samedi 7 juillet 2018


Aux U.S.A., la petite-bourgeoisie se fait montrer la porte
Les derniers soubresauts de l’Obamacratie
Daniel  Paquet                                                 dpaquet1871@gmail.com

La victoire de Donald Trump, qui en fait le 45ème président des États-Unis d’Amérique, n’est pas le résultat d’un complot politique.  En fait, la petite-bourgeoisie aux rênes du plus puissant pays impérialiste a fait bien des mécontents, notamment au sein de la classe ouvrière, laissée pour compte avec un chômage endémique, la pauvreté et le recul du pouvoir d’achat.  Sur la forme du pouvoir, Engels avait longtemps exprimé son opinion:
« Engels reprend… en la mettant particulièrement en relief, cette idée fondamentale qui marque comme d’un trait rouge toutes les œuvres de Marx; à savoir que la république démocratique est le chemin le plus court conduisant à la dictature du prolétariat.  Car une telle république, bien qu’elle ne supprime nullement la domination du Capital, ni par conséquent l’oppression des masses et la lutte des classes, conduit inévitablement à une extension, à un développement, à un rebondissement, à une aggravation de la lutte tels qu‘une fois apparue la possibilité de satisfaire les intérêts vitaux des masses opprimées, cette possibilité se réalise inéluctablement et uniquement dans la dictature du prolétariat, dans la direction de ces masses  par le prolétariat. »[1]
À Davos, lors de la 47ème édition du Forum économique, les principaux dirigeants occidentaux se sont avérés désemparés; en cela ils s’opposent à la vision du chef d’État et du Parti communiste chinois.  « Il a, en face des leaders économiques et politiques encore sous le choc des récents résultats des votes au Royaume-Uni et aux États-Unis, n’ayant pour solutions à un résultat des liens avec la classe moyenne (i.e. la petite-bourgeoisie) que leurs vieux thèmes réchauffés. (…)  Le président chinois a soutenu qu’il ne sert à rien d’attribuer à la mondialisation tous les maux de la planète.  Le conseiller de Donald Trump présent à Davos lui a rappelé que le problème n’était pas tant la mondialisation que l’asymétrie de ses retombées, cristallisée dans les accords commerciaux.  Il aurait pu ajouter la perte de souveraineté des États et de leur population devant le diktat des multinationales et de la libéralisation du commerce. »[2]
Les populations demandent du changement; elles vont même jusqu’à se tourner vers des partis fascistes, comme le Front national en France ou celui de Hongrie (c’est un drame gravissime qui frappe les pays européens, y inclus les anciens pays socialistes) qui vient de perdre par un poil une récente consultation populaire sur l’immigration.
« Certes, le moyen de sortir du parlementarisme ne consiste pas à détruire les organismes représentatifs et le principe électif, mais à transformer ces moulins à paroles que sont les organismes représentatifs en assemblées ‘agissantes’. (…)  Un organisme ‘non parlementaire mais agissant’ voilà qui s’adresse on ne peut plus directement aux parlementaires modernes et aux ‘toutous’ parlementaires de la social-démocratie!  (…)  La véritable besogne d’‘État ‘ se fait dans la coulisse : elle est exécutée par les départements, les chancelleries, les états-majors.  Dans les parlements on ne fait que bavarder à seule fin de duper le ‘bon peuple’ »[3]
Au Québec, à tout le moins, les années Obama ont été marquées par un pilonnage médiatique en règle pour faire avaliser par la population et les travailleurs en particulier que Barack Obama était le messie tant attendu.  Celui-ci a semé des illusions (de facto, les capitalistes ont bâti un aura autour de sa personnalité) qui tardent à s’évanouir tant l’offensive idéologique et psychologique a été puissante.  On ne peut prévoir la durée de cet impact.  Toutefois, Donald Trump n’est pas encore bien en selle; les « sorciers » de l’information ont plus d’un tour dans leur sac.  Ils se préparent à la prise du pouvoir par un nouveau Führer (au cas où) depuis des décennies.  En fait, les multinationales sont aux prises avec leurs propres contradictions : devons-nous nous armer pour une troisième guerre mondiale?  Serait-elle brève?  Serait-ce le chaos, la dévastation et des destructions irréparables cette fois?  Aurions-nous recours à l’arme atomique?  C’est pour résoudre cet imbroglio que Donald Trump est ‘en politique’ et c’est en définitive le compromis, un autre choix, qu’il propose au peuple américain.  Voilà la nature du compromis offert.  Car il est d’abord et avant tout un pragmatique.
Alors, ou bien le grand patronat se hasarde à perdre momentanément des plumes ou bien c’est la barbarie et possiblement le dernier jour.  Donald Trump l’a très bien compris et il opte pour la paix, une paix désagréable qui le rapproche par exemple de la Russie de Vladimir Poutine.  Probablement, il y aura un gel des préparatifs de guerre; en passant par un nouvel ordre du jour pour l’OTAN.   Le nouveau président états-unien n’a-t-il pas déclaré l’organisme comme ‘obsolète ‘?
« La banque centrale a offert des perspectives teintées d’optimisme en confirmant, essentiellement, les prévisions de croissance qu’elle avait faites en octobre, avant l’élection américaine.  La Banque du Canada mise ainsi sur une croissance de 2,1% du PIB pour l’année qui vient de commencer – une prévision en légère hausse par rapport à celle de 2% d’octobre.  Pour 2018, la croissance devrait se maintenir à 2,1% a poursuivi la banque.  Mais les perspectives de la banque ne tenaient compte que des conséquences possibles de la reprise attendue aux États-Unis, a-t-elle précisé, sans incorporer toute la gamme des changements de politiques par M. Trump.  L’expansion économique anticipée aux États-Unis – le plus grand partenaire commercial du Canada – devrait stimuler l’économie avec une augmentation de la demande étrangère.  La banque centrale a aussi tenu compte de la promesse de M. Trump visant à réduire les impôts des entreprises, ce qui, juge-t-elle, ne menace pas la compétitivité du Canada.  (Le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz) a précisé que la banque n’avait pas encore fait d’évaluation interne sur les propositions commerciales évoquées aux États-Unis, en raison d’un manque d’information et de la nature complexe de ce genre d’analyse. »[4]
On peut affirmer d’ores et déjà que Donald Trump, même s’il est populiste, (c'est-à-dire qu’il se réclame du peuple et de ses aspirations profondes), n’a rien à voir avec le fascisme; il ne faut pas faire l’amalgame entre la forme politique qu’emploient certains leaders, et leurs conceptions (ou programme).  Ce n’est pas parce que Donald Trump est tonitruant qu’on peut le comparer à Adolf Hitler.  À ce chapitre, on peut ajouter que les masses laborieuses en ont bien soupé de la langue de bois, du ‘politically correct’ de moult politiciens.  Ils veulent du changement, même s’il ne leur est pas fourni sur un plateau d’argent.
S’il a compris que la bourgeoisie cherchait à sortir de l’impasse politique et économique, à court de solutions; il a aussi compris que le prolétariat n’acceptait plus d’être dirigé comme avant.
La couche socio-économique que représente M. Trump a compris ‘spontanément’ qu’«il dépend uniquement de l’extension des échanges que les forces productives acquises dans une localité, surtout les inventions, soient perdues pour le développement ultérieur ou ne le soient pas. Tant que des relations commerciales dépassant le voisinage immédiat n’existent pas encore, on doit faire la même invention en particulier dans chaque localité, et il suffit de purs hasards, tels que l’irruption de peuples barbares et même les guerres ordinaires, pour obliger un pays qui a des forces productives et des besoins développés à repartir de zéro. »[5]
Finalement, le « big business » s’inquiète de voir ses ouvriers se poser des questions sur le système et puis de manifester; certes ce sont davantage les jeunes qui le font.  Mais ne remettent-ils pas en question la sacro-sainte dévotion pour l’individualisme comme fondement de l’Amérique? 



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[1] Lénine, V.I., Œuvres choisies, tome 2, L’État et la révolution, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 342
[2] Bérubé, Gérard, Inversion des pôles, Le Devoir, Cahier B, Montréal, le jeudi 19 janvier 2017, page 1
[3] Ibidem, L’État et la révolution, page 323
[4] Blatchford, Andy, La Banque du Canada évoque les conséquences du protectionnisme à la Trump, Le Devoir, Montréal, le jeudi 19 janvier 2017, page B 3
[5] Marx-Engels, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1968, page 90

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