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Isolé. La tribune d’Emmanuel Macron adressée aux «
citoyens européens » s’avère bien moins ambitieuse que son discours
fleuve prononcé à la Sorbonne sur l’avenir de l’Europe, à l’automne
2017 : on l’a déjà expliqué ici.
Mais elle a au moins eu un
mérite, celui de lancer la campagne, à trois mois du scrutin : Laurent
Wauquiez (LR) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) y sont allés de leur réponse
indignée les jours suivants (ici et là). Depuis Budapest, Viktor Orbán a
ironisé sur un texte qui « pourrait marquer le début d’un débat européen
sérieux », séduit, peut-être, par la volonté de Paris de « remettre
à plat l’espace Schengen ».
À Bruxelles, la commission
européenne a rappelé que nombre des propositions françaises, soit
existaient déjà, soit avaient déjà été formulées par l’exécutif de
Jean-Claude Juncker. Bref, que le chef de l’État était en train de réinventer la roue.
Mais la réponse la plus
cinglante est venue de Berlin : une tribune signée de la main, non pas
de la chancelière Angela Merkel, sur le départ, mais de celle présentée
comme sa successeure, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK, son portrait est ici), dans le Welt am Sonntag
(ici, en allemand). Mais le porte-parole
de Merkel a bien pris soin de préciser que les propositions d’AKK étaient «
en harmonie » avec les convictions de la chancelière…
AKK s’en prend au «
centralisme européen » comme à la « communautarisation des dettes »,
en passant par « l’européanisation du salaire minimum ». Alors même
que Macron défendait, dans son « bouclier social », un salaire
minimum européen. Affront pour Paris, AKK plaide aussi pour le regroupement
du parlement européen à Bruxelles, aux dépens de Strasbourg – un dossier
bloqué depuis toujours par les Français (lire notre enquête de 2014 sur ce vieux serpent de mer).
La réplique allemande confirme
ce qu’on savait déjà : Berlin et Paris ne s’entendent pas sur les
manières de renforcer l’Europe. C’est en partie pourquoi le bilan européen
de Macron piétine depuis 2017. Elle illustre
aussi à quel point Macron affronte son premier test électoral en restant
très isolé, sans véritables alliés sur le continent.
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DANS MEDIAPART
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Nos articles
de la semaine.
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Le Parti populaire européen
(PPE) ira-t-il jusqu’au bout ? Lundi 4 mars, douze formations membres
du grand parti de la droite européenne ont demandé l’exclusion ou la
suspension du Fidesz, le parti de Viktor Orbán. Un tir groupé qui semble
fragiliser le premier ministre hongrois, mais qui ne préjuge pas du
résultat. Les Républicains français n'ont pas appuyé l'initiative. Lire la suite.
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Mensonges et intimidations sont
le lot quotidien dans les médias publics, mis en coupe réglée par les
nationaux-conservateurs en Pologne et en Hongrie. Une enquête glaçante de Corentin Léotard, à
Budapest, à lire en écho à une enquête précédente, sur la reprise en main
de la Rai italienne, par un proche de la Ligue de Salvini.
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Trois mois après avoir annoncé
sa volonté de revenir à la normale, la BCE fait demi-tour : elle
reprend une partie de sa politique monétaire accommodante pour contrer une
conjoncture européenne qui se dégrade rapidement. Les banques et la zone
euro ne se sont toujours pas remises de la crise. Elles risquent de ne pas
être en état de faire face à une récession. L'analyse de Martine Orange.
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Mediapart a donné la parole à Viviane Albenga, maîtresse
de conférences en sociologie à l'IUT Bordeaux-Montaigne et qui travaille
actuellement sur les mobilisations féministes en Espagne, pour comprendre
la spécificité des mobilisations féministes dans ce pays. Vendredi dernier,
elles étaient au moins 350 000 à défiler à Madrid et 200 000 à
Barcelone, et des centaines de milliers d'autres dans d'autres villes et
villages.
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Suite de notre travail de
veille sur l'extrême droite au pouvoir à Vienne, réalisé par Corentin
Léotard. Le gouvernement veut créer une agence fédérale responsable de la
prise en charge des demandeurs d’asile et mettre ainsi fin aux contrats des
ONG auxquelles, jusqu’à présent, était confiée cette mission. L'annonce
s’inscrit dans un contexte de tensions entre les associations pro-migrants
et le gouvernement. Notre article.
