Le
dernier baiser?
Quand
l’impérialisme yankee croit avoir détruit le mouvement communiste
international…
Daniel
Paquet dpaquet1871@gmail.com
Communist News www.dpaquet1871.blogspot.com
Pourtant en mai 1945,
n’était-ce pas la victoire sur l’Allemagne nazie? Et on repartit de plus belle ; cette fois
dans une guerre froide qui ne s’est même
pas terminée, même au lendemain de la destruction de la frontière d’État à Berlin (que l’on nomma effrontément le Mur de
Berlin, - à l’Ouest). Ce n’était plus la
guerre d’État contre État, mais bien la lutte des classes mise à nue entre
l’impérialisme US contre les forces du socialisme (personnifiée
d’une part par les États-Unis et ses Alliés en Europe, avec l’OTAN ; et de
l’autre par l’Union soviétique, les jeunes démocraties populaires d’Europe à l’Est, ainsi que le mouvement de libération
nationale et le prolétariat des pays de l’Occident plus généralement.
Malgré tout, il y avait tout de même de l’euphorie dans
l’air. Le présent, l’avenir, tout
semblait indiquer une émancipation rapide du genre humain. Trente ans après la capitulation du régime
hitlérien, la gauche prenait électoralement le pouvoir au Chili ; un souffle nouveau pour les peuples de l’Amérique latine que les
États-Unis avaient affirmé comme devant être leur ‘cour’ arrière. Flairant le danger de cette magnifique
réussite de la majorité du peuple chilien, Fidel Castro (lider maximo de la république
cubaine) recommande au président de
l’État andin d’armer le peuple. Salvador
Allende décline le conseil. Néanmoins,
la CIA et les officines du pouvoir
national, dont l’État-major (sous
la gouverne d’Augusto Pinochet) se prépare.
Eh oui, un complot était ourdi contre la toute jeune république socialiste. Et rien n’avait été laissé au hasard :
étude du mouvement ouvrier (pouvoir d’achat en déclin, spéculation, grogne chez
les consommateurs, etc.), harcèlement et diffamation par les mass média chiliens, blâmes sévères de la bourgeoisie,
etc. Bref, rien n’avait été laissé au
hasard (les hypothèses, toutes les équations, en somme, mises à l’épreuve par
de savants calculs de puissants ordinateurs, y compris la contre-performance
des travailleurs du transport chilien
(plongés dans une grève fratricide).
L’extrême droite avait même prévu, puisque la gestion étatique de
l’économie n’était pas le fort des militaires, de confier le retour au
capitalisme et son renforcement aux ‘ Chicago Boys’ prêts à remettre l’économie du Chili
sur ‘ses rails’, entendre ici sur la voie du développement capitaliste dans le
giron impérialiste américain. Le Coup
d’État eut lieu le 11 septembre 1973.
La lutte des
classes à l’échelle planétaire s’est
déplacée en Asie ; en 1975, le
mouvement patriotique vietnamien l’emporte sur la mouvance réactionnaire des États-Unis et de
leurs suppôts locaux. Quelle déchéance
pour l’impérialisme US ; il venait de démontrer qu’on pouvait le vaincre
et refouler ses prétentions hégémoniques.
L’enjeu capital à venir eut lieu en Europe, le premier signal avait
certes été donné en Tchécoslovaquie en 1968 ; malgré tout ce que proclameront les mass média
internationaux, les troupes du Traité de
Varsovie (principalement de l’URSS), se masseront à la frontière avec l’Occident, face à l’OTAN, et non pas principalement à Prague, la capitale. Un
coopérant soviétique se rappelle avoir dit à un groupe d’agriculteurs
tchécoslovaques que le mouvement
d’inimitié antisoviétique leur offrait
dès à présent la chance de se ‘débarrasser’ des Russes. Ils refusèrent tout net.
