LE
CANADA, PAYS SI JEUNE
Mais habité
depuis plus de 10 000 ans
Daniel Paquet
MONTRÉAL - On estime que les Premières nations (les peuples
autochtones : Amérindiens et Inuit), sont arrivés d’Asie depuis cette
période en franchissant la surface gelée du Pacifique Nord. À l’Est, les peuples Européens (Normands et
Europe de l’Ouest : France, Irlande, Portugal, etc.) sont venus plus récemment
pour pêcher (la morue) plus généralement sans établir de colonies fixes.
Les Français se sont établis avec Jacques Cartier en 1534 et Champlain
en 1608. Les fourrures constituaient le
principal attrait. Mais pas le
seul. Les guerres entre Européens et
Asiatiques avaient fermé l’accès vers la Chine et les marchands notamment
cherchaient une nouvelle voie vers l’Ouest pour conserver leurs marchés :
or et épices.
Les Français se sont établis dans ce qu’on a appelé ensuite l’Amérique
française : une bonne partie de l’Amérique du Nord, y compris les actuels
États-Unis et la Nouvelle-France, avec Québec comme capitale coloniale. Dans les années 1760, la guerre entre
l’Angleterre et la France entraîna pour la France la perte de ses colonies
d’Amérique du Nord (excepté deux
îles : St-Pierre et Miquelon, près de Terre-Neuve. Le Canada fut divisé en quatre colonies
britanniques : Nova Scotia, New Brunswick, Ontario et Québec. Avec le développement du capitalisme et la
révolution industrielle, il devint impérieux pour les marchands anglais du
Canada de s’unir et de protéger ensemble des raids des Fenians (Irlandais
immigrés aux USA); ils fondèrent en 1867 le Dominion du Canada.
En 2017, on célèbre 150 ans d’existence de ce jeune pays. Voyons comment se passèrent les choses vers
la mi-19ème siècle dans la mère-patrie (la Grande-Bretagne) et dans
le Canada. D’après le manuel d’Histoire générale du Canada, « le
dynamisme de la Grande-Bretagne dans la construction ferroviaire des années
1840 s’explique par l’énorme accumulation de capital qu’a engendrée la
révolution industrielle des cinquante années précédentes. Quand il devient évident qu’il est rentable
d’investir dans les chemins de fer, on c herche des débouchés à l’étranger, en
France, aux États-Unis et, surtout, en Amérique du Nord britannique. (…) Au Canada, la construction des chemins de
fer ne se fait pas dans les mêmes conditions
qu’en Grande-Bretagne où les coûts de la main-d’œuvre sont basés sur du travail
douze mois par année, fourni par des itinérants mal payés. Au Canada tout travail s’arrête en novembre,
toute construction doit tenir compte du gel intense, la main-d’œuvre est à la
fois moins productive et plus coûteuse. »[1] Le Canada capitaliste est en plein essor, à
l’image de la Grande-Bretagne où s’est réfugié un jeune Allemand, Karl Marx,
qui avec son camarade Friedrich Engels, a été mandaté pour rédiger le Manifeste du Parti communiste. Voici ce que dit entre autres ce
document : « La découverte de l’Amérique, le tour du cap de
Bonne-Espérance ont ouvert à la bourgeoisie montante un champ d’action
nouveau. Les marchés des Indes
Orientales et de la Chine, la colonisation de l’Amérique, le commerce avec les
colonies, l’accroissement des moyens d’échange et des marchandises en général
ont donné au négoce, à la navigation, à l’industrie un essor qu’ils n’avaient
jamais connu et entraîné du même coup le
développement rapide de l’élément révolutionnaire dans la société féodale
chancelante. (…) La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la
découverte de l’Amérique. Le marché
mondial a donné un immense développement au commerce, à la navigation, aux communications
terrestres. Ce développement a réagi à son tour sur l’extension de l’industrie
et à mesure que l’industrie, le commerce, la navigation et les chemins de fer
prenaient de l’extension, la bourgeoisie se développait, elle accroissait ses
capitaux, elle rejetait à l’arrière-plan toutes les classes héritées du Moyen
Âge. »[2]
Ce bouleversement économique n’avait pas encore eu lieu en Russie; ce
qui faisait dire à Joseph Staline en mai 1935 : Vous savez que nous avons
hérité du vieux temps un pays à technique
arriérée, un pays misérable, ruiné.
