République
populaire de Chine-1
COVID-19 : de
l’ampleur de l’effondrement, à l’ampleur de l’effondrement économique de
l’Empire Atlantiste - OTAN; (à venir) …
Daniel Paquet,
Vincent Gouysse, Karl Marx et la République populaire de Chine
La Chine est
indéniablement en train de sortir éminemment renforcée de la pandémie du
COVID-19, que ce soit sur le plan sanitaire, économique, social, politique,
géopolitique et moral. Bien
qu’elle ait dû temporairement, c’est-à-dire deux mois durant, mettre en sommeil
le tissu industriel de métropoles totalisant 56 millions d’habitants, l’impact
économique sera nul ou très limité pour l’année en cours, car l’immense
majorité de la population chinoise a pu échapper au confinement, permettant à
la majeure partie de son tissu industriel de continuer à fonctionner. La Chine
est ainsi désormais « condamnée », par le seul fait du début de l’effondrement
multiforme en cours du bloc Atlantiste, à venir voler au secours du Monde
entier, afin de tenter de juguler la pandémie mondiale du COVID-19. Dans cette
Guerre contre un ennemi invisible dont l’Occident est lui-même à de multiples
égards responsable, autant de par son origine que de par sa dissémination,
délocalisations industrielles massives, cette activité économique se ramène en
fait pour l’essentiel à son complexe militaro-industriel, au tourisme et aux
services, c’est-à-dire autant de secteurs qui dépendaient étroitement de
l’existence de la rente coloniale… déclassement économique et social à sa
propre population, si longtemps privilégiée.
Depuis le 20 février, le Capital
financier Atlantiste a ainsi acquis la certitude que la pandémie du COVID-19
allait le frapper de plein fouet. Au moment même où les cas recensés se
multipliaient sur leur propre sol, et ce de manière accélérée en Italie, les
grandes places boursières de l’alliance Atlantique ont ainsi vu la valorisation
boursière de leurs multinationales s’effondrer d’un tiers ! Un tiers en un
mois… Et ce n’est là… que le tout Le Secrétaire général de l'OCDE est
pour sa part un peu plus honnête en affirmant que « l'économie mondiale va
souffrir "pour des années" et [qu’]il est "irréaliste de
penser" qu'elle va rebondir rapidement ». début ! Il s'agit
selon lui « du troisième et du plus grand choc économique, financier et social
du XXIe siècle », un choc qui « exige un effort mondial moderne semblable au
Plan Marshall et au New Deal combinés », afin d'éviter une « récession
prolongée ». 2 Les déclarations du patron de l’OCDE constituent selon nous un
appel du pied aux chinois pour qu’ils viennent prendre la place des USA, et
venir à la rescousse de l’ensemble des pays du bloc Atlantiste l’évolution du
rapport des forces entre pays capitalistes ou groupements de pays capitalistes
concurrents. Nous allons donc voir comment la production d’acier de
différents pays a évolué au cours des deux dernières décennies. Sa part de
marché a continué d’augmenter rapidement à 36,4 % en 2007 et à 49,8 % en 2013.
En 2019, la Chine a vu sa production d’acier augmenter de 8,3 % en glissement
annuel, à 996,3 millions de tonnes, et sa part de marché dans la production
mondiale d’acier a continué d’augmenter pour atteindre 53,3 % ! Surtout,
cette montée en puissance quantitative de l’industrie chinoise s’est
accompagnée d’une montée en puissance qualitative plus grande encore,
permettant à la Chine de remonter rapidement dans la chaîne de valeur
industrielle mondiale, allant de l’industrie mécanique de pointe (machines-outils),
en passant par le secteur énergétique (nucléaire, éolien, solaire,
hydroélectrique), jusqu’à l’automobile, la construction navale, le ferroviaire
à grande vitesse, l’industrie militaire, l’aérospatiale, l’aéronautique,
l’électronique, l’informatique, et même la production scientifique et
intellectuelle, y compris de plus dans les domaines majeurs de la recherche
fondamentale, production intellectuelle dont la Chine est en train de devenir,
d’une manière aussi rapide que durable, le nouveau leader mondial…
