Le
Québec, la question nationale et le capitalisme
Qu’est-ce que
dirait Marx aujourd’hui?
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
L’humanité remonte à
la nuit des temps; les diverses hordes ‘humaines’, les nations et le
capitalisme ont suivi un parcours
historique plus récent. Tout est relatif
dans une épopée portant sur des millions d’années et une
expansion très longue des modes de production et d’accumulation des biens (armes
et outils) et des richesses pour la survie
de l’espèce.
« Grâce à
l’action conjuguée de la main, des organes de la parole et du cerveau, non seulement chez chaque individu, mais aussi
dans la société, les hommes furent mis en mesure d’accomplir des opérations de
plus en plus complexes, de se poser et d’atteindre des fins de plus en plus
élevées. De génération en génération, le travail lui-même devint différent,
plus parfait, plus varié. À la chasse et à l’élevage s’adjoignit l’agriculture;
à celle-ci s’ajoutèrent le filage, le tissage, le travail des métaux, la poterie,
la navigation. L’art et la science
apparurent enfin à côté du commerce et de l’industrie, les tribus se
transformèrent en nations et en États, le droit et la politique se
développèrent, et, en même temps qu’eux, le reflet fantastique des choses
humaines dans le cerveau de l’homme : la religion. »[1]
Au crépuscule de
l’impérialisme, « bien qu’elle ne le soit pas dans son contenu, la lutte
du prolétariat contre la bourgeoisie est, par sa forme, d’abord une lutte
nationale. Le prolétariat de chaque pays
doit naturellement en finir d’abord avec
sa propre bourgeoisie. »[2]
Vous voudrez entendre
un nuancement de la pensée de votre
rédacteur. « Dans les pays où la civilisation moderne a atteint son plein
développement, il s’est formé une petite bourgeoisie nouvelle qui flotte entre
le prolétariat et la bourgeoisie et qui, fraction complémentaire de la société
bourgeoise, ne cesse de se reconstituer, mais dont les membres sont constamment
précipités par la concurrence dans le prolétariat
avec le développement de la grande industrie, ils voient même approcher le moment
où ils disparaîtront totalement en tant que partie autonome de la société
moderne et seront remplacés dans le commerce, la manufacture, l’agriculture par
des surveillants et des commis. »[3]
Hormis les
antagonismes de classe, et pour améliorer, conserver ses positions économiques,
les bourgeoisies nationales n’hésitent pas –s’ils ne peuvent faire
naturellement ce qu’ils désirent- précipiter ‘leur peuple, contre les
soi-disant ennemis étrangers; de toute façon ce seront les prolétaires qui
seront la chair à canon (n’est-ce pas ce
qui s’est passé lors de la Première guerre mondiale et pendant la Grande guerre
patriotique, comme l’ont baptisé les Soviétiques?) Et les conflits peuvent être longs.
Prenons le cas de l’existence d’Israël et de sa reformation après la Deuxième guerre
mondiale et la promotion à l’échelle internationale du sionisme et d’une
politique séduisante pour rapatrier les ressortissants juifs où qu’ils soient. Mais, cette politique commence à avoir des
ratées, que ce soit à New York (USA) ou même en France.
« L’émigration de
Français juifs vers Israël – l’alya », qui avait atteint des niveaux
record en 2014 (7238 personnes) et 2015 (7835), aurait fléchi en 2016. Selon une projection du Jewish People Policy
Institute (JPPI, l’organe de planification de l’Agence juive), qui extrapole
les données des huit premiers mois de l’année (3452), les départs devraient
être d’environ 5 000 à la fin de 2016.
C’est un niveau encore largement supérieur à la période antérieure au
pic de 2014 et 2015 (moins de 2000 en 2011 et 2012, 3297 en 2013), mais en retrait
par rapport à certaines anticipations. (Daniel Benhaïm, directeur général de
l’Agence juive (qui aide à préparer la
‘montée’ en Israël) en France, indique que les prises de contact de juifs
français avec l’Agence juive et leurs demandes d’information demeurent à un
niveau très élevé. (…)
Selon Daniel Benhaïm,
l’alya n’est pas seulement une réaction aux événements. Il est aussi un projet religieux et\ou politique.
Le relatif replu de 2016 s’expliquerait parce qu’est ‘ partie la vague
idéologiquement la plus prête, boostée par les événements’. Aujourd’hui, une seconde vague
s’interrogerait. Un projet d’émigration…
se mûrit deux ou trois ans. »[4]
Au lieu de garder
comme témoin de l’Histoire, les oripeaux du nazisme, la droite préfère
gommer. Pourquoi? « En novembre 2014, l’hebdomadaire
autrichien Profil avait révélé le
versement à la propriétaire de cette
grande demeure bourgeoisie, Gerlinde Pommer, d’un loyer mensuel de 4700 euros,
justifié depuis 1972 par une volonté étatique légitime d’empêcher
l’établissement d’un lieu de pèlerinage nazi.
(…)
Plusieurs ministres de
l’Intérieur se sont succédé en vain à son domicile, dans le but de la persuader
de vendre ce bien classé construit au XVIIe siècle. »[5]
C’est bien après les
horreurs des Barbares hitlériens qu’on peut se rendre
compte que le chemin de la réconciliation est semé d’embûches, notamment dans l’héritage
psychologique et la mentalité quotidienne.
Prenons pour exemple l’ancienne Yougoslavie.
« Pour la
première fois depuis 1999, un Serbe a été élu, lundi 17 octobre (2016) à la
tête de la mairie de Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine. Cette ville symbole de la guerre de Bosnie
(1992-1995) a été le théâtre d’un massacre de près de 8000 Bosniaques
(Musulmans) en juillet 1995, perpétré par les forces serbes – un événement qualifié
de ‘génocide’ pour la justice internationale.
(…)
La composition du corps
électoral est un sujet récurrent de polémique dans cette enclave musulmane au
sein de la République serbe de Bosnie, une des deux entités qui forment le
pays, avec la fédération bosno-croate, depuis les accords de paix de Dayton,
signés fin 1995. (…)
Depuis 1995, la
population musulmane n’a cessé de chuter dans la ville, en raison de la
persistance des tensions intercommunautaires et de la mauvaise situation
économique. En 2013, ils n’étaient plus
que 7248, selon le recensement, à peine plus
que le nombre de Serbes, alors que la commune comptait 27 000
habitants musulmans avant la guerre. (…)
En réalité, il n’y
aurait plus que 5000 à 6000 habitants à Srebrenica, avec légèrement plus de
Serbes que de Bosniaques. (…)
Le président de la
République serbe de Bosnie, le nationaliste Milorad Dodik, a écarté toute
intervention extérieure dans une
déclaration à l’agence serbe Beta. Les
élections à Srebrenica sont une histoire finie, conclue par la victoire de
notre candidat’. »[6]
Pendant la guerre en
Yougoslavie, les milieux nationalistes les plus exacerbés ont sonné du cor pour
ameuter les ‘forces vives’ de la nation.
Attention, au Québec, il y a des gens qui –même s’ils ne sont pas
communistes – sont lucides et comprennent le danger; il n’y a pas que des ‘fascistes’ dans la
Province. Toutefois, «Personne n’a dû être surpris de la fin de
non-recevoir catégorique que Québec solidaire
a opposée au nouvel appel de Jean-François Lisée à une candidature
commune à l’élection partielle dans Verdun. (…)
Il est vrai que le
bref règne de Pauline Marois (anciennement Première ministre du Québec et chef
du Parti québécois) a laissé un goût amer à de nombreux solidaires, qui y ont
vu une trahison des principes de la social-démocratie, mais il se trouve aussi
que QS ne peut raisonnablement espérer prendre de l’expansion que dans l’est de
Montréal, autrement dit en territoire péquiste. (…)
M. Lisée dit avoir
transmis à QS un sondage selon lequel un candidat souverainiste pourrait l’emporter
s’il y a report des voix, mais il est
permis de croire que le PQ conserve une bonne longueur d’avance sur QS. Et puisque les militants péquistes sont plus
nombreux que les solidaires, une assemblée d’investiture commune choisirait tr
ès probablement un péquiste, comme cela se produirait dans la quasi-totalité
des circonscriptions où on voudrait faire alliance. S’Il doit éventuellement y avoir une union
des forces souverainistes, il faudra que quelqu’un fasse preuve d’une certaine
générosité, et le PQ en a davantage les moyens.
En renonçant clairement à tenir un référendum dans un premier mandat, le nouveau chef du PQ a démontré qu’il pouvait être audacieux, et s’effacer
devant QS le serait tout autant. (…)
Le QS serait mal venu de
continuer à le bouder. (…)
Pour surmonter l‘obstacle
que constitue la division du vote francophone, un changement de paradigme
s’impose. »[7]
« Le président de
QS Andrés Fontecilla estime qu’une
candidature conjointe, spontanée et improvisée quelques jours avant le
déclenchement des élections partielles, réduirait les chances de vaincre les
libéraux, qui sont au pouvoir dans cette circonscription depuis 1965. (…)
(M. Lisée) a déclaré
que ‘le candidat le mieux placé pour battre les libéraux, c’est celui du
PQ. On aurait pu leur dire de l’appuyer,
eux, mais ça aurait été une réponse partisane, une façon de dire non’, »[8]
« Pour résoudre
la question nationale, le léninisme part des thèses suivantes :
*le monde est divisé
en deux camps : le camp d’une petite poignée de nations civilisées qui détiennent
le capital financier et exploitent l’immense majorité de la population du globe, et le camp des
peuples opprimés et exploités des colonies et des pays dépendants qui forment
cette majorité;
*la victoire de la
classe ouvrière dans les pays évolués et la libération des peuples opprimés du
joug de l’impérialisme sont impossibles sans la formation et la consolidation
d’un front révolutionnaire commun;
*ce soutien consiste à
revendiquer, à défendre, à appliquer le mot d’ordre du droit des nations à se
séparer, à exister comme États indépendants;
*sans l’application de
ce mot d’ordre, il est impossible d’organiser l’union et la collaboration des
nations dans une économie mondiale unique, base matérielle de la victoire du
socialisme mondial.»[9]
L’impérialisme tente toujours
sa chance à la roulette, à la boule terrestre.
En Amérique du Nord, on a créé l’Aléna; ailleurs on se prépare à
dégrader encore davantage le pouvoir d’achat des travailleurs et à ondoyer dans la fontaine dorée de l’Europe avec les
États-Unis et le Canada.
« L’intérêt
économique du Canada est connu. Celui de
l’Europe aussi, qui ne voit dans l’AECG qu’un ‘ballon d’essai’ avec, dans la
mire, la conclusion du Partenariat transatlantique de commerce et
d’investissement (en anglais TTIP). Un
accord se voulant plus ambitieux avec les États-Unis, qui n’ont pour obsession
que de contrer la montée en puissance et en influence économiques de la Chine en
Asie. Le tout s’insérant dans un
environnement politique bigarré avec, à la clé, le Brexit et de nombreux rendez-vous
électoraux. Déjà que les relents du protectionnisme
faisaient leur œuvre, voilà une carte politique constituant un terreau fertile
à la reprise du thème de la démondialisation. (…)
L’ouverture des
marchés n’est pas économiquement et socialement neutre. (…)
Elle soumet également
la souveraineté des États au diktat des multinationales et de la libéralisation
du commerce. L’ancien directeur général
de l’Organisation mondiale du commerce Pascal Lamy parlait, dans une entrevue
au Devoir en juin, du tour qu’a pris
le capitalisme ces dernières années et qui semble systématiquement faire ‘un
petit nombre de gros gagnants et beaucoup de petits perdants’.
Et même entre les gagnants, la répartition des retombées positives de la
mondialisation se veut inégale, profitant davantage aux multinationales et aux
actionnaires, moins aux PME et aux salariés,
ont déploré des économistes. »[10]
« Pour autant que
la suppression du joug national est réalisable dans la société capitaliste,
elle n’est possible que lorsque l’État se trouve sous le régime d’une
république démocratique conséquente, assurant l’égalité complète de toutes les
nations et de toutes les langues. »[11]
Archives : La Vie
Réelle, www.laviereelle.blogspot.com
Blog : La
Nouvelle Vie Réelle, www.lnvr.blogspot.com
[1] Engels, Friedrich, Dialectique de
la nature, Éditions sociales, Paris, 1975, page 178
[2] Marx, Karl; Engels, Friedrich, Manifeste
du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 243
[3] Ibidem, Marx-Engels,
page 261
[4] Chambraud, Cécile, Baisse des
départs de Français juifs vers Israël, Paris, mercredi 19 octobre 2016,
page 11
[5] Gauquelin, Blaise, L’Autriche veut
raser la maison natale d’Hitler, Le Monde, mercredi 19 octobre 2016, p.5
[6] Chastand, Jean-Baptiste, Vingt et
un ans après le massacre, Srebrenica élit un maire serbe, Le Monde, Paris mercredi
19 octobre 2016, page 5
[7] David, Michel, La patrie avant le
parti, Le Devoir, Montréal, le jeudi 20
octobre 2016, page A 3
[8] Moreau, Andréanne (avec La Presse canadienne), QS refuse l’offre du PQ, Métro, mardi 18 octobre 2016, p. 4
[9] Staline, J., Les questions du
léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 76-77
[10] Bérubé, Gérard, Démondialiser,
Le Devoir, le jeudi 20 octobre 2016, cahier B, page B 1
[11] Lénine, V., Œuvres choisies, tome
2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page131
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