Clinton
& Trump : du bon boulot!
La course
présidentielle de 2016
Daniel Paquet
Le fiasco de Sarah
Palin avec son Tea Party, le
mouvement des 99 contre 1 contre les riches de Wall Street, les protestations
visant les guerres menées par l’administration US, notamment au
Moyen-Orient : une pluie de tuiles s’est abattue sur les autorités
états-uniennes. Les CEO, leurs conseils
d’administration; les alcôves militaristes, les grandes familles capitalistes,
bref, tout ce que l’on pourrait qualifier de la droite aux U.S.A. se sentait
perdre l’équilibre et surtout du terrain. Il fallait offrir un spectacle de démocratie pour fourvoyer le
peuple US et le monde entier. Le peuple
américain, parce qu’il y a de plus en plus d’incertitude (surtout économique)
au pays et le monde entier parce que les divers gouvernements de la plus grande
et forte démocratie bourgeoise compromettent toujours plus la paix dans le
monde entier tout en spoliant les peuples de leurs richesses (ex. le pétrole). L’Otan, entre autres, sait
que les peuples ignorent de moins en
moins la place du bras armé de l’impérialisme yankee, dans la conduite des
affaires des pays sur la planète (ex. le Moyen-Orient). Un rien – maintenant – peut déstabiliser
les U.S.A. Jusqu‘ici, ils comptaient sur l’indifférence,
l’obscurantisme et la division des populations (et les rivalités intestines,)
pour imposer leurs diktats. Mais, ce
n’est plus tout aussi facile. Aussi, il
faut calmer le jeu devant les inquiétudes, urbi
et orbi. On a donc procédé à une course présidentielle, opposant les deux
côtés de la même médaille : Clinton (la Démocrate) et Trump (le
Républicain) : good cop et bad cop. Oh, bien sûr sur la forme, ce fut sidérant et
très séduisant; ils peuvent apparaître tous
deux diamétralement aux pôles de notre sphère; mais sur le fond, ils sont comme
des jumeaux.
« Le candidat
républicain s’est engagé à nouveau à nommer des juges conservateurs à la plus
haute cour des États-Unis, ce qui aurait selon lui comme conséquence
automatique l’abolition du droit national à l’avortement. (…)
Le milliardaire… n’a
pas oublié d’évoquer sa promesse de
construire un mur à la frontière avec le Mexique, martelant son message de
fermeture des frontières contre l’immigration clandestine, et dénonçant la
politique de laxisme supposé des démocrates. (À ce sujet, Hillary Clinton a insisté sur son
plan pour régulariser des millions d’immigrants illégaux et leurs enfants. Onze millions d’adultes et quatre millions de
leurs enfants se trouvent illégalement au pays. (–ndlr) (…)
Le site d’informations
Breitbart, dont le patron Steve Bannon est devenu en août le directeur général
de la campagne Trump, a de son côté publié… le témoignage vidéo d’une ancienne
journaliste de l’Arkansas, Leslie Milwee, affirmant avoir été victime d’attouchements
par Bill Clinton en 1980, quand il était
gouverneur de cet État du sud. Cette accusatrice faisait partie des invités de
Donald Trump dans la salle du débat, de même qu’un demi-frère de Barack Obama,
Malik, et Sarah Palin, candidate à la vice-présidence en 2008 et héroïne du Tea
party (i.e. le coup d’épée dans l’eau). »[1]
« Le
milliardaire, dont les débats n’avaient jusqu’ici jamais aidé la candidature,
est parvenu à enquiquiner sa rivale, l’ancienne chef de la diplomatie américaine
Hillary Clinton, comme jamais auparavant, critiquant son bilan en matière de
politique étrangère. ‘Regardez le chaos
qu’il y a aujourd’hui en Syrie, en Libye et en Irak. (Hillary Clinton) nous a donné État
islamique, à cause du vide qu’elle a
créé’. »[2]
« La candidate
démocrate a tenté de dépeindre son adversaire comme un être instable qui peut
déclencher une guerre nucléaire sur un
coup de tête. ‘Quand le président donne l’ordre, celui-ci doit être suivi’ a lancé Hillary Clinton. L’attaque nucléaire serait déclenchée en
quatre minutes. »[3]
« L’attentisme
autour de l’élection présidentielle a toutefois été cité dans plusieurs
districts comme un facteur retardant des prises de décision sur des leasings
d’immobilier commercial mais aussi des demandes de prêts commerciaux. Dans la région de Boston par exemple,
‘l’incertitude politique et la lente croissance mondiale’ ternissent
l’optimisme des perspectives de l’immobilier commercial. »[4]
Les mass médias sont à
l’affût du moindre clignement d’œil des candidats. Quant à Hillary Clinton : « Elle se méfie, déjà
viscéralement de la presse. Avec quelque
raison : le 23 janvier, en pleine primaire du New Hampshire, une étape capitale, Bill la
prévient qu’un tabloïd va sortir un article dans lequel Gennifer Flowers, alors
chanteuse de bar, affirme avoir eu une liaison de douze ans avec lui. Les détails sont égrenés les jours suivants,
Gennifer Flowers déclare avoir des enregistrements de ses conversations avec
Bill Clinton. Rien de très nouveau pour
Hillary, mais les frasques, réelles et supposées, de son mari franchissent à présent les frontières de l’Arkansas. (…)
Au moment des cérémonies d’investiture, le 20
janvier 1993, l’Amérique n’a d’yeux que pour cette First Lady pas comme les autres, ‘Ni Eleanor Roosevelt ni même Jackie Kennedy
n’ont suscité une telle fascination, relève Vanity
Fair. Cette première dame-là se forge un rôle dans lequel elle va mêler l’éthique
de travail d’Eleanor Roosevelt, le style de Jackie Kennedy et sa propre
ambition politique, unique dans l’histoire.’