Notons au passage que dès 2010, et
bien que les données datent désormais de près d’une décennie, nous avions
dressé dans notre Réveil du Dragon, un tableau assez exhaustif de ce fulgurant
rattrapage et démontré l’inéluctabilité (à relativement brève ou moyenne
échéance), du brutal déclassement économique et social auxquels auraient à
faire face les peuples des pays impérialistes d’Occident. Nous y sommes
désormais, c’est pour demain. En fait, cela a déjà commencé, et le facteur
déclencheur en aura été un virus conçu dans l’éventualité d’une Guerre
biologique et peut-être évadé, par accident, au sein même de l’empire
Atlantiste… De l’autre côté de l’Océan Pacifique, les USA ont pour leur part vu
leur production d’acier augmenter de 1,5 % en glissement annuel en 2019, mais
celle-ci reste encore inférieure de 10,4 % à son niveau d’avant crise (2007). La
part de marché de l’impérialisme américain dans la production mondiale d’acier
s’est ainsi effondrée de 10,6 % à 4,7 % au cours de la période 2001-2019. Le
constat est encore moins brillant en ce qui concerne l’UE qui, a vu sa
production stagner durant la période 2012-2018 pour diminuer brutalement de 4,9
% en 2019. En 2019, la production européenne d’acier était ainsi inférieure de
24,0 % à son niveau de 2007 ! Sa part de marché dans la production mondiale
s’est ainsi effondrée de 22,0 % à 8,5 % au cours de la période 2001-2019… Comme
on le voit, la production russe a augmenté sensiblement durant la période
2001-2007, puis est parvenue à se maintenir en dépit de la crise de 2008 et des
sanctions atlantistes qui se sont exacerbées au cours des années suivantes, et
ce grâce à l’approfondissement de son partenariat économique avec la Chine.
Rapportée à sa population, la production industrielle russe (qui est en outre
assez qualitative, notamment dans les secteurs militaires et de
l’aérospatiale), dépasse en volume celle des pays dominants à la tête du bloc
Atlantiste, USA inclus… L’Inde a pour sa part vu sa production d’acier
augmenter rapidement, mais cela s’est avant tout fait sur le plan quantitatif.
D’un point de vue qualitatif, l’industrie indienne est aujourd’hui circonscrite
aux industries de base et ses timides tentatives pour remonter la chaîne de
valeur industrielle dans certains domaines ont toujours été éminemment
dépendantes des technologies et capitaux étrangers… Si l’on regarde les autres
pays « traditionnellement » inclus dans la sphère d’influence Atlantiste, on y
voit le déclin au cours des dernières années, comme au Brésil et en Turquie. La
Corée du Sud tire particulièrement bien son épingle du jeu grâce à la
réorientation de ses relations commerciales et de ses flux d’investissements
vers la Chine, et le Japon aspire évidemment à en faire de même. En ce qui
concerne enfin les pays situés aux marges de la sphère d’influence Atlantiste,
il suffira de souligner qu’en 2019, la production d’acier du continent africain
se montait à seulement 17,0 millions de tonnes (soit une part de marché
mondiale de 0,9 %), un chiffre en baisse de 2,3 % en glissement annuel… Elle
était de 14,9 millions de tonnes en 2001. 4 Sous le joug colonial atlantiste,
le peu d’industrie du continent africain a ainsi littéralement stagné durant
les deux dernières décennies. En outre, la production cumulée de l’Afrique du
Sud et de l’Egypte et ce à peu près à parts égales , représente à elle seule
aux alentours de 80 % de la production d’acier de ce continent, maintenu un
siècle durant par la force, dans le plus complet sous-développement économique
par l’Occident qui n’a cessé d’y voir qu’une source de matières premières et de
produits agricoles à bas coût… En 2019, l’Iran a également continué à voir sa
production d’acier augmenter rapidement, en dépit des sanctions américaines
iniques, bondissant de 30,1 % en glissement annuel à 31,9 millions de tonnes et
faisant de l’Iran le dixième plus gros producteur mondial d’acier, talonnant
désormais le Brésil et la Turquie, pour une part de marché mondiale de 1,7 %.
