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La Pravda №126 (30477) 11-14 Novembre 2016
Interview réalisée par Victor Trouchkov.
Les communistes russes rendent compte d’une importante réunion sur le marxisme-léninisme qui s’est tenue en Chine. Par parenthèse j’aimerais bien savoir qui était ce représentant français partisan d’occuper les banques et qui s’est gardé pour lui un tel événement. La prochaine fois je propose Marianne qui non seulement parle entre autres le russe et le chinois, mais est nettement plus active dans la diffusion des informations comme elle le prouve ici par sa traduction (note de Danielle Bleitrach)
https://kprf.ru/pravda/issues/2016/126/article-56680/
La capitale chinoise a accueilli le VIIème forum international des chercheurs marxistes. Parmi les participants se trouvaient un collaborateur régulier de la Pravda, membre du Comité central du Parti communiste, vice–président du Comité exécutif politique du Conseil central de l’UCP-PCUS Juozas Ermalavichyus et le membre du Présidium du Comité central du Parti communiste ukrainien, membre du Conseil central de l’UCP-PCUS Guéorgui Kryuchkov. Ils ont partagé leurs impressions et réflexions (l’un – directement, le second – par e-mail) suite à cette rencontre scientifique des marxistes venus du monde entier. Afin que le lecteur puisse accéder à une meilleure compréhension de cet événement majeur pour la science marxiste, le récit de ces participants au forum est présenté sous la forme d’une conversation avec un journaliste de la Pravda.
Sans théorie, nous sommes morts
V.T. Commençons par les caractéristiques générales de ce VIIème forum de Pékin, traditionnelle rencontre des chercheurs marxistes: qui sont les organisateurs, qui a participé cette année, et ainsi de suite. Dans la mesure où Guéorgui Korneevich a participé au forum précédent, il a la possibilité de comparer. A lui le premier mot.
G.K. Le VII Forum Socialiste International avait cette fois-ci pour thème « Le développement et le renouvellement du socialisme au XXIe siècle.» Ses organisateurs étaient l’Académie chinoise des sciences sociales, le Département de la propagande du Comité central du Parti communiste de Chine, le Comité pour les affaires internationales et juridiques du Comité permanent du Conseil national des représentants du peuple. Le forum réunissait des représentants de 32 partis communistes du monde entier. Parmi eux il y avait des délégations des Partis communistes de la Fédération de Russie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, la Lituanie, la Bulgarie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, le Vietnam, le Laos, la Corée du Nord, l’Inde, le Japon, Cuba, les États-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine, d’un certain nombre d’Etats africains, de l’Australie. Beaucoup de partis (par exemple le Parti communiste du Bélarus) étaient représentés par leurs dirigeants. Un total de 108 participants de différents pays et 287 «experts locaux» – des scientifiques, des professeurs d’université, des employés d’institutions scientifiques de Pékin et de toutes les provinces chinoises.
Le forum s’est distingué par une excellente organisation, une grande activité des participants et une atmosphère de franche camaraderie. Aux deux séances plénières, tenues le 21 octobre, en plus des trois représentants des autorités officielles chinoises ont parlé 21 personnes, et plus de 20 analystes ont partagé leurs points de vue lors de la tenue dans la soirée du même jour, d’une « table ronde ». Le deuxième jour, les travaux se sont poursuivis en quatre sections, où sont intervenues environ 80 personnes.
La Chine fait référence à Lénine
J.E. Pour les lecteurs de la Pravda je vais essayer de présenter principalement les contributions des camarades chinois.
Le Forum a été ouvert par le Président de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS), l’académicien Wang Vayguan. En fait, il a identifié une série de sujets qui ont été discutés en assemblée plus tard. Au centre de son rapport était la signification historique mondiale de la Grande Révolution socialiste d’Octobre et son 100èmeanniversaire pour le mouvement communiste international. L’orateur a souligné que la révolution accomplie il y a près d’un siècle a prouvé de façon concluante la justesse du marxisme-léninisme, qui reste encore aujourd’hui le fondement théorique du mouvement révolutionnaire dans toutes les parties du monde.
Dans le rapport, beaucoup d’attention a été accordée au léninisme en tant que marxisme de l’époque moderne. L’énorme contribution de Lénine dans l’élaboration théorique des problèmes de la révolution socialiste et l’importance de son travail pour le mouvement communiste international moderne. Il a été souligné le rôle exceptionnel de l’œuvre de Lénine « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » pour la lutte des travailleurs d’aujourd’hui dans la défense de leurs intérêts fondamentaux, pour comprendre les tendances dans le fonctionnement du capitalisme moderne. Il est à noter que de nombreux chercheurs participant au forum se sont appuyés sur cette œuvre remarquable de Lénine, ils l’ont vu comme une importante base méthodologique pour la compréhension de l’impérialisme moderne, la crise générale du système capitaliste et la nécessité objective de la lutte des travailleurs.
