Et
s’il ne parle pas votre langue?
Le premier
contact avec un étranger
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
Un peu de gêne, un
malaise… On ne veut pas froisser notre
interlocuteur; après tout c’est la première fois qu’on se parle. Comment appréhender la situation. Il faut d’abord savoir qu’il y a des milliers
de langues parlées dans le monde, notamment dans les Amériques, elles sont des centaines à tenir le haut du pavé. Une langue, « c’est un système de signes
verbaux propre à une communauté d’individus qui l‘utilisent pour s’exprimer
entre eux. »[1]
Certaines langues sont
dites : vernaculaires, d’autres véhiculaires. La différence? Une langue vernaculaire est parlée seulement
à l’intérieur d’une communauté. Ainsi,
le français au Québec n’est parlé que par les Canadiens-français en général. Par extension, l’anglais n’est parlé que par
les Canadiens-anglais et l’immigration sur leur territoire. Est véhiculaire la langue
de communication entre des communautés d’une même région ayant des langues maternelles
différentes; ce qui est fréquemment le cas au Québec, notamment à Montréal.
Tout ne s’est pas fait
du jour au lendemain. « L’histoire n’est pas autre chose que la succession
des différentes générations dont chacune exploite les matériaux, les capitaux,
les forces productives qui lui sont transmis par toutes les générations précédentes;
de ce fait, chaque génération continue donc, d’une part le mode d’activité qui
lui est transmis, mais dans des circonstances radicalement transformées et d’autre
part elle modifie les anciennes circonstances en se livrant à une activité
radicalement différente… »[2]
Aujourd’hui, la langue
anglaise est une langue véhiculaire : d’ailleurs, c’est la principale
langue véhiculaire dans le monde entier, dû au poids économique de
l’impérialisme US. C’est une réalité
renforcée surtout par le déploiement des
moyens de communication de masse (mass
média) : télévision, Internet, radio et bien sûr la presse écrite. Les langues occidentales ont de plus une
origine commune : le sanskrit.
Cette langue est donc l’ancêtre lointain de l’anglais, du français, de l’espagnol,
de l’allemand, de l’hollandais, du portugais, etc.
C’est une langue indo-aryenne qui fut la langue sacrée et la langue littéraire
de l’Inde ancienne. Au chapitre des
langues anciennes, on retrouve plus près
de nous ces ancêtres du Vieux-Continent : les langues indo-européennes
issues de l’indo-européen et des peuples
qui les ont parlés.
Il existe aussi les langues
sémites. Elles appartiennent à la famille
de langues comprenant le sémitique, l’égyptien, le berbère, le couchitique
et les langues tchadiennes, soit les
langues chamito- sémitiques d’Asie occidentale et du nord de l’Afrique (arabe,
berbère, hébreu, araméen, amharique, etc.
Elles marquent la naissance d’un ensemble de peuples du Proche-Orient
parlant ou ayant parlé dans l’Antiquité des langues sémitiques.
Le commerce entre les
peuples, le développement des techniques (par exemple dans la construction des
bateaux et la conservation des aliments, pour les longs périples) ont favorisé
les échanges internationaux. La
formation des empires ont accéléré les fusions entre les langues parlées. Ainsi, l’empire gréco-romain de l’Antiquité a
donné un grand essor à la langue grecque, qui fit de la Grèce, même conquise,
le foyer irradiant de la culture d’un grand empire; il s’agit de la
civilisation hellénistique (elle-même fruit des conquêtes d’Alexandre le Grand
qui poursuivit ses guerres jusqu’en Asie mineure). La langue
latine ne fut jamais la lingua franca (i.e.
la langue parlée partout autour du bassin méditerranéen) comme on l’imagine, ou
au même titre que l’anglais depuis le développement de l’empire britannique et
américain de ces derniers siècles. Les
Romains ont adopté dans le monde des arts et de la culture l’héritage de
l’empire grec qui les surpassait.
Mais les Romains
détenaient les rênes de leur empire et « les pensées de la classe
dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement
dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi
la puissance dominante spirituelle. La
classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup,
des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les
pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle sont
soumises du même coup à cette classe
dominante. »[3]
Sous ce rapport, on
n’a qu’à penser aux âpres débats qui ont lieu à l’Unesco (Paris) pour la
protection des cultures nationales et l’indifférence farouche, mais calculée de
l’administration US pour que le plus fort l’emporte.
Tout cela ne doit pas
nous faire oublier l’apport des premières nations (peuples autochtones :
Inuit et Amérindiens du Canada) qui ont élu résidence dans les Amériques et qui - s’ils n’avaient qu’une longue et solide
tradition orale ont laissé des traces profondes, que ce soit au Canada ou encore
en Amérique centrale et au nord de l’Amérique latine - ont bâti effectivement de
véritables empires (les Mayas, les Incas et les Aztèques) et contribué à
l’émergence de véritables trésors de création et d’innovation humaine (sur le
plan de l’architecture entre autres). Ils
ont vécu des milliers et des milliers d’années avant l’arrivée des premiers Européens. Par exemple, tout atteste que les Premières
nations se sont établies au Canada depuis plus de 10 000 ans de notre ère.
