|
|
|
Obscurantisme.
C’est un rapport qui déçoit et suscite la colère, dans l’un
des pays européens où l’institution ecclésiastique a le plus de poids.
Jeudi 14 mars, l’épiscopat polonais a rendu public un bilan d’à peine une
quinzaine de pages, dans lequel elle estime qu’entre 1990 et 2018, 382
prêtres et religieux auraient commis des agressions sexuelles sur 625
mineurs. Dans un pays qui compte 50 000 prélats, cela représenterait
0,8 % du clergé catholique – soit une proportion six à sept fois inférieure
à celle relevée dans les pays où de larges enquêtes ont pu être conduites à
ce sujet (Allemagne, Australie, État de Pennsylvanie aux États-Unis,
Pays-Bas, Irlande).
L’étude, menée rapidement sur
la base de formulaires envoyés dans les 41 diocèses du pays, est critiquée
pour sa méthodologie douteuse : l’épiscopat est soupçonné par les
médias et de nombreux experts de vouloir sous-estimer le phénomène.
Surtout, la présentation qu’en a faite l’institution la semaine dernière à
Varsovie a choqué : loin de reconnaître leurs erreurs, les
responsables de l’Église polonaise n’ont eu aucun mot de compassion pour
les victimes. Ils ont au contraire appelé à la « miséricorde »
pour les agresseurs présumés. Rejoignant la paranoïa complotiste du parti
Droit et Justice (PiS) au pouvoir, ils ont estimé que le sujet de la
pédophilie n’était pas propre à l’Église. C’est un « slogan
idéologique » destiné à affaiblir la confiance des croyants dans
l’institution, a déclaré le président de la Conférence épiscopale polonaise,
Stanisław Gądecki.
Pourtant, la société polonaise
ne se fait aucune illusion sur les agissements de certains membres de son
clergé et l'obscurantisme de l'institution. Le film Kler, qui
dénonce, à travers une fiction, la corruption et la pédophilie dans
l’Église polonaise, a fait plus de cinq millions d’entrées depuis sa
sortie, il y a six mois. C’est le plus gros succès de l’histoire du cinéma
polonais. Depuis, l’association de victimes « N’ayez pas peur »
dit avoir reçu plus de 300 nouveaux témoignages de violences sexuelles
commises par des membres de l’institution catholique.
|
|
|
|
|
DANS MEDIAPART
|
Nos articles
de la semaine.
|
|
|
|
|
Alors que les négociations sur
le Brexit n'en finissent pas de rebondir à Westminster, où les députés
s'avèrent incapables de trouver une issue au référendum de 2016, la
population, elle, subit les effets d’une politique d’austérité carabinée. Reportage à Glasgow, où de nombreux
habitants se raccrochent aux banques alimentaires.
|
|
Une majorité de députés britanniques
s’est prononcée le 14 mars pour demander aux Européens un report de la date
butoir du Brexit. À moins de deux semaines de la date officielle, il est
toujours impossible de savoir s'il aura lieu, et sous quelles modalités. Les explications de Ludovic Lamant.
|
|
|
DANS LE CLUB
|
Nos abonnés
interviennent.
|
|
|
|
|
Depuis une dizaine d’années, la
prison privée de Parc, au Pays de Galles, a entièrement repensé son
organisation en matière de relations entre les détenus et leurs proches. Au
point de devenir un « modèle » qui suscite de l’intérêt au-delà des
frontières du pays. Parmi ses innovations, un projet prévoit
l’accompagnement des détenus ainsi que de leurs familles. Une contribution de Cécile Marcel, de
l'Observatoire international des prisons.
|
|
|
EUROVISIONS
|
Ailleurs dans
la presse internationale.
|
|
|
|
|
Ce week-end, la candidate
libérale Zuzana Čaputová s’est imposée au premier tour de l’élection
présidentielle slovaque avec plus de 40 % des voix. C'est un camouflet pour
le candidat du pouvoir, Maroš Šefčovič, et plus généralement pour le repli
ultraconservateur des gouvernements de la région. Retrouver un portrait de
cette avocate dans Le Courrier d'Europe centrale ainsi qu'un entretien de notre correspondant sur le
réveil citoyen en Slovaquie après l'assassinat du journaliste Ján Kuciak.
|
|
|
UN ŒIL SUR LA RECHERCHE
|
À l‘affût des
travaux universitaires.
|
|
|
|
|
Dans les échanges épistolaires entre Emmanuel Macron
et Annegret Kramp-Karrenbauer (la nouvelle dirigeante de la CDU), la zone
euro fait partie des grandes omissions. France et Allemagne occupent
pourtant des positions antagonistes quant aux réformes à adopter pour
rendre cette union monétaire fonctionnelle. On le visualise bien grâce à la
cartographie des conflits politiques suscités par la zone euro, dressée par les chercheurs Thomas Lehner et Fabio
Wasserfallen dans la revue académique European Union Politics.
À l’aide d’une méthodologie
complexe, analysant les positions des États membres et des institutions
européennes sur 47 enjeux de controverse entre 2010 et 2015, ils
aboutissent à plusieurs conclusions. Les désaccords entre pays ne
s’expliquent guère par la couleur politique des gouvernements, pas plus que
par leur propension à vouloir plus (ou moins) d’intégration. L’espace de
conflit est unidimensionnel, et oppose les tenants de transferts
budgétaires aux tenants de la discipline budgétaire. Les seconds, plus
nombreux, font partie d’une coalition menée par l’Allemagne, elle-même
dépassée en intransigeance par la Finlande et les Pays-Bas.
L’élargissement de l’Union à
l’Europe centrale et orientale n’a pas altéré la ligne de conflit
principale, mais a conforté le camp en faveur de la discipline, au sein
duquel on trouve également les institutions européennes. En face, les
partisans des transferts (France, Belgique et pays méridionaux) sont à la
fois moins nombreux et plus dispersés dans leurs préférences. Tout est donc
réuni pour que ces derniers se retrouvent structurellement en minorité. Le problème, concluent les
auteurs, est que la stratégie actuelle des « petites concessions
pourrait ne pas être suffisante [pour assurer] la soutenabilité à long terme de l’union
économique et monétaire ».
|
|
|
À l'approche des élections
européennes, en mai 2019, et de la sortie de l'UE du Royaume-Uni, prévue en
mars prochain, Mediapart lance une newsletter hebdomadaire spéciale Europe,
chaque lundi. Pour tout comprendre aux crises qui fissurent le continent.
|
La newsletter #21 a été
réalisée par Fabien Escalona et Amélie Poinssot. Vous souhaitez nous
faire des retours ? Vous pouvez écrire
à : ludovic.lamant@mediapart.fr
|
|
|
|
|
|
Né
en 2008, Mediapart est un journal d’information numérique, indépendant et
participatif.
Seuls nos lecteurs peuvent nous acheter !
|
|
|
|
|
Téléchargez
l’application :
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire