César l’Imperator et le pouvoir
Ou
les luttes intestines politiques et terroristes
Source : wikipédia et Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
Gouverner en soufflant à tous vents ses promesses électorales n’est pas une mince affaire. Comme le veut une analyse de la direction imprimée par le Premier ministre Justin Trudeau ; il doit faire face à ses contradictions. Néanmoins, il devra trancher le nœud gordien. Alors qu’« il est en effet difficile pour des particuliers de se substituer à l’État. Des soupes populaires et des centres de distribution alimentaire à travers le Canada signalent que les réfugiés (ex. Syriens et… moult Canadiens idem) sont nombreux à souffrir de la faim. Les cours de langue offerts par les autorités publiques sont insuffisants, alors que la maîtrise de l’anglais ou du français est indispensable pour trouver un emploi. L’État n’a pas mis les moyens nécessaires à la réalisation des idéaux professés par M. Trudeau, ce qui renforce l’impression que l’affichage l’a emporté sur l’élaboration d’une politique pleinement aboutie. Plus largement, externaliser l’accueil des réfugiés conduit à les assujettir à des samaritains qui ne sont pas toujours aussi bons qu’ils le voudraient ou le prétendent. »[1]
Jules César (en latin : Caius Iulius Caesar IV (à sa naissance), Imperator Iulius Caesar Divus après sa mort) est un général, homme politique et écrivain romain, né à Rome le 12 ou le 13 juillet 100 av. J.-C. et mort le 15 mars 44 av. J.-C. (aux ides de mars), dans la même ville.( Il a incarné la vie politique de son époque et orienté l’évolution de l’État romain, -ndlr). Pour les marxistes, « l’État est le produit et la manifestation de ce fait que les contradictions de classes sont inconciliables. L’État surgit là, au moment et dans la mesure où, objectivement, les contradictions de classes ne peuvent être conciliées. Et inversement : l’existence de l’État prouve que les contradictions de classes sont inconciliables. »[2]
Le destin exceptionnel de César marqua le monde romain et l'histoire universelle : ambitieux et brillant, il s’appuya sur le courant réformateur et démagogue pour son ascension politique ; stratège et tacticien habile, il repoussa les frontières romaines jusqu’au Rhin et à l’océan Atlantique en conquérant la Gaule, puis utilisa ses légions pour s’emparer du pouvoir. Il se fit nommer dictateur à vie, et fut assassiné peu après par une conspiration de sénateurs.
Faut-il rappeler que « l’État est, aux mains de la classe dominante, une machine destinée à écraser la résistance de ses adversaires de classe… Tous les États de classe ayant existé jusqu’à présent étaient une dictature de la minorité exploiteuse sur la majorité exploitée. »[3]
À sa mort, Jules César fut divinisé et son fils adoptif Octave, vainqueur de Marc Antoine, acheva la réforme de la République romaine, qui laissa place au principat et à l’Empire romain..
Biographie et origine
César affirmait avoir pour ancêtre Iule (ou Ascagne), fils d’Énée et de Créuse,
amené en Italie par son père après la chute de Troie (cf. Homère, l’Iliade et
l’Odyssée, -ndlr). Ce fondateur d’Albe a Longue était considéré comme le
créateur de la vieille famille des Iullii qui, selon l’empereur Claude, se
joignit ensuite aux pariciens de Rome . Par ce lignage, César
revendiqua, lorsqu’il prononça l’éloge funèbre de sa tante Julia, une
ascendance remontant à Vénus dont il célébrera les vertus génitrices
(Vénus Genitrix).
En réalité les Iullii historiquement connus furent une famille patricienne
d'importance mineure, qui exerça quelques consulats mais ne faisait pas partie,
au Ier siècle avant J.-C., de la cinquantaine de
familles de la nobilitas qui fournissaient la plupart des consuls. Les Julii
connurent des revers de fortune, et Jules César grandit dans une insula assez
modeste du bas quartier de Subure de mauvaise réputation .
Caius Julius César naît vers 100 av. J.-C., fils de Caius Julius Caesr
III et d’Aurelia Cotta, également d’origine patricienne. Malgré les sources
historiques, la date précise de cette naissance reste incertaine : le 12
juillet ou
le 13 juillet 100
av. J.-C. ou
102 av. J.-C.
Selon Tacite, en mêlant dévouement maternel et ferme discipline, sa mère
Aurelia donne à Caius et ses deux sœurs Julia une éducation exemplaire . Cicéron
attribuera à cette éducation familiale et à des études assidues l’élégance du latin
de César et la qualité de son éloquence . Plutarque et Suétone
souligneront aussi son art des relations en société tout au long de sa
vie : amabilité et politesse envers ses hôtes, prodigalité sans retenue,
savoir-vivre et bonne tenue dans les banquets (Caton, qui pourtant le déteste,
lui accorde qu’il est le seul ambitieux qui ne s’enivre pas), conversation
brillante et cultivée . Ces qualités de séduction seront ses premiers atouts
dans la vie publique romaine.
Son père, Caius Julius Caesar III, ne dépasse pas, dans sa carrière
politique, le rang de préteur en 92 av. J.-C., et meurt subitement un matin en
mettant ses chaussures ; César est alors âgé de quinze ans . Son oncle, Sextus
Julius Caesar III, obtient le consulat en 91 av. J.-C. mais meurt au siège d’Asculum
lors de la Guerre sociale.
La jeunesse de César
La jeunesse de Jules César s’inscrit dans un contexte de violentes
luttes politiques qui opposent les optimates
aux populares. Les premiers
maintiennent une ligne conservatrice et aristocratique qui place le sénat
romain au cœur de la République. Les seconds veulent satisfaire les
revendications sociales et accorder plus de place politique aux Italiens et aux
provinciaux.
Jules César grandit ainsi au milieu de troubles sanglants (première
guerre civile)) : combats de rue à Rome en (88 av. J.-C. entre les
partisans de Caius Marius, chef des populares, et ceux de Sylla, puis
victoire des légions de Sylla sur les marianistes aux portes de Rome en 82 av.
J.-C., suivie d’impitoyables chasses à l’homme contre les proscrits du camp
adverse.
Ses relations familiales placent Jules César parmi les populares dans le jeu politique romain.
Sa tante Julia fut l’épouse du consul Marius et lui-même épouse en 84 av. J.-C.
Cornelie la fille de Cinna, successeur de Marius. Malgré ces alliances
familiales, Jules César ne semble pas s’être joint aux marianistes les plus
extrémistes lors de la guerre civile qu’ils menèrent contre Sylla. Il est
possible que César ait suivi les modérés lorsqu’ils se rallient à Sylla . En 84 Av.
J.-C. César est choisi (ou est candidat) au sacerdoce de flamen dialis (premier prêtre de Jupiter) à la suite du suicide de Lucius
Cornelius Merula durant les proscriptions marianistes. Ce poste honorifique lui
interdit toute activité guerrière, donc d'entreprendre le Cursus honorum..
Sylla exige que César divorce de Cornelie Cinna et rompe ainsi ses
derniers liens avec les marianistes. César refuse, et doit se cacher, jusqu’à
ce que de puissants protecteurs, dont son oncle Aurelius Cotta, fassent fléchir
Sylla et cesser la traque. Sylla lui a entre-temps bloqué sa nomination comme
Flamen Dialis et les interdits qui l'accompagnaient (ainsi que la dot de sa
femme et une partie de son héritage). Prudent, César quitte Rome . Il s’enrôle
vers 80 av. J.-C. dans l’armée et rejoint avec le préteur Marcus Minucius
Thermus le théâtre d’opérations militaires en Asie, où Lucullus assiège Mytilène,
capitale de Lesbos qui s’était ralliée à Mithridate VI. César reçoit mission de
demander au roi de Bithynie Nicomède IV le renfort de sa flotte. Suétone se
fait l’écho d’une rumeur sur la réputation de César, rapportant qu’il aurait eu
à deux reprises des relations sexuelles passives avec Nicomède, vice le plus
méprisable aux yeux des Romains : il aurait servi d'échanson à la cour du
roi et aurait partagé sa couche . Cette suspicion, qui peut être une lourde et
classique plaisanterie entre soldats, plutôt qu’une réalité indémontrable,
suivra César, depuis les commentaires insultants de ses adversaires politiques
jusqu’à son triomphe final, le brocardant du titre de « reine de
Bithynie » .
Lors de la prise de Mytilène, César accomplit un exploit que les
historiens ne précisent pas, mais qui lui vaut en récompense une couronne
civique, la plus glorieuse décoration militaire, habituellement décernée pour
avoir sauvé au combat la vie d’un concitoyen. César sert encore en Cilicie sous
les ordres de Servilius Isauricus, puis est démobilisé.
À la mort de Sylla en 79 av. J.-C., César demeure quelque temps en Asie.
Selon Plutarque, lors de son trajet sur la mer Égée en 75 av. J.-C., il est
enlevé par des pirates de Cilicie qui le font prisonnier durant 38 jours sur
l'île de Farmakonisi et réclament une rançon de vingt talents d'or. César
déclare en valoir cinquante, et promet de revenir exécuter les pirates après sa
libération, ce qu'il fait effectivement : après avoir lancé quatre galères
logeant 500 hommes armés, il les capture dans leur repaire et les fait crucifier . Puis il
perfectionne son éloquence auprès du célèbre rhéteur grec Molon de Rhodes.
De retour à Rome, il débute sa vie publique par un coup d’audace :
il attaque en justice le proconsul Gnaeus Cornelius Dolabella qui vient
d’achever son mandat en Macédoine, et l’accuse de concussion. Malgré
l’éloquence de César et les nombreux témoins à charge qu’il cite, la cible a
trop de poids politique : Dolabella est acquitté, probablement par
solidarité de classe avec ses juges tous issus du Sénat . César tente
une seconde et brillante attaque contre Gaius Antonius, qui faillit réussir.
Antonius dut recourir à l'intervention des tribuns de la plèbe pour échapper àune
condamnation .
L’ascension de César
César développe activement ses relations, dépensant beaucoup en
réceptions, et entame le parcours politique classique (cursus honorum) : tribun militaire, questeur en 69 av. J.-C. en Espagne, puis édile en 65 av. J.-C.,
il capte la faveur du peuple en rétablissant le pouvoir des tribuns de la plèbe
et en relevant les statues de Marius. Chargé de l’organisation des jeux, il
emprunte massivement pour en donner de spectaculaires, alignant selon Plutarque
le nombre record de 320 paires de gladiateurs .
Parallèlement, César poursuit son activité judiciaire, pour des causes
qui flattent le courant des populares. En 64 av. J.-C., il intente des procès
contre d’anciens partisans de Sylla, fait condamner Lucius Liscius et Lucius
Bellienus, payés pour avoir ramené la tête de proscrits. Mais il échoue contre Catilina,
les jurés se refusant à condamner un membre de la vieille famille des Cornelii . L’année
suivante en 63 av. J.-C., avec l’aide du tribun de la plèbe Titus Labiénus,
César tente un coup juridique extravagant en accusant de haute trahison le
vieux sénateur syllanien Gaius Rabirius pour des faits anciens de trente-sept
ans : le meurtre du tribun de la plèbe Saturninus. L’affaire est sans
précédent depuis le légendaire procès d’Horace Cicéron. assure la défense de
Rabirius (Pro Rabirio), mais les deux juges désignés par le préteur ne
sont autres que César lui-même et son cousin Sextus. Rabirius est condamné,
mais fait appel au peuple romain, son jugement devant les comices est reporté
puis l’affaire est finalement abandonnée .
César se fait élire en 63 av. J.-C. au titre de pontifex aximus grâce à une campagne financée par Crassus. Il
dépense d’importantes sommes d’argent et contracte de nombreuses dettes, afin
de remporter les suffrages des comices tributes, contre deux anciens consuls (Servilius
Isauricus et Q. Catulus), plus âgés et expérimentés que lui . Selon
l’usage, César s’installe dans la demeure du pontife à la Regia, et exerce la
fonction de grand Pontife jusqu’à sa mort.
Désigné préteur urbain pour l’année suivante au moment de la conjuration
de Catilina (63 av. J.-C.) , il ne fait rien pour la prévenir et est
soupçonné de connivence . Sallustre, qui est un partisan de César, attribue ces
soupçons à des manœuvres calomnieuses de Q. Catulus et C. Pison, adversaires
politiques de César. Appien considère pour sa part que Cicéron n’ose pas mettre
en cause César en raison de sa popularité . Lors du vote au Sénat sur le
sort des complices de Catilina, César s’oppose à leur exécution immédiate qu'il
considère illégale, et propose de répartir les conjurés à travers les prisons
des municipes, mais son avis est mis en minorité après l'intervention de Caton .
Envoyé comme propréteur en Bétique (Espagne) en 60 av. J.-C., il ne peut
partir qu’après avoir donné des cautions à ses créanciers . Son départ précipité
de Rome est motivé par sa volonté d’échapper à une action judiciaire
éventuellement engagée à la fin de sa charge. César mène son premier
commandement par une offensive contre les peuples ibères encore insoumis. Après
avoir pacifié la province, il revient à Rome afin d’y défiler en triomphe pour
son succès militaire puis de briguer le consulat. Mais les préparatifs du
triomphe lui imposent de stationner hors de Rome, tandis qu’il doit y être
présent pour poser sa candidature dans les délais. Il demande une dérogation,
que Caton fait traîner en palabres. César doit choisir, et renonce à son
triomphe pour viser le consulat .
Triumvirat et Consulat
L’homme le plus en vue à cette date est Pompée, après sa victoire en
Orient contre le roi Mithridate Vi Eupator. Cette campagne a permis à Rome de
s’étendre en Bithynie, au Pont et en Syrie. Pompée revient couvert de gloire
avec ses légions mais conformément à la règle, il les licencie après avoir reçu
le triomphe, en 61 av. J.-C..
Au faîte de la gloire, Pompée demande des terres pour ses anciens
soldats et la confirmation des avantages qu’il a promis pour les cités et
princes d’Orient, mais le Sénat refuse. César exploite opportunément la
déception de Pompée, le rapproche de Crassus, et forme avec eux le premier
triumvirat .
Cet accord secret scelle une alliance entre les trois hommes, chacun
s’abstenant de réaliser des actions nuisibles à l’un des trois . César
renforce peu après cette alliance en mariant sa fille Julia à Pompée.
Grâce au financement de sa campagne électorale par Crassus, César est
élu consul en 59 av. J.-C., en ralliant notamment à sa cause Lucius Lucceius un
de ses éventuels compétiteurs . Durant son mandat, il ne laisse à son
collègue le conservateur Marcus Calpurnius Bibulus qu’une ombre d’autorité.
Bibulus et Caton multiplient les actions d’obstruction contre César, mais ils
sont chassés du forum lors de la promulgation d’une loi agraire. À la suite de
cet incident, Bibulus se retire chez lui jusqu’à la fin de son mandat, laissant
le pouvoir à César qui l’exerce seul . L’historien romain Suétone rapporte
quelques vers décrivant la situation politique :
« Ce que César a fait, qui d’entre nous l’ignore ? - Ce qu’a
fait Bibulus, moi je le cherche encore. »
César peut désormais légiférer comme un tribun, selon l’expression de
Plutarque, satisfaire les revendications des populares, rendre des gages à
Pompée et gagner de nouveaux soutiens auprès des chevaliers et des
provinciaux : passant outre les protestations des sénateurs Lucullus et Caton,
il fait ratifier les initiatives de Pompée qui avait réorganisé les
principautés du Moyen-Orient sans demander l’avis du Sénat ; il promulgue
plusieurs lois agraires : distribution aux vétérans de Pompée de parcelles
des terres publiques (l’ager), faisant de Capoue une colonie romaine, achat de
terres à des particuliers qui sont ensuite distribuées à 20 000 citoyens
pauvres. La diminution d’un tiers du fermage dû par les publicains à l’État est
une aubaine pour les chevaliers, affairistes et banquiers (lex de publicanis). Sa loi contre la
concussion (lex Iulia de repetundis) permet enfin de sanctionner
d’amendes les gouverneurs de province qui monnayent leurs interventions ou se
livrent à des exactions financières . Enfin, il place le Sénat sous le
contrôle de l’opinion publique, en faisant publier les comptes rendus de séance
(Actus senatus) .
