Mossoul :
les jardins renaîtront
Après la
guerre, dans cette grande cité arabe
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
« Un colonel des
forces kurdes, les peshmergas, a expliqué que ses hommes avaient terminé leur
mission en s’emparant de quelques villages à l’est de Mossoul et que les forces
irakiennes poursuivraient
maintenant l’offensive. (…)
Plus de 25 000
combattants attaquent la ville. Les forces gouvernementales sont composées de
soldats d’élite, de combattants kurdes et sunnites, de policiers fédéraux et de
miliciens chiites.»[1]
Quelques heures avant
l’assaut. « Il est minuit, la lune
paraît encore pleine au-dessus du campement militaire kurde d’Asqaf. Sur un terrain caillouteux, plusieurs
dizaines de blindés et de pick-up militaires sont alignés, en ordre de
bataille. Les peshmergas qui se sont
déployés sur cette position proche du front attendent l’aube, lundi 17 octobre.
Ils discutent par petits groupes, vaquent entre les rangées de
véhicules, se photographient avec leurs téléphones portables, fument ou tentent
de dormir malgré l’agitation. (…)
La libération de
Mossoul doit commencer à l’aube et les peshmergas prendront part aux premières
opérations. Depuis l’été 2014, la grande
cité située sur les rives du Tigre est la ‘capitale’ irakienne de l’EI. (…)
À l’Est, des
forces essentiellement kurdes partant du secteur militaire de Khazir, dont
Asqaf fait partie, doivent prendre le contrôle d’un chapelet de villages dépeuplés,
à l’ouest de la ville. (…)
Casqué, bardé de
chargeurs et entouré de sa garde rapprochée, le général kurde Bahdjet Selki
accorde, en bordure du chemin, un
entretien à des journalistes
travaillant pour une chaîne de télévision locale : ‘notre action montre
que les peshmergas sont nécessaires, que sans nous la bataille de Mossoul ne
serait pas possible. Nos relations avec
l’armée irakienne sont excellentes!’ (…)
Les véhicules
dépareillés du convoi poursuivent leur lente progression, malgré des tirs de
mortiers venus des positions djihadistes.
(À distante, d’autres hommes), des
Kurdes de Syrie en uniforme de peshmergas.
Réfugiés au Kurdistan irakien depuis 2011, ils ont mis sur pied une
force militaire qui a pris part à de nombreux combats contre l’EI au nord de
l’Irak. Leur chef sur le front de Khazir
est le colonel Mohamed Recep Rachid, un ancien officier kurde du régime de
Bachar Al-Assad désormais intégré aux peshmergas irakiens. ‘Notre lutte contre
l’EI nous permet de tracer la nouvelle frontière du Kurdistan’. (…)
Un autre bastion du
futur front kurde vient d’être construit. Plusieurs dizaines de combattants y
attendent, impassibles. (…)
Parmi eux, quelques
adolescentes syriennes aux yeux maquillés, vêtues de treillis et armées de
kalachnikovs conversent malgré le fracas intermittent. »[2]
« La présence
probable de plus de 1,5 million de civils dans la ville est le principal
obstacle de cette bataille. ‘Pour le moment, l’ordre a été donné à la
population de rester chez elle’, indique le général Abdelwahaba Al-Saedi. (…)
L’EI pourrait les
utiliser comme boucliers humains ou fuir la ville ave eux. (…)
Les habitants de
Mossoul n’ont pratiquement aucune idée
de ce qui se prépare. ‘Il n’y a plus de
réseau dans la ville. L’EI a interdit
les téléphones portables et les paraboles, et exécute les contrevenants’,
indique le premier lieutenant Abbas. Il
se dit inquiet du recrutement par les djihadistes, depuis un an, d’un
adolescent par famille pour combattre ou surveiller la population. »[3]
Notons au passage que
des « soldats canadiens sont sur la ligne de front à Mossoul, en Irak, dernier bastion du groupe armé État islamique (ÉI), selon ce
qu’a appris l’analyse politique Luc Lavoie. ‘Les Canadiens sont au cœur du combat,
ils sont en première ligne. (…)
Selon Luc Lavoie, sur
les 300 soldats canadiens déployés à Mossoul aux côtés des forces irakiennes,
environ 80 à 85 d’entre eux sont Québécois. »[4]
La guerre s’est
internationalisée et prend des formes inimaginables. Certes, les combats les plus farouches ont
lieu au Moyen-Orient, mais les attentats terroristes en Occident témoignent de
l’extension des combats. Ce n’est pas une guerre interconfessionnelle. Et les escarmouches ne sont plus limitées à la Syrie ou l’Irak.