G.K. En général, dans les discours des représentants officiels du Parti chinois et des institutions scientifiques, qui ont suscité un grand intérêt, est souligné la loyauté du PCC, des dirigeants chinois au marxisme-léninisme, à la cause du socialisme, aux idées de la Grande Révolution socialiste d’ Octobre. D’ailleurs, on a beaucoup plus parlé de Lénine que dans le forum de l’an dernier.
V.T. Vous faites référence aux interventions des camarades chinois? Ou bien les représentants de l’Europe ont également noté le grand rôle de Lénine?
G.K. Les orateurs européens, malheureusement, n’ont pas fait référence à Lénine. Le chef de file très actif de l’un des Partis communistes français a promu avec insistance l’idée que la lutte dans les pays capitalistes doit être menée non pas contre le pouvoir, mais contre les banques, les occuper… Dans le même temps, parmi les orateurs il y avait de nombreux camarades d’Afrique. En règle générale, leurs rapports étaient combatifs et avaient un assez haut niveau théorique. Ils ont souvent mentionné l’œuvre de Lénine.
J.E. Wang Waiguan et les autres chercheurs chinois ont accordé une grande attention à l’état actuel du capitalisme mondial, et noté l’épuisement des ressources nécessaires à son développement. Aujourd’hui, disent-ils, le capital financier a un rôle éminemment destructeur. Les chercheurs chinois ont largement fait usage d’un concept tel que « l’impérialisme financier», soulignant son rôle agressif et destructeur dans les processus mondiaux modernes. Ils ont souligné que seul un renouvellement révolutionnaire du monde peut sauver l’humanité.
Une place importante dans les rapports et les communications des chercheurs chinois et étrangers participant au forum a été accordée à la contre-révolution bourgeoise et la restauration du capitalisme dans l’espace post-soviétique et les pays européens du camp socialiste. Il ne s’agissait pas seulement de se lamenter sur la défaite infligée au socialisme, mais aussi de rechercher les causes et tirer les leçons de la défaite. Dans le même temps, il a été souligné que la restauration du capitalisme a conduit à détérioration générale de la vie des peuples de l’ancien système socialiste.
Les participants ont estimé à l’unanimité que le seul moyen de sortir de l’impasse historique est de remettre ces pays sur la voie du socialisme. Les chercheurs chinois ont souligné que le succès du développement du socialisme aux caractéristiques chinoises est une preuve convaincante des caractéristiques remarquables de cette voie de développement.
Au centre du mouvement révolutionnaire
J.E. A cela je voudrais ajouter qu’aujourd’hui le centre du mouvement révolutionnaire mondial est la République populaire de Chine.
V.T. Juozas Yuozasovich, cette affirmation a-t-elle été prononcée lors du forum?
J.E. Je voudrais tout d’abord donner mes arguments en sa faveur. Tout d’abord, après la Grande Révolution socialiste d’Octobre, la révolution chinoise a été le plus grand événement témoignant de la crise générale du capitalisme. Deuxièmement, les forums annuels consacrés aux différents aspects de l’instauration et du développement du socialisme sont également la preuve du fait que la Chine est devenue le centre du mouvement révolutionnaire mondial. Troisièmement, la Chine d’aujourd’hui est le meilleur exemple de développement économique réussi à travers le monde.
En ce qui concerne les rapports entendus lors du forum, ce point de vue a été exprimé en plénière par Egon Krenz. Il a dit, en particulier, que maintenant les yeux de l’humanité progressiste se sont tournés vers la Chine, et il a en outre expliqué: Aujourd’hui, la Chine est le centre du mouvement révolutionnaire mondial.
V.T. Je ne suis pas sûr que cette question soit déjà tranchée historiquement. La Chine, bien sûr, est le centre d’un groupe de pays qui continuent la construction socialiste. Mais cela fait-il automatiquement de la Chine le centre du mouvement révolutionnaire mondial? Cette question, il me semble, est toujours ouverte.Même si Staline lui-même a dit quelque chose en ce sens il y a 67 ans. En juin 1949, avant la proclamation de la République populaire de Chine, lors d’une réception en l’honneur de la délégation chinoise, il a dit qu’au début du XXe siècle, le centre du mouvement révolutionnaire était passé de l’Europe occidentale à l’Est, et maintenant, au milieu du siècle, il s’est déplacé vers la Chine et l’Asie de l’Est. Une telle déclaration était logique, la région étant saisie par des événements révolutionnaires, avec en leur centre la Chine. Maintenant, il semble que la situation soit différente. Il semble plutôt que la Chine se concentre sur ses propres problèmes internes.