Cette activité politique va de pair avec une activité mondaine
soutenue : Suétone prête à César entre autres maîtresses les épouses de
Crassus et Pompée, et, ce qui paraît mieux attesté, Servilia la demi-sœur de Caton . Plus
officiellement, César épouse Calpunia, fille de Calpumius Pison, consul désigné
pour l’année suivante, ce qui lui assure une future protection politique. César
se fait un autre allié dans la personne de Clodiux Pulcher, qui avait pourtant
courtisé sa précédente épouse, en satisfaisant une requête qui lui tenait à
cœur : troquer son rang de patricien pour celui de plébéien et postuler
ainsi à l’élection de tribun de la plèbe.
César profite de sa popularité pour préparer l’étape suivante de sa
carrière : normalement, le Sénat prolonge le mandat d’un consul par le proconsulat
d’une province pour un an. César contourne cette règle avec l’aide du tribun de
la plèbe Publius Vatinius : celui-ci fait voter par le peuple un plébiscite qui
confie à César et pour cinq ans deux provinces, la Gaule cisalpine et l’Illyrie,
avec le commandement de trois légions (lex Vatinia). Pour sauver une
apparence d’autorité, le Sénat lui accorde en plus la Gaule transalpine et une
quatrième légion.
Suétone rapporte que César, se vantant devant le Sénat d’être enfin
parvenu à ses objectifs, et promettant une victoire éclatante en Gaule, reçut
un outrage d’un de ses nombreux adversaires qui s’écria « Cela ne sera pas
facile à une femme ». César répliqua que cela n’avait pas empêché Sémiramis
de régner sur l’Assyrie, et les Amazones de posséder jadis une grande partie de
l’Asie .
Proconsul en Gaule
Les campagnes militaires de Jules César en Gaule
Denier commémorant les conquêtes gauloises de Jules César. Date :
c. 48 AC.
Description
revers : Trophée gaulois composé d'un grand bouclier ovale, d'un casque,
d'une cuirasse, d'un carnyx et d'une hache à sacrifice surmontée d'une tête
d'animal. Description avers : Tête de Vénus ou de (Clementia) la Clémence
laurée et diadémée à droite avec boucle d'oreille et collier.
Dès la fin de son consulat, César gagne rapidement la Gaule, tandis que
le préteur Lucius Domitius Ahenobarbus et le tribun de la plèbe Antistius le
citent en justice pour répondre à l’accusation d’illégalités commises pendant
son mandat. En fin juriste, César fit objecter par les autres tribuns qu’il ne
pouvait être cité en application de la loi Memmia , qui
interdisait toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour le service de
la République. Pour éviter toute autre mise en cause devant la justice, César
s’appliquera durant son proconsulat à demeurer dans ses provinces. Il passe
ainsi chaque hiver en Gaule cisalpine, où il reçoit partisans et solliciteurs
et s’assure chaque année d’avoir parmi les élus à Rome des magistrats qui lui
soient favorables .
La gestion de ses affaires à Rome même est confiée à son secrétaire Lucius
Cornelius Balbus, un chevalier d’origine espagnole, avec qui il échange par
précaution des courriers chiffrés .
Dès le début de son proconsulat, César engage la conquête dela Gaule en
profitant de la migration des Helvètes en mars 58 av. J.-C.. Cette expédition militaire
est motivée par ses ambitions politiques, mais aussi par des intérêts
économiques qui associent les Romains à certaines nations gauloises clientes de
Rome (Éduens, Arvernes, etc.)
Tout en menant ses campagnes, César maintient ses relations avec les
hommes politiques romains : Quintus, frère de Cicéron, commande une légion
en Belgique ;
Publius et Marcus, les fils de Crassus, interviennent en Belgique puis en
Aquitaine ;
Lucius Munatius Plancus et Marc Antoine seront à Alésia .
À Rome, les conservateurs réagissent à la guerre que mène César :
son affrontement contre le germain Arioviste, qui a la qualité d’ami du peuple
romain, accordée lors du consulat de César, scandalise Caton, qui proclame
qu’il faut compenser cette trahison de la parole romaine en livrant César aux
Germains .
Ultérieurement, César se justifiera longuement dans ses Commentaires en
détaillant ses négociations préliminaires avec l’agressif Arioviste, lui
faisant même dire que « s’il tuait [César], il ferait une chose agréable à
beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il (Arioviste) l’avait appris
par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié » .
En 56 av. J.-C., Lucius Domitius Ahenobarbus, candidat au consulat
soutenu par Caton et par Cicéron, met à son programme la destitution et le
remplacement de César. Toujours obligé de se cantonner en Gaule, César réunit à
Lucques Crassus, Pompée et tous les sénateurs qui les soutiennent. Ils
renouvellent tous trois leur accord et définissent un partage des provinces . Ahenobarbus
et Caton sont agressés en plein forum et empêchés de faire campagne. Pompée et
Crassus profitent de l’appui de César pour remporter les élections et être élus
pour un second consulat en 55 av. J.-C. Cicéron a des obligations envers
Pompée, que celui-ci lui rappelle vertement par l’intermédiaire de son frère Quintus . Cicéron
s’incline et soutient la prorogation du gouvernement de César pour cinq
nouvelles années.
À l’issue de leur consulat en 54 av.
J.-C., chacun reçoit le gouvernement d’une province : Crassus part
en Asie chercher une gloire militaire qui égale celles de Pompée et de César, l’Espagne
et l’Afrique sont attribuées à Pompée, qui préfère rester à Rome, centre du
pouvoir, et envoie ses légats gouverner. Sur les quatre légions qui lui sont
attribuées, Pompée en prête deux à César, qui a besoin de renforts .
Pendant son second mandat, en 55 av. J.-C., César traverse la Manche et
réalise une première incursion en Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne) , terre
inconnue et quasi mythique pour les Romains de l’époque .
Ultérieurement, il réalise un autre exploit par une démonstration militaire
au-delà du Rhin. Mais à partir de l’hiver 54\53 av. J.-C., la situation en
Gaule se détériore, et des révoltes se multiplient.
En 54 av. J.-C., la défaite et la mort de Crassus et de son fils Publius
à la bataille de Carrhes contre les Parthes, et la mort de Julia, fille de
César et épouse de Pompée, et de l’enfant qu’elle avait eu de Pompée défont les
liens du triumvirat .
César propose à Pompée la main de sa petite-nièce Octavie, et demande en
mariage la fille de Pompée, mais ces offres d’alliances matrimoniales
n’aboutissent pas .
Le début de l’année 52 av. J.-C. est difficile pour César : la
révolte en Gaule se généralise sous l’impulsion de l’Arverne Vercingétorix. À
Rome, les désordres sont tels que Pompée est nommé consul unique, avec
l’assentiment de Caton et des conservateurs. Pompée épouse Cornélie, la jeune
veuve de Publius Crassus et la fille du conservateur Metellus Scipion, qu’il
prend au milieu de l’année comme collègue au consulat . Pompée est
désormais le défenseur du clan des conservateurs.
Vercingétorix dépose les armes aux pieds de Jules César à l’issue du siège
d’Alésia. Tableau de Lionel Royer, 1899.
En 52 av. J.-C., Jules César remporte une victoire décisive au siège
d’Alésia, où il reçoit la reddition de Vercingétorix . En 51 av.