La Pologne prit
le relais dans les années 1980. Evidemment,
certains dirigeants polonais optèrent pour l’indifférence : ‘mais tout va
bien chez nous !’, dirent-ils ; même à leurs camarades d’autres
partis communistes. Ce n’était pas le
cas. Il va de soi que la bataille
engagée n’avait pas pour terrain de lutte l’opposition de l’Église catholique
au régime socialiste. Jamais, les
communistes où qu’ils soient ont fait de la lutte contre le pouvoir religieux
l’enjeu de leurs batailles. Mais il y
avait des dysfonctionnements économiques et les travailleurs de Pologne étaient
laissés sur leur appétit par un gouvernement qui leur avait toutefois beaucoup
promis. Pendant ce temps, la machine à
complots et - à sédition- nord-américaine, la CIA, était à l’œuvre. En l’espace de quelques années, jusqu’à
l’arrivée des réactionnaires au pouvoir en Union soviétique, tout tomba…
Quel chaos ! Le dernier baiser, comme le chante Serge
Lama ? L’URSS chavira et entraîna
dans sa suite les partis communistes du monde entier, les mouvements sociaux
(pour la paix, l’émancipation des femmes et des jeunes, etc.) Oui, tout ! Ce fut le désarroi, le repli sur soi
individualiste, le rejet des valeurs socialistes. On jeta le bébé avec l’eau du bain. La petite-bourgeoisie qui peuplait les forces de gauche prit le
dessus ; imposa sa désinvolture,
son cynisme et son goût des modes sordides et passagères ; dont le ‘cocooning’. Il y eut des camarades qui perdirent foi en tout ce qu’ils avaient
cru jusqu’alors ; il y eut des progressistes qui sombrèrent dans la
drogue, l’alcool et la déchéance la plus abjecte ; il y eut des même des communistes qui
perdirent la raison et leur équilibre mental.
Oh mes vieux, ce fut une débandade catastrophique.
Mais ici et là,
puisque les faits sont têtus, des démocrates osèrent dire non à la déliquescence
fétide. L’impérialisme pouvait assommer les consciences humaines, mais il ne pouvait
satisfaire les besoins obstinés des populations. Au Chili, une jeune communiste, dans les
années 2000, se fit la porte-parole d’un grand mouvement de protestation de la
jeunesse contre les élites en place ; Hugo Chavez instaura un
gouvernement progressiste au Venezuela.
Même si fondamentalement, les structures centenaires des dirigeants ne
changèrent pas dans les pays arabes, la jeunesse de Tunisie et d’Égypte
protestèrent et eurent en partie raison sur les classes dominantes dans leur
pays. En Amérique du Nord, la jeunesse
contesta (abord à New York) les autorités des ‘marchés financiers’ :
banques, fiducies, etc. ; un
mouvement qui engendra une forte solidarité sur le continent. Au Québec, les associations étudiantes
entraînèrent jusqu’à une bonne partie de la population dans le ‘printemps
érable’ qui réunit même à Montréal plus
de 200 000 manifestants… dans la rue ; en France en 2009, le premier
mai fut souligné par plus de 1, 6 million de travailleurs. Et ils se faisaient la bise… Sacré camarades !
C’était une
guerre d’escarmouches. C’est encore u ne
guerre d’escarmouches. Les grands
milieux patronaux ne pouvaient endiguer toutes ces tentatives de changement,
aussi, ils adoptèrent des
tactiques nouvelles. Ainsi de grands
milliardaires haranguèrent les foules à New York pour leur donner raison ; les mass média
offrirent leurs micros aux leaders de jeunesse et tentèrent d’amadouer les
jeunes dans leur ensemble. Ils leur
donnèrent du ‘temps de glace’ (comme le disent les aficionados du hockey). Le hic : la division et la confusion
dans l’espace communiste, conséquence de la ‘chute du Mur de Berlin’. Toutefois des voix d’unité se firent
entendre ; la situation commandait
le rassemblement et l’imputabilité collective face à l’Histoire.
« Naturellement
il ne faut pas revenir à des formes autoritaires d’organisation du Mouvement
communiste international avec un ‘parti-guide’ s’imposant au reste du mouvement. La démocratie communiste et l’égalité doivent
inspirer cette renaissance. Néanmoins, nous avons vu que la coordination
mondiale de la contre-révolution avait joué un grand rôle dans la victoire
obtenue sur le système socialiste. Nous
avons également constaté que le mouvement communiste international, désarticulé
par les sécessions successives de la Yougoslavie, de la Chine et de l’eurocommunisme,
avait affronté en ordre dispersé
l’assaut mondial livré parles forces antisoviétiques ’ internes’ et ‘externes’
coalisées. Mais les fonctions d’un mouvement communiste international rénové et ressourcé
ne se limiteront pas à l’entraide face à la réaction. Par essence, chaque lutte nationale est
immédiatement et intrinsèquement une lutte internationale puisque l’avenir
commence partout, en ce sens du moins que chaque rupture local un peu forte
peut déstabiliser l’ensemble de la domination. »[1]
Si, les
communistes semblent évanouis quelque part ‘dans la nature’, la droite, elle,
refroidie par les tentatives populaires, n’entend pas laisser au hasard l’avenir,
son avenir.