Les camarades chinois ont-ils parlé d’un déplacement du centre du mouvement révolutionnaire mondial vers la Chine?
J.E. Non, les Chinois eux-mêmes n’en parlent pas.
G.K. Cependant, un des thèmes récurrents dans le forum a été celui de la nécessité de renforcer la solidarité internationale des communistes, en créant à cet effet une structure similaire à l’Internationale communiste. Dans certains discours s’est exprimée l’opinion que le PCC pourrait endosser cette mission. J’ai eu l’impression que les camarades chinois ne verraient pas cela d’un mauvais œil.
J.E. Le Directeur du Centre pour l’étude du socialisme mondial auprès de l’Académie des Sciences Sociales, le Professeur Li Shenmin, a prononcé lors de la session plénière du forum un rapport qui montre le rôle du marxisme-léninisme comme base méthodologique non seulement pour le développement des sciences sociales, mais aussi la pratique de la construction du socialisme aux caractéristiques chinoises. L’orateur a attiré l’attention sur le fait que le Secrétaire général du Comité central Xi Jinping souligne constamment dans ses discours: la base méthodologique de la politique du Parti, la base théorique de la construction du socialisme aux caractéristiques chinoises est le marxisme-léninisme.
Le marxisme-léninisme remplit sa fonction méthodologique dans l’amélioration des relations économiques et du développement humain. L’homme, selon Li Shenmin, est au centre de la construction du socialisme en Chine. Il a rappelé l’exigence de Lénine pour les communistes à tous les stades du développement social d’être à la hauteur pour résoudre les problèmes du parti et de la société.
Une analyse approfondie des processus en cours a fait l’objet du rapport du chef du département d’organisation du Comité central du Parti communiste chinois Xu Guanzhong. Il a informé les participants sur la nouvelle stratégie de construction du socialisme en Chine. Elle est rendue nécessaire par la complexification du processus de développement social. On voit croître, en particulier, le rôle des masses – soutien principal de la politique du PCC. Lorsque cette relation est affaiblie, apparaissent des phénomènes négatifs comme la corruption, y compris dans les structures du pouvoir. Aujourd’hui, le Parti communiste, a souligné Xu Guanchhun, accorde une grande attention au développement de l’économie fondé sur l’innovation. Cela nécessite de renforcer le travail éducatif des organisations du parti, car il n’existe aucun automatisme dans la transition vers le développement innovant.
G.K. Mettant l’accent de manière unanime sur le rôle des 80 millions d’adhérents du Parti communiste, les camarades chinois ont déclaré que le gouvernement de la RPC voit le renforcement de l’Etat socialiste comme une des tâches les plus importantes et une condition préalable à la réussite des projets du parti.
J.E.Le Pro-recteur de l’Académie chinoise des sciences sociales, le Professeur Zhu Lan dans son rapport attire l’attention sur les caractéristiques du processus révolutionnaire mondial moderne. La révolution, a fait valoir l’orateur, ne se limite pas au changement de système social, mais comprend également un changement obligatoire de la qualité des forces productives. Le PCC part du fait que, sans une amélioration radicale des forces productives de la société chinoise, construire le socialisme dans le pays est impossible.
En soutenant cette conclusion importante, le directeur de l’Institut pour l’étude du marxisme de l’Académie chinoise des sciences sociales, le Professeur Zheng Enfu a souligné que les chercheurs marxistes de la Chine affirment avec conviction que les moyens de réaliser un saut qualitatif dans les forces productives d’un pays qui construit le socialisme ne peuvent pas provenir de méthodes capitalistes de gestion. Le capitalisme a épuisé ses possibilités dans toutes les sphères de la société, il n’est plus en mesure de servir au progrès historique. Cette conclusion marxiste-léniniste, explique le professeur Zheng Enfu, est valable non seulement pour la Chine moderne, mais aussi pour tous les autres pays du monde, de sorte que chaque parti communiste doit compter sur lui dans ses activités politiques. Cependant, dans certains discours, les collègues chinois ont exprimé leur préoccupation, en particulier, l’invitation à rejoindre les rangs du PCC adressée à des « patriotes » millionnaires et même milliardaires. Ils se demandent: quelles conséquences cela peut-il produire?
Des leçons difficiles, mais nécessaires
J.E. Le dernier secrétaire général du Parti socialiste unifié d’Allemagne, Président du Conseil d’Etat de la RDA et figure importante du mouvement communiste international Egon Krenz a été accueilli chaleureusement par les participants du forum. Il a souligné que toute la transformation des relations sociales à la charnière des années 1980-1990-s dans la grande Union soviétique et en Europe de l’Est fait partie d’un processus unique de contre-révolution antisocialiste. Il y a un quart de siècle, le mouvement communiste mondial n’était pas préparé à cette puissante attaque contre-révolutionnaire du capital: il avait déjà été atteint par l’opportunisme, comme en témoigne la politique perfide de Gorbatchev et de ses partisans à l’intérieur et à l’extérieur du Parti communiste. Le Parti communiste doit étudier attentivement les leçons du passé récent, afin de prévenir une nouvelle expansion de la contre-révolution à tel ou tel endroit. Du rapport de E. Krenz il est possible de tirer une conclusion sans équivoque: le recul du socialisme est une étape régressive de l’histoire du monde.
V.T. Dans l’analyse de la tragédie des années 1980-1990, à mon sens, le rôle réactionnaire du capitalisme mondial et la trahison de Gorbatchev et de ses partisans et complices ont déjà été abondamment analysés. Mais beaucoup moins d’attention est accordée aux racines de l’opportunisme. Peu d’études se sont penchées sur sa dynamique, son gonflement dans les échelons supérieurs d’un certain nombre de partis communistes. Il semble que la contre-révolution ait été la conséquence du renoncement des communistes au marxisme-léninisme en tant que doctrine. La rupture du lien entre«marxisme» et «léninisme» que l’on observe encore aujourd’hui est née dans le mouvement communiste à l’époque de l’eurocommunisme et n’était pas encore complètement éliminée dans les années 1970-1980. Aujourd’hui, cette rupture se voit souvent transformée non seulement en projets nationaux de construction de modèle du socialisme, mais aussi en modèles nationaux de la théorie marxiste. Les discours des camarades chinois à la « table ronde » de Moscou en 2013, par exemple, évoquaient la nécessité de développer un » marxisme sinisé. » Cette question a-t-elle été soulevée lors du forum de Pékin cette année?
J.E. Je n’ai pas entendu un seul mot sur le sujet lors du forum de Pékin.
G.K. Les camarades chinois sur ce forum n’ont pas parlé de «marxisme sinisé» mais de «socialisme aux caractéristiques chinoises », ajoutant (certainement en référence à Xi Jinping), que ce qui est déterminant ici est le mot «socialisme».
On notera en particulier que les camarades chinois, analysant objectivement et éclairant le chemin parcouru, n’ont pas craint de désigner franchement les échecs, les mauvaises décisions et les pertes, mais sans piétiner le passé, sans se complaire à des « danses sur les os » de leurs prédécesseurs. Les intervenants se sont exprimés de manière pragmatique sur les tâches à entreprendre, sur les nouvelles conditions de la lutte pour le socialisme moderne, dans lesquelles les communistes doivent agir aujourd’hui.
J.E. Dans ce forum, l’idée qui est apparue assez fortement est la nature révolutionnaire de l’époque contemporaine. Prenant la parole lors de la session plénière, le Secrétaire du Parti communiste d’Australie Robert Martin Britton a déclaré que son parti met son objectif stratégique dans la victoire révolutionnaire sur le capitalisme dans son pays. Dans le même temps, il a noté qu’il y a une renaissance du mouvement communiste mondial ces dernières années. Le représentant du Parti communiste (marxiste) de Grande-Bretagne Randzhet Brar, en solidarité avec son ami australien, a affirmé qu’au stade actuel le capitalisme ne peut être renversé que par des moyens révolutionnaires.
C’est avec une grande attention que les participants à la conférence ont écouté le rapport de la séance plénière prononcé par le premier secrétaire du Parti communiste du Bélarus Karpenko. Il a parlé de la préservation des fondements socialistes en Biélorussie moderne. Cependant, il n’a pas caché les difficultés causées à son pays par la restauration capitaliste dans les pays voisins de la Biélorussie. Il a salué le rôle du président Loukachenko dans le maintien des bases socio-politiques et économiques posées par le socialisme dans l’État biélorusse moderne.
Concluant la session plénière finale, le professeur Li Shenmin a annoncé que le VIIIème Forum de Pékin, consacré aux problèmes du socialisme, aurait lieu en 2017 et serait dédié au 100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre.
Traduit par Marianne pour H & S
Le développement et le renouveau du socialisme au XXIe siècle
14Nov
La Pravda №126 (30477) 11-14 Novembre 2016
Interview réalisée par Victor Trouchkov.