J.-C., après avoir étouffé les derniers foyers de révolte, César affirme la
souveraineté de Rome sur les territoires de la Gaule situés à l’ouest du Rhin.
Selon Velleius Paterculus, en neuf campagnes, on n’en trouverait à peine
une où César n’aurait pas mérité le triomphe, et il massacra plus de quatre
cent mille ennemis et en fit prisonniers un plus grand nombre encore . Pour Plutarque,
la conquête de la Gaule fut l’une des plus grandes victoires de Rome et place
son commandant César au rang des plus illustres généraux romains, tels les Fabius,
les Métellus,et les Scipions. .
« En moins de dix ans qu’a duré sa guerre dans les Gaules, il a
pris d’assaut plus de huit cents villes, il a soumis trois cents nations
différentes, et combattu, en plusieurs batailles rangées, contre trois millions
d’ennemis, dont il en a tué un million, et fait autant de prisonniers. »
Tandis qu’il termine son mandat de proconsul, César prépare son retour à
Rome par la conquête de l’opinion romaine : il répond aux critiques sur sa
conduite de la guerre par la publication de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, sobre compte-rendu où il se
présente à son avantage, puis en 51 av. J.-C., il annonce la construction d’un
magnifique et nouveau forum, financé par le butin des Gaules, sur lequel est
érigé le temple dédié à Vénus Genetrix dont il est censé descendre. L’objectif
du César est maintenant de se présenter aux élections de 50 av. J.-C. pour un
second consulat en 49 av. J.-C., conformément à la loi qui impose un intervalle
de dix ans entre chaque consulat. Pour éviter l’attaque en justice que lui a
jurée Caton et qui l’empêcherait de faire campagne, il lui faut conserver son
mandat de proconsul en Gaule, et être candidat malgré son absence de Rome.
Le bras de fer politique
À Rome, les conservateurs vont tout faire pour empêcher le projet de
candidature de César. En 50 av, J.-C., César mène sa politique à distance
depuis la Gaule cisalpine : il fait élire Marc Antoine tribun de la plèbe
pour l’année suivante. Soldant les dettes du tribun de la plèbe Curion, il le
fait lâcher Pompée et passer de son côté . Enfin, il neutralise un des
consuls, Lucius Aemilius Paullus, en lui versant des fonds nécessaires à la
réfection de la basilique Aemilia sur le forum . En revanche son lieutenant
Servius Sulpicius Galba, candidat au consulat pour 49 est battu, et les consuls
élus Lucius Cornelius Lentulus Crus et Caius Claudius Marcellus lui sont
farouchement hostiles. Les conservateurs s’activent eux aussi, et prennent des
contacts avec Labiénus, le meilleur lieutenant de César .
À la fin de l’année 50 av. J.-C., les premières passes d’armes restent
dans la voie légale et se déroulent au Sénat. Le tribun Curion propose que
Pompée et César licencient simultanément leurs troupes, les consuls s’y
opposentre légion, qu’il avait
prêtée à César, César renvoie la XVe, et doit se dessaisir ainsi de
deux légions (il en conserve néanmoins neuf, dont une l’accompagne en Gaule
cisalpine tandis que les autres hivernent en Gaule) . Pompée envoie
ces deux légions prendre leurs quartiers d’hiver en Italie du sud. En chemin,
leurs officiers se livrent à un intense travail de désinformation, affirmant
que César était devenu odieux et détesté par ses soldats, et induisent Pompée à
le sous-estimer . .
Le Sénat décide que Pompée et César envoient chacun une légion pour préparer la
guerre contre les Parthes. Pompée choisit la I
Toujours par l’intermédiaire de Curion et Marc Antoine, désormais
tribun, César tente une nouvelle proposition : il accepte de ne conserver
que deux légions et le gouvernement de la Gaule cisalpine et de l’Illyrie,
pourvu qu’on accepte sa candidature au consulat. Malgré la recherche d’un
compromis par Cicéron, Caton refuse qu’un simple citoyen impose ses conditions
à l’État, le nouveau consul Lentulus s’emporte et fait expulser du Sénat Curion
et Marc Antoine. L'historien Velleius Paterculus accusera Curion d'être
responsable de cette rupture, tandis que Appien présentera Marc Antoine comme
l'initiateur de la dispute. Selon Plutarque, « C’était donner à César le
plus spécieux de tous les prétextes » : s’en prendre aux tribuns de
la plèbe, les représentants sacro-saints du peuple ! Le Sénat décrète que
César doit abandonner son poste de gouverneur et revenir à Rome en simple
particulier .
La guerre civile
César peut se présenter comme la victime de l’acharnement des
conservateurs et comme le défenseur des tribuns de la plèbe . Prenant
l’initiative de l’illégalité, il décide le 11 janvier 49 av. J.-C. de pénétrer
en armes en Italie, et franchit le Rubicon, rivière marquant la frontière entre
l’Italie et la Gaule cisalpine. Plutarque et Suétone mettent en scène ce
tournant historique et attribuent à César la citation « Alea
jacta est » (« Le sort en est jeté. »), signifiant qu’il tentait la
destinée .
Pour César, il n’y a plus que deux issues : la mort et le déshonneur ou la
victoire et le pouvoir. Il mise sur l’audace et la rapidité de ses déplacements
militaires et sur l’expérience et la fidélité de ses légions, et se démarque
des atrocités de la précédente guerre civile par sa politique de clémence,
n’exerçant ni proscriptions ni représailles.
Périple de César de janvier 49 av. J.-C. à août 47av. J.-C. - Le
franchissement du Rubicon, la bataille d’Alexandrie et la bataille de Zéla..
César prend le port de Rimini et progresse rapidement vers Rome sans
rencontrer de résistance, et ajoute à ses forces les trois légions que Pompée
avait commencé à lever. Pompée récupère des troupes à Capoue, et se replie sur Brindisi
d’où il écrit à tous les gouverneurs de provinces de mobiliser contre César.
Les consuls, Caton, Bibulus et même les sénateurs modérés comme Cicéron fuient
en hâte, rejoignent Pompée à Brindisi et s’embarquent pour Dyrrachium en Épire . Sans flotte,
César ne peut les poursuivre. Pendant les quelques jours qu’il passe à Rome, il
rassure les sénateurs restés sur place, offre au peuple une distribution de
blé, promet un don de 75 deniers à chaque citoyen et accorde la citoyenneté
romaine aux habitants de la Gaule cisalpine. Reconnaissant, le peuple le fera
désigner dictateur (i.e. délégué du peuple à une magistrature extraordinaire
exercée par un dirigeant, Le Petit Larousse, 2015, page 380) pendant son
absence. Assuré du soutien de l’Italie, il confie la gestion de Rome à Lépide,
envoie Curion s’emparer de la Sicile et de la Sardaigne, garantissant le
ravitaillement de Rome en blé, libère l’ex-roi juif Aristobule II afin de
l’envoyer en Syrie avec deux légions et empêcher Pompée de mobiliser des
troupes. Mais les partisans de Pompée empoisonnent Aristobule . César va
lui-même en Hispanie soumettre les légats de Pompée. Quand l’année 49 av. J.-C.
se termine, César est maître de l’Italie, des Gaules et des Espagnes, mais ses
lieutenants ont subi des revers : Curion s’est fait tuer en Afrique, Gaius
Antonius a été fait prisonnier en Illyrie, et son meilleur lieutenant Titus a
rejoint le camp de Pompée, qui a levé une armée sur les provinces d’Orient et
les royaumes alliés de Rome. La flotte pompéienne contrôle l’Adriatique, prête
à débarquer en Italie.
L’année suivante en janvier 48 av. J.-C., César est élu consul ;
poursuivant sa stratégie fondée sur l’initiative et la rapidité de mouvement,
il prend un risque considérable en traversant l’Adriatique pendant l’hiver et
surprend Pompée en Épire. Mis en difficulté lors du siège de Dyrrachium où il a
enfermé Pompée pendant quatre mois, César doit se replier, attirant Pompée en Thessalie.