« Lors d’une
conférence de presse à la Maison-Blanche, M. Obama a affirmé que les relations
extérieures et les politiques dépassaient les individus occupant le prestigieux
poste de président, ajoutant que les responsables militaires, les diplomates et
les agences de renseignement coopéreraient avec leurs homologues étrangers
comme auparavant. Au sujet de sa
rencontre avec M. Trump, M. Obama a dit que le président désigné avait
exprimé un ‘grand intérêt dans le
maintien des principales relations stratégiques’, incluant des partenariats
solides au sein de l’OTAN. (…) Il a tenu à dire qu’il s’affairerait à renforcer
l’économie américaine dans ses deux derniers mois au pouvoir, afin que ‘la voiture soit en assez bon état’ lorsqu’il
remettra les clés à M. Trump et son équipe. »[2]
« Le nombre
des prolétaires et leur misère
s’accroissent de plus en plus. Cela,
affirmé d’une façon aussi absolue (!), n’est
pas exact. Il est possible que
l’organisation des travailleurs, leur résistance toujours croissante opposent
une certaine digue à l’accroissement de la misère. Mais ce qui grandit certainement, c’est l’incertitude de l’existence. »[3]
« La société
bourgeoise moderne, issue de la ruine de la société féodale, n’a pas aboli les
oppositions de classes. Elle n’a fait
que substituer aux anciennes des classes nouvelles, des conditions d’oppression
nouvelles, de nouvelles formes de lutte.
Notre époque, l’époque de la bourgeoisie, a cependant pour signe
distinctif qu’elle a simplifié les oppositions de classes. La société entière se scinde de plus en plus en deux grands camps hostiles,
en deux grandes classes qui se font
directement face : la bourgeoisie et le prolétariat. »[4]
L’impérialisme
est toujours aux commandes de l’économie mondiale, mais il a des défis de
taille. « En particulier, ces dix
dernières années, le secteur manufacturier chinois a fabriqué un éventail de
plus en plus grand de produits en Chine même, il s’est donc moins spécialisé dans l’assemblage et le
traitement d’intrants importés et a réduit l’importance des chaînes
d’approvisionnement mondiales. (…) La
faiblesse de l’économie mondiale a constitué également un des principaux
facteurs du recul de la croissance du commerce international. Parmi eux, l’un des plus importants est l’atonie
des investissements, qui s’explique par une combinaison de facteurs structurels
et cycliques. Le ralentissement de la
croissance des investissements à l’échelle
mondiale – composante de la demande fortement dépendante des échanges –
s’observe depuis 2012, et
particulièrement aux derniers trimestres. L’accroissement des investissements privés
reste modéré dans bien des économies avancées, surtout aux États-Unis. (…) L’étroite relation unissant l’anémie des échanges et la
faiblesse des investissements est sans doute un facteur important dans le ralentissement
de la productivité et de la croissance de la production potentielle, qui persiste
depuis la crise financière mondiale. »[5]
Nous sommes déjà
entrés à l’heure des technologies nouvelles et à l’ère des chamboulements engendrés
par les plus récentes découvertes et inventions dans la sphère des
communications. Sans renier le bon vieux
téléphone, l’utile télécopieur ou encore la télévision et la radio, on peut
dire qu’Internet s’impose, avec les
réseaux mondiaux et sociaux.
Fort à
propos, on doit aborder la crise interne du mouvement communiste
international. Devons-nous attendre que
la crise s’approfondisse et que les masses
se tournent vers les partis
communistes nationaux ? Ou plutôt,
pourquoi ne pas développer cette splendide idée parisienne à l’effet qu’en
gardant tous nos acquis, et surtout l’héritage idéologique du
marxisme-léninisme, on ne sublime pas nos efforts politiques et idéologiques vers un fonctionnement de notre XXième siècle, c’est-à-dire que tout
en conservant les traditions des grands congrès réguliers ; i.e. les rencontres à l’instar des sommets soviétiques ou à la
chinoise, on ne fasse pas de chaque jour un congrès extraordinaire par le
truchement de nos ordinateurs,
portables et autres ‘bidules’
électroniques à l’échelle planétaire.
