samedi 22 octobre 2016


Clinton & Trump : du bon boulot!

La course présidentielle de 2016

Daniel Paquet

Le fiasco de Sarah Palin avec son Tea Party, le mouvement des 99 contre 1 contre les riches de Wall Street, les protestations visant les guerres menées par l’administration US, notamment au Moyen-Orient : une pluie de tuiles s’est abattue sur les autorités états-uniennes.  Les CEO, leurs conseils d’administration; les alcôves militaristes, les grandes familles capitalistes, bref, tout ce que l’on pourrait qualifier de la droite aux U.S.A. se sentait perdre l’équilibre et surtout du terrain.  Il fallait offrir  un spectacle de démocratie pour fourvoyer le peuple US et le monde entier.  Le peuple américain, parce qu’il y a de plus en plus d’incertitude (surtout économique) au pays et le monde entier parce que les divers gouvernements de la plus grande et forte démocratie bourgeoise compromettent toujours plus la paix dans le monde entier tout en spoliant les peuples de leurs richesses  (ex. le pétrole). L’Otan, entre autres, sait que les peuples ignorent de moins  en moins la place du bras armé de l’impérialisme yankee, dans la conduite des affaires des pays sur la planète (ex. le Moyen-Orient).  Un rien – maintenant – peut déstabiliser les  U.S.A.  Jusqu‘ici, ils comptaient sur l’indifférence, l’obscurantisme et la division des populations (et les rivalités intestines,) pour imposer leurs diktats.  Mais, ce n’est plus tout aussi facile.  Aussi, il faut calmer le jeu devant les inquiétudes, urbi et orbi.  On a donc procédé  à une course présidentielle, opposant les deux côtés de la même médaille : Clinton (la Démocrate) et Trump (le Républicain) : good cop et bad cop.  Oh, bien sûr sur la forme, ce fut sidérant et très séduisant;  ils peuvent apparaître tous deux diamétralement aux pôles de notre sphère; mais sur le fond, ils sont comme des jumeaux.

« Le candidat républicain s’est engagé à nouveau à nommer des juges conservateurs à la plus haute cour des États-Unis, ce qui aurait selon lui comme conséquence automatique l’abolition du droit national à l’avortement. (…)

Le milliardaire… n’a pas oublié d’évoquer sa promesse de  construire un mur à la frontière avec le Mexique, martelant son message de fermeture des frontières contre l’immigration clandestine, et dénonçant la politique de laxisme supposé des démocrates.  (À ce sujet, Hillary Clinton a insisté sur son plan pour régulariser des millions d’immigrants illégaux et leurs enfants.  Onze millions d’adultes et quatre millions de leurs enfants se trouvent illégalement au pays. (–ndlr)  (…)

Le site d’informations Breitbart, dont le patron Steve Bannon est devenu en août le directeur général de la campagne Trump, a de son côté publié… le témoignage vidéo d’une ancienne journaliste de l’Arkansas, Leslie Milwee, affirmant avoir été victime d’attouchements par Bill Clinton en  1980, quand il était gouverneur de cet État du sud. Cette accusatrice faisait partie des invités de Donald Trump dans la salle du débat, de même qu’un demi-frère de Barack Obama, Malik, et Sarah Palin, candidate à la vice-présidence en 2008 et héroïne du Tea party (i.e. le coup d’épée dans l’eau). »[1]

« Le milliardaire, dont les débats n’avaient jusqu’ici jamais aidé la candidature, est parvenu à enquiquiner sa rivale, l’ancienne chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton, comme jamais auparavant, critiquant son bilan en matière de politique étrangère.  ‘Regardez le chaos qu’il y a aujourd’hui en Syrie, en Libye et en Irak.  (Hillary Clinton) nous a donné État islamique, à cause du vide qu’elle a  créé’. »[2]

« La candidate démocrate a tenté de dépeindre son adversaire comme un être instable qui peut déclencher  une guerre nucléaire sur un coup de tête. ‘Quand le président donne l’ordre, celui-ci doit  être suivi’ a lancé Hillary Clinton.  L’attaque nucléaire serait déclenchée en quatre minutes. »[3]

« L’attentisme autour de l’élection présidentielle a toutefois été cité dans plusieurs districts comme un facteur retardant des prises de décision sur des leasings d’immobilier commercial mais aussi des demandes de prêts commerciaux.  Dans la région de Boston par exemple, ‘l’incertitude politique et la lente croissance mondiale’ ternissent l’optimisme des perspectives de l’immobilier commercial. »[4]

Les mass médias sont à l’affût du moindre clignement d’œil des candidats.  Quant à Hillary  Clinton : « Elle se méfie, déjà viscéralement de la presse.  Avec quelque raison : le 23 janvier, en pleine primaire du New  Hampshire, une étape capitale, Bill la prévient qu’un tabloïd va sortir un article dans lequel Gennifer Flowers, alors chanteuse de bar, affirme avoir eu une liaison de douze ans avec lui.  Les détails sont égrenés les jours suivants, Gennifer Flowers déclare avoir des enregistrements de ses conversations avec Bill Clinton.  Rien de très nouveau pour Hillary, mais les frasques, réelles et supposées, de son mari franchissent  à présent les frontières de l’Arkansas. (…)

Au  moment des cérémonies d’investiture, le 20 janvier 1993, l’Amérique n’a d’yeux que pour cette First Lady pas comme les autres,  ‘Ni Eleanor Roosevelt ni même Jackie Kennedy n’ont suscité une telle fascination, relève Vanity Fair.  Cette première  dame-là se forge  un rôle dans lequel elle va mêler l’éthique de travail d’Eleanor Roosevelt, le style de Jackie Kennedy et sa propre ambition politique, unique dans l’histoire.’  Certains sondages, pourtant, montrent que pour 68% des Américains, toute féministe qu’elle soit, elle n’a pas sa place dans les réunions  de cabinet. (…)