En août 48 av. J.-C., poussé par son entourage, Pompée accepte la bataille
rangée. Malgré l’avantage du nombre, il est battu à Pharsale. Cicéron et Brutus
se rendent à César, qui les accueille chaleureusement. Caton et Labienus fuient
en Afrique, Pompée se réfugie en Asie, puis à Chypre, d’où il gagne l’Égypte,
pensant trouver de l’aide chez le jeune pharaon dont il avait autrefois protégé
le père .
César parvient à Alexandrie début octobre 48 où il trouve, horrifié, le
corps de Pompée, assassiné sur l’ordre du jeune Ptolémée XIII . César passe
l’hiver 48/47 à Alexandrie, et la guerre s’engage alors entre Ptolémée et
César. Ce dernier n’a qu’un faible effectif et doit mener un combat
difficile ; lors d’un engagement dans l’île de Pharaos, il est même obligé
de fuir à la nage. Il sort vainqueur de l’affrontement en mars 47, et détrône
le jeune souverain au profit de Cléopâtre et du plus jeune de ses frères .
Périple de César de fin 47 av. J.-C. à février 46 av. J.-C. - Le passage
de César en Afrique et la bataille de Thapsus.
D’Égypte, César se rend en Asie (juillet – août 47 av. J.-C.), afin de
réprimer Pharnace II, fils de l’ancien roi du Pont Mithridate, qui a profité de
la guerre civile pour reconquérir des territoires et réaffirmer son autorité.
Le cinquième jour de son arrivée, en quatre heures de combat et en une seule
bataille (Bataille de Zéla), César écrase et détrône Pharnace . À cette
occasion, il écrivit au Sénat ces mots célèbres : « Veni,
vidi, vici » pour exprimer la facilité avec laquelle il était venu à bout de son
adversaire .
De retour en Italie, César doit faire face à l’insubordination des
soldats cantonnés en Campanie. Il les reçoit à Rome, et parvient à les ramener
à l’ordre sous la menace de les licencier .
Puis, César passe en Afrique fin 47 av. J.-C., où il passe l’hiver. Il
détruit à la bataille de Thapsus l’armée républicaine que commandent Metellus
Scipion et Caton d’Utique et leur allié le roi numide Juba 1er (février 46 av.
J.-C.) ;
Metellus Scipion et Juba meurent dans la bataille, Caton se suicide à Utique
pour éviter d’être capturé, Titus Labienus se réfugie en Espagne. L’annexion de
la Numidie s’ajoute aux conquêtes de César.
Triomphe
Buste de Jules César en cuirasse, château de Versailles.
Lorsque César revient à Rome, la paix est revenue, l'Italie n'a pas
connu les atrocités des précédentes guerres civiles. Tous les écrivains
loueront la clémence de César, qui a accueilli sans restriction les pompéiens
qui se rendaient et n'a exercé aucune proscription contre les politiciens.
César peut annoncer au peuple que l'annexion des Gaules et de la Numidie et le
protectorat sur l’Égypte vont permettre d'obtenir du blé et de l'huile en
abondance et définitivement résoudre les problèmes de ravitaillement de Rome.
En août et septembre 46, César célèbre par un quadruple triomphe ses
victoires sur les Gaules, le Pont, l'Égypte et la Numidie. La durée et le faste
des cérémonies, l'énormité du butin éclipsent tous les triomphes précédents. À
chaque cérémonie, César vêtu de pourpre parcourt en char la Voie Sacrée, suivi
du butin, des captifs , des soldats qui ont toute liberté pour scander les plaisanteries
les plus osées sur son compte. Pour monter au Capitol offrir un sacrifice au temple
de Jupiter Capitolin, le char de César passe entre deux rangées d’éléphants qui
tiennent des flambeaux.
César offre au peuple des représentations théâtrales, des courses, des
joutes d'athlètes, des spectacles de chasse et de gladiateurs, des
reconstitutions de combat terrestre et nautique, cette dernière est la première
naunaumachie montrée à Rome. Des banquets publics réunissent près de
200 000 convives . La vente du butin rapporte plus de 600 millions de sesterces , et l’argent
est distribué à flot : les 75 deniers que César avait promis sont donnés à
chaque citoyen, avec 25 deniers de plus pour compenser le retard, les
légionnaires reçoivent 24 000 sesterces chacun, et des lots de terre. Les
loyers de moins de 1 000 sesterces à Rome et moins de 500 sesterces en
Italie sont annulés .
La plupart des revendications des populares sont maintenant satisfaites,
et César entreprend les réformes nécessaires à l'administration du monde
romain. Il fait procéder à un recensement, et ajuste à la baisse le nombre
d'allocataires des distributions de blé. Il compense cette mesure en installant
80 000 citoyens pauvres et des soldats démobilisés dans de nouvelles colonies
dans les provinces, dont Carthage et Corinthe qu'il fait reconstruire.
Le pouvoir absolu
Périple de César de décembre 46 av. J.-C. à avril 45 av. J.-C. -
L'arrivée de César en Hispanie (Espagne) et la bataille de Munda.
La paix ne dure que quelques mois. En 446 av. J.-C., les dernières
forces du parti pompéien s’insurgent en Espagne, menées par Pompée le Jeune,
fils de Pompée, et Titus Labienus. Consul pour la quatrième fois, César arrive
à marches forcées en Espagne en décembre 46 av. J.-C. Cette guerre est longue
et sans merci, avec des exécutions de part et d’autre. César achève en avril 45
av. J.-C. ses derniers adversaires à Munda, dans la bataille la plus acharnée
des guerres civiles .
Retardé par une maladie, son jeune neveu Octave le rejoint en Espagne malgré
les dangers du trajet, geste que César apprécie hautement. Dans le dernier
testament qu’il rédige, il déclare adopter Octave et le désigne comme héritier
principal avec comme autre héritier Quintus Pedius, son autre neveu qui a
combattu à ses côtés en Espagne .
Revenu à Rome en octobre 45 av. J.-C., César y célèbre son cinquième triomphe.
César commet là une erreur politique que Plutarque soulignera : la
règle veut qu’un triomphe honore une victoire sur un peuple ennemi de Rome, ce
qui n’est pas le cas dans cette guerre civile. Ni Pompée vainqueur de Sertorius,
ni Sylla vainqueur des marianistes n’avaient célébré de triomphe. De plus,
César accorde deux autres triomphes, à Fabius et son neveu Quintus Pedius . Là encore,
c’est une entorse aux usages qui réservent le triomphe au général doté de l’imperium et non à ses lieutenants.
César, nommé dictateur pour dix ans, est désormais le centre du
pouvoir ; il reconstitue les effectifs du Sénat, en radie quelques
sénateurs responsables de concussion dans leur province, et y inscrit des Gaulois
cisaspins et des Espagnols, une première qui marque le début de la promotion
des provinciaux. Il nomme lui-même les magistrats, sauf les tribuns de la plèbe
et les édiles plébéiens, encore élus, et désigne des consuls pour quelques
jours de charge seulement. Obtenir un titre, un avantage ou une faveur dépend
de son approbation. Ainsi,Cicéron par des discours emplis d’adulation où il
qualifie la clémence de César de « divine » fait gracier plusieurs de
ses amis .
Cicéron propose de décerner à César des honneurs, les autres sénateurs
suivent en une surenchère de plus en plus excessive. Ainsi César reçoit le nom
de Liberator et le titre d’Imperator
transmissible à ses descendants, quoiqu’il n’ait plus d’enfant . Il réforme le
calendrier, on renomme le mois de Quintilis
de son nom de famille . Pompée avait eu l’honneur de porter les emblèmes du
triomphe, robe pourpre et couronne de lauriers, lorsqu'on célébrait des jeux à
Rome. César reçoit le même honneur, mais par décret du sénat à titre permanent,
la couronne lui permettant notamment de cacher sa calvitie qu'il supportait mal
car source de nombreuses railleries ; il peut siéger sur un siège
plaqué d’or. Certains privilèges accordés par les sénateurs vont jusqu’à
l’extravagance, comme l’autorisation d’avoir commerce avec toutes les femmes
qu’il voudra .
Pour l’historien Dion Cassius, les sénateurs agissent par excès de flatterie,
ou par raillerie. Plus préoccupant, selon Plutarque, c’est pour certains une
manœuvre destinée à déconsidérer César et le rendre odieux, et se préparer plus
de prétextes de l’attaquer un jour .
Le complot
En nommant lui-même les magistrats supérieurs, César arrête le cycle
corrupteur des campagnes électorales ruineuses financées par l’extorsion
financière sur les provinces, et soulage enfin la charge de celles-ci ;
mais ceci réduit les profits des brasseurs d’argent que sont les publicains et
remplace la compétition politique par un arbitraire et une flagornerie indigne
qui suscitent des oppositions : pour l’année 44 av. J.-C., César désigne Marc
Antoine comme consul et marcus Junius
Brutus et Cassius comme préteurs. Selon Plutarque, la déception de Cassius qui
espérait le consulat est une des raisons qui l’amènent à comploter. Tous les
historiens romains le présentent comme l’instigateur principal du complot
contre César. Cassius regroupe peu à peu une coterie d’opposants, d’anciens
pompéiens graciés par César, mais également, notent les historiens modernes,
des césariens qui ont servi lors de la guerre des Gaules, notamment Decimus
Junius Brutus Albinus, qui aurait joué un rôle majeur et plusieurs
autres .
Ces derniers redoutent vraisemblablement l’expédition militaire que prépare
César contre les Parthes qui serait suivie d’un retour par la Scythie et la
Germanie
et pourrait ourdir un plan pour déloger les aigrefins du régime, plongés dans
les richesses de l’État et l’exploitation des citoyens romains.
« Aux époques antérieures de l’histoire, nous trouvons presque
partout une organisation de la société en ordres divers. Dans la Rome antique,
nous avons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves. »[4]
Pour revenir aux comploteurs, ils cherchent en Marcus Junius Brutus le
chef symbolique idéal : il porte le nom mythique de Brutus qui chassa Tarquin
le Superbe, le dernier roi qui régna sur Rome en tyran.
Toutefois, César l’a comblé de faveurs et l’a nommé préteur urbain. Les
comploteurs mènent donc une approche psychologique : ils parsèment chaque
jour le tribunal que préside Brutus de messages anonymes qui invoquent le
Brutus chasseur de roi : « Brutus, tu dors, tu n’es pas le vrai
Brutus ! ». Ensuite, Cassius convainc Brutus d’agir contre César.
Présenter Brutus comme l’inspirateur du complot contre César permet de fédérer
d’autres opposants .
Les rumeurs de complot parviennent à César, qui ne s’en soucie pas,
répondant qu’il est au courant, ou même en plaisante : quand on l'informe
que Brutus complote, César rétorque en se pinçant « Il attendra bien la
fin de cette carcasse ! ».
Le 14 février 44 av. J.-C., le Sénat confère à César la dictature
perpétuelle. Son pouvoir est désormais sans limite, même l’intercessio des tribuns ne peut s’exercer sur son imperium..
Tout espoir d’une abdication comme celle de Sylla et d’un retour à la
République d’avant la guerre disparaît. Autre inconséquence aux yeux des
historiens romains, César néglige les présages : avertissements des
devins, mise en garde pour la période allant jusqu’aux Ides de Mars, cauchemar
de son épouse Calpurmia la veille des ides . Tout au plus, apprenant les
signes néfastes observés sur les victimes offertes en préliminaire de la
réunion au sénat, César se résout à ne prendre aucune décision importante ce
jour-là .
La mort de César
La Mort de César par Karl von Piloty
« Métellus lui découvrit le haut de l’épaule ; c’était le
signal. Casca le frappa le premier de son épée » (Plutarque)
Mort de César par Vincenzo Camuccini, 1798
« Il
s’était défendu, dit-on, contre les autres, et traînait son corps de côté et
d’autre en poussant de grands cris. Mais quand il vit Brutus venir sur lui
l’épée nue à la main, il se couvrit la tête de sa robe » (Plutarque)
Seul César est visé, Marc Antoine
qui accompagne César est attiré à l’écart par des faux solliciteurs, tandis que
César est entouré par le groupe des conjurés. Métellus s’assure que César ne
porte aucune protection, et tous l’assaillent : il tombe percé de 23 coups
de poignard .
Le coup ultime vient de Brutus. Les derniers mots de César auraient été pour ce
dernier, en grec, et non en latin comme on l'affirma à l'époque moderne « Toi
aussi, mon fils » .
Pas moins de onze auteurs antiques ont rapporté l’attentat, avec plus ou
moins de détails .
Si le fait est bien connu, l’analyse de ses causes est délicate.
Officiellement, les conjurés ont éliminé César pour l’empêcher de devenir roi
et pour sauver la République.
Des rumeurs circulent disant que César recevrait le titre de roi pour
son expédition en Orient, car selon la prophétie des Livres sibyllins, seul un
roi pouvait vaincre les Parthes .
- De retour d’Albe, César est salué du nom de roi par ses partisans, ce qui agite la foule. Il rétorque qu’il ne s’appelle pas Roi mais César, et il poursuit son chemin mécontent .
- Lorsque les sénateurs viennent à la tribune du forum lui annoncer les nouveaux honneurs qu’ils lui ont votés, il ne se lève pas, manquant au respect dû au Sénat .
- Le 15 février de la fête des Lupercales, Marc Antoine propose à César le diadème royal, que celui-ci repousse sous les acclamations de la foule. Marc Antoine insiste, et le refus de César est de nouveau applaudi. César fit porter ce diadème au temple de Jupiter Capitolin.
Selon Plutarque, plusieurs signes auraient présagé la mort de César,
comme le cœur manquant d'un animal dont celui-ci fit offrande Plutarque affirme aussi que César voulait
détruire la République et devenir roi . .
Christol et Nony rappellent que César « sut toujours donner le
change sur ses intentions réelles » et considèrent que ce problème n’est
pas soluble .
Plus encore, Ronald Syme estime que ce problème « n’a pas à être posé.
César fut tué pour ce qu’il était, non pour ce qu’il aurait pu devenir. En
revêtant la dictature à vie, il semblait écarter tout espoir de retour à un
gouvernement normal et constitutionnel. Le présent était insupportable,
l’avenir bouché. » .
Mais Suétone complique les analyses sur la fin de César en ouvrant une
autre piste :
César aurait eu la mort qu’il souhaitait. Là encore, Suétone produit ses
indices :
- selon certains de ses parents, il n’aurait pas tenu à vivre davantage, et aurait préféré succomber aux complots plutôt que d’être toujours sur ses gardes
- lors d’un banquet chez Lépide, à la question philosophique sur le genre de fin que l’on préférait, César avait répondu « soudaine et inattendue »
- le licenciement de sa garde personnelle, un mois avant, qui l’exposait sans protection
- l’indifférence aux avertissements sur les complots, et aux prédictions défavorables
Des historiens modernes ont développé cette thèse , justifiant
l’attitude de César par sa perception d’une maladie qui le diminuait.
Néanmoins, les préférences pour une mort brève et imprévue sont après tout
banales, et selon Régis Martin , la croyance de César en sa chance
protectrice (Fortuna) et sa certitude que sa perte provoquerait la
guerre civile peuvent aussi expliquer sa conduite.
Funérailles et testament
César désigna dans son testament trois héritiers, les petits-fils de ses
sœurs, à savoir Octave, Lucius et Quintus Pedius. Il légua les trois quarts de
son héritage au premier et le quart restant aux deux autres. Dans la dernière
clause de son testament, César adopta Octave, le futur empereur auguste, et lui
donna son nom. Enfin, il légua au peuple romain ses jardins près du Tibre et
trois cents sesterces par tête .
