La véritable nature du
capitalisme
Donald Trump: “ what you see, is what you get!”
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
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Jamais n’a grandi chez les hommes pire institution que
l’argent. C’est l’argent qui détruit les États ; c’est lui qui
chasse les citoyens de leurs maisons ; c’est lui dont les leçons vont
séduisant les cœurs honnêtes, leur font embrasser l’infamie. Il leur enseigne tous les crimes, il leur
apprend l’impiété qui ose tout. Mais
celui qui se vend et en arrive là, un beau jour
aussi aboutit au châtiment. »[1]
« Comme toutes les marchandises ne sont que des
équivalents particuliers de l’argent, et que ce dernier est leur équivalent
général, il joue vis-à-vis d’elles le rôle de marchandise universelle et elles
ne représentent vis-à-vis de lui que des marchandises particulières. On a vu
que la forme argent ou monnaie n’est que le reflet des rapports de valeur de toutes
sortes de marchandises dans une seule espèce de marchandise. »[2]
Parlant du billet vert, c’est vers les États-Unis que les
regards se sont tournés au début mars 2017, lors de l’allocution du président
Donald Trump. « Loin de la tonalité
très sombre de son discours d’investiture, le 45e président des États-Unis
a décliné sur un registre plus présidentiel qu’à l’habitude ses priorités pour
donner corps à un engagement central : ‘Donner la priorité aux Américains’.[3]
À ce moment-là, le monde financier canadien n’était pas
en mesure de bien cerner la tournure que prendraient les événements.
« Bien qu’on ignore les détails des mesures qui seront prises en matière
de politique commerciale par la nouvelle administration américaine, la tendance
protectionniste est déjà évidente. (…) Au-delà des conséquences directes sur
les exportations et les investissements des entreprises canadiennes, ces
mesures pourraient peser sur l’économie
mondiale en ralentissant les échanges et la croissance économique à l’échelle
internationale. »[4]
Le capitalisme n’est pas le fruit du hasard. Déjà au XIXe siècle, Karl Marx écrivait que
« les circonstances font tout autant les hommes que les hommes font les
circonstances. Cette somme de forces de
production, de capitaux, de formes de relations sociales, que chaque individu
et chaque génération trouvent comme des données existantes est la base concrète
de ce que les philosophes se sont représenté comme ‘substance’ et ‘essence de
l’homme’, de ce qu’ils ont porté aux nues ou qu’ils ont combattu, base concrète
dont les effets et l’influence sur le développement des hommes ne sont
nullement affectés par ce que ces philosophes se révoltent contre elle en
qualité de ‘conscience de soi’ et ‘ d’uniques’.
Ce sont également ces conditions de vie, que trouvent prêtes les
diverses générations, qui déterminent si la secousse révolutionnaire, qui se reproduit
périodiquement dans l’histoire sera assez forte pour renverser les bases de
tout ce qui existe (et) que l’idée de
ce bouleversement ait déjà été exprimée mille fois… comme le prouve
l’histoire du communisme.»[5]
Voilà pour la toile de fond pour le développement de la
thèse qui veut que la braise est toujours ardente, surtout chez la jeunesse, notamment chez les
intellectuels et les étudiants, pour que la nation québécoise jouisse enfin de
son droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris le droit à la sécession
complète. La morosité qui a suivi la
défaite du camp du « oui » en 1995 (lors du deuxième référendum
national), ne s’est cependant pas complètement estompée chez la
petite-bourgeoisie, acquise déjà à l’idée que le Québec doit être indépendant
du Canada anglais. Pour les communistes
québécois, c’est une question de principe.
« Autrefois, la question nationale était considérée
d’un point de vue réformiste, comme une question à part, indépendante, sans
rapport avec la question générale du pouvoir du Capital, du renversement de
l’impérialisme, de la révolution prolétarienne. »[6]
Le dirigeant de l’Union soviétique d’alors
écrivait : « Lénine a raison lorsqu’il dit que le mouvement national
des pays opprimés doit être apprécié non
du point de vue de la démocratie formelle, mais du point de vue de ses résultats
effectifs dans la balance générale de la lutte contre l’impérialisme,
c’est-à-dire ‘à l’échelle mondiale – et non pas isolément ‘. »[7]
« (Il faut) implanter l’internationalisme véritable
et créer cette remarquable organisation de collaboration des peuples qui
s’appelle l’Union des Républiques socialistes soviétiques et qui est la
préfiguration vivante de l’union future des peuples groupés dans une économie
mondiale unique. De là la nécessité de
combattre l’isolationnisme, l’étroitesse et le particularisme national des
socialistes des pays opprimés, qui ne veulent pas voir plus haut que leur
clocher national et qui ne comprennent pas le lien qui rattache le mouvement de
libération de leur pays au mouvement
prolétarien des pays dominants. »[8]
Les États-Unis, qui tiennent les cordons de la bourse, de
moult économies à l’échelle internationale, ont leurs propres valeurs. Le président Trump les résume :
« Nous sommes un peuple avec un destin.