« Le commissaire
européen à la sécurité a mis en garde contre un afflux de djihadistes de
l’organisation État islamique (EI) en Europe si son fief de Mossoul
tombait. ‘La reprise de Mossoul, peut
conduire à ce que des combattants du groupe EI prêts à en découdre reviennent
en Europe’, a déclaré Julian King au quotidien allemand Die Welt, le 18 octobre.
‘Même un petit nombre (de djihadistes) représente une menace sérieuse, à
laquelle nous devons nous préparer’ en ‘augmentant notre capacité de résistance
face à la menace terroriste’, a estimé le commissaire britannique. »[5]
De son côté,
« l’armée russe a mis en garde mercredi
(18 octobre 2016) contre un exode des djihadistes actuellement en Irak
vers la Syrie. ‘Il ne faut pas chasser
les terroristes d’un pays à l’autre, mais les détruire sur place’, a déclaré le
chef d’état-major russe, le général Valéri Guérassimov. (…)
Pour (un) général
américain, ce sont surtout les djihadistes étrangers qui mèneront le combat
contre les forces irakiennes. »[6]
« Un responsable
turc a quant à lui prévenu qu’entre
100 000 à 400 000 personnes pourraient fuir les combats à Mossoul et
prendre le chemin de la Syrie, de la région kurde en Irak ou de la frontière
avec la Turquie. Le chef du
Croissant-Rouge turc, Kerem Kinik, a reproché aux forces de la coalition
d’avoir mal planifié l’aspect humanitaire de l’offensive pour reprendre Mossoul. Des camps capables d’héberger 20 000
familles (d’autre part) sont en construction dans le nord de l’Irak et
pourraient être prêts d’ici quelques jours.
Un camp de réfugiés de 5 000 tentes
offrant eau courante, électricité et nourriture a aussi été installé à
l’est de Mossoul par les autorités irakiennes et kurdes. Jusqu’à un million d’habitants pourraient
fuir Mossoul jusqu’aux camps de réfugiés dressé en périphérie de la ville – la
deuxième plus grande d’Irak. »[7]
[1] Associated Press, Confusion dans
la marche vers Mossoul, Métro, Montréal, le mercredi 19 octobre 2016, page
12
[2] Kaval, Allan, Les Kurdes ouvrent
la voie vers Mossoul, Le Monde, Paris, le mercredi 19 octobre 2016, page 2
[3] Sallon, Hélène, Les djihadistes
préparent une forte résistance, Le Monde, Paris, mercredi 19 octobre 2016,
page 3
[4] Agence QMI et AFP, Des soldats
québécois au front à Mossoul?, Le 24, Montréal, jeudi 20 octobre 2016, page
16
[5] Kaval, Allan, L’UE redoute un
afflux de djihadistes, Le Monde, Paris, le mercredi 19 octobre 2016, page 2
[6] Agence France-Presse, Des chefs
djihadistes auraient fui Mossoul, Washington, le jeudi 20 octobre 2016,
page B 5
[7] Associated Press, Métro, La crise
des réfugiés de Mossoul est ‘inévitable’, Métro, le jeudi 20 octobre 2016,
page 12
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