Les communistes russes rendent compte d’une importante réunion sur le marxisme-léninisme qui s’est tenue en Chine. Par parenthèse j’aimerais bien savoir qui était ce représentant français partisan d’occuper les banques et qui s’est gardé pour lui un tel événement. La prochaine fois je propose Marianne qui non seulement parle entre autres le russe et le chinois, mais est nettement plus active dans la diffusion des informations comme elle le prouve ici par sa traduction (note de Danielle Bleitrach)
https://kprf.ru/pravda/issues/2016/126/article-56680/
La capitale chinoise a accueilli le VIIème forum international des chercheurs marxistes. Parmi les participants se trouvaient un collaborateur régulier de la Pravda, membre du Comité central du Parti communiste, vice–président du Comité exécutif politique du Conseil central de l’UCP-PCUS Juozas Ermalavichyus et le membre du Présidium du Comité central du Parti communiste ukrainien, membre du Conseil central de l’UCP-PCUS Guéorgui Kryuchkov. Ils ont partagé leurs impressions et réflexions (l’un – directement, le second – par e-mail) suite à cette rencontre scientifique des marxistes venus du monde entier. Afin que le lecteur puisse accéder à une meilleure compréhension de cet événement majeur pour la science marxiste, le récit de ces participants au forum est présenté sous la forme d’une conversation avec un journaliste de la Pravda.
Sans théorie, nous sommes morts
V.T. Commençons par les caractéristiques générales de ce VIIème forum de Pékin, traditionnelle rencontre des chercheurs marxistes: qui sont les organisateurs, qui a participé cette année, et ainsi de suite. Dans la mesure où Guéorgui Korneevich a participé au forum précédent, il a la possibilité de comparer. A lui le premier mot.
G.K. Le VII Forum Socialiste International avait cette fois-ci pour thème « Le développement et le renouvellement du socialisme au XXIe siècle.» Ses organisateurs étaient l’Académie chinoise des sciences sociales, le Département de la propagande du Comité central du Parti communiste de Chine, le Comité pour les affaires internationales et juridiques du Comité permanent du Conseil national des représentants du peuple. Le forum réunissait des représentants de 32 partis communistes du monde entier. Parmi eux il y avait des délégations des Partis communistes de la Fédération de Russie, de l’Ukraine, de la Biélorussie, la Lituanie, la Bulgarie, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Grèce, le Vietnam, le Laos, la Corée du Nord, l’Inde, le Japon, Cuba, les États-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine, d’un certain nombre d’Etats africains, de l’Australie. Beaucoup de partis (par exemple le Parti communiste du Bélarus) étaient représentés par leurs dirigeants. Un total de 108 participants de différents pays et 287 «experts locaux» – des scientifiques, des professeurs d’université, des employés d’institutions scientifiques de Pékin et de toutes les provinces chinoises.
Le forum s’est distingué par une excellente organisation, une grande activité des participants et une atmosphère de franche camaraderie. Aux deux séances plénières, tenues le 21 octobre, en plus des trois représentants des autorités officielles chinoises ont parlé 21 personnes, et plus de 20 analystes ont partagé leurs points de vue lors de la tenue dans la soirée du même jour, d’une « table ronde ». Le deuxième jour, les travaux se sont poursuivis en quatre sections, où sont intervenues environ 80 personnes.
La Chine fait référence à Lénine
J.E. Pour les lecteurs de la Pravda je vais essayer de présenter principalement les contributions des camarades chinois.
Le Forum a été ouvert par le Président de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS), l’académicien Wang Vayguan. En fait, il a identifié une série de sujets qui ont été discutés en assemblée plus tard. Au centre de son rapport était la signification historique mondiale de la Grande Révolution socialiste d’Octobre et son 100èmeanniversaire pour le mouvement communiste international. L’orateur a souligné que la révolution accomplie il y a près d’un siècle a prouvé de façon concluante la justesse du marxisme-léninisme, qui reste encore aujourd’hui le fondement théorique du mouvement révolutionnaire dans toutes les parties du monde.
Dans le rapport, beaucoup d’attention a été accordée au léninisme en tant que marxisme de l’époque moderne. L’énorme contribution de Lénine dans l’élaboration théorique des problèmes de la révolution socialiste et l’importance de son travail pour le mouvement communiste international moderne. Il a été souligné le rôle exceptionnel de l’œuvre de Lénine « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme » pour la lutte des travailleurs d’aujourd’hui dans la défense de leurs intérêts fondamentaux, pour comprendre les tendances dans le fonctionnement du capitalisme moderne. Il est à noter que de nombreux chercheurs participant au forum se sont appuyés sur cette œuvre remarquable de Lénine, ils l’ont vu comme une importante base méthodologique pour la compréhension de l’impérialisme moderne, la crise générale du système capitaliste et la nécessité objective de la lutte des travailleurs.