Les grandes lignes de nos programmes
seraient arrêtées lors de
réunions internationales et nationales et relayées dans notre quotidien
pour engager le combat vers plus de démocratie et le socialisme. Si les Britanniques
ont pu dire que le soleil ne se couchait jamais sur leur Empire, le mouvement
communiste international pourra enfin affirmer que si le soleil se lève à l’Est, il ne se
couche, lui, jamais !
En somme, à la
vitesse lumière, on saura ce qu’il en est à Moscou, à Paris, à Pékin, à
New York, etc. et bien sûr à
Montréal. Nous avons la possibilité de
parler plusieurs langues, faisons-en un bon
usage. « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
« (La) subordination
des individus à des classes déterminées ne peut être abolie tant qu’il ne s’est
pas formé une classe qui n’a pas plus à
faire prévaloir un intérêt de classe
particulier contre la classe dominante.
Les individus sont toujours partis d’eux-mêmes, naturellement pas de
l’individu ‘pur’ au sens des idéologues, mais d ‘eux-mêmes dans le cadre de
leurs conditions et de leurs rapports dans le cadre de leurs conditions et de
leurs rapports historiques donnés. Mais
il apparaît au cours du développement historique, et précisément par l’indépendance qu’acquièrent les rapports sociaux, fruit inévitable
de la division du travail, qu’il y a une différence entre la vie de chaque
individu, dans la mesure où elle est personnelle, et sa vie dans la mesure où
elle est subordonnée à une branche
quelconque du travail et aux conditions inhérentes à cette branche. (…) La différence entre l’individu personnel
opposé à l’individu en sa qualité de membre d’une classe, la contingence des
conditions d‘existence pour l’individu n’apparaissent qu’avec la classe qui est elle-même un produit de la
bourgeoisie. C’est seulement la
concurrence et la lutte des individus entre eux qui engendrent et développent
cette contingence en tant que telle. Par
conséquent, dans la représentation, les individus sont plus libres sous la
domination de la bourgeoisie qu’avant,
parce que leurs conditions d’existence leur sont contingentes ; en réalité
ils sont naturellement moins libres parce qu’ils sont beaucoup plus subordonnés
à une puissance objective. La différence
avec l’ordre apparaît surtout dans l’opposition entre bourgeoisie et
prolétariat. (…) La contradiction entre
la personnalité du prolétaire en particulier, et les conditions de vie qui lui
sont imposées, c’est-à-dire le travail, lui apparaît à lui-même, d’autant plus qu’il
a déjà été sacrifié dès sa prime jeunesse et qu’il n’aura jamais la chance
d’arriver dans le cadre de sa classe aux conditions qui le feraient passer dans
une autre classe. (…) Ils se trouvent,
de ce fait, en opposition directe avec la forme que les individus de la société
ont jusqu’à présent choisie pour expression d’ensemble, c’est-à-dire en
opposition avec l’État et il leur faut renverser cet État pour réaliser leur
personnalité. »[6]
Comme on l’a vu
plus récemment, la jeunesse grecque et la jeunesse espagnole se sont
mobilisées, notamment en Grèce avec le
KKE (Parti communiste de Grèce) pour faire valoir leurs droits. Il en sera sûrement ainsi de part et d’autre de notre globe.
Archives :
La Vie Réelle www.laviereelle.blogspot.com
Pour la KOMINTERN now ! www.pourlakominternnow.blogspot.com
Ideological Fightback
(PCUSA) www.ideologicalfightback.blogspot.com
[1] Gastaud, Georges, Mondialisation
capitaliste et projet communiste, Le Temps des Cerises, Pantin, 1997, pages
265-266
[2] Associated Press, Barack Obama
refuse de critiquer Donald Trump, Métro, Montréal, mardi 15 novembre 2016,
page 10
[3] Engels, Friedrich, Critique du
programme d’Erfurt, Éditions sociales, Paris, 1966, pages 95-96
[4] Marx-Engels, Manifeste du Parti
communiste, Flammarion, Paris, 2008, page 228
[5] Banque du Canada, L’économie
mondiale, Rapport sur la politique monétaire, Ottawa, octobre 2016, page 2
[6] Marx-Engels, L’idéologie allemande,
Éditions sociales, Paris, 1968, pages 132, 133 et 135
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