Certains sondages, pourtant, montrent que pour 68% des Américains, toute
féministe qu’elle soit, elle n’a pas sa place dans les réunions de cabinet. (…)
(Certains conseillers
de Bill Clinton) lui suggèrent de reporter la réforme de la santé, mais Hillary
défend bec et ongles l’urgence de ce
projet qu’elle considère comme l’âme de la présidence Clinton : ‘Tu n’as
pas été élu pour faire la politique de Wall Street, lance-t-elle à son mari au
cours d’une réunion. (…)
Elle aborde le second
mandat en se demandant à quoi elle va s’atteler, coincée entre un procureur
spécial marié à la droite républicaine qui veut sa perte et, à travers elle,
celle du président; l’œuvre d’une élite
politico-médiatique qu’elle déteste et qui le lui rend bien, et un mari
président qui se débrouille ostensiblement bien sans elle. »[5]
Mais qui sont ces gens
de ‘l’Amérique profonde’ qui vont soutenir l’autre prétendant à la présidence - contre vents et marées -, Donald Trump? Il y a par exemple John Mash, retraité
comptable public à Rhode Island : « Il a senti le déclin, la perte de
confiance dans le rêve américain – la désindustrialisation aussi et la déstructuration
de la cellule familiale.’ Il habite The
Villages, en Floride; et ‘visiter The Villages en voiture c’est un
peu entrer par effraction dans une Amérique des jours heureux, des retraités
blancs et plutôt aisés - tous ceux qui
forment aujourd’hui le cœur électoral de Donald Trump. »[6]
C’était peut-être un
phantasme, mais sous les feux de la rampe, M. Trump peut déblatérer sur n’importe
quoi et nourrir les mass médias de ses divagations. Après coup, l’entourage dilue son propos.
Ainsi, « M. Pence (son colistier) a cependant fait écho aux critiques de
M. Trump, qui juge les principaux médias américains comme faisant campagne contre lui. ‘Il y a un biais évident dans les médias nationaux
et c’est en ce sens qu’on peut parler d’élection truquée’. »[7]
M. Barack Obama n’a
pas revalorisé la situation économique de la majorité des Noirs aux
États-Unis. « Les Afro-Américains
pauvres et sans éducation, où qu’ils vivent, demeurent cantonnés dans leurs
‘ghettos’. Et les Blancs ont aujourd’hui
recours à de nouvelles façons de se
distancer des Afro-Américains en question, grâce aux multiples raffinements de
la guerre des classes du XXIe siècle.
(Les prébendes de M.
Trump, d’un autre côté, ‘ne l’empêchent pas, comme les autres bateleurs, de
plaire à beaucoup. Et c’est là que
réside le danger. Il a transformé la
scène présidentielle de 2016 en immense carnaval, et il y tient tous les rôles
principaux : candidat, clown et aigrefin. »[8]
Ça, avec Clinton et
Trump confondus, c’est la dictature de la bourgeoisie. Quant à « la dictature du prolétariat,
(ce) n’est pas un simple changement de personnes au sein du gouvernement, un
changement de ‘cabinet’, etc., laissant intact l’ancien ordre de choses
économique et politique. (Les changements de cabinet et autres prétendus
gouvernements) ne peuvent être autre chose qu’un appareil au service de la
bourgeoisie, qu’un camouflage des plaies de l’impérialisme, qu’un instrument
entre les mains de la bourgeoisie contre le mouvement révolutionnaire des
masses opprimées et exploitées (y compris au x
U.S.A., ndlr). Ces gouvernements,
eux, sont nécessaires au Capital en tant que paravent, lorsqu’il lui est
incommode, désavantageux, difficile d’opprimer
et d’exploiter les masses sans ce paravent.
Certes, l’apparition de tels gouvernements est un indice montrant que ’par là’ (c’est-à-dire chez les
capitalistes), dans le défilé de Chipka, tout n’est pas calme, mais malgré cela
les gouvernements de ce genre restent inévitablement des gouvernements
maquillés du Capital. »[9]
Archives : La Vie
Réelle laviereelle.blogspot.com\
[1] Agence France Presse, Un dernier
duel avant le scrutin, 24 Heures, Montréal, jeudi 20 octobre 2016, page 16
[2] Tanguay, Sébastien, Le combat cède
la place au débat, Métro, Montréal, jeudi 20 octobre 2016, page 10
[3] Fortier, Marco, Un ultime débat plus civilisé, Le Devoir, Montréal, le
jeudi 20 octobre 2016, page 1
[4] Agence France-Presse, La
présidentielle américaine a un impact sur l’économie, Le Devoir, Montréal,
le jeudi 20 octobre 2016, page B 3
[5] Kauffmann, Sylvie, À l’épreuve
du pouvoir, Le Monde, Paris, le
mercredi 19 octobre 2016, page 12-13
[6] Bourcier, Nicolas, The Villages,
ghetto de Blancs dont Trump est le roi, Le Monde, Paris, le mercredi 19
octobre 2016, page 4
[7] Paris, Gilles, Le milliardaire
dénonce de nouveau une élection ‘truquée’, Le Devoir, - Washington,
correspondant- le mercredi 19 octobre 2016,
page 4
[8] Charyn, Jerome, Donald Trump, un
bouffon dictatorial, Le Monde, mercredi 19 octobre 2016, *Extrait d’un
texte publié en allemand dans l’édition dominicale du quotidien ‘Frankfürter Allgemeine Zeitung’, et traduit
par Marc Chénetier, page20
[9] Staline, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions en langues
étrangères, Pékin, 1977, pages 43-44
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