G.K. En général, dans les discours des représentants officiels du Parti chinois et des institutions scientifiques, qui ont suscité un grand intérêt, est souligné la loyauté du PCC, des dirigeants chinois au marxisme-léninisme, à la cause du socialisme, aux idées de la Grande Révolution socialiste d’ Octobre. D’ailleurs, on a beaucoup plus parlé de Lénine que dans le forum de l’an dernier.
V.T. Vous faites référence aux interventions des camarades chinois? Ou bien les représentants de l’Europe ont également noté le grand rôle de Lénine?
G.K. Les orateurs européens, malheureusement, n’ont pas fait référence à Lénine. Le chef de file très actif de l’un des Partis communistes français a promu avec insistance l’idée que la lutte dans les pays capitalistes doit être menée non pas contre le pouvoir, mais contre les banques, les occuper… Dans le même temps, parmi les orateurs il y avait de nombreux camarades d’Afrique. En règle générale, leurs rapports étaient combatifs et avaient un assez haut niveau théorique. Ils ont souvent mentionné l’œuvre de Lénine.
J.E. Wang Waiguan et les autres chercheurs chinois ont accordé une grande attention à l’état actuel du capitalisme mondial, et noté l’épuisement des ressources nécessaires à son développement. Aujourd’hui, disent-ils, le capital financier a un rôle éminemment destructeur. Les chercheurs chinois ont largement fait usage d’un concept tel que « l’impérialisme financier», soulignant son rôle agressif et destructeur dans les processus mondiaux modernes. Ils ont souligné que seul un renouvellement révolutionnaire du monde peut sauver l’humanité.
Une place importante dans les rapports et les communications des chercheurs chinois et étrangers participant au forum a été accordée à la contre-révolution bourgeoise et la restauration du capitalisme dans l’espace post-soviétique et les pays européens du camp socialiste. Il ne s’agissait pas seulement de se lamenter sur la défaite infligée au socialisme, mais aussi de rechercher les causes et tirer les leçons de la défaite. Dans le même temps, il a été souligné que la restauration du capitalisme a conduit à détérioration générale de la vie des peuples de l’ancien système socialiste.
Les participants ont estimé à l’unanimité que le seul moyen de sortir de l’impasse historique est de remettre ces pays sur la voie du socialisme. Les chercheurs chinois ont souligné que le succès du développement du socialisme aux caractéristiques chinoises est une preuve convaincante des caractéristiques remarquables de cette voie de développement.
Au centre du mouvement révolutionnaire
J.E. A cela je voudrais ajouter qu’aujourd’hui le centre du mouvement révolutionnaire mondial est la République populaire de Chine.
V.T. Juozas Yuozasovich, cette affirmation a-t-elle été prononcée lors du forum?
J.E. Je voudrais tout d’abord donner mes arguments en sa faveur. Tout d’abord, après la Grande Révolution socialiste d’Octobre, la révolution chinoise a été le plus grand événement témoignant de la crise générale du capitalisme. Deuxièmement, les forums annuels consacrés aux différents aspects de l’instauration et du développement du socialisme sont également la preuve du fait que la Chine est devenue le centre du mouvement révolutionnaire mondial. Troisièmement, la Chine d’aujourd’hui est le meilleur exemple de développement économique réussi à travers le monde.
En ce qui concerne les rapports entendus lors du forum, ce point de vue a été exprimé en plénière par Egon Krenz. Il a dit, en particulier, que maintenant les yeux de l’humanité progressiste se sont tournés vers la Chine, et il a en outre expliqué: Aujourd’hui, la Chine est le centre du mouvement révolutionnaire mondial.
V.T. Je ne suis pas sûr que cette question soit déjà tranchée historiquement. La Chine, bien sûr, est le centre d’un groupe de pays qui continuent la construction socialiste. Mais cela fait-il automatiquement de la Chine le centre du mouvement révolutionnaire mondial? Cette question, il me semble, est toujours ouverte.Même si Staline lui-même a dit quelque chose en ce sens il y a 67 ans. En juin 1949, avant la proclamation de la République populaire de Chine, lors d’une réception en l’honneur de la délégation chinoise, il a dit qu’au début du XXe siècle, le centre du mouvement révolutionnaire était passé de l’Europe occidentale à l’Est, et maintenant, au milieu du siècle, il s’est déplacé vers la Chine et l’Asie de l’Est. Une telle déclaration était logique, la région étant saisie par des événements révolutionnaires, avec en leur centre la Chine. Maintenant, il semble que la situation soit différente. Il semble plutôt que la Chine se concentre sur ses propres problèmes internes.
