samedi 4 mars 2017

Tournée diplomatique de Vladimir Poutine : l’omniprésence de la Russie en Asie centrale
 
04 Mars 2017

Poutine Atambaïev Kirghizstan Cheval
Vladimir Poutine avec son homologue kirghiz le 28 février 2017 : un cheval en cadeau Sultan Dosaliev

Le président russe vient d’achever sa tournée en Asie centrale qui l’a emmené du Kazakhstan au Kirghizstan en passant par le Tadjikistan. En visitant uniquement les pays les plus proches de Moscou, cette visite montre l’omniprésence russe en Asie centrale.

 
Du 26 au 28 février, Vladimir Poutine a visité trois pays centrasiatiques : Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikistan. Même s’il ne s’est pas rendu en Ouzbékistan et au Turkménistan, il a téléphoné à son homologue turkmène et a envoyé le chef de ses services de renseignement à la rencontre du président ouzbek, Chavkat Mirzioïev.
 
Les visites de Vladimir Poutine en Asie centrale sont régulières : présent aux funérailles de l’ancien président ouzbek Islam Karimov en septembre dernier, le président russe s’était également rendu en visite officielle au Kirghizstan peu après.
 
 

Poutine Nazarbaïev Kazakhstan
 
Vladimir Poutine avec son homologue kazakh, Noursoultan Nazarbaïev Kremlin.ru


Comme l’affirme le directeur adjoint de l’Institut pédagogique d’État de Moscou, Vladimir Chapovalov, il s’agit d’un parcours habituel pour le président russe : « Le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizstan sont des lieux de visite traditionnels de Vladimir Poutine. Plus de 20 rencontres avec le président du Kazakhstan ont eu lieu et les relations bilatérales ont été intensives avec les présidents kirghiz et tadjik. »
 
Frontière tadjike-afghane : la sécurité avant tout
 
Vladimir Poutine s’est entretenu avec son homologue tadjik, Emomali Rahmon, le 27 février. La question de la frontière entre l’Afghanistan et le Tadjikistan a été au centre des discussions. Cette frontière, très militarisée, reste une zone sensible non seulement pour les autorités tadjikes, mais aussi pour tous les autres pays d’Asie centrale. Le président russe s’est dit prêt à aider le gouvernement tadjik à renforcer la sécurité de cette zone frontalière.
 
Comme le rapporte RadioFreeEurope, assurer la sécurité militaire au Tadjikistan s’insère dans une politique régionale : Vladimir Poutine a insisté sur le fait que le Tadjikistan est un pays clé pour la sécurité de la région centrasiatique.
 
La Russie détient des bases militaires au Tadjikistan comptabilisant 7 000 troupes afin de garantir la stabilité dans une région dans laquelle la menace islamiste est toujours d’actualité. Présentes à Douchanbé et dans les villes de Kulob et de Qurghon-Teppa, au sud du pays, les forces aériennes russes sont avant tout chargées d’assurer la protection des frontières du sud de la Russie.
Poutine Rahmon Tadjikistan
Le 27 février 2017, le président russe a rencontré Emomali Rahmon, chef de l’ État tadjik, à Douchanbé. Kremlin.ru


D’après le chef de l’État tadjik, la visite de son homologue russe réaffirme « la confiance politique mutuelle » que les deux pays ont toujours entretenu. ASIA-Plus affirme que de nouvelles coopérations dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie minière, énergétique et du textile ont été établies dans le cadre de cette visite.
 
Néanmoins, la coopération bilatérale entre le Tadjikistan et la Russie reste encore « déséquilibrée » avec une Russie qui domine dans les secteurs économiques et politiques. Le Tadjikistan est encore largement dépendant de la Russie, premier pays d’accueil des travailleurs migrants tadjiks, dont les revenus envoyés dans leur pays d’origine représentent presque le tiers du Produit intérieur brut du Tadjikistan.
 
Kirghizstan : un cheval et la stabilité en cadeau ?
 
Le président russe s’est ensuite rendu en visite officielle au Kirghizstan le 28 février. Il s’est entretenu avec son homologue kirghiz, Almazbek Atambaïev. Les discussions ont porté sur la sécurité et la stabilité du pays. Vladimir Poutine s’est réjoui de la stabilité retrouvée du Kirghizstan, alors même qu’un des principaux opposants vient d’être enfermé. Le président russe s’est également vu offrir un étalon kirghiz en cadeau par son homologue kirghiz afin de marquer les bonnes relations personnelles et étatiques retrouvées.
 
 
Concrètement, Vladimir Poutine s’est notamment engagé à investir 1,7 milliard de dollars afin de renforcer le réseau gazier du Kirghizstan jusqu’en 2030. Mais, là aussi, ce sont les questions sécuritaires qui ont constitué le sujet principal des discussions.
 
Le chef de l’État russe a rappelé le rôle de la base militaire russe située à proximité de Bichkek, la capitale kirghize, dans la lutte contre les menaces extérieures. Il a cependant assuré qu’il accepterait une éventuelle fermeture de cette base si les autorités kirghizes en faisaient la demande.
 
Kirghizstan Russie Poutine Atambaïev Bichkek
Les présidents russe et kirghiz, Vladimir Poutine et Almazbek Atambaïev, à Bichkek le 28 février 2017 Kremlin.ru


Arkadi Doubnov, expert russe sur l’Asie centrale, explique qu’Almazbek Atambaïev cherche à prouver à son homologue russe que la situation politique du Kirghizstan est stable : ainsi, l’arrestation d’Omurbek Tekebayev quelques jours avant la venue de Vladimir Poutine ne serait pas un hasard.
 
L’Ouzbékistan et le Turkménistan n’ont pas été oubliés
 
Comme l’a titré le site d’informations ouzbek Anhor.uz, « Poutine n’est pas venu en Ouzbékistan, mais Mirzioïev se rendra bientôt à Moscou. » En effet, même si le leader russe s’est rendu physiquement dans trois pays seulement, les deux autres États centrasiatiques que sont l’Ouzbékistan et le Turkménistan n’ont pas été oubliés.
 
C’est notamment ce qu’a rapporté Gazeta.uz : à défaut d’être lui-même présent, le président russe a envoyé une délégation à Tachkent emmenée par le chef des services du renseignement extérieur russe, Sergueï Narychkine. Ce dernier s’est entretenu avec Chavkat Mirzioïev, le nouveau président ouzbek. Une fois encore, les questions sécuritaires ont été mentionnées, notamment la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogues.
 
De son côté, le président turkmène s’est entretenu directement par téléphone avec Vladimir Poutine et le président tadjik le 27 février. Cette conversation filmée pour la télévision russe a notamment porté sur la visite prochaine du président russe au Turkménistan, alors que Gourbangouly Berdimouhamedov a été réélu récemment à la tête du pays.
 
 
Ces quelques symboles qui ont jalonné la tournée diplomatique de Vladimir Poutine en Asie centrale permettent de montrer de façon ostensible que, même s’il ne visite pas l’ensemble des pays d’Asie centrale, le président russe n’en oublie aucun et que les relations bilatérales avec chaque État demeurent excellentes.
 
Andreï Grozine, responsable du Départment kazakh et centrasiatique au sein de la Communauté des États indépendants (CEI), a résumé par ces mots les visites de Vladimir Poutine auprès de ses homologues de la région : « Le monde change et les pays d’Asie centrale doivent consolider les relations entre eux, ainsi qu’avec leurs alliés naturels et historiques. La visite de Vladimir Poutine constitue, dans ce cadre une « synchronisation des montres ». »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire