Enfin un progrès: https://www.pcf.fr/la_chine_l_onu_le_multilateralisme_et_le_monde_emergent_cibles_de_trump?fbclid=IwAR0YLJji2FsODBmLuLp9vpGOVdcFddocfps6UX5Cx3ZCVgUL_QT2yJmsG3o
INTERNATIONAL publié
le 23/04/2020
La Chine, l’ONU, le multilatéralisme et le
monde émergent, cibles de Trump
Le
coronavirus est devenu pour les États-Unis un nouveau facteur de conflit avec
la Chine. La confrontation, déclenchée d’abord sur le front commercial puis sur
celui de la haute technologie, est portée avec fracas sur le terrain de
l’idéologie par un Trump à la recherche d’un bouc émissaire. Au moment où le peuple
américain réalise l’ampleur et l’impact de la pandémie sur son territoire, son
président multiplie les charges contre Pékin l’accusant de «dissimulation»
et de «violation
du Règlement sanitaire international». On assiste à une
politisation extrême de la pandémie enclenchant une polémique, insupportable au
vu de la meurtrière situation planétaire, actuelle mais aussi à venir, propre à
faire replonger une opinion publique, dans un état d’esprit de type «guerre
froide» d’un monde bi-polaire. L’arsenal de propagande auquel les
États-Unis sont accoutumés pour briser tout ce qu’ils considèrent comme ennemis
potentiels - un rappel s’impose sur les manipulations qui ont conduit à
l’agression contre l’Irak et aux divers coups d’État en Amérique latine - est
réquisitionné. La théorie du complot resurgit notamment visant cette fois un
laboratoire de recherche biologique de Wuhan, d’où se serait échappé le
Covid-19. En dépit des récusations de la communauté scientifique, la rumeur
s’étoffe.
Un think-tank réactionnaire
britannique la «Henry Jackson Society» a proposé de poursuivre
le gouvernement chinois devant les tribunaux internationaux, pour réclamer des
dommages et intérêts encourageant le Royaume-Uni à déposer plainte devant la
Cour permanente d’arbitrage de la Haye, pour rupture des engagements
sanitaires. Ce que laisse entendre Dominic Raab, secrétaire des Affaires
étrangères britannique lorsqu’il assure que Pékin devra «rendre des comptes». Le
sénateur républicain Josh Hawley, et plusieurs membres du Congrès des
États-Unis, ont initié une «enquête internationale» sur
la gestion de l’épidémie par le Parti communiste chinois. L’État du Missouri
vient de déposer plainte contre la Chine pour «avoir caché des informations cruciales»
et d’être «responsable
d’une pandémie mondiale inutile et évitable». Dans la foulée,
quelque dix mille citoyens des quatre coins du monde ont chargé des avocats
d’introduire une action en justice contre Pékin. Ils réclament des
dédommagements de plusieurs trillions de dollars. Loin de prendre ses distances
avec cette campagne et de tenter de promouvoir la coopération et la solidarité
internationales qui s’imposent, le président français jetait de l’huile sur le
feu en affirmant sans autre argument valable, dans une interview au Financial
Time: «des
choses se sont passées (en Chine NDLR) dont nous ne sommes pas au courant».
Pour les
puissances néo-libérales, il devient de plus en plus impératif de traîner la
Chine sur le banc des accusés: l’épidémie leur fournit de nouveaux griefs
s’ajoutant à leur mise en accusation fondamentale contre Pékin: celle de ne pas
respecter un mode de développement et une mondialisation version «consensus
de Washington». Deux facteurs ont particulièrement irrité les
États-Unis et leurs alliés. Après de graves retards pris à ses débuts dans la
gestion de la crise sanitaire et reconnus, le gouvernement chinois n’a pas
hésité à mettre en berne sa croissance économique pour répondre à l’urgence
sanitaire par une mobilisation nationale d’une ampleur exceptionnelle. Tous ces
efforts ont été salués comme ayant contribué à la maîtrise de l’épidémie par
l’Organisation mondiale de la Santé et notamment par la revue «Science».