Les camarades chinois ont-ils parlé d’un déplacement du centre du mouvement révolutionnaire mondial vers la Chine?
J.E. Non, les Chinois eux-mêmes n’en parlent pas.
G.K. Cependant, un des thèmes récurrents dans le forum a été celui de la nécessité de renforcer la solidarité internationale des communistes, en créant à cet effet une structure similaire à l’Internationale communiste. Dans certains discours s’est exprimée l’opinion que le PCC pourrait endosser cette mission. J’ai eu l’impression que les camarades chinois ne verraient pas cela d’un mauvais œil.
J.E. Le Directeur du Centre pour l’étude du socialisme mondial auprès de l’Académie des Sciences Sociales, le Professeur Li Shenmin, a prononcé lors de la session plénière du forum un rapport qui montre le rôle du marxisme-léninisme comme base méthodologique non seulement pour le développement des sciences sociales, mais aussi la pratique de la construction du socialisme aux caractéristiques chinoises. L’orateur a attiré l’attention sur le fait que le Secrétaire général du Comité central Xi Jinping souligne constamment dans ses discours: la base méthodologique de la politique du Parti, la base théorique de la construction du socialisme aux caractéristiques chinoises est le marxisme-léninisme.
Le marxisme-léninisme remplit sa fonction méthodologique dans l’amélioration des relations économiques et du développement humain. L’homme, selon Li Shenmin, est au centre de la construction du socialisme en Chine. Il a rappelé l’exigence de Lénine pour les communistes à tous les stades du développement social d’être à la hauteur pour résoudre les problèmes du parti et de la société.
Une analyse approfondie des processus en cours a fait l’objet du rapport du chef du département d’organisation du Comité central du Parti communiste chinois Xu Guanzhong. Il a informé les participants sur la nouvelle stratégie de construction du socialisme en Chine. Elle est rendue nécessaire par la complexification du processus de développement social. On voit croître, en particulier, le rôle des masses – soutien principal de la politique du PCC. Lorsque cette relation est affaiblie, apparaissent des phénomènes négatifs comme la corruption, y compris dans les structures du pouvoir. Aujourd’hui, le Parti communiste, a souligné Xu Guanchhun, accorde une grande attention au développement de l’économie fondé sur l’innovation. Cela nécessite de renforcer le travail éducatif des organisations du parti, car il n’existe aucun automatisme dans la transition vers le développement innovant.
G.K. Mettant l’accent de manière unanime sur le rôle des 80 millions d’adhérents du Parti communiste, les camarades chinois ont déclaré que le gouvernement de la RPC voit le renforcement de l’Etat socialiste comme une des tâches les plus importantes et une condition préalable à la réussite des projets du parti.
J.E.Le Pro-recteur de l’Académie chinoise des sciences sociales, le Professeur Zhu Lan dans son rapport attire l’attention sur les caractéristiques du processus révolutionnaire mondial moderne. La révolution, a fait valoir l’orateur, ne se limite pas au changement de système social, mais comprend également un changement obligatoire de la qualité des forces productives. Le PCC part du fait que, sans une amélioration radicale des forces productives de la société chinoise, construire le socialisme dans le pays est impossible.
En soutenant cette conclusion importante, le directeur de l’Institut pour l’étude du marxisme de l’Académie chinoise des sciences sociales, le Professeur Zheng Enfu a souligné que les chercheurs marxistes de la Chine affirment avec conviction que les moyens de réaliser un saut qualitatif dans les forces productives d’un pays qui construit le socialisme ne peuvent pas provenir de méthodes capitalistes de gestion. Le capitalisme a épuisé ses possibilités dans toutes les sphères de la société, il n’est plus en mesure de servir au progrès historique. Cette conclusion marxiste-léniniste, explique le professeur Zheng Enfu, est valable non seulement pour la Chine moderne, mais aussi pour tous les autres pays du monde, de sorte que chaque parti communiste doit compter sur lui dans ses activités politiques. Cependant, dans certains discours, les collègues chinois ont exprimé leur préoccupation, en particulier, l’invitation à rejoindre les rangs du PCC adressée à des « patriotes » millionnaires et même milliardaires. Ils se demandent: quelles conséquences cela peut-il produire?
