lundi 24 octobre 2016


Mossoul : les jardins renaîtront

Après la guerre, dans cette grande cité arabe

Daniel Paquet                                                                                                 dpaquet1871@gmail.com

« Un colonel des forces kurdes, les peshmergas, a expliqué que ses hommes avaient terminé leur mission en s’emparant de quelques villages à l’est de Mossoul et que les forces irakiennes  poursuivraient maintenant  l’offensive. (…)

Plus de 25 000 combattants attaquent la ville. Les forces gouvernementales sont composées de soldats d’élite, de combattants kurdes et sunnites, de policiers fédéraux et de miliciens chiites.»[1]

Quelques heures avant l’assaut.  « Il est minuit, la lune paraît encore pleine au-dessus du campement militaire kurde d’Asqaf.  Sur un terrain caillouteux, plusieurs dizaines de blindés et de pick-up militaires sont alignés, en ordre de bataille.  Les peshmergas qui se sont déployés sur cette position proche du front attendent l’aube, lundi  17 octobre.  Ils discutent par petits groupes, vaquent entre les rangées de véhicules, se photographient avec leurs téléphones portables, fument ou tentent de dormir malgré l’agitation. (…)

La libération de Mossoul doit commencer à l’aube et les peshmergas prendront part aux premières opérations.  Depuis l’été 2014, la grande cité située sur les rives du Tigre est la ‘capitale’ irakienne de l’EI. (…)

À l’Est, des forces  essentiellement kurdes  partant du secteur militaire de Khazir, dont Asqaf fait partie, doivent prendre le contrôle d’un chapelet de villages  dépeuplés,  à l’ouest de la ville. (…)

Casqué, bardé de chargeurs et entouré de sa garde rapprochée, le général kurde Bahdjet Selki accorde, en bordure du chemin, un  entretien  à des journalistes travaillant pour une chaîne de télévision locale : ‘notre action montre que les peshmergas sont nécessaires, que sans nous la bataille de Mossoul ne serait pas possible.  Nos relations avec l’armée irakienne sont excellentes!’ (…)

Les véhicules dépareillés du convoi poursuivent leur lente progression, malgré des tirs de mortiers venus des positions djihadistes.  (À distante, d’autres hommes),  des Kurdes de Syrie en uniforme de peshmergas.  Réfugiés au Kurdistan irakien depuis 2011, ils ont mis sur pied une force militaire qui a pris part à de nombreux combats contre l’EI au nord de l’Irak.  Leur chef sur le front de Khazir est le colonel Mohamed Recep Rachid, un ancien officier kurde du régime de Bachar Al-Assad désormais intégré aux peshmergas irakiens. ‘Notre lutte contre l’EI nous permet de tracer la nouvelle frontière du Kurdistan’. (…)

Un autre bastion du futur front kurde vient d’être construit. Plusieurs dizaines de combattants y attendent, impassibles.  (…)

Parmi eux, quelques adolescentes syriennes aux yeux maquillés, vêtues de treillis et armées de kalachnikovs conversent malgré le fracas intermittent. »[2]

« La présence probable de plus de 1,5 million de civils dans la ville est le principal obstacle de cette bataille. ‘Pour le moment, l’ordre a été donné à la population de rester chez elle’, indique le général Abdelwahaba Al-Saedi.  (…)

L’EI pourrait les utiliser comme boucliers humains ou fuir la ville ave eux.  (…)

Les habitants de Mossoul  n’ont pratiquement aucune idée de ce qui se prépare. ‘Il  n’y a plus de réseau dans la ville.  L’EI a interdit les téléphones portables et les paraboles, et exécute les contrevenants’, indique le premier lieutenant Abbas.  Il se dit inquiet du recrutement par les djihadistes, depuis un an, d’un adolescent par famille pour combattre ou surveiller la population. »[3]

