Si
Malthus m’était compté
Et vivent les coupures gouvernementales dans ses charges
sociales
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
Qui était Thomas
Robert Malthus? Il est né en 1766* et
décédera en 1834; il fut un économiste britannique et «auteur d’un Essai sur le principe de population
(1798), il y présente l’accroissement de la population comme un danger pour la
subsistance du monde et recommande la restriction volontaire des naissances (malthusianisme).»[1] Est-ce le livre de chevet de nos politiciens
patentés, dont ceux du gouvernement libéral au Québec? Au registre de l’économie, cette doctrine
prône « le ralentissement volontaire de la production, de l’expansion
économique. »[2]
« Accumulez,
accumulez! C’est la loi et les
prophètes! ‘La parcimonie, et non
l’industrie, est la cause immédiate de l’augmentation du capital. À vrai dire, l’industrie fournit la matière
que l’épargne accumule. ‘ Épargnez,
épargnez toujours, c’est-à-dire retransformez sans cesse en capital la plus
grande partie possible de la plus-value ou du produit net! Accumuler pour accumuler, produire pour
produire, tel est le mot d’ordre de l’économie politique proclamant la mission
historique de la période bourgeoise. »[3]
En anglais,
la définition demeure pratiquement la même : «Of or
pertaining to the theory of T. R. Malthus
that population increases faster
than the means of support and, unless checked by sexual restraint, is
restricted only by famine, pestilence, war, etc. “[4]
À l’Assemblée
nationale du Québec, le nouveau chef du Parti québécois qui ne veut pas se
sentir lié aux banquiers ; aux gros bailleurs de fond ; aux firmes
indépendantes de courtage et de contrôle ; et bien sûr aux multinationales ;
y va d’un constat mièvre. « Selon M. Lisée, le gouvernement Couillard n’a
démontré aucune compassion en décidant d’accumuler 2,2G$ de plus que ce qui
était nécessaire. ‘ Ce gouvernement a su
qu’il coupait trop pour son propre objectif et il n’a pas arrêté, a-t-il dit.
C’est un gouvernement de comptables froids.’ »[5]
En général, les
bourgeois sont assez froids, qu’ils soient libéraux au pouvoir ou péquistes
dans l’opposition officielle.
D’ailleurs, une fidèle partisane du Parti québécois, présidente de la Commission
scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel Bourdon, n’était pas peu fière d’annoncer
que son organisme imputable devant le Gouvernement du Québec, a terminé
l’exercice budgétaire 2015-2016 avec un surplus de 196 000$. Un déficit de 11,5$, puis de 5$, avait
pourtant été prévu. (…)
Le surplus
enregistré pendant l’année 2015-2016 a servi à rembourser la dette, qui atteint
maintenant 83,3 M$. (…)
Des
revendications seront également adressées au Gouvernement du Québec pour
reconnaître le ‘statut particulier’ de la CSDM, que réclament des commissaires,
des syndicats et des parents liés à la plus grande commission scolaire du
Québec. »[6]
En fait, des pays
comme l’Union soviétique ont abordé le problème en planifiant à long terme le
développement de l’économie et l’organisation des services sociaux, notamment
dans la santé et l’éducation. « Nombreux étaient ceux qui croyaient que le
plan quinquennal était une affaire privée de l’Union soviétique, une affaire importante et
sérieuse, mais néanmoins une affaire privée, une affaire nationale de l’Union
soviétique. (…)
La tâche
essentielle du plan quinquennal était de
transformer l’U.R.S.S., de pays agraire et débile, qui dépendait des caprices
des pays capitalistes, en un pays industriel et puissant parfaitement libre de
ses actions et indépendant des caprices du capitalisme mondial. (…)
La tâche essentielle
du plan quinquennal était de créer dans notre pays une industrie capable de réoutiller
et de réorganiser, sur la base du socialisme, non seulement l’industrie dans
son ensemble, mais aussi les transports, mais aussi l’agriculture. »
On peut dire que
cette idée de planifier l’organisation de la société et de son économie n’est
pas tombée dans l’oreille d’un sourd. À
titre d’exemple, la société d’État québécoise, Hydro-Québec a le vent dans les
voiles. Ainsi « la fin de la
construction du projet hydro-électrique La Romaine est prévue (pour 2020). (…)
Construites au
coût de 6,5 milliards$ sur la côte-Nord, les quatre centrales de la rivière
Romaine devraient fournir à terme plus de 1550 mégawatts (MW) au réseau
d’Hydro-Québec. (…)
On sait toutefois
qu’Hydro-Québec a déterminé depuis plusieurs années certains sites à fort
potentiel hydro-électrique au Québec. Sur la Côte-Nord, la rivière Petit
Mécatina située à l’est de la rivière Romaine est déjà dan les plans de la
société d’État. Un projet jumeau de la Romaine capable de produire 1200
mégawatts, soit l’équivalent de la consommation des villes de Québec (avec les
fusions municipales, la capitale regroupe désormais 1 million
d’habitants,- ndlr) et de Gatineau. »[7]
D’autre part,
quand on quitte le Québec et que l’on franchit la frontière avec l’Ontario, on
sait tout de suite, par la qualité des voies routières, que l’on n’est plus
dans la Belle Province. Et le problème
n’est pas uniquement sur l’autoroute transcanadienne. Même à Montréal, le poumon économique du Québec,
les choses ne vont guère mieux. « La situation est à ce point critique que 45% des rues de Montréal
nécessitent une ‘attention immédiate’ ou sont ‘préoccupantes’, tout comme 22%
des conduites d’égout et 13% des conduites d’eau potable. À noter que 62%des conduites d’eau potable sont
seulement dans un état ’moyen’. (…)
Les travaux
augmenteront considérablement ces cinq prochaines années. Le but est d’éliminer totalement les retards
dans l’entretien des routes, des aqueducs et des égouts. (…)
Entre 2010 et
2013, Montréal investissait bon an mal an entre 132M$ et 230M$ pour ces
travaux. Depuis son arrivée au pouvoir,
l’administration Coderre investit en moyenne 300M$ par année. Et dès 2017, l’investissement pourrait
atteindre 700M$ par année. »[8]
Finalement, même
les grandes institutions financières
ressentent la nécessité (course aux profits oblige) de mieux coordonner leurs
activités économiques. Par exemple,
… « L’économie
mondiale se renforce progressivement. La
révision à la baisse de la croissance mondiale en 2016 tient principalement à
l’activité plus faible que prévu aux États-Unis au premier semestre de l‘année.
À l’avenir, la robustesse des facteurs
fondamentaux nationaux devrait favoriser un rebond de la croissance du produit
intérieur brut (PIB) réel des États-Unis.
À l’échelle mondiale, la croissance économique devrait se redresser pour
passer d’environ 2 3\4% en 2016 à quelque 3 1\2 d’ici 2018.
Les pays émergents alimenteront vraisemblablement ce raffermissement à
mesure que la récession arrivera à son terme dans certains pays et que les
réformes visant à stimuler la croissance progresseront. La faiblesse des investissements des entreprises
et l’atonie des échanges demeurent les thèmes dominants des perspectives de
l’économie mondiale. La croissance des
investissements a ralenti à l’échelle du globe depuis 2012, ce qui s’explique
en partie par l’incertitude entourant les perspectives de la demande mondiale
et par les ajustements structurels ayant lieu en Chine. »[9]
De qui
devons-nous attendre un miracle pour que l’économie canadienne en général et
québécoise en particulier reprenne du poil de la bête ? Du Parti libéral du Québec qui représente la
grande bourgeoisie d’affaires Anglo-Franco canadienne et qui s’accommode très
bien du statu quo ? Ou du Parti québécois qui désire comme
jamais auparavant avoir les rênes du pouvoir pour favoriser la petite et
la moyenne bourgeoisie nationaliste (et
qui va tambour battant vers l’indépendance
du Québec en s’enhardissant à garder d’abord un marché captif sur le
territoire québécois et une entrée en force sur le marché états-unien avec le
concours de leur État) ? Ou encore
de la Coalition Avenir Québec, qui mange à tous les râteliers, se disant de
centre… gauche ou droite ; c’est
selon leur interlocuteur !