Surtout, cette croissance s’est accompagnée d’une rapide montée en gamme
technologique de l’industrie iranienne, à l’instar de son secteur aérospatial
et de son complexe militaro-industriel. A l’évidence, l’Iran est ainsi sur le
point de devenir la plus grande puissance industrielle régionale au
Moyen-Orient, très loin devant la seconde puissance industrielle, l’Arabie
Saoudite, avec sa production annuelle d’acier qui avoisine les 5 millions de
tonnes… A titre de comparaison, la France a produit annuellement autour de 20
millions de tonnes d’acier durant la période 2001-2007. En 2018, sa production
n’a été que de 15,4 millions de tonnes, soit 0,8 % de la production mondiale et
moitié moins que la production iranienne... La rapide émergence industrielle de
l’Iran constitue à l’évidence une menace majeure pour la domination américaine
au Moyen-Orient étant donné que l’Iran déclare publiquement vouloir mettre un
terme à la politique coloniale criminelle du bloc Atlantiste au Moyen-Orient,
aidé en cela par ses alliés russes et chinois dont les intérêts économiques et
géostratégiques convergent fortement. C’est évidemment dans ces modifications
majeures du rapport de force industriel et de la montée en gamme technologique
de la Chine, de la Russie et de l’Iran, qu’il faut rechercher l’origine de la
politique coloniale de plus en plus agressive du bloc Atlantiste à l’égard des
nouveaux outsiders qui exigent aujourd’hui la fin de la politique d’agressions
coloniale d’un bloc atlantiste réactionnaire qui a, deux décennies durant,
maintenu sa brutale emprise sur sa sphère d’influence au moyen de l’occupation
et du chantage militaires permanents. Cette sombre époque est aujourd’hui sur
le point de s’achever. Et ce ne sont ni les peuples si longtemps opprimés et
mutilés par le colonialisme, ni les communistes révolutionnaires de ces pays,
qui vont s’en plaindre ! La perspective est à l’inverse très différente en ce
qui concerne les peuples des USA et d’Europe. La fin de la domination coloniale
de leurs élites signifie en effet pour eux la destruction de ce que Karl Marx
appelait déjà en son temps les « chaînes dorées de l’esclavage salarié »,
c’est-à-dire un niveau de salaire et de protection sociale relativement élevé,
dont quelques miettes lui furent redistribuées grâce aux surprofits extorqués
dans les colonies et semi-colonies, que ce soit sous la forme pacifique de la
domination industrielle, du commerce et des investissements ; ou, le plus souvent,
sous la forme coloniale brutale employée depuis si longtemps par l’alliance
Atlantique dont le « mâle dominant » que constitue le Capital financier
américain, n’a eu de cesse de faire usage, que ce soit sous la forme des
bombardements, de l’occupation militaire, ou des chantages permanents… Dans
quelle mesure la crise actuelle va donc éprouver les pays impérialistes
d’Occident ? La période suivante amorce un bouleversement majeur : on observe
un découplage croissant entre les deux courbes. Le différentiel ne relève pas
d’une quelconque « spéculation », comme se l’imaginent d’ordinaire les
économistes petit-bourgeois si ignorants de l’économie politique
marxiste-léniniste, mais provient des revenus tirés de la rente coloniale et
néocoloniale, c’est-à-dire des flux commerciaux et financiers extérieurs dont
les revenus deviennent prépondérants sur la création de richesse au sein des
métropoles impérialistes… Ici, ce sont les investissements réalisés par
l’impérialisme US dominant, notamment en Europe et au Japon à partir de 1945,
qui ont dopé ces flux.
En 1970, le rapport entre les deux
courbes était désormais de 1 pour 2,5. La troisième et dernière période est
marquée par la délocalisation massive de pans entiers de l’outil industriel des
pays de l’alliance Atlantique au sein de pays ateliers semi-coloniaux
produisant des marchandises à bas coût destinées à l’exportation vers les
centres impérialistes dominants. Ces flux concernent d’abord les industries des
biens de consommation courante basiques (jouets) destinés au prolétariat
embourgeoisé des centres impérialistes dominants, pour finir jusqu’aux
industries à plus haute composition organique en Capital (électroménager,
électronique, automobile, etc.) Les revenus tirés des flux d’investissements et
des flux commerciaux explosent alors littéralement. A la fin de la première
décennie du 21ème siècle, le différentiel entre les deux courbes en est arrivé
à un facteur de 10 ! Cela signifie que plus de 90 % du PIB provient de
l’extorsion du profit à l’extérieur du périmètre national, qu’il s’agisse des
revenus issus des flux d’investissements ou de ceux issus des flux de
marchandises. Mais, ça, c’est dans le cas le plus « optimiste », c’est-à-dire
si cette correction de s’accompagnait pas d’une crise économique sans précédent
et de ses multiples répercussions au sein même des lambeaux d’activités
économiques demeurant au sein des métropoles impérialistes en cours de
déclassement, la plupart de ces activités appartenant au secteur tertiaire,
donc n’étant pas liées à des activités productives... Et il est certain que la
crise actuelle va causer des faillites en série, faire exploser le chômage et
faire entrer les peuples (hier encore privilégiés) de ce monde atlantiste, dans
la spirale infernale d’une aussi brutale, que profonde et durable déflation
économique. Face à cet horizon aussi proche qu’inéluctable, la petite
bourgeoisie nationaliste de « gauche » comme de « droite », abandonnée à son
sort par « son » propre Capital financier qui a déjà commencé à organiser son
propre sauvetage (le Capitaine ne souhaitant pas sombrer avec son navire…),
n’aura qu’un nombre très limité d’options pour tenter de conjuguer 1° soit le
spectre d’une révolution sociale radicale (d’ailleurs aujourd’hui fort peu
probable du fait des conditions idéologiques très dégradées persistant dans la
conscience de ce prolétariat si longtemps embourgeoisé dont l’aspiration
naturelle première sera la nostalgie ou la volonté de reconquérir ce « paradis
perdu ») ; 2° soit, plus probablement, pour éviter que la crise économique,
sociale et politique multiforme ne tourne à la guerre civile et aux conflits
interethniques.
