Pour
un changement de pouvoir
Scrutin
proportionnel ou fin du parlementarisme?
À l’occasion des élections présidentielles du 8
novembre 2016 aux U.S.A.
Daniel Paquet dpaquet1871@gmail.com
Au Canada, nous vivons
sous le régime du parlementarisme, hérité de l’Empire britannique, de la
période coloniale, marqué par la fondation du pays en 1867 (l’anniversaire du
pays sera d’ailleurs célébré en 2017), soit depuis 150 ans. En pratique, nous avons connu l’alternance de
deux partis politiques : le Parti libéral et le Parti conservateur. Ces années-ci, il semble y avoir du nouveau
puisque le parti social-démocrate en titre, le Nouveau Parti Démocratique (NPD)
est aux portes du pouvoir; et il fait
des pieds et des mains pour que la Chambre des Communes adopte une façon
nouvelle d’élire le Parlement, i.e. des élections législatives par scrutin
proportionnel.
En plus de leur
désabusement, les travailleurs et les jeunes désertent les isoloirs des bureaux
de scrutin. Il semble que ce soit
surtout les jeunes; prenons le cas du Québec.
« … la
participation des jeunes diminue à la grandeur de la province, et l’écart entre
la participation des 18-34 ans et des 35 ans et plus devient plus important.
‘L’écart était de cinq à six points en 1985 entre les plus jeunes et les plus
vieux. Il est aujourd’hui d’environ 10
points… Ce déclin s’inscrit dans le contexte d’une baisse généralisée du taux
de participation électorale, observée au Québec et dans le monde. (…)
Parce que si le jeune n’exerce pas son droit de vote à 18 ans, la probabilité est très élevée
qu’il ne vote pas aux élections subséquentes. (…) Les moyens techniques, comme
l’accessibilité aux bureaux de vote à même les universités et les cégeps, est
aussi un facteur déterminant. (Le directeur des élections du Québec, Pierre
Reid) (…) propose l’idée d’impliquer les
employeurs pour rejoindre les jeunes qui sont sur le marché du travail, et
d’organiser des rencontres où des anciens élus peuvent discuter de leurs
expériences avec les jeunes. »[1]
« Mais la
politique qu’il faut faire c’est la politique ouvrière; il faut que le parti
ouvrier (au Canada en général et au Québec en particulier, il n’existe pas
encore de parti communiste de masse, -ndlr) soit constitué non comme la queue
de quel que parti bourgeois, mais bien en parti indépendant (même petit, -ndlr)
qui a son but, sa politique à lui. Les libertés politiques, le droit de réunion
et d’association et la liberté de la presse, voilà nos armes, et nous devrions
croiser les bras et nous abstenir si l’on veut nous les ôter? On dit que tout acte politique implique qu’on
reconnaisse l’état existant des choses.
Mais lorsque cet état des choses nous donne des moyens pour protester
contre lui, user de ces moyens ce n’est pas reconnaître l’état existant. »[2]
« Mais la classe
ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’État
et de la faire fonctionner pour son propre compte. Le pouvoir centralisé de l’État, avec ses
organes, partout présents : armée permanente, police, bureaucratie, clergé
et magistrature, organes façonnés selon un plan de division systématique et hiérarchique
du travail, date de l’époque de la monarchie absolue, où il servait à la
société bourgeoise naissante d’arme puissante dans ses luttes contre le
féodalisme. »[3]
Ce point de vue a été
repris plus tard par Joseph Staline qui a écrit : « La révolution bourgeoisie se borne à
remplacer au pouvoir un groupe d’exploiteurs par un autre groupe d’exploiteurs;
aussi n’a-t-elle pas besoin de briser la vieille machine d’État; tandis que la
révolution prolétarienne écarte du pouvoir tous les groupes d’exploiteurs,
quels qu’ils soient, et porte au pouvoir le chef de tous les travailleurs et
exploités, la classe des prolétaires; aussi ne peut-elle se passer de briser la
vieille machine d’État et de la remplacer par une nouvelle. »[4]
En France, les
travailleurs, depuis quelques années, se sont interrogés sur la possibilité de
former un gouvernement avec la participation du Parti socialiste et du Parti
communiste.