Des leçons difficiles, mais nécessaires
J.E. Le dernier secrétaire général du Parti socialiste unifié d’Allemagne, Président du Conseil d’Etat de la RDA et figure importante du mouvement communiste international Egon Krenz a été accueilli chaleureusement par les participants du forum. Il a souligné que toute la transformation des relations sociales à la charnière des années 1980-1990-s dans la grande Union soviétique et en Europe de l’Est fait partie d’un processus unique de contre-révolution antisocialiste. Il y a un quart de siècle, le mouvement communiste mondial n’était pas préparé à cette puissante attaque contre-révolutionnaire du capital: il avait déjà été atteint par l’opportunisme, comme en témoigne la politique perfide de Gorbatchev et de ses partisans à l’intérieur et à l’extérieur du Parti communiste. Le Parti communiste doit étudier attentivement les leçons du passé récent, afin de prévenir une nouvelle expansion de la contre-révolution à tel ou tel endroit. Du rapport de E. Krenz il est possible de tirer une conclusion sans équivoque: le recul du socialisme est une étape régressive de l’histoire du monde.
V.T. Dans l’analyse de la tragédie des années 1980-1990, à mon sens, le rôle réactionnaire du capitalisme mondial et la trahison de Gorbatchev et de ses partisans et complices ont déjà été abondamment analysés. Mais beaucoup moins d’attention est accordée aux racines de l’opportunisme. Peu d’études se sont penchées sur sa dynamique, son gonflement dans les échelons supérieurs d’un certain nombre de partis communistes. Il semble que la contre-révolution ait été la conséquence du renoncement des communistes au marxisme-léninisme en tant que doctrine. La rupture du lien entre«marxisme» et «léninisme» que l’on observe encore aujourd’hui est née dans le mouvement communiste à l’époque de l’eurocommunisme et n’était pas encore complètement éliminée dans les années 1970-1980. Aujourd’hui, cette rupture se voit souvent transformée non seulement en projets nationaux de construction de modèle du socialisme, mais aussi en modèles nationaux de la théorie marxiste. Les discours des camarades chinois à la « table ronde » de Moscou en 2013, par exemple, évoquaient la nécessité de développer un » marxisme sinisé. » Cette question a-t-elle été soulevée lors du forum de Pékin cette année?
J.E. Je n’ai pas entendu un seul mot sur le sujet lors du forum de Pékin.
G.K. Les camarades chinois sur ce forum n’ont pas parlé de «marxisme sinisé» mais de «socialisme aux caractéristiques chinoises », ajoutant (certainement en référence à Xi Jinping), que ce qui est déterminant ici est le mot «socialisme».
On notera en particulier que les camarades chinois, analysant objectivement et éclairant le chemin parcouru, n’ont pas craint de désigner franchement les échecs, les mauvaises décisions et les pertes, mais sans piétiner le passé, sans se complaire à des « danses sur les os » de leurs prédécesseurs. Les intervenants se sont exprimés de manière pragmatique sur les tâches à entreprendre, sur les nouvelles conditions de la lutte pour le socialisme moderne, dans lesquelles les communistes doivent agir aujourd’hui.
J.E. Dans ce forum, l’idée qui est apparue assez fortement est la nature révolutionnaire de l’époque contemporaine. Prenant la parole lors de la session plénière, le Secrétaire du Parti communiste d’Australie Robert Martin Britton a déclaré que son parti met son objectif stratégique dans la victoire révolutionnaire sur le capitalisme dans son pays. Dans le même temps, il a noté qu’il y a une renaissance du mouvement communiste mondial ces dernières années. Le représentant du Parti communiste (marxiste) de Grande-Bretagne Randzhet Brar, en solidarité avec son ami australien, a affirmé qu’au stade actuel le capitalisme ne peut être renversé que par des moyens révolutionnaires.
C’est avec une grande attention que les participants à la conférence ont écouté le rapport de la séance plénière prononcé par le premier secrétaire du Parti communiste du Bélarus Karpenko. Il a parlé de la préservation des fondements socialistes en Biélorussie moderne. Cependant, il n’a pas caché les difficultés causées à son pays par la restauration capitaliste dans les pays voisins de la Biélorussie. Il a salué le rôle du président Loukachenko dans le maintien des bases socio-politiques et économiques posées par le socialisme dans l’État biélorusse moderne.
Concluant la session plénière finale, le professeur Li Shenmin a annoncé que le VIIIème Forum de Pékin, consacré aux problèmes du socialisme, aurait lieu en 2017 et serait dédié au 100e anniversaire de la Grande Révolution socialiste d’Octobre.
Traduit par Marianne pour H & S
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