(Certains conseillers de Bill Clinton) lui suggèrent de reporter la réforme de la santé, mais Hillary défend  bec et ongles l’urgence de ce projet qu’elle considère comme l’âme de la présidence Clinton : ‘Tu n’as pas été élu pour faire la politique de Wall Street, lance-t-elle à son mari au cours d’une réunion. (…)

Elle aborde le second mandat en se demandant à quoi elle va s’atteler, coincée entre un procureur spécial marié à la droite républicaine qui veut sa perte et, à travers elle, celle du président;  l’œuvre d’une élite politico-médiatique qu’elle déteste et qui le lui rend bien, et un mari président qui se débrouille ostensiblement bien sans elle. »[5]

Mais qui sont ces gens de ‘l’Amérique profonde’ qui vont soutenir l’autre prétendant à la    présidence  - contre vents et marées -, Donald Trump?  Il y a par exemple John Mash, retraité comptable public à Rhode Island : « Il a senti le déclin, la perte de confiance dans le rêve américain – la désindustrialisation aussi et la déstructuration de la cellule familiale.’  Il habite The Villages, en Floride; et ‘visiter The Villages en voiture c’est un peu entrer par effraction dans une Amérique des jours heureux, des retraités blancs et plutôt aisés -  tous ceux qui forment aujourd’hui le cœur électoral de Donald Trump. »[6]

C’était peut-être un phantasme, mais sous les feux de la rampe, M. Trump peut déblatérer  sur n’importe  quoi et nourrir les mass médias de ses divagations.  Après coup, l’entourage dilue son propos. Ainsi, « M. Pence (son colistier) a cependant fait écho aux critiques de M. Trump, qui juge les principaux médias américains comme faisant  campagne contre lui.  ‘Il y a un biais évident dans les médias nationaux et c’est en ce sens qu’on peut parler d’élection truquée’. »[7] 

M. Barack Obama n’a pas revalorisé la situation économique de la majorité des Noirs aux États-Unis.  « Les Afro-Américains pauvres et sans éducation, où qu’ils vivent, demeurent cantonnés dans leurs ‘ghettos’.  Et les Blancs ont aujourd’hui recours à de nouvelles  façons de se distancer des Afro-Américains en question, grâce aux multiples raffinements de la guerre des classes du XXIe siècle.

(Les prébendes de M. Trump, d’un autre côté, ‘ne l’empêchent pas, comme les autres bateleurs, de plaire à beaucoup.  Et c’est là que réside le danger.  Il a transformé la scène présidentielle de 2016 en immense carnaval, et il y tient tous les rôles principaux : candidat, clown et aigrefin. »[8]

Ça, avec Clinton et Trump confondus, c’est la dictature de la bourgeoisie.  Quant à « la dictature du prolétariat, (ce) n’est pas un simple changement de personnes au sein du gouvernement, un changement de ‘cabinet’, etc., laissant intact l’ancien ordre de choses économique et politique. (Les changements de cabinet et autres prétendus gouvernements) ne peuvent être autre chose qu’un appareil au service de la bourgeoisie, qu’un camouflage des plaies de l’impérialisme, qu’un instrument entre les mains de la bourgeoisie contre le mouvement révolutionnaire des masses opprimées et exploitées (y compris au x  U.S.A., ndlr).  Ces gouvernements, eux, sont nécessaires au Capital en tant que paravent, lorsqu’il lui est incommode, désavantageux, difficile  d’opprimer et d’exploiter les masses sans ce paravent.  Certes, l’apparition de tels gouvernements est un indice  montrant que ’par là’ (c’est-à-dire chez les capitalistes), dans le défilé de Chipka, tout n’est pas calme, mais malgré cela les gouvernements de ce genre restent inévitablement des gouvernements maquillés du Capital. »[9]

 

 

Archives : La Vie Réelle                                                  laviereelle.blogspot.com\  



[1] Agence France Presse, Un dernier duel avant le scrutin, 24 Heures, Montréal, jeudi 20 octobre 2016, page 16
[2] Tanguay, Sébastien, Le combat cède la place au débat, Métro, Montréal, jeudi 20 octobre 2016, page 10
[3] Fortier, Marco, Un ultime débat plus civilisé, Le Devoir, Montréal, le jeudi 20 octobre 2016,  page 1
[4] Agence France-Presse, La présidentielle américaine a un impact sur l’économie, Le Devoir, Montréal, le jeudi 20 octobre 2016, page B 3
[5] Kauffmann, Sylvie, À l’épreuve du  pouvoir, Le Monde, Paris, le mercredi 19 octobre 2016, page 12-13
[6] Bourcier, Nicolas, The Villages, ghetto de Blancs dont Trump est le roi, Le Monde, Paris, le mercredi 19 octobre 2016, page 4
[7] Paris, Gilles, Le milliardaire dénonce de nouveau une élection ‘truquée’, Le Devoir, - Washington, correspondant- le mercredi 19 octobre 2016,  page 4
[8] Charyn, Jerome, Donald Trump, un bouffon dictatorial, Le Monde, mercredi 19 octobre 2016, *Extrait d’un texte publié en allemand dans l’édition dominicale du quotidien ‘Frankfürter Allgemeine Zeitung’, et traduit par Marc Chénetier, page20
[9] Staline, Joseph, Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 43-44

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