Ruiné par quatre années de guerre impérialiste, ruiné encore par trois
années de guerre civile, un pays avec une population à demi illettrée, une
technique inférieure, avec quelques îlots d’industrie noyés au milieu d’un
océan d’infimes exploitations paysannes – tel était le pays que nous avions
hérité du passé. La tâche consistait à
faire passer ce pays de la sombre voie
médiévale dans la voie de l’industrie moderne et de l’agriculture mécanisée. Tâche sérieuse et difficile, comme vous le
voyez. La question se posait
ainsi : ou bien nous
accomplirons cette tâche dans le plus bref délai et affermirons le socialisme
dans notre pays, ou bien nous ne l’accomplirons
pas, et alors notre pays techniquement faible et arriéré au point de vue
culturel, perdra son indépendance et deviendra l’enjeu des puissances
impérialistes. (…) Il fallait créer une industrie de premier ordre. Il fallait l’orienter de façon à la rendre
apte à réorganiser techniquement non seulement l’industrie, mais aussi
l’agriculture, mais aussi nos transports ferroviaires. Pour cela, il fallait s’imposer des sacrifices
et réaliser en toute chose la plus stricte économie; il fallait économiser et
sur l’alimentation, et sur les écoles, et sur les tissus, pour accumuler les
fonds nécessaires à la création de l’industrie.
(…) Vous savez que nous nous
sommes acquittés de cette tâche… »[3]
Les gentils loustics iront de cette remarque : eh oui, mais l’URSS
s’est effondrée! En fait depuis le décès
de Joseph Staline en 1953, on peut plutôt dire que même avec une base
socialiste, l’économie soviétique est redevenue capitaliste et bien avant la
« chute » du Mur de
Berlin. Plus encore, c’est une très
grande partie du monde qui a été menacé –si ce n’eut été de l’Armée rouge et
Staline – par le nazisme.
Le philosophe français Georges Gastaud dit à ce sujet dans un de ses
ouvrages : « Rappelons d’abord
que le fascisme des années trente ne fut pas seulement la réponse ‘ à chaud’ de
la bourgeoisie à la révolution prolétarienne montante; comme Dimitrov l’a
montré dans son rapport au VIIème congrès du Komintern, le fascisme a tout
autant résulté de la défaite de la révolution spartakiste en Allemagne et de la
contre-attaque bourgeoise qui s’en est suivie.
Or, nous sortons d’une défaite historique mondiale de la classe
ouvrière. Le fascisme est le frère de
lait de la contre-révolution, le fils aîné de l’anticommunisme. Ceux qui veulent sincèrement combattre le
fascisme doivent donc commencer par refuser l’anticommunisme, cesser de
diaboliser le passé soviétique du socialisme.
Car si l’on peut être antifasciste sans être communiste, il est
impossible à un anticommuniste d’être un antifasciste conséquent. »[4]
Les gens bien « branchés » déclareront que le nazisme et le
fascisme en général, ça ne peut plus
exister puisque Adolf Hitler est bel et bien mort. Oui, mais ses idées et ses conceptions
politiques et économiques le sont-elles? (cf. son Mein Kampf). Même, les
économistes bourgeois commencent à s’inquiéter des projets de Donald Trump sur
ce terrain. « Comme l’a indiqué la
Banque (du Canada) dans des livraisons antérieures du Rapport (sur la politique monétaire), les événements récents dans
certaines économies avancées, notamment aux États-Unis, donnent à penser que
les politiques de commerce extérieur (i.e. protectionnisme) pourraient devenir
plus restrictives. Le scénario de
référence de la Banque tient uniquement compte de l’incidence estimative
qu’aurait une incertitude élevée et persistance liée aux politiques de commerce
extérieur sur les échanges et les investissements au pays et dans le
monde. La portée et l’ampleur
d’éventuelles nouvelles mesures américaines en matière de commerce extérieur
constituent une importante source d’incertitude. (…) En outre, la Banque s’attend maintenant à ce
que l’incertitude entourant la politique de commerce extérieur des États-Unis
freine le redressement de la croissement des échanges et des investissements à
l’échelle mondiale. » [5]
Bon, n’allez pas vous jeter au bas du pont… Il s’agit d’être conscient et circonspect
dans vos lectures quelles qu’elles
soient, y compris les blogs dont voici
les adresses :
La Nouvelle Vie Réelle www.lnvr.blogspot.com
Communist
News www.dpaquet1871.blogspot.com
marxistas-leninistas
latinas hojas www.ma-llh.blogspot.com
Archives: La Vie Réelle www.laviereelle.blogspot.com
Pour la KOMINTERN now ! www.pourlakominternnow.blogspot.com
[1] Sous la direction de Craig Brown, Éditions française dirigée par
Paul-André Linteau, Les Éditions du Boréal, Montréal, 1988, page 341-342
[2] Flammarion, Paris,
2008, pages 229-230
[3] Discours prononcé au Palais du Kremlin à l’occasion de la promotion des
élèves des Écoles supérieures de l’Armée rouge, le 4 mai 1935, Les questions du léninisme,
Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, pages 780-782
[4] Mondialisation capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, page248
[5] L’économie mondiale,
Ottawa, avril 2017, page 3
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