Notons au passage que des « soldats canadiens sont sur la ligne de front à  Mossoul, en Irak, dernier bastion  du groupe armé État islamique (ÉI), selon ce qu’a appris l’analyse politique Luc Lavoie. ‘Les Canadiens sont au cœur du combat, ils sont en première ligne.  (…)

Selon Luc Lavoie, sur les 300 soldats canadiens déployés à Mossoul aux côtés des forces irakiennes, environ 80 à 85 d’entre eux sont Québécois. »[4]

La guerre s’est internationalisée et prend des formes inimaginables.  Certes, les combats les plus farouches ont lieu au Moyen-Orient, mais les attentats terroristes en Occident témoignent de l’extension des combats. Ce n’est pas une guerre interconfessionnelle.  Et les escarmouches ne sont  plus limitées à la Syrie ou l’Irak.

« Le commissaire européen à la sécurité a mis en garde contre un afflux de djihadistes de l’organisation État islamique (EI) en Europe si son fief de Mossoul tombait.  ‘La reprise de Mossoul, peut conduire à ce que des combattants du groupe EI prêts à en découdre reviennent en Europe’, a déclaré Julian King au quotidien allemand Die Welt, le 18 octobre.  ‘Même un petit nombre (de djihadistes) représente une menace sérieuse, à laquelle nous devons nous préparer’ en ‘augmentant notre capacité de résistance face à la menace terroriste’, a estimé le commissaire britannique. »[5]

De son côté, « l’armée russe a mis en garde mercredi  (18 octobre 2016) contre un exode des djihadistes actuellement en Irak vers la Syrie.  ‘Il ne faut pas chasser les terroristes d’un pays à l’autre, mais les détruire sur place’, a déclaré le chef d’état-major  russe, le général  Valéri Guérassimov. (…)

Pour (un) général américain, ce sont surtout les djihadistes étrangers qui mèneront le combat contre les forces irakiennes. »[6]

« Un responsable turc  a quant à lui prévenu qu’entre 100 000 à 400 000 personnes pourraient fuir les combats à Mossoul et prendre le chemin de la Syrie, de la région kurde en Irak ou de la frontière avec la Turquie.  Le chef du Croissant-Rouge turc, Kerem Kinik, a reproché aux forces de la coalition d’avoir mal planifié l’aspect humanitaire de l’offensive pour  reprendre Mossoul.  Des camps capables d’héberger 20 000 familles (d’autre part) sont en construction dans le nord de l’Irak et pourraient être prêts d’ici quelques jours.  Un camp de réfugiés de 5 000 tentes  offrant eau courante, électricité et nourriture a aussi été installé à l’est de Mossoul par les autorités irakiennes et kurdes.   Jusqu’à un million d’habitants pourraient fuir Mossoul jusqu’aux camps de réfugiés dressé en périphérie de la ville – la deuxième plus grande d’Irak. »[7]

 



[1] Associated Press, Confusion dans la marche vers Mossoul, Métro, Montréal, le mercredi 19 octobre 2016, page 12
[2] Kaval, Allan, Les Kurdes ouvrent la voie vers Mossoul, Le Monde, Paris, le mercredi 19 octobre  2016, page 2
[3] Sallon, Hélène, Les djihadistes préparent une forte résistance, Le Monde, Paris, mercredi 19 octobre 2016, page 3
[4] Agence QMI et AFP, Des soldats québécois au front à Mossoul?, Le 24, Montréal, jeudi  20 octobre 2016,   page 16
[5] Kaval, Allan, L’UE redoute un afflux de djihadistes, Le Monde, Paris, le mercredi 19 octobre 2016, page 2
[6] Agence France-Presse, Des chefs djihadistes auraient fui Mossoul, Washington, le jeudi 20 octobre 2016, page B 5
[7] Associated Press, Métro, La crise des réfugiés de Mossoul est ‘inévitable’, Métro, le jeudi 20 octobre 2016, page 12

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