« Un tel
gouvernement aurait pour tâche de prendre des mesures démocratiques
brisant la puissance des trusts capitalistes, taxant sévèrement le capital et
la spéculation, détruisant la puissance du fascisme, apportant satisfaction aux
principales revendications ouvrières, relançant les services publics, restaurant
la souveraineté nationale. Ces réformes
démocratiques ne constituent nullement le socialisme. Mais elles peuvent en préparer l’avènement en
renforçant la classe ouvrière, en affaiblissant son adversaire, en aiguisant la
lutte de classe. C’est en ce sens
seulement qu’une démocratie avancée peut constituer un pas vers le socialisme. En aucune façon elle ne s’y substitue
puisqu’à ce stade subsistent encore l’essentiel de la propriété capitaliste, la
domination du marché, le gros de l’appareil de l‘État bourgeois. D’autre part le gouvernement populaire ne
saurait se substituer au mouvement populaire
qui, en toutes circonstances, sous l’impulsion du parti révolutionnaire, et doit
resté le centre de gravité de l’action révolutionnaire. Une question de principe décisive à cet égard
est celle de l’armement du peuple. On
mesure à cela quelle pente réactionnaire il nous faudra remonter puisque Chirac, relayé par l’actuel ministre
PS de la défense, est en train de liquider la conscription républicaine. (…) En
outre, les travailleurs ne peuvent se situer dans l’unique perspective de la
constitution d’un gouvernement d’union populaire par des voies
électorales. Des crises
révolutionnaires peuvent surgir et déjà, on l’a bien vu en décembre, ‘ceux d’en
bas’ ne veulent plus obéir comme avant, et ‘ceux d’en haut’ ont du mal à
gouverner comme avant : la dissolution anticipée de l’Assemblée en témoigne. »[5]
Le passage au
socialisme ne peut réellement se faire sans la dictature du prolétariat.
« La dictature du prolétariat a ses périodes,
ses formes particulières, ses diverses méthodes de travail. En période de guerre civile, ce qui saute
particulièrement aux yeux, c’est le côté violent de la dictature. Mais il ne s’ensuit nullement que, dans la
période de guerre civile, il ne se fasse
aucun travail d’édification. (…) Dans la
période de construction du socialisme, au contraire, ce qui saute particulièrement
aux yeux, c’est le travail paisible, organisateur, culturel de la dictature, la
légalité révolutionnaire, etc. »[6]
« Les leviers ou
courroies de transmission, ce sont ces mêmes organisations de masse du
prolétariat, sans l’aide desquelles il est impossible de réaliser la
dictature. »[7] Ici, Staline, avait en vue les syndicats
ouvriers, les Soviets (ou Conseils liés à la population en général), les coopératives,
l’Union des jeunesses et le Parti communiste.
« Il faut noter
encore qu’Engels est tout à fait catégorique lorsqu’il qualifie le suffrage
universel d’instrument de domination de la bourgeoisie. Le suffrage universel, dit-il, tenant
manifestement compte de la longue
expérience de la social-démocratie allemande, est : ‘… l’indice qui permet
de mesurer la maturité de la classe ouvrière.
Il ne peut être rien de plus, il
ne sera jamais rien de plus dans l’État actuel.’ »[8]
Mais, advenant
l’élection d’un gouvernement révolutionnaire, des changements auront lieu, et
rapidement :
« Électivité complète, révocabilité à tout moment de tous les fonctionnaires sans exception, réduction de leurs traitements au niveau d’un ‘salaire d’ouvrier’ normal, ces mesures démocratiques simples et ‘allant de soi’, qui rendent parfaitement solidaires les intérêts des ouvriers et de la majorité des paysans, servent en même temps de passerelle conduisant du capitalisme au socialisme. Ces mesures concernent la réorganisation de l’État, la réorganisation purement politique de la société, mais elles ne prennent naturellement tout leur sens et toute leur valeur que rattachées à la réalisation ou à la préparation de l’ ‘expropriation des expropriateurs’, c’est-à-dire avec la transformation de la propriété privée capitaliste des moyens de production en propriété sociale.
