement à mesure que la récession arrivera à son terme dans certains pays et que les réformes visant à stimuler la croissance progresseront.  La faiblesse des investissements des entreprises et l’atonie des échanges demeurent les thèmes dominants des perspectives de l’économie mondiale.  La croissance des investissements a ralenti à l’échelle du globe depuis 2012, ce qui s’explique en partie par l’incertitude entourant les perspectives de la demande mondiale et par les ajustements structurels ayant lieu en Chine. »[9]
De qui devons-nous attendre un miracle pour que l’économie canadienne en général et québécoise en particulier reprenne du poil de la bête ?  Du Parti libéral du Québec qui représente la grande bourgeoisie d’affaires Anglo-Franco canadienne et qui s’accommode très bien du statu quo ?   Ou du Parti québécois qui désire comme jamais auparavant avoir les rênes du pouvoir pour favoriser la petite et la moyenne bourgeoisie nationaliste (et qui va tambour battant vers l’indépendance du Québec en s’enhardissant à garder d’abord un marché captif sur le territoire québécois et une entrée en force sur le marché états-unien avec le concours de leur État) ?  Ou encore de la Coalition Avenir Québec, qui mange à tous les râteliers, se disant de centre…  de gauche ou de droite ; c’est selon leur interlocuteur !

 « Il faut noter… qu’Engels est tout à fait catégorique lorsqu’il qualifie le suffrage universel d’instrument de domination de la bourgeoisie.  Le suffrage universel, dit-il, tenant manifestement compte de la longue expérience de la social-démocratie allemande, est : ‘l’indice qui permet de mesurer la maturité de la classe ouvrière.  Il ne peut être rien de plus, il ne sera jamais rien de plus dans l’État actuel.’ »[10]

*En janvier 1766, David Hume quitte Paris pour Londres ; il est accompagné de Rousseau (‘chassé de la Suisse’ où il s’était réfugié après la condamnation de l’Émile), dont il fait faire le portrait par le peintre Ramsay.  Plusieurs incidents entraîneront la brouille des deux philosophes.  En octobre-novembre, Hume laisse ses amis publier l’Exposé succinct de la contestation qui s’est élevée entre M. Hume et M. Rousseau, ainsi qu’une version anglaise de cet exposé.

(Source : Beyssade, Michelle, Enquête sur l’entendement humain, par David Hume, GF Flammarion, Paris, 2006, page 11)



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[1] Le Petit Larousse illustré 2015, Paris, page 1685
[2] Ibidem, page 697
[3] Marx, Karl, Le Capital, Livre I, Gallimard, Paris, 1968, page 647
[4] The New International Webster’s Comprehensive Dictionary in the English Language, Encyclopedic Edition, 1996, page 772
[5] La Presse canadienne, Couillard a manqué d’humanisme, déplore Lisée, Métro, jeudi 27 octobre 2016, page 3
[6] Shaffer, Marie-Eve, Un surplus de 196 000$ dégagé à la CSDM, Métro, Montréal, jeudi 27 octobre 2016, p. 8
[7] Couture, Pierre, Un nouveau mégaprojet hydro-électrique en 2020, 24h, Montréal, jeudi 27 octobre 2016, page 12
[8] Houde-Roy, Laurence, Encore plus de travaux à venir, Métro, Montréal, jeudi 27 octobre 2016, page titre
[9] Banque du Canada, L’économie mondiale, Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, octobre 2016, page 1
[10] Lénine, V.I., Œuvres choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 298

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