Nous saignons le même sang, nous saluons le même drapeau, nous sommes
faits par le même Dieu. »[9] La majorité de la classe ouvrière blanche
états-unienne partage ce credo (il faut dire qu’on les ‘dresse’ à penser ainsi
dès le berceau, -ndlr). Au Québec, la
classe ouvrière est sans gouverne bien précise, si ce n’est qu’elle est
désabusée et il y a de quoi : la question nationale n’est pas résolue, la
corruption niche dans les alcôves du principal corps policier du Québec
(Montréal), des scandales s’agglutinent dans les instances publiques (chez des
politiciens, des entraîneurs sportifs, etc.). On peut dire que l’impérialisme est certes en
déclin. La relève est plutôt rare dans les
rangs de la droite conservatrice.
Quant à la jeunesse, elle a bien oublié son élan de
revendications d’il y a cinq ans qui avait réuni au-delà de 200 000
manifestants à Montréal, lors du mouvement « Printemps érable ». Et bon nombre constatent que nous vivons dans
une société de plus en plus individualiste, reniflant le dollar…
Le recul et l’indifférence ne sont que momentanés. Le Capital peut profiter d’une situation
stagnante, mais les faits sont têtus et les think-tanks (chaires d’observatoires)
sont à court d’idées. « On a peine
à l’imaginer aujourd’hui, mais la prétendue ‘mort du communisme’ des années
quatre-vingt-dix fut précédée, seulement vingt ans plus tôt, par l’écroulement
des fascismes européens (Grèce, Espagne et Portugal), par la montée (hélas sous
dominance réformiste) de la gauche et des communistes dans toute l’Europe
latine, par l’émergence de régimes anti-impérialistes en Afrique (Éthiopie,
Angola, Mozambique) et en Amérique latine (Chili, Nicaragua), par la
reconnaissance mondiale de la RDA (République démocratique allemande), par l’amorce
d’une fragile ’détente’ Est-Ouest,
imposée dans un premier temps aux USA par la diplomatie soviétique, par les
insurrections révolutionnaires d’Amérique centrale, par l’éviction humiliante
des USA en Iran, etc. La contre-offensive de l’impérialisme américaine
fut militaire et idéologique. »[10]
En somme, ce qu’il faut retenir, c’est que la question
nationale n’est pas réglée au Canada ; c’est aussi que face à son principal pays voisin et
partenaire économique (75% des exportations canadiennes), le Canada a intérêt
pour que tout se passe bien aux États-Unis.
Maintenant, l’impérialisme
US a fait un accommodement entre
ses deux courants, d’ailleurs unis dans le complexe militaro-industriel qui
recevra une enveloppe gonflée pour l’année à venir de $ 54 milliards US. Donald Trump soutient les manœuvres de
l’OTAN, notamment autour de la Russie de Vladimir Poutine avec l’envoi
d’équipements militaires et de personnel.
Il poursuivra son intrusion dans les affaires de l’ONU pour que
cette organisation continue à se mêler
des affaires de la Syrie et à blâmer la
Russie.
Pour le reste, il poursuivra ses pressions sur les pays
en voie de développement en réduisant l’aide internationale qui sera davantage
conditionnelle, en particulier lors des conférences internationales ou
l’adoption de résolutions qui vont à l’encontre des alliés immédiats des USA
comme Israël. C’est ce qu’il a affirmé à
Benjamin Netanyahou qui vient de lui rendre visite à Washington.
Il ne faut pas trop compter sur le Canada pour que le
gouvernement Trudeau –soufflant le chaud et soufflant le froid – change ses
politiques en profondeur. Pour
l’instant, Justin Trudeau plane sur une vague persistante de popularité. Ça convient au grand Capital anglo-franco
canadien.
Qui sait, il y aura peut-être une grève générale au
Québec en 2017 pour que le gouvernement maintienne un régime de retraite juste
et viable pour les travailleurs, qu’il protège le pouvoir d’achat, qu’il
réalise l’égalité/équité homme-femme au travail, qu’il introduise la semaine de
travail de 32 heures/semaine et adopte enfin la gratuité scolaire pour tous les
étudiants du Québec jusqu’au niveau
universitaire.
Une telle journée pourrait avoir lieu comme deuxième
journée fériée lors de la Fête nationale du Québec ou au moment de la Fête du
travail. Après tout, on a bien le droit
de se demander pourquoi on fête !!
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[1] Sophocle, Antigone, Tragédies, Gallimard, Paris, 1962, page 103
[2] Marx, Karl, Le Capital, Livre 1, Éditions Folio/Gallimard, Paris, 1968,
page 174
[3] AFP, Trump salue une ‘nouvelle fierté nationale’, 24H, Montréal,
mercredi 1er mars 2017, page 16
[4] Banque du Canada, Les risques entourant les perspectives
d’inflation, Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, janvier 2017,
page 26
[5] Marx, Karl; Engels, Friedrich, L’idéologie allemande, Éditions
sociales, Paris, 1968, page 59
[6] Staline, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions
en langues étrangères, Pékin, 1977, page 71
[7] Ibidem, page 75
[8] Ibidem, page 78
[9] Cambron-Goulet, Dominique avec La Presse Canadienne, Quatre
moments marquants du discours de Trump, Métro, Montréal, mercredi 1er
mars 2017, page 9
[10] Gastaud, Georges, Mondialisation capitaliste et projet
communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, page 146
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