« Électivité complète, révocabilité à tout moment de tous les fonctionnaires sans exception, réduction de leurs traitements au niveau d’un ‘salaire d’ouvrier’ normal, ces mesures démocratiques simples et ‘allant de soi’, qui rendent parfaitement solidaires les intérêts des ouvriers et de la majorité des paysans, servent en même temps de passerelle conduisant du capitalisme au socialisme. Ces mesures concernent la réorganisation de l’État, la réorganisation purement politique de la société, mais elles ne prennent naturellement tout leur sens et toute leur valeur que rattachées à la réalisation ou à la préparation de l’ ‘expropriation des expropriateurs’, c’est-à-dire avec la transformation de la propriété privée capitaliste des moyens de production en propriété sociale.
‘La Commune (de Paris,
en 1871), écrivait Marx, a réalisé ce mot d’ordre de toutes les révolutions
bourgeoises, le gouvernement à bon marché, en abolissant les deux grandes
sources de dépenses : l’armée permanente et le fonctionnarisme.’
« Un organisme
‘non parlementaire mais agissant’, voilà qui s’adresse on ne peut plus directement
aux parlementaires modernes et aux ’toutous’ parlementaires de la social-démocratie! Considérez n’importe quel pays parlementaire, depuis l’Amérique, jusqu’à la
Suisse, depuis la France jusqu’à l’Angleterre, la Norvège, etc. la véritable
besogne d’ État’ se fait dans la coulisse; elle est exécutée par les départements,
les chancelleries, les états-majors.
Dans les parlements on ne fait que bavarder à seule fin de duper le ‘bon peuple’. »[9]
Même si la situation
peut sembler insoluble, critique et dramatique (envenimée par les guerres
nombreuses de l’impérialisme US,
relayées par l’OTAN; les épidémies ; la famine et la pauvreté endémiques, etc.),
il y a de l’espoir, ne serait-ce qu’au
Canada. Et ça répond à une
façon d’Engels de voir les choses :
« On peut
concevoir que la vieille société pourra évoluer pacifiquement vers la nouvelle
dans les pays où la représentation populaire concentre en elle tout le pouvoir
où, selon la constitution, on peut faire ce qu’on veut, du moment qu’on a derrière
soi la majorité de la nation; dans des républiques démocratiques comme la
France et l’Amérique, dans des monarchies comme l’Angleterre, où le rachat imminent
de la dynastie est débattu tous les jours dans la presse, et où cette dynastie
est impuissante contre la volonté du peuple. »[10]
« Une chose
absolument certaine, c’est que notre Parti et la classe ouvrière ne peuvent
arriver à la domination que sous la forme de la république démocratique. Cette dernière est même la forme spécifique
de la dictature du prolétariat, comme l’a déjà montré la grande Révolution
française. »[11]
« Le jour où je
vais voter pour moi, ton recomptage
prendra des mois… »
- Gilles Vigneault (Lettre de Ti-Cul Lachance à son Premier sous-ministre)
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[1] Chevalier, Andréanne, Le déclin du
vote des jeunes affecte davantage les régions éloignées, Métro, Montréal,
lundi 31 octobre 2016, page 6
[2] Engels, Friedrich, Œuvres
choisies, tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1978, pages 260-261
[3] Marx, Karl, Œuvres choisies, tome
2, Éditions du Progrès, Moscou, 1978, page 230
[4] Staline, Joseph, Les questions du
Léninisme, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1977, page 171
[5] Gastaud, Georges, Mondialisation
capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, pages
278-279
[6] Ibidem, Les questions du Léninisme, pages 179-180
[7] Ibidem, Les questions du Léninisme,
page 181
[8] Lénine, V.I., Œuvres choisies,
tome 2, Éditions du Progrès, Moscou, 1968, page 298
[9] Ibidem, Œuvres choisies, tome 2,
pages 321-323
[10] Engels, Friedrich, Critique du
programme d’Erfurt, Éditions sociales, Paris, 1966, page 101
[11] Ibidem, Critique du programme
d’Erfurt, page 103
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