Le 20 mars, un bûcher fut dressé sur le champ de Mars, près de la tombe
de sa fille Julia, et l’on imagine évidemment l’effet dramatique de cette
proximité. Le corps du César, couché sur un lit d’ivoire tendu de pourpre et d’or,
fut d’abord déposé dans une chapelle dorée, édifiée sur le forum, devant la
tribune aux harangues. À sa tête, sa toge ensanglantée était exposée sur un
trophée. Comme le corps reposait, face vers le ciel, et ne pouvait être vu, on
éleva au-dessus de lui une effigie de cire grandeur nature, afin que la foule
pût contempler les vingt-trois blessures (trente-cinq selon d’autres auteurs)
qui lui avaient été sauvagement infligées au corps et au visage. Pour souligner
l’ignominie de ce crime, Marc Antoine fit lire, en guise d’oraison funèbre, la
liste des honneurs qui avaient été dévolus à César, ainsi que le serment
qu’avaient prêté les sénateurs de défendre sa vie. On chanta des vers parmi
lesquels revenaient, pour susciter la compassion, une citation empruntée au Jugement
des Armes de Pacuvius : « Fallait-il les sauver pour qu’ils
devinssent mes meurtriers ? » (compte tenu de la mansuétude dont
César avait obstinément fait preuve à l’égard de Brutus, c’était
particulièrement bien choisi).
Chavirée par l’habile et pathétique mise en scène, la foule en colère
entassa autour du lit funèbre le bois arraché aux boutiques avoisinantes et
tout ce qui lui tombait sous la main pour construire un bûcher d’apothéose,
comme elle l’avait fait quelques années plus tôt pour les funérailles de Clodius.
Les vétérans de ses légions y jetèrent leurs armes et certaines femmes les
bijoux qu’elles portaient. Les Juifs, qui n’oubliaient pas que César leur avait
permis de relever les murs de Jérusalem abattus par Pompée, se réunirent
plusieurs nuits de suite autour de son tombeau pour le pleurer.
On raconte que lorsque Caius Matius organisa des jeux funéraires en
juillet -44 à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, la comète de César
se mit à briller dans le ciel (apparition également attestée par les astronomes
chinois) et l’Etna entra en éruption, faisant de sa mort un bouleversement
cosmique. À l’emplacement où il fut incinéré, son petit-neveu et fils adoptif,
le futur Auguste, fit ériger un temple. On vient parfois de fort loin pour y
déposer quelques fleurs, un poème, une bougie et perpétuer le souvenir de celui
qui voulut être « le premier dans Rome »… La plaque commémorative
apposée par la ville à l’intention des visiteurs, emprunte à Appien son récit de
l’événement :
« …et on le ramena sur le Forum, là où se trouvait l’ancien palais
des rois de Rome ; les plébéiens rassemblèrent tous les objets de bois et
tous les bancs dont regorgeait le Forum, et toutes sortes d’autres choses
analogues, puis par-dessus mirent les ornements très abondants de la procession,
plusieurs rapportèrent encore de chez eux quantité de couronnes et de
décorations militaires : ensuite ils allumèrent le bûcher et passèrent la
nuit en foule auprès de lui ; c’est là qu’un premier autel fut érigé, et
que maintenant se trouve le temple de César, qui, juge-t-on, mérite d’être
honoré comme un dieu… »
Après César
Étendue du territoire de la République romaine sous la domination de
César. En jaune, ses conquêtes.
Le complot n’atteignit cependant pas ses objectifs, car le consul Marx
Antoine avait été épargné, à la demande de Brutus Octave finit par l’emporter en 31 av. J.-C.,
et devint Auguste, maître unique et absolu de l’Empire. Il confirma et continua
les réformes entamées par César, organisant un Empire pacifié, stabilisé et
géré avec plus d’équité. , et Lépide
stationnait avec des troupes à proximité de Rome, tandis qu'Octave, qui se
trouvait en Épire, était hors d’atteinte. En revanche, l’attentat contre César
guida les prétendants à sa succession sur la conduite à tenir : ils firent
symboliquement rayer la dictature des magistratures romaines, et la
remplacèrent par un triumvirat quinquennal.
Jules César écrivain
Édition de 1783 des Commentaires sur la Guerre des Gaules
César n’était pas seulement un grand général et un homme d’État, il
excellait également dans l’art oratoire et dans l’écriture. Des divers écrits
qu’il avait composés, il ne reste que ses Commentaires (Commentarii
rerum gestarum) :
- De Bello Gallico, Commentaires sur la guerre des Gaules, relatant la campagne de César en Gaule .
- De Bello civile, Commentaires sur la Guerre civile, relatant la guerre civile contre Pompée.
Ces ouvrages servent la propagande politique de César, et par conséquent
leur exactitude peut être mise en doute .
César écrivit aussi en -45- l’Anticato,
réplique au panégyrique que Cicéron prononça en faveur de Caton d’Utique,
« le dernier républicain ». Cet ouvrage, aujourd’hui perdu, est connu
par les citations de Cicéron (ad Atticum, 13, 50, 1), Tacite (Annales,
4, 34), Suétone (Caesar, 56, 3), Plutarque (Caesar, 54), Appien, Juvénal
et Dion Cassius.
Enfin, et plus curieusement, il rédigea un traité de grammaire De
analogia, en deux livres, dans lequel il expose des théories grammaticales
argumentées sur l’analogie (d’où le titre de l’ouvrage), ainsi qu'un poème
intitulé le Voyage.
César semble également avoir écrit plusieurs essais dans sa jeunesse (Éloge
d'Hercule, une tragédie d'Œdipe, un Recueil de mots remarquables),
mais Auguste interdit leurs publications après la mort du dictateur Grimal, ces trois
œuvres perdues ont probablement été écrites en grec . . Selon
l'historien Pierre
L’héritage de César
Les réformes politiques
Jules César devenu dictateur reprend certaines réformes administratives
entreprises une génération plus tôt par le précédent dictateur Sylla. De nouveau,
il faut adapter les institutions à l’extension de la puissance romaine qui
résulte des conquêtes en Orient et en Gaule, et offrir des charges à ses
partisans :
- nouvelle augmentation du nombre de magistrats : les questeurs passent de 20 à 40, les préteurs de 8 à 16, les édiles sont désormais 6. Les consuls sont toujours deux, mais la nomination de consuls suffects en complément des deux consuls éponymes permet de disposer de plus de candidats pour les fonctions proconsulaires.
- César procède à la nomination directe de la moitié des magistrats, et recommande les candidats aux élections pour l’autre moitié .
- reconstitution des effectifs du Sénat ; les pertes de la guerre civile sont compensées par l’incorporation massive de nouveaux membres, dont des provinciaux gaulois ou espagnols, faisant passer à 800 ou 900 l’effectif fixé par Sylla à 600 sénateurs .
« … Il ne faut pas perdre de vue que ce que nous cherchons à
distinguer, c’est le juste en soi et le juste dans la société. Or, celui-ci
existe entre gens qui vivent ensemble, afin de maintenir leur indépendance, je
veux dire des hommes libres et égaux, soit proportionnellement, soit
arithmétiquement. (…)
L’injustice consiste à s’attribuer plus qu’il ne convient des choses qui
constituent des biens en soi, et moins qu’il ne convient des choses qui constituent
des maux en soi. (…)
Or, le magistrat qui exerce le pouvoir est le gardien de la justice, et,
s’il l’est de la justice, il l’est aussi de l’égalité. »[5]
Pour l’administration des provinces, César veut éviter les mandats de
cinq ans que Pompée et lui-même avaient pratiqué ; il limite la durée des
charges de gouverneur à un an pour un propréteur et deux ans pour un proconsul .
L’organisation des municipes italiens est précisée par une loi-cadre, dont une
copie nous est parvenue, les Tables d’Héraclée.
