COMMENT DEVENIR PSYCHOTIQUE
Daniel
Paquet dpaquet1871@gmail.com
Bon nombre de spécialistes ou d’intervenants en santé
mentale aident un nouveau venu eu égard à l’apparition et au développement
d’une psychose. Ce n’est pas facile de
formuler une définition. Disons qu’une
personne susceptible de subir cette maladie, constate tout d’un coup, i.e. sur
une période généralement courte, qu’elle devient un « super-héros »
et qu’elle possède désormais des pouvoirs extraordinaires ou des forces
insoupçonnées.
Elle a
l’impression de réfléchir plus rapidement, d’avoir la réponse à tous les
problèmes. Surtout, elle acquiert la
certitude que cette nouvelle période de sa vie est la plus adéquate, réelle et
habituelle de son parcours.
Physiquement,
elle ne sent plus autant le besoin de dormir, de se conformer aux règles
sociales suivies jusqu’alors. De
dominée, elle devient dominante. Elle jubile : enfin, son existence morne
et trop paisible devient un cauchemar à oublier. Cette personne se sent prête à tout
entreprendre et à assumer le leadership de tous les projets.
Et puis,
sournoisement, les doutes apparaissent : est-ce qu’on me jalouse? Ça devient ensuite : est-ce qu’on veut
prendre ma place? La dérive continue à
s’installer, et le sujet en vient à croire qu’on le menace. Voilà, on parle de paranoïa. Alors, imaginez le « malade »; il
entend des « voix » ou voit des « choses » qu’il sera le
seul à pouvoir observer et ressentir.
Cette
atmosphère crée les conditions pour que la personne que nous désignons comme
malade sente le besoin de se défendre, car elle croit dorénavant –dans certains
cas- que l’on veut attenter à sa vie. Il
y a beaucoup de crainte, même d’épouvante; d’autant plus que les repères, avec
lesquels il pourrait vérifier, sont dissouts.
Parfois, des malades en arrivent à la conclusion que toute communication
se fait par télépathie. Plus besoin de parler.
La forme l’emporte sur le contenu.
Par exemple, dans un aéroport, les véhicules circulant avec des
gyrophares donneront l’impression d’un danger imminent, alors qu’il ne s’agit
que d’une procédure régulière et sans conséquence directe. Il y a constamment de l’interprétation,
toujours liée à un danger perpétuel que
l’on ne peut pas fuir.
Il
arrive que si cet individu vit seul, personne ou presque ne pourra se rendre
compte de la dégradation de son cerveau malade.
Espérons
qu’il ne commettra pas un geste irréparable.
Au Québec,
tout comme ailleurs sans doute, les psychiatres ont une formation et une
expérience éprouvée de cette maladie.
Par
exemple, pour que le malade retrouve sa lucidité, on lui prescrira un médicament,
même assez ancien, comme de l’aldol.
Après quelque temps, notre patient « se réveillera ». Très souvent, pour éviter une récidive de la psychose,
le médecin prescrira une « médication » à vie. Il se peut qu’il n’y ait même pas d’effets
secondaires. Aujourd’hui, il existe une panoplie
de médicaments : zyprexa,
risperdal, épival… De toute façon, les
molécules ont beaucoup changé depuis une trentaine d’années.
Ce n’est
pas tout, parfois et compte tenu des ressources humaines, les anciens patients
sont incorporés dans une psychothérapie : en groupe ou individuelle.
Mais, ce
n’est pas toujours facile d’avouer: « eh bien, je suis fou!! » En réalité, la folie se présente comme un
état dans le spectre de l’équilibre mental.
Par exemple, si on prend la formule chimique H2-0, on sait que cette
combinaison permanente de l’oxygène et de l’oxyde de carbone peut se manifester
sous différents états et apparences, dépendamment des conditions de la
température ambiante : on peut avoir de la glace, du verglas, de la neige,
de l’eau de pluie ou de la vapeur. C’est
toujours la même « eau ».
Aider une personne à se rebâtir, c’est comme refaire
le cube Rubik. Ça prend plus ou moins de
temps, d’expérience et de connaissances.
Et il ne faut pas oublier… la patience!
Peut-être aussi… l’empathie ou la compassion. On donne facilement la parole aux cas
insolvables, c’est un peu comme parler du chômage à, disons, 8%. Faut-il pourtant ignorer que plus de 9
personnes sur 10 sont au travail? Bien sûr,
l’absence de boulot pose problème, mais il faut savoir apprécier les réussites. Ce serait beaucoup trop démoralisant que de
se figer devant la fatalité; car alors, oui, nous serions voués à la psychose
collective.
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