Mais durant ces semaines cruciales durant lesquelles la Chine puis ses plus
proches voisins faisaient face à un virus inconnu, les pays développés
regardaient avec hauteur les alertes lancées par Tedros Adhanom Ghebreyesus,
pour généraliser les tests, tracer les malades, les isoler et fournir les
équipements de protection. Avec une certaine condescendance, ils sont apparus
plus enclins à se croire à l’abri de telles épidémies qui frappent
habituellement les pays émergents. L’inertie dont on accable aujourd’hui l’OMS
apparait comme un justificatif à postériori de leurs politiques sanitaires
désastreuses alors que le virus passait les frontières. Ces fiascos d’État tant
en Europe qu’aux États-Unis, ont fragilisé la position dominante de ces pays.
Alors que l’Union européenne se mettait aux abonnés absents et que Trump ne jurait
que par la logique économique, la Chine vivant une très timide sortie de crise
proposait au reste du monde, non sans relais médiatique, une aide médicale
aussitôt requalifiée de «diplomatie des masques» et
d’«outil
de propagande». A l’arrivée de l’aide en Italie, le chef de la
diplomatie européenne, Josep Borrell s’agaçait (24 mars) d’une “politique
de la générosité”. “La solidarité, ça ne s’instrumentalise
pas”, renchérissait la secrétaire d’État aux Affaires européennes
Amélie de Montchalin (29 mars), en accusant la Chine de “mettre en scène” les secours
apportés. Il est vrai que la vidéo partagée dans les réseaux sociaux d’un
employé de la société italienne Svecom à Montecchio Maggiore, hissant le
drapeau chinois à la place de celui de l’UE a fait grincer des dents à
Bruxelles.
Dans
cette levée de boucliers, la proposition du gouvernement chinois faite au G20
d’organiser une coopération internationale sanitaire et de prendre des
initiatives communes pour que le monde entier puisse s’en sortir n’a pas trouvé
d’écho dans les capitales occidentales. Il en est de même de l’appel du
secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres d’un «cessez-le-feu mondial immédiat»
pour faire face à un ennemi commun: le COVID-19. Pire que ce silence: les
salves de Trump contre l’OMS et son directeur général accusé de collusion avec
Pékin .Un prétexte pour suspendre la contribution américaine déjà envisagée et
une agression directe, au-delà de la cible que constitue son grand rival
asiatique, contre toutes les institutions internationales de l’ONU, garante du
multilatéralisme dont la Maison Blanche ne veut pas entendre parler. À l’heure
où la communauté internationale doit se rassembler, les manipulations
politiques trumpistes sont la dernière chose dont le monde a besoin. L’ampleur
de la crise pandémique, comme l’ensemble des défis planétaires à relever, exige
une réponse collective. Une vision que la Chine défend et qui en fait un «pôle
d’attractivité» dans un monde émergent, largement démuni sur le
plan sanitaire, économique et alimentaire et sous la pression des règles de la
mondialisation capitaliste et financière. Et ce monde veut se faire entendre.
Ce qui vient de se passer lundi dernier à l’Assemblée générale de l’ONU est à
ce titre significatif. Une résolution avancée par le Mexique proposant un «accès
équitable» aux «futurs vaccins», et
soutenant le rôle crucial joué par l’OMS a été adoptée à l’unanimité. Les
dispositions de confinements adoptées ayant modifié les règles de vote, les
États-Unis n’ont pas réussi à bloquer le texte. Un camouflet pour Trump,
peut-être un grand pas pour l’humanité.
Dominique
BARI
membre de la Commission des relations internationales du PCF
membre de la Commission des relations internationales du PCF
Hervé FUYET
App. 130
34 rue Gambetta
92240 Malakoff
France
(Tél. fixe: 01 49 12 90 80)
(Tél. portable: 06 09 40 27 21)
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Hervé Fuyet, coordinator
fuyet@humaniteinenglish.com
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