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EUROVISIONS
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Ailleurs dans
la presse internationale.
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C’est un scandale de
blanchiment d’argent russe à grande échelle, révélé le 4 mars par un média
d’investigation lituanien et un collectif de journalistes, l’OCCRP, à
partir d’une fuite de données bancaires. Celles-ci concernent
1,3 million de transactions entre 233 000 entreprises.
Dans le viseur : le suivi de
quelque quatre milliards d’euros d’argent sale, sortis de Russie sur la
période 2006-2013, et passés par des paradis fiscaux. Le résumé des
mécanismes du « lavomatic Troïka » est ici. L’article du Guardian sur les
liens du prince Charles avec l’argent russe, ici.
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Après la sortie de Marine Le
Pen la semaine dernière, affirmant que Bayer-Monsanto finance « le parti
d'Emmanuel Macron au parlement », c'est-à-dire, d'après elle, les
libéraux d'ADLE, Le Monde a enquêté sur le sujet : les centristes de
l'ADLE (auxquels le Modem ou l'UDI sont rattachés) ont reçu en 2018 quelque
122 000 euros de la part de huit multinationales et lobbys. Mais le
mécanisme est plus vaste : quelque 83 entreprises ont versé plus d'un
million d'euros au cours de la dernière mandature à cinq grands partis
politiques européens.
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DANS LE CLUB
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Nos abonnés
interviennent.
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Quand ça veut pas… Retour sur
les derniers sursauts de la crise interne à Podemos, notamment le fiasco
d'une affiche de campagne à la gloire de Pablo Iglesias, décrypté ici.
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En Pologne, un an après le
recul forcé du gouvernement conservateur pour exploiter la dernière forêt
primaire d’Europe, le parti au pouvoir Droit et Justice vient de faire
couper illégalement 10 000 arbres dans une zone naturelle classée. Le
but ? La construction d’un canal qui permettrait au pays d’accéder à la mer
Baltique sans faire passer ses navires dans les eaux territoriales
russes. À lire ici.
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UN ŒIL SUR LA RECHERCHE
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À l‘affût des
travaux universitaires.
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Récemment dans Mediapart,
Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin évoquaient la vague de contestations populaires qui a
gagné les Balkans occidentaux. Tout juste paru dans le Journal of
European Public Policy, un article universitaire signé par Solveig
Richter et Natascha Wunsch jette une lumière dérangeante sur la politique
de conditionnalité pratiquée par l’Union européenne (UE) à l’égard de
ces pays. En échange d’une perspective d’adhésion, ceux-ci doivent mettre
en œuvre un certain nombre de réformes censées les transformer en
authentiques démocraties libérales.
Ces dernières années, leurs
performances démocratiques ont cependant été médiocres — Florian Bieber, dans un autre article publié par East
European Politics, identifie même une nouvelle génération d’« autoritarisme
compétitif ». Or, cela ne s’explique guère par des
résistances domestiques aux exigences européennes. Au contraire, les deux
chercheuses font le constat d’un découplage entre les réels progrès
enregistrés sur les critères d’adhésion, et la stagnation, voire le déclin
des performances démocratiques.
Elles affirment que ce découplage
est dû au fait que le processus d’adhésion a renforcé la « captation
de l’État » par des intérêts privés qui se subordonnent les
circuits de décisions et les institutions publiques. Même si la politique
de conditionnalité ne recherche pas, ni n’est à l’origine de cette
captation de l’État, ses mécanismes n’aident pas du tout à la contrecarrer.
Les auteures pointent notamment
un processus qui légitime des élites corrompues, leur donne la main sur des
programmes n’impliquant aucun contre-pouvoir, et maximise les risques en
exigeant des réformes pro-marché à un stade très précoce de libéralisation
du système politique. Pour Richter et Wunsch, il faudrait surtout augmenter
le pouvoir des parlements nationaux et l’influence et de la société
civile.
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À l'approche des élections
européennes, en mai 2019, et de la sortie de l'UE du Royaume-Uni, prévue en
mars prochain, Mediapart lance une newsletter hebdomadaire spéciale Europe,
chaque lundi. Pour tout comprendre aux crises qui fissurent le continent.
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La newsletter #20 a été
réalisée par Ludovic Lamant et Fabien Escalona. Vous souhaitez nous
faire des retours ? Vous pouvez écrire
à : ludovic.lamant@mediapart.fr
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