Comme nous le
déclarions il y a déjà près d’une décennie, à la friche industrielle succèdera
ainsi la friche tertiaire… Dans ce contexte économique, social et politique
extrêmement explosif, la seule porte de sortie des futurs gouvernements
populistes petit-bourgeois consistera à organiser un nouvel exode rural dans
les campagnes (ce qui posera inévitablement une problématique aigüe en matière
de création de logements), seule stratégie capable d’assurer à la population sa
subsistance, loin des grandes métropoles dont les banlieues seront devenues des
coupe-gorges emplis de miséreux, de trafiquants et de malfrats, condamnés au
crime pour survivre, du fait de l’explosion du chômage massif, de la
disparition des aides sociales qui conduiront à la brutale dégradation du
niveau de vie des masses populaires.
Ces zones urbaines seront alors désertées par l’essentiel de leur population.
Quant aux agriculteurs, survivant aujourd’hui pour la plupart bien
misérablement de leur travail, ils ne pourront qu’accueillir à bras ouverts
cette main d’œuvre que la disparition des aides agricoles, conjuguée au fardeau
financier intenable d’une agriculture mécanisée gourmande en intrants, rendra
de toute façon nécessaire pour poursuivre le travail de la terre et assurer au
peuple sa subsistance…
C’est au sein de
ces zones périphériques rurales, que les masses populaires des anciens pays
impérialistes dominants réapprendront ce qu’est le véritable travail créateur
de richesse : d’abord le travail de la terre et l’artisanat, afin de subvenir
aux besoins les plus essentiels de la vie quotidienne, et un jour aussi… la
grande industrie. Les masses
populaires y réapprendront également nécessairement l’entraide et la
solidarité. Elles devront aussi mettre en adéquation leur ancienne conscience
sociale de « consommateur » égoïste, avec leur nouvelle existence sociale
dégradée, et surtout tirer toutes les leçons des processus économiques, sociaux
et politiques qui auront conduit à cette situation, inédite pour elles. Le plus
difficile sera assurément pour elles de se résigner à voir leurs enfants
grandir dans un monde auxquelles elles n’auraient jamais pensé : un nouveau
tiers-monde ! Notons pour terminer, qu’en ce qui concerne l’industrie, les
investisseurs étrangers (à dominante chinoise), attendront certainement d’abord
quelques décennies, c’est-à-dire le temps que la situation économique, sociale
et politique se soit apaisée, avant de venir y implanter à grande échelle leurs
usines et profiter ainsi d’une main d’œuvre à bas coût… Ils auront en effet
d’abord largement à faire ailleurs, plusieurs décennies durant, depuis l’Inde
en passant par l’Afrique, jusqu’à l’Amérique latine, et ce dans un climat
social bien plus propice aux investissements, et sans désormais plus rien avoir
à craindre des brutales agressions coloniales et des putschs militaires de
leurs concurrents déchus… / Vincent
Gouysse, le 24/03/2020 pour www.marxisme.fr
Karl Marx : Les Manuscrits de 1844 :
Xi Jinping et
d'autres dirigeants chinois participent à une cérémonie de deuil national pour
les victimes du COVID-19
Xinhua | 04.04.2020
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Xi Jinping, Li Keqiang, Li Zhanshu,
Wang Yang, Wang Huning, Zhao Leji, Han Zheng et Wang Qishan ont observé un
moment de silence dans le complexe gouvernemental de Zhongnanhai, à Beijing, à
10h00.
Ils portaient une fleur blanche à la
poitrine et ont rendu un hommage silencieux devant un drapeau national.
(Rédacteurs :Yishuang Liu, 孙晨晨)
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