Momentanément, il
reste le Québec solidaire qui a une aile de gauche. Mais elle bat de ‘l’aile’.
À titre d’exemple, Françoise David réunissait ses troupes dans un petit
bar du boulevard St-Laurent, il y a quelques mois. Invités : deux professeurs de
l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et Laure Waridel. Jusqu’ici tout va bien. Mais attention les invités prennent la
parole ; un professeur fustige les
ouvriers parce qu’ils sont ‘enfants’ ne sachant pas comment administrer leur budget !! Madame Waridel s’enthousiasme à parler des
rénovations dans les ruelles de Montréal, etc.
C’est trop… Présente, sans
participation prévue, une ancienne députée européenne porte-parole du Parti
communiste français (PCF), Sylvie Mayer, s’insurge. Quant à Françoise David, elle se tait,
n’osant condamner ses invités. On aura
tout vu ou tout entendu : la classe
ouvrière ‘ne sait pas gérer ses sous’.
Comme le disait un syndicaliste
de la Confédération des syndicats
nationaux (CSN) : ‘Madame David, c’est
dur de travailler avec !’
« Il faut noter… qu’Engels est tout à fait catégorique lorsqu’il
qualifie le suffrage universel d’instrument de domination de la
bourgeoisie. Le suffrage universel,
dit-il, tenant manifestement compte de la longue expérience de la
social-démocratie allemande, est : ‘l’indice qui permet de mesurer la
maturité de la classe ouvrière. Il ne
peut être rien de plus, il ne sera jamais rien de plus dans l’État actuel.’ »[10]
*En janvier 1766, David Hume quitte Paris pour Londres ; il est
accompagné de Rousseau (‘chassé de la Suisse’ où il s’était réfugié après la
condamnation de l’Émile), dont il
fait faire le portrait par le peintre Ramsay.
Plusieurs incidents entraîneront la brouille des deux philosophes. En octobre-novembre, Hume laisse ses amis
publier l’Exposé succinct de la
contestation qui s’est élevée entre M. Hume et M. Rousseau, ainsi qu’une
version anglaise de cet exposé.
Source : Beyssade, Michelle, Enquête
sur l’entendement humain, par David Hume, GF Flammarion, Paris, 2006, page
11
Blog : La
Nouvelle Vie Réelle www.lnvr.blogspot.com
Archives : La Vie Réelle
www.laviereelle.blogspot.com
[1] Le Petit Larousse illustré 2015, Paris, page 1685
[2] Ibidem, page 697
[3] Marx, Karl, Le Capital, Livre I,
Gallimard, Paris, 1968, page 647
[4] The New
International Webster’s Comprehensive Dictionary in the English Language, Encyclopedic
Edition, 1996, page 772
[5] La Presse canadienne, Couillard a
manqué d’humanisme, déplore Lisée, Métro, jeudi 27 octobre 2016, page 3
[6] Shaffer, Marie-Eve, Un surplus de
196 000$ dégagé à la CSDM, Métro, Montréal, jeudi 27 octobre 2016, p.
8
[7] Couture, Pierre, Un nouveau
mégaprojet hydro-électrique en 2020, 24h, Montréal, jeudi 27 octobre 2016,
page 12
[8] Houde-Roy, Laurence, Encore plus
de travaux à venir, Métro, Montréal, jeudi 27 octobre 2016, page titre
[9] Banque du Canada, L’économie
mondiale, Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, octobre 2016, page 1
[10] Lénine, V.I., Œuvres choisies,
tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 298
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