Ces réformes seront conservées par Auguste, elles lui permettront de
disposer d’une nombreuse élite, nécessaire à l’administration d’un Empire
Les réalisations architecturales
L’activité de bâtisseur de César se manifeste
plusieurs fois dans sa carrière politique. À chaque fois, ses réalisations,
toujours spectaculaires, sont destinées à renforcer son prestige et sa
popularité.
À la fin de la guerre des Gaules en 51 av. J.-C., César entame sa
campagne électorale pour une future candidature au consulat. Pompée avait
construit le premier théâtre romain en pierre à Rome et une nouvelle curie
quelques années auparavant. César lance à son tour un projet de bâtiment public
prestigieux : un nouveau forum, au nord de l’ancien, ouvrant son côté est
sur l’Argilète. Il est financé par le butin des Gaules .Selon Appien,
la dédicace de ce temple aurait fait suite au vœu de César d’élever un temple à
Vénus Victorieuse s’il était vainqueur à Pharsale . Devant ce
temple, il se fit représenter par une statue équestre .
Maître sans partage de Rome à partir de 46 av. J.-C., César a désormais
tous les moyens de sa politique. Il commence par des aménagements de
circonstance pour les jeux célébrant son triomphe : agrandissement des
extrémités du cirque, construction d’un stade pour les lutteurs sur le champ de
Mars, creusement d’un bassin au bord du Tibre pour une naumachie .
Les travaux entrepris sur le vieux forum voient la reconstruction de la curia
Hostilia, incendiée en 52 av, J. – C. par les partisans de Clodius Pulcher.
D’autres projets plus ambitieux sont envisagés : la construction de la
plus grande basilique de Rome sur l’emplacement de la vieille basilique
Sempronis, l’édification d’un temple de Mars, et d’un second théâtre en pierre . Tous ces
chantiers seront suspendus pendant les guerres civiles. Octave devenu Auguste
les mènera à leur terme en achevant la grande basilique Julia et le théâtre de
Marcellus, et en dédiant un temple de Mars vengeur.
La réorganisation de Rome
Pour décongestionner une Rome surpeuplée, César en repousse les limites
administratives et élargit le périmètre sacré du pomoerium à un mille romain
(1,5 km) des anciennes murailles de la ville .
Toujours pour la gestion de Rome, César fait recenser la population
urbaine, selon une méthode inédite et originale : les citoyens ne sont
plus convoqués par tribus pour défiler devant les services de recensement. Le
recensement est organisé quartier par quartier, et ce sont les propriétaires
des immeubles de location qui doivent déclarer leurs locataires. La méthode dut
être efficace, car Auguste la reprendra . Sans préciser les résultats de
ce dénombrement, Suétone dit qu’il permit de ramener de 320 000 à
150 000 le nombre de bénéficiaires de distributions gratuites de blé
instaurées par Clodius Pulcher en 58 av. J.-C.
Un ultime projet de loi de César destiné à améliorer quelque peu la
circulation dans une agglomération aux rues étroites et encombrées interdit la
circulation de jour à tout véhicule à roue, à l’exception des chars de
procession lors des cérémonies et des charrettes d’entrepreneurs, nécessaires
aux chantiers urbains. Cette loi fut votée après la mort de César, et resta en
vigueur plusieurs siècles, démontrant sa nécessité . Depuis César,
la nuit romaine fut réservée au transit des marchandises, au grand dam des
dormeurs, et suscitant les récriminations de Martial et Juvénal .
Les monnaies
Les guerres
civiles menées par César lui imposent de forts besoins financiers, pour
entretenir de plus en plus de légions, qui se déplacent d’un secteur à l’autre
de l’Empire. Il se dote donc à partir de 49 av. J.-C. d’un atelier monétaire
qui suit ses déplacements sur les théâtres d’opération, et frappe les espèces
monétaires dont il a un besoin croissant. Cette pratique n’est pas nouvelle, le
Sénat romain l’avait autorisée pour les grands corps expéditionnaires de Lucullus
ou de Pompée en Orient , mais César se l’arroge en s’emparant de la réserve de
la République .
De surcroît, César apporte deux grandes innovations, qui servent sa politique,
que ses successeurs Octave et Marc Antoine pérenniseront, et qui
s’institutionnaliseront sous l’Empire romain :
- la frappe de monnaie en or ;
- la figuration de son portrait sur les monnaies.
Rome n’avait émis de monnaies en or que temporairement, essentiellement
aux moments les plus difficiles de la Deuxième guerre punique et en puisant
dans les réserves de métal précieux thésaurisées par le Sénat . L’émission d’aureus
renoue donc avec l’idée de puiser dans les réserves pour sauver la République.
De plus, la forte valeur de cette monnaie (un aureus pour 25 deniers d’argent
ou 100 sesterces) facilite les importantes gratifications aux soldats de César
et contribue à leur prestige.
Le calendrier
L’historien romain Suétone précise cette modification du calendrier
effectuée par César :
« Il régla l’année sur le cours du soleil, et la composa de trois
cent soixante-cinq jours, en supprimant le mois intercalaire, et en augmentant
d’un jour chaque quatrième année. Pour que ce nouvel ordre de choses pût
commencer avec les calendes de janvier de l’année suivante, il ajouta deux
autres mois supplémentaires, entre novembre et décembre, à celle où se fit
cette réforme ; et elle fut ainsi de quinze mois, avec l’ancien mois
intercalaire, qui, selon l’usage, s’était présenté cette année-là. » .
Le titre de Caesar
Le nom de César, pris par Octave comme fils
adoptif de J. César, devint par la suite un titre que portèrent tous les empereurs
et les princes romains, quoique étrangers à la famille des Césars. Il fut
ensuite attribué aux héritiers présomptifs de l’empire, usage qui devint une
règle à partir de Dioclétien. Depuis cette époque les empereurs prirent le
titre d’Auguste et s’adjoignirent avec le titre de César un prince qui devait
leur succéder. Le nom de César a donné le mot « Kaiser » en allemand,
ainsi que le mot « Tsar » (ou « Czar ») en russe et en bulgare.
L’administration actuelle des États-Unis aura
tout un défi à relever et des enseignements à tirer de ses voisins ;
question, comment le peuple états-unien
pourra-t-il regagner la confiance des autres peuples après toutes ces guerres
de rapine ? Parce que « la
liberté avait sombré dans l’individualisme et le chaos, c’était pour un espace
fort élargi qu’un nouveau gouvernement avait à instituer une nouvelle
ordonnance. (Nous sommes à l’époque de
l’empire romain.) Le monde méditerranéen
s’étalait en désordre aux pieds d’Octavien, dans l’attente des travaux d’un
homme d’État. Là où César avait échoué,
Octavien a réussi, parce qu’il était plus patient, plus fertile en détours,
parce qu’il savait pratiquer la stratégie des mots et des formes, parce qu’il
était disposé à avancer lentement, avec précaution alors que son grand-oncle s’était
vu contraint par le peu de temps dont il disposait, de contrarier des
traditions bien vivantes et d’accumuler en dix mois des changements assez
importants pour nécessiter vingt ou trente années d’efforts. »[6]
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Archives : La Vie Réelle www.laviereelle.blogspot.com
[1]
Bherer, Marc-Olivier, Au Canada, Justin
Trudeau face à ses contradictions, Le Monde, Paris, mercredi 19 octobre
2016, page 21
[2]
Lénine, V.I., Œuvres choisies, tome 2,
Éditions du Progrès. Moscou, 1968
[3]
Staline, J., Les questions du léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin,
1977, page 45
[4]
Marx, Karl; Engels, Friedrich, Manifeste
du Parti communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 238
[5]
Aristote, Éthique de Nicomaque, Éditions Garnier Frères, Paris, 1961, page 225
[6]
Durant, Will, Histoire de la
Civilisation, Rome, Le Principat, Société coopérative Éditions Rencontre,
Lausanne, 1963, pages 15-16
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