Alors on comprendra
que même les peuples européens ont une histoire assez jeune même si on ignore
considérablement l’histoire de ces peuples, héritiers de l’Asie. D’autre part, il y a une peu plus de 1,000 ans
deux moines byzantins ont ‘évangélisé’ les pays slaves. Ils y ont introduit un nouvel alphabet :
le cyrillique, fondé sur l’alphabet grec (on n’a qu’à comparer l’alphabet russe
à l’alphabet grec, la ressemblance saute aux yeux). La langue de l’époque, le slavon, était parlée (en Russie, en Ukraine, en
Bulgarie, etc.). C’était une langue essentiellement
religieuse. C’est le fait d’armes du
moine Cyrille; son coreligionnaire Méthode, a mis un peu ‘d’ordre’ dans les
modes d’expression. Ils ont été canonisés
depuis lors.
Avec le développement
des techniques, les frontières ont commencé à tomber : les hommes pouvaient
aller plus loin pour le commerce et les échanges de marchandises; on pense
notamment à la construction de navires plus performants. Les voyages entre l’Europe et l’Amérique (si
prometteuse et si riche) se sont avérés plus faciles et sûrs.
« La découverte
de l’Amérique, le tour du cap de Bonne-Espérance ont ouvert à la bourgeoisie montante un champ d’action
nouveau. Les marchés des Indes Orientales
et de la Chine, la colonisation de l’Amérique, le commerce avec les colonies,
l’accroissement des moyens d’échange et des marchandises en général ont donné au négoce, à la
navigation, à l’industrie un essor
qu’ils n’avaient jamais connu et entraîné du même coup le développement rapide
de l’élément révolutionnaire dans la société féodale chancelante. »[4]
Si, au début, les
Européens (Irlandais, et Bretons, etc.) allaient pêcher sur les bancs de
Terre-Neuve, sans y établir des colonies durables, ils furent suivis par des
générations d’Européens qui se fixèrent dans ces contrées, alors sauvages, mais
luxuriantes.
« La manufacture
et le mouvement de la production en général prirent un essor prodigieux, du
fait de l’extension du commerce amenée par la découverte de l’Amérique et de la
route maritime des Indes orientales. Les
produits nouveaux importés des Indes, et principalement les masses d’or et d’argent
qui entrèrent en circulation, transformèrent de fond en comble la situation
réciproque des classes sociales et portèrent un rude coup à la propriété foncière
féodale et aux travailleurs… »[5]
Mais l’histoire des
langues et des civilisations ne s’arrête pas à celle de l’Occident. Ainsi, la Chine a eu une influence
déterminante sur le monde oriental et asiatique (Corée, Japon, Vietnam, etc.). Nous apprenons maintenant à mieux connaître la Chine. (Les milieux
impérialistes, eux, la redoutent!) Comme
bon nombre de langues asiatiques, elle possède une écriture à caractères qui
est assez rebutante pour le néophyte.
Aussi, le gouvernement de la République populaire de Chine utilise le pidgin
(écriture latine) pour faire rayonner la culture chinoise et faciliter
l’apprentissage de la langue; et les
enfants chinois dès leur plus jeune âge se mettront à l’étude de l’anglais pour
qu’ils connaissent mieux la culture occidentale en général et anglo-saxonne en
particulier avec qui les entreprises
nationales font beaucoup d’échanges commerciaux. Déjà le Vietnam par exemple depuis la
colonisation française a adopté la graphie latine.
Pour en revenir à la
Chine, elle aspire à être mieux connue des peuples vivant au-delà de ses
frontières. Parlant de ce grand pays
(1,4 milliard d’habitants; deuxième puissance économique mondiale tout
juste après les U.S.A.), il faut savoir
qu’outre le mandarin - la langue officielle-, plus de 50 langues et dialectes
sont parlés dans le pays, y compris le cantonnais. Le mandarin est soit dit en passant une
langue à tons : i.e. un même vocable peut avoir jusqu’à trois, voire
quatre significations dépendamment de l’accent sonore emprunté pour décrire une
réalité, par exemple : ma, peut signifier : maman ou cheval, selon la prononciation.
Gâtez-vous dirait l’autre!
« D’autre part,
le développement du travail a nécessairement contribué à resserrer les liens
entre les membres de la société en multipliant les cas d’assistance mutuelle,
de coopération commune, et en rendant plus clair chez chaque individu la
conscience de l’utilité de cette coopération.
Bref, les hommes en formation en arrivèrent au point où ils avaient
réciproquement quelque chose à se dire.
Le besoin se créa son organe, le larynx non développé du singe se transforma,
lentement mais sûrement, grâce à la modulation pour s’adapter à une modulation sans cesse développée, et
les organes de la bouche apprirent peu à peu à prononcer un son articulé après
l’autre. La comparaison avec les animaux démontre que cette explication de
l’origine du langage, né du travail et l’accompagnant, est la seule exacte. Ce
que ceux-ci, même les plus développés, ont à se communiquer est si minime
qu’ils peuvent le faire sans recourir au langage articulé. »[6]
Mais les échanges
commerciaux, les contacts entre les peuples ont engendré leur lot de
souffrances et de misère. D’un autre
côté, « la production des idées, des représentations et de la conscience
est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité matérielle et au
commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle. Les
représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent ici
encore l’émanation directe de leur
comportement matériel. Il en va de même de la production intellectuelle telle qu’elle
se présente dans la langue de la politique, celle des lois, de la morale, de la
religion, de la métaphysique, etc. de
tout un peuple. »[7]
La plupart du temps,
les Occidentaux ont imposé leur présence, leur domination par la baïonnette (simultanément avec le missel
le plus souvent).
« Jusqu’à présent, on a fait de la
violence, de la guerre, du pillage, du brigandage, etc. la force motrice de
l’histoire. Force nous est ici de nous
borner aux points capitaux et c’est pourquoi nous ne prenons qu’un exemple tout
à fait frappant, celui de la destruction
d’une vieille civilisation par un peuple barbare et la formation qui s’y
rattache d’une nouvelle structure sociale qui repart à zéro. (Rome et les barbares, la féodalité et la
Gaule, le Bas-Empire et les Turcs.) »[8]
C’est pourquoi, « le léninisme a élargi
la conception de la libre disposition en l’interprétant comme le droit des
peuples opprimés des pays dépendants et des colonies à la séparation complète,
comme le droit des nations à exister en tant qu’État indépendant. (…) C’est ainsi que la question des nations
opprimées est devenue la question de l’appui, de l’aide effective et constante à prêter aux nations
opprimées dans leur lutte contre l’impérialisme, pour l’égalité effective des nations,
pour leur existence comme État indépendant. »[9]
« Les rapports
des différentes nations entre elles dépendent du stade de développement où se
trouve chacune d’elles en ce qui concerne les forces productives, la division
du travail et les relations intérieures.
Ce principe est universellement reconnu. Cependant, non seulement les
rapports d’une nation avec les autres nations, mais aussi toute la structure
interne de cette nation elle-même, dépendent du niveau de développement de sa
production et de ses relations intérieures et extérieures. »[10]
« Dans le roman
d’Orwell ‘1984’, la ‘novlangue’
désigne un code politico-médiatique qui permet au pouvoir totalitaire de ‘Big
Brother’ de manipuler les masses par l‘usage méthodique
de l’euphémisme et de l’antiphrase. L’anticommuniste Orwell entendait ainsi
dénoncer allusivement la ‘langue de bois’ stalinienne, dans laquelle il voyait
une entreprise visant à manipuler la pensée en fixant l’idéologie jusque dans le lexique. Masi force est aujourd’hui de constater que la
‘novlangue’ a, au bas mot, changé de camp et que les Big Brothers occidentaux et
leurs émules gorbatchéviens ont de loin surpassé leur archétype
littéraire. Dans la novlangue des média,
sont ainsi complaisamment classés ‘novateurs’,
‘réformateurs’, ’modernistes’, tous ceux qui s’évertuent à restaurer le capitalisme
sauvage du XIXe siècle, à casser les États, les Partis, les acquis du monde ouvrier. À l’inverse, les ‘conservateurs’, les
conquêtes sociales, les idéaux révolutionnaires, les valeurs républicaines
majeures telles que la laïcité ou la souveraineté nationale. S’ils s’obstinent en outre, comme Fidel
Castro, à défendre le socialisme et la révolution, ils reçoivent immédiatement
et sans rémission l’épithète infamante
de ’nostalgiques, de ‘mammouths, et de ‘dinosaures’. »[11]
Voilà, c’est ce que
l’auteur de ces lignes a appris en fréquentant
deux écoles internationales : d’abord au niveau postsecondaire au St. Patrick’s High School (5ème année) de Québec,
et ensuite au niveau universitaire à l’Institut des Sciences sociales de
Moscou. Maintenant, l’objectif est
d’apprendre à parler correctement l’arabe moderne standard, l’équivalent du
français radio-canadien.
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Nouvelle Vie Réelle www.lnvr.blogspot.com
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Réelle www.laviereelle.blogspot.com
[1] Le Petit Larousse illustré, 2015, page 659
[2] Marx-Engels, L’Idéologie allemande,
Éditions sociales, Paris, 1968
[3] Ibidem, L’Idéologie allemande,
page 74
[4] Marx-Engels, Manifeste du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 229
[5] Marx-Engels, L’Idéologie allemande,
Éditions sociales, Paris, 1968, pages 94-95
[6] Engels, Friedrich, Dialectique de
la nature, Éditions sociales, Paris, 1975, page 174
[7] Ibidem, L’Idéologie allemande,
page 35
[8] Ibidem, L’Idéologie allemande,
page 29
[9] Staline, J., Les questions du
Léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 70-71
[10] Ibidem, L’Idéologie allemande, page 26
[11] Gastaud, Georges